Marie-Josèphe Sublet
1936 - 2024
SUBLET (Marie-Josèphe)
Née le 10 février 1936 à Lyon (Rhône)
Décédée le 28 janvier 2024 à Feyzin (Rhône)
Députée du Rhône de 1981 à 1993
Née Fleschet le 10 février 1936 dans le 3e arrondissement de Lyon, Marie-Josèphe Sublet est la fille d’une enseignante du privé et d’un père chimiste chez Rhône-Poulenc. Sa famille vit à Saint-Fons avant de s’installer à Feyzin en 1938. Marie-Josèphe Sublet fait des études secondaires au centre scolaire privé La Xavière à Lyon, puis au lycée Saint Just où elle obtient un baccalauréat en sciences expérimentales. Elle poursuit ses études supérieures à l’Ecole Technique. Elle commence à travailler chez Rhône-Poulenc dans un laboratoire de physique-chimie en tant qu’aide-chimiste. En décembre 1960, elle se marie avec Bernard Sublet, un technicien agricole. Celui-ci décède tragiquement un mois plus tard des suites d’un accident de la route. Marie-Josèphe Sublet change alors de profession pour s’engager auprès des familles en difficultés en tant que travailleuse familiale. En 1972, elle est nommée directrice du regroupement de six associations qui prend le nom d’Association départementale interfédérale pour l’aide familiale (ADIAF). Marie-Josèphe Sublet assume cette fonction jusqu’en 1982.
Marie-Josèphe Sublet milite dans la jeunesse catholique, très active dans la région lyonnaise. Dans les années 1960, elle est, avec quelques autres, à l’initiative de la création de l’Organisation régionale loisirs, et culture (ORLEC), une association locale destinée aux jeunes. L’association œuvre à l’organisation de nombreuses activités locales : ciné-club, fêtes, concerts, séjours de vacances. En parallèle, dès son entrée dans le monde du travail, Marie-Josèphe Sublet a un fort engagement syndical au sein de la CFTC. En 1964, elle se positionne en faveur de l’ouverture et de la transformation de la CFTC en CFDT.
Marie-Josèphe Sublet poursuit son engagement civique en entrant à la SFIO, puis au Parti socialiste (PS). Elle est élue conseillère municipale de Feyzin en 1965. A partir de 1977, et pendant plus de dix ans, elle est maire de sa commune, première femme à occuper ce mandat. Au cours de cette période la ville connaît un important développement. Elle œuvre en tant que maire à y faire construire des équipements culturels et sportifs répondant aux attentes de la population. En 1985, elle fait ainsi construire un bâtiment dans le Parc de l’Europe qui accueille la première Maison des jeunes avant de devenir la bibliothèque municipale, puis la médiathèque de la ville.
Après la victoire de François Mitterrand à la présidence de la République en mai 1981, Marie-Josèphe Sublet est élue députée aux élections législatives de juin dans la 11e circonscription du Rhône (Saint-Symphorien d’Ozon, Saint-Fons, Vénissieux). Elle succède au député sortant le communiste Marcel Houël. Ce dernier, à nouveau candidat, se retire au second tour du scrutin pour éviter une triangulaire. Marie-Josèphe Sublet s’impose alors très largement, avec 70,91% des suffrages exprimés face au candidat du Rassemblement pour la République (RPR) Claude Debray. Durant ce premier mandat son suppléant est Claude Dilas un chimiste, adjoint au maire de Vénissieux.
La nouvelle parlementaire siège au sein du groupe socialiste, et à la commission des affaires culturelles, familiales, et sociales.
Dans le groupe socialiste, elle se spécialise progressivement autour des enjeux de l’emploi, et du cadre de vie. Elle pose ainsi une question au gouvernement, en décembre 1981, sur les difficultés financières des services des travailleuses familiales.
Ensuite, outre ses interventions régulières sur les crédits budgétaires des affaires sociales et du travail, prévus par les projets de loi de finances, la députée du Rhône intervient longuement pour défendre les droits des salariés, d’abord en mai 1982, sur le projet de loi relatif aux libertés des travailleurs dans l’entreprise, puis en mai 1982, sur le projet de loi relatif au développement des institutions représentatives du personnel. En avril et octobre 1983, elle défend de la même manière les avancées sociales prévues par le projet de loi relatif à la démocratisation du secteur public. En décembre 1984, elle montre, à l’occasion de l’examen du projet de loi portant diverses dispositions d’ordre social, l’étendue de ses compétences, évoquant non seulement la protection de l’enfance, la lutte contre le chômage et l’amélioration de la démocratisation du secteur public, mais aussi les spécificités du secteur agricole. Elle prend aussi la parole, en mai 1985, sur le projet de loi relatif à la gestion, à la valorisation et la protection de la forêt, pour défendre le maintien des paysages dans la région sensible qu’est le Beaujolais.
Très engagée en matière de lutte pour les droits des femmes, elle œuvre par ailleurs aux côtés d’autres femmes notamment d’Yvette Roudy, et de Renée Dufour. Elles défendent la parité pour que les femmes puissent accéder aux mêmes postes et responsabilités que les hommes.
En 1986, Marie-Josèphe Sublet est à nouveau candidate aux élections législatives qui se tiennent au scrutin proportionnel départemental à un seul tour. Dans le Rhône, la majorité présidentielle de gauche est en tête à l’issue du scrutin en obtenant 29,29% des voix. Sa liste obtient ainsi cinq sièges à l’Assemblée, ce qui permet à Marie-Josèphe Sublet d’être réélue.
Désormais dans l’opposition, membre du groupe socialiste, Marie-Josèphe Sublet rejoint à nouveau la commission des affaires culturelles, familiales et sociales. Elle est, en juin 1986, l’une des opposantes lors des débats sur le projet de loi relatif à la suppression de l’autorisation administrative de licenciement. En mai 1987, elle défend avec compétence et conviction les améliorations qu’elle juge nécessaires au projet de loi en faveur de l’emploi des travailleurs handicapés. Etendant le champ de ses centres d’intérêt, elle prend aussi la parole, en juin 1987, sur le projet de loi relatif à la répression du recel, puis en juillet 1987, pour défendre un amendement sur le projet de loi relatif à l’organisation de la sécurité civile et à la protection des risques majeurs.
Par ailleurs, chaque année, elle intervient à nouveau sur les crédits budgétaires des affaires sociales et de l’emploi.
En 1988, elle se représente, cette fois dans la nouvelle 14e circonscription du Rhône. Elle l’emporte, au second tour, avec 100% des suffrages exprimés après le retrait du candidat du Parti communiste Charles Fiterman. Son suppléant est Claude Cerutti, opticien, habitant la commune de Vénissieux.
Elle est notamment vice-présidente du groupe d’amitié France-République du Chili, présidé par le député de l’Hérault Jean Lacombe. A nouveau membre du groupe socialiste, et de la commission des affaires culturelles, Marie-Josèphe Sublet est secrétaire de l’Assemblée nationale de juin 1988 à avril 1991. Elle est aussi membre, en décembre 1991, de la commission d’enquête chargée d’étudier la situation actuelle et les perspectives de l’industrie automobile française. Très impliquée dans le travail de la majorité parlementaire, Marie-Josèphe Sublet est rapporteure en octobre et novembre 1989 du projet de loi favorisant le retour à l’emploi et la lutte contre l’exclusion professionnelle. En 1992, elle est rapporteure du projet de loi portant adaptation de la loi sur le revenu minimum d’insertion (RMI) et relatif à la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale et professionnelle. Elle est aussi rapporteure pour avis des crédits des affaires sociales et de l’intégration prévus par les projets de loi des finances pour 1992 et pour 1993.
Dans ses autres interventions en séance publique, Marie-Josèphe Sublet confirme sa spécialisation sur les questions sociales. Elle pose ainsi trois questions au gouvernement : en octobre 1989, sur le contrôle des accidents du travail dans la sous-traitance ; en avril 1991, sur le traitement social de la situation dans les banlieues ; en octobre 1992, sur la dépendance des personnes âgées, sujet alors largement méconnu et pour lequel elle souhaite un projet de loi.
Elle évoque par ailleurs le traitement du surendettement en juin 1990, lors d’une séance des questions à un ministre.
La députée du Rhône prend aussi régulièrement la parole pour défendre les projets de loi présentés par le gouvernement dans le domaine social : en mai 1989, sur le projet de loi relatif à la prévention du licenciement économique et au droit à la conversion ; en juin 1989, sur le projet de loi relatif à la prévention des mauvais traitements à l’égard des mineurs et à la protection de l’enfance ; en 1990, sur le projet de loi relatif au statut et au capital de la Régie nationale des usines Renault ; en juin 1990, sur le projet de loi favorisant la stabilité de l’emploi pour l’adaptation du régime des contrats précaires ; en juin 1990, sur le projet de loi relatif aux prestations familiales et aux aides à l’emploi pour la garde des jeunes enfants ; en novembre 1991, sur le projet de loi relatif à la prévention des risques professionnels.
Lors de ces mandats Marie-Josèphe Sublet reste très active sur son territoire, en lui faisant bénéficier de son réseau de connaissances nationales. Elle participe notamment à l’organisation de colloques au Centre Léonard de Vinci de sa commune autour de l’enjeu des droits des femmes, en y invitant des anciennes ministres telles qu’Yvette Roudy, Véronique Neiertz, Georgina Dufoix mais aussi l’universitaire, écrivaine, éditrice et ancienne ministre, Huguette Bouchardeau. Elle participe aussi à la mise en place de l’événement « Des Femmes et des Arts » dans sa commune autour de la date symbolique du 8 mars.
Marie-Josèphe Sublet est finalement battue aux élections législatives de 1993, dès le premier tour du scrutin, avec 17,29% des suffrages exprimés. Le communiste André Gerin l’emporte au second tour, avec 46,68%, dans le cadre d’une triangulaire opposant le candidat du Front national Maurice Joannon, et Gérard Demont du RPR.
Après la fin de son dernier mandat de députée, Marie-Josèphe Sublet s’engage davantage au niveau syndical au sein de la CFDT Retraités. Elle est ainsi à l’initiative de la création de l’Allocation personnalisée d’autonomie (APA). Elle demeure fidèle à son engagement associatif en s’initiant à l’art floral, et en étant présidente de l’association « Des fleurs et des arts » à Feyzin dont le but est de promouvoir et de faire découvrir ce loisir. Elle continue aussi à soutenir l’activité culturelle de sa commune en appuyant la création théâtrale du Centre Léonard de Vinci.
En 1998, Marie-Josèphe Sublet est nommée chevalier de la légion d’honneur.
Elle s’éteint le 28 janvier 2024, à l’âge de 87 ans. De nombreux hommages lui sont rendus, en particulier par les élus socialistes, de sa ville Feyzin qu’elle a marquée de son empreinte, comme du département. L’Union territoriale des retraités de la CFDT salue aussi son engagement syndical.