Eugène Spuller

1835 - 1896

Informations générales
  • Né le 8 décembre 1835 à Seurre (Côte-d'Or - France)
  • Décédé le 23 juillet 1896 à Sombernon (Côte-d'Or - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
Ire législature
Mandat
Du 5 mars 1876 au 25 juin 1877
Département
Seine
Groupe
Union républicaine
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
IIe législature
Mandat
Du 14 octobre 1877 au 14 octobre 1881
Département
Seine
Groupe
Union républicaine
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 21 août 1881 au 14 octobre 1885
Département
Seine
Groupe
Union républicaine
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
IVe législature
Mandat
Du 18 octobre 1885 au 14 octobre 1889
Département
Côte-d'Or
Groupe
Union républicaine
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
Ve législature
Mandat
Du 22 septembre 1889 au 21 mai 1892
Département
Côte-d'Or

Mandats au Sénat ou à la Chambre des pairs

Sénateur
du 24 avril 1892 au 6 janvier 1894
Sénateur
du 7 janvier 1894 au 23 juillet 1896

Biographies

Député de 1876 à 1889 et ministre, né à Seurre (Côte-d'Or) le 8 décembre 1835, d'un père badois, il appartenait à une famille d'agriculteurs et de commerçants ; il fut d'abord élevé à la campagne auprès de son grand-père, y demeura jusqu'à l'âge de douze ans, et alla (1847) continuer ses études au lycée de Dijon. Il suivit ensuite les cours de la faculté de droit, se fit recevoir avocat et vint s'inscrire au barreau de Paris en 1862.

Au palais, il rencontra Gambetta, de quelques années plus jeune, plaida avec lui dans le complot des Cinquante-quatre, entra comme lui dans la presse et dans la politique militantes, et collabora à un grand nombre de journaux et de recueils, à l'Europe de Francfort, comme correspondant (1866), puis au Nain jaune, au Journal de Paris, à l'Encyclopédie générale, qui contient entre autres articles de lui une remarquable étude sur l'Allemagne, du grand interrègne à la bataille de Sadowa ; à la Revue politique, dont il devint un des principaux rédacteurs avec MM. Challemel-Lacour, Gambetta, Allain-Targé, Jules Ferry, H. Brisson, etc. Il créa, en 1868, avec le concours de son frère, plus tard préfet de la République, une feuille hebdomadaire, le Journal de Langres, qui s'adressait aux habitants des campagnes.

Aux élections du Corps législatif en 1869, M. Spuller combattit la candidature de M. Emile Ollivier à Paris et fut chargé de rédiger la déclaration appuyée des signatures de quinze cents électeurs par laquelle l'ancien « opposant » était considéré comme indigne de la confiance des électeurs. Il publia encore, vers la fin de l'empire, une Petite histoire du second Empire, utile à lire avant le plébiscite. Cette brochure, destinée à la propagande démocratique, fut répandue dans le pays à un grand nombre d'exemplaires et servit de modèle à beaucoup de publications similaires. La révolution du 4 septembre 1870 offrit un champ plus vaste à l'activité de M. Spuller. Il se fit dès le début le collaborateur quotidien de Gambetta dans le gouvernement de la Défense nationale. Avec lui, il sortit de Paris en ballon le 7 octobre, et ayant repris terre sur la lisière de la forêt d'Epineuse, à une faible distance des postes prussiens, il se rendit de là à Montdidier dans le chariot d'un paysan, puis à Amiens, au milieu de la nuit. Dans la matinée du 9 octobre, un train spécial emporta MM. Gambetta et Spuller vers Rouen et, de là, à Tours, où, sans titre officiel et sans place déterminée, ce dernier occupa en fait un poste de confiance auprès de la Délégation.

Le 8 février 1871, M. Spuller réunit, comme candidat républicain dans la Côte-d'Or, 1 180 voix sur 73 216 votants. Lorsque Gambetta fonda, en novembre 1871, le journal la République française, M. Spuller fut appelé à la rédaction en chef : son habileté de publiciste, sa méthode de travail, sa façon d'entendre le journalisme contribuèrent à donner à cette feuille le ton et l'allure qui la distinguèrent. Il conserva pendant cinq ans ses fonctions de rédacteur en chef. En décembre 1872, il prit l'initiative d'un pétitionnement qui réunit plus d'un million de signatures pour la dissolution de l'Assemblée nationale, et, le 30 janvier 1876, fut nommé délégué suppléant de Paris aux élections sénatoriales de la Seine (le délégué était Victor Hugo).

