Henri Teitgen
1882 - 1969
- Informations générales
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- Né le 8 mars 1882 à Nancy (Meurthe-et-Moselle - France)
- Décédé le 21 octobre 1969 à Paris (Paris - France)
1882 - 1969
TEITGEN (Henri) Né le 8 mars 1882 à Nancy (Meurthe-et-Moselle) Décédé le 21 octobre 1969 à Paris (16ème) Député de la Gironde de 1945 à 1951 L'élection d'Henri Teitgen en Gironde en 1945 constitue un bel exemple de parachutage réussi : inconnu dans le département trois semaines avant le scrutin, l'avocat lorrain devient député et le reste six ans, après deux belles réélections. Originaire de Nancy, Henri Teitgen est fils de Pierre Teitgen, artisan cordonnier et de Marie Damblé, sans profession. II devient orphelin très jeune. II suit des études jusqu'en mathématiques spéciales puis entre dans l'administration des Ponts-et-Chaussées avant de reprendre des études de droit à Nancy jusqu'à l'obtention d'un doctorat. Son engagement politique date des années de faculté : il adhère au mouvement Le Sillon fondé par Marc Sangnier et devient secrétaire du Sillon lorrain ce qui amène la police à la surveiller en 1903. Il quitte Nancy en 1907, l'année de son mariage avec Marie Magdeleine Goux, pour aller à Rennes collaborer avec l'abbé Trochu et Emmanuel Desgrées du Lou, fondateurs de Ouest France et il devient rédacteur en chef du nouveau journal. Mobilisé durant la Grande Guerre, il reçoit la croix de guerre. En 1920, il revient en Lorraine où il s'inscrit au barreau de Nancy dont il devient le bâtonnier. Il poursuit logiquement son militantisme politique en adhérant au parti démocrate populaire fondé en 1924 dont il devient un vice-président. Ses premiers combats électoraux sont assez tardifs : ils datent de 1932 et de 1936 quand Henri Teitