Georges, Jean, Marie Girard de Soubeyran
1828 - 1897
Député de 1863 à 1870, représentant en 1871, député depuis 1876, né à Paris le 3 novembre 1828, « fils de Louis-Frédéric-Guillaume Girard, baron de Soubeyran, ancien receveur général des finances à Nancy, et de Joséphine-Hortense Savary de Rovigo, » fille du duc de l'Empire, il fit ses études au collège Rollin, suivit les cours de la faculté de droit, entra au ministère des Finances en 1849, puis, en 1852, au ministère d'Etat, où il devint (1854) chef du personnel et du cabinet.
Sous-gouverneur du Crédit foncier en 1860, M. de Soubeyran était, d'autre part, maire de Morthemer (Vienne), et conseiller général de la Vienne pour le canton de Saint-Julien-l'Ars depuis 1859, lorsqu'il fut élu, le 1er juin 1863, comme candidat du gouvernement, député de la 2e circonscription de la Vienne au Corps législatif, par 18 353 voix (23 756 votants, 32 713 inscrits) contre 5 359 à M. de Montesquiou. Il siégea dans la majorité dynastique, fit partie de la commission du budget, et fit preuve, dans les discussions financières, d'une compétence appréciée.
Réélu, le 24 mai 1869, par 19 985 voix (22 077 votants, 33 788 inscrits), il repoussa les amendements du tiers parti, proposa un emprunt de 700 millions, pour payer d'un coup les subventions promises aux Compagnies de chemin de fer, vota contre la guerre à la Prusse, se tint un moment à l'écart après la chute de l'Empire, et, à l'élection complémentaire du 2 juillet 1871 dans la Vienne pour remplacer Thiers qui avait opté pour la Seine, devint représentant de la Vienne à l'Assemblée nationale, élu par 32 380 voix, sur 49 840 votants et 95 051 inscrits, contre 12 841 au général Ladmirault, et 1 123 à Gambetta.
M. de Soubeyran prit place à la droite conservatrice, ne se fit inscrire à aucun groupe, fit partie des commissions du budget, prit la parole dans les discussions financières, soutint vivement Thiers contre les partisans de l'impôt sur le revenu, fut désigné un moment pour succéder à M. Pouyer-Quertier comme ministre des Finances, et vota :
- pour la pétition des évêques,
- contre le service de trois ans,
- pour le septennat,
- pour le ministère de Broglie,
- contre l'amendement Wallon,
- contre les lois constitutionnelles.
Il s'était abstenu sur le pouvoir constituant de l'Assemblée, et était absent par congé lors du scrutin sur la démission de Thiers.
Réélu, le 20 février 1876, député de l'arrondissement de Loudun par 7 333 voix sur 7 903 votants et 10 348 inscrits, contre 52 à M. Béranger, il soutint le ministère Fourtou-de Broglie contre les 363, et fut réélu, le 14 octobre 1877, après la dissolution de la Chambre, par 7 172 voix sur 8 018 votants et 10 669 inscrits, contre 572 à M. Grévy. Il reprit sa place à la droite bonapartiste, continua de se mêler aux discussions financières, combattit la politique scolaire et coloniale de la majorité républicaine, fut révoqué de ses fonctions de sous-gouverneur du Crédit foncier en 1878.
Il fut réélu député de Loudun, le 21 août 1881, par 5 818 voix (9 201 votants, 10 947 inscrits) contre 3 306 à M. Cacault. Il critiqua (avril 1884) le mode de conversion de la dette tunisienne, attaqua (juin) le cabinet Ferry pour avoir sacrifié en Egypte les intérêts des créanciers français, parla (novembre) contre le budget présenté par le ministère, réclama (janvier 1885) la suppression des dépenses extraordinaires, et demanda la concession à l'industrie privée des lignes de chemin de fer exploitées ou à construire par l'Etat.
Porté, aux élections du 4 octobre 1885, sur la liste conservatrice de la Vienne, il fut réélu député, le 4e sur 5, par 42 756 voix (80 919 votants, 101 883 inscrits). Les lois de finances furent encore l'objet de son examen et de ses critiques ; en février 1888, il réclama contre les remises accordées aux trésoriers-payeurs généraux, proposa une réduction de 502 000 francs sur leurs commissions, et se prononça, dans la dernière session :
- contre le rétablissement du scrutin d'arrondissement (11 février 1889),
- pour l'ajournement indéfini de la révision de la Constitution,
- contre les poursuites contre trois députés membres de la Ligue des patriotes,
- contre le projet de loi Lisbonne restrictif de la liberté de la presse,
- contre les poursuites contre le général Boulanger.
Chevalier de la Légion d'honneur (1853), officier (1859), membre de la commission des Expositions internationales depuis 1872, membre et vice-président de la commission des Monuments historiques de 1874 à 1879, sportsman distingué, directeur de la Banque d'escompte, M. de Soubeyran a épousé, le 15 octobre 1864, la fille du comte Joseph-Louis-Camille de Beaupoil de Saint-Aulaire (Voy. ce nom).
Né le 3 novembre 1828 à Paris, mort le 2 février 1897 à Paris (8e).
Député de la Vienne au Corps législatif de 1863 à 1870.
Représentant de la Vienne à l'Assemblée Nationale de 1871 à 1875. Député de la Vienne de 1876 à 1893.
(Voir première partie de la biographie dans ROBERT ET COUGNY, Dictionnaire des Parlementaires, t. V, p. 332.)
En 1889, les concurrents du baron de Soubeyran dans l'arrondissement de Loudun semblent quelque peu découragés : aux élections générales, il ne se voit opposer aucun adversaire mais il ne recueille pas tous les suffrages : sur 10.699 inscrits et 7.387 votants, 5.485 voix se regroupaient sur son nom.
Cependant, le mouvement boulangiste avait bouleversé la France de 1885 à 1889.
Le baron de Soubeyran l'avait appuyé. Depuis 1889, le boulangisme déclinait, la situation sociale de la France évoluait et la crise économique se faisait sentir. Depuis 1863, le baron de Soubeyran est député de la Vienne, élu dans des élections où le plus souvent aucun concurrent sérieux ne lui est opposé. Mais les élections de 1893 vont lui être fatales.
Au premier tour, sur 11.735 inscrits et 9.809 votants, le baron de Soubeyran, premier, compte 3.571 voix, Thonnard-Dutemple, 3.223 voix et Ridouard, 2.908 voix. Le second tour verra la victoire de Thonnard-Dutemple sur Soubeyran : 5.080 voix contre 4.589. Le candidat républicain, finalement, conseiller général du canton de Loudun, maire de Beuxes, avait eu raison du candidat conservateur.
Durant son activité de parlementaire, le baron de Soubeyran a appartenu à de nombreuses commissions mais plus particulièrement aux commissions chargées d'examiner les lois de finances. Dans toutes les discussions de technique financière, il intervient.
Le baron de Soubeyran s'intéresse également aux chemins de fer. Il est d'ailleurs administrateur de la Compagnie des chemins de fer du Nord.
Président du conseil d'administration de la Banque d'escompte de Paris et de la Société des immeubles de France, il est arrêté le 10 février 1894 sous l'inculpation de virements de fonds, distribution de dividendes fictifs, etc... Sous caution de 300.000 F, il fut remis en liberté. La procédure traîna en longueur et s'éteignit en même temps que le baron de Soubeyran qui décéda le 2 février 1897 à Paris. Personnalité parisienne en vue, il avait fondé une écurie de courses renommée et il était officier de la Légion d'honneur.