Un mois après, aux élections législatives de 1876, M. Spuller devint député du 3e arrondissement de Paris, au second tour de scrutin (5 mars), élu par 12 043 voix (14 068 votants, 21 273 inscrits), contre 487 à M. Dietz-Monnin, républicain centre gauche, et 455 à M. Bonnet-Duverdier, radical. Il s'inscrivit au groupe de l'Union républicaine, dont il fut un des membres les plus influents. Les questions scolaires et religieuses se partagèrent surtout son attention. Nommé rapporteur du budget du ministère des Affaires étrangères, il exerça une action déterminante sur la réforme des divers services de ce département ; il fut également rapporteur du projet de loi de M. Waddington sur la collation des grades (1876), et compta parmi les 363, dont il rédigea le manifeste.

Réélu, à ce titre, le 14 octobre 1877, par 14 530 voix (16 703 votants, 20 298 inscrits), contre 202 à M. Daguin, il reprit sa place dans les rangs de la majorité opportuniste, et vota pour le retour des Chambres à Paris (au Congrès), pour l'article 7 du projet de loi Ferry sur l'enseignement supérieur, projet qu'il rapporta et défendit devant la Chambre. Dans ce courant d'idées, il publia Ignace de Loyola et la compagnie de Jésus, où il s'efforça de rajeunir une question qui avait allumé tant de controverses passionnées.

Président de l'Union républicaine, il adressa à ses collègues du groupe opportuniste, à la veille des élections de 1881, un discours où il définissait en ces termes la politique qui avait ses préférences : « Et vous direz à la France ce que vous lui avez toujours dit : la République est fondée, il faut l'affermir. On ne pourra l'affermir qu'en lui donnant pour base la démocratie la plus large, la plus libre, la plus éclairée. Le pays attend des réformes profondes, radicales ; le devoir du gouvernement de la République est de travailler à ces réformes sans arrière-pensée ni réticences, résolument, en allant de l'avant, car le mouvement c'est la vie, et l'ordre véritable c'est le progrès, et non l'immobilité. »

Le 21 août 1881, M. Spuller fut réélu par 9 550 voix (16 101 votants, 20 940 inscrits), contre 5 226 à M. Darlot, radical, et 562 à M. Fournière, collectiviste. Bientôt après, Gambetta, appelé à la présidence du Conseil et à la direction du ministère des Affaires étrangères, choisit M. Spuller comme sous-secrétaire d'Etat (14 novembre). Celui-ci donna sa démission avec les autres membres du ministère le 26 janvier 1882, et reprit son siège à l'Union républicaine. En même temps, il revint à la République française, dont il avait cessé d'être le rédacteur en chef depuis son entrée au parlement, combattit le ministère Freycinet, appartint à la commission du budget, et fut chargé spécialement, comme rapporteur, du budget des Affaires étrangères. Il s'attira de vifs reproches de la part des radicaux en soutenant la nécessité du maintien de l'ambassade de France près du Vatican, et un grand nombre d'électeurs républicains du 3e arrondissement organisèrent des réunions publiques dans lesquelles le député de Paris fut blâmé de ne s'être pas prononcé en faveur de la séparation de l'Eglise et de l'Etat, comme il s'y était engagé dans sa profession de foi : aussi sa candidature à l'élection sénatoriale partielle du 25 janvier 1882, dans le département de la Seine, ne réunit-elle que 293 voix modérées sur 643 votants. M. Spuller fut, depuis 1883, un des quatre vice-présidents de la Chambre. Il opina encore contre l'élection des magistrats par le peuple et pour les crédits de l'expédition du Tonkin.

Inscrit, aux élections du 4 octobre 1885 dans la Seine, sur la liste dite de l'Alliance républicaine, et, dans la Côte-d'Or, sur la liste opportuniste, il échoua, dans le premier département, avec 103 632 voix (434 011 votants), et ne fut élu député de la Côte-d'Or qu'au second tour de scrutin (18 octobre), le 5e sur 6, par 54 677 voix (91 997 votants, 113 471 inscrits). Il siégea comme précédemment dans la majorité, dont il fut un des chefs, et, le 30 mai 1887, fut chargé, dans le cabinet Rouvier, du portefeuille de l'Instruction publique, des Cultes et des Beaux-Arts. Le nouveau ministre prononça hors du parlement plusieurs discours, notamment à Lyon et à Rouen. Il se prononça avec force contre le boulangisme. En juillet, M. Spuller blâma par lettre l'évêque de Grenoble d'avoir nommé desservant à Chapareillant l'abbé Guillaud, ancien curé de Châteauvillain, qui avait été condamné à 200 francs d'amende par le tribunal correctionnel pour sa participation aux troubles dont cette dernière localité avait été le théâtre. Comme ministre de l'Instruction publique, il releva, par un décret du 1er octobre, dans la proportion d'un sixième environ, le tarif des frais d'études et de pension dans les lycées et collèges de l'Etat, et se prononça contre ce qu'il appela l'accroissement inconsidéré du nombre des jeunes gens qui reçoivent l'enseignement classique. M. Spuller eut encore à défendre (novembre 1887) devant le Sénat, en réponse à une interpellation de M. Merlin, la légalité du transfert à Lille des facultés des lettres et de droit établies à Douai.

Il quitta les affaires en décembre 1887 et ne cessa de soutenir la politique opportuniste.

L'avènement du cabinet Tirard le rappela au pouvoir le 23 février 1889, avec le portefeuille des Affaires étrangères. Le 28 du même mois, il répondit à une question de M. Hubbard, député, relative à l’affaire de Sagallo. Adversaire du boulangisme, il s'associa à tous les actes de ses collègues du ministère, et vota dans la dernière session, pour le rétablissement du scrutin d'arrondissement (11 février 1889), pour l'ajournement indéfini de la révision de la Constitution, pour les poursuites contre trois députés membres de la Ligue des patriotes, pour le projet de loi Lisbonne restrictif de la liberté de la presse, pour les poursuites contre le général Boulanger.

Date de mise à jour: décembre 2017


Né le 8 décembre 1835 à Seurre (Côte-d’Or), mort le 23 juillet 1896 à Sombernon (Côte-d’Or).

Député de la Seine de 1876 à 1885.

Député de la Côte-d’Or de 1885 à 1892.

Sénateur de la Côte-d’Or de 1892 à 1896.

Sous-secrétaire d'Etat à la Présidence du Conseil et aux Affaires étrangères du 14 novembre 1881 au 27 janvier 1882.

Ministre de l'Instruction publique, des Cultes et des Beaux-Arts du 30 mai au 4 décembre 1887.

Ministre des Affaires étrangères du 22 février 1889 au 14 mars 1890.

Ministre de l'Instruction publique, des Beaux-Arts et des Cultes du 3 décembre 1893 au 23 mai 1894.

(Voir première partie de la biographie dans ROBERT ET COUGNY, Dictionnaire des Parlementaires, t. V, p. 340.)

Le 22 février 1889, Eugène Spuller reçut, dans le second cabinet Tirard, le portefeuille des Affaires étrangères. Il occupa ces fonctions pendant l'exposition universelle de 1889 et les quitta le 17 mars 1890, lorsque Freycinet remplaça Tirard.

Aux élections législatives de septembre 1889, Spuller fut réélu député dans la 2e circonscription de Beaune par 6.501 voix contre 2.339 à David, conservateur. Il fut élu vice-président de la Chambre des députés le 22 mars 1890 et réélu le 15 janvier 1891. Il déclina une nouvelle présidence car il souhaitait entrer à la Haute Assemblée.

Aussi bien, élu sénateur de la Côte-d’Or lors d'une élection partielle le 24 avril 1892, par 716 voix sur 1 047 votants, en remplacement de Pierre Joigneaux, décédé, il démissionna de son mandat de député.

Il s'inscrivit au groupe de l'union républicaine.

Spuller, lors de la formation du cabinet Casimir-Perier en décembre 1893, à laquelle il eut une grande part, fut nommé ministre de l'Instruction publique, des Cultes et des Beaux-Arts, fonctions qu'il avait déjà remplies dans le cabinet Rouvier en 1887 et auxquelles il se consacra de nouveau du 3 décembre 1893 au 23 mai 1894.

Il fut réélu sénateur de la Côte-d’Or le 7 janvier 1894, par 812 voix sur 1.029 votants.

Après avoir été partisan acharné de la laïcité et combattu par la plume et la parole la suprématie de l'Eglise sur l'Etat, il devint, vis-à-vis du clergé, partisan d'un libéralisme inquiétant aux yeux de certains, qu'il affirma dans un discours en parlant « de la nécessité d'envisager les relations de l'Eglise et de l'Etat dans un esprit nouveau ». Ce discours eut un grand retentissement.

En dehors de La République française dont il fut longtemps le principal collaborateur ou le rédacteur en chef, Spuller publia un grand nombre d'articles dans les journaux républicains.

Il mourut le 23 juillet 1896 à Sombernon, en Côte-d’Or, des suites d'une longue et douloureuse maladie. Il était âgé de 60 ans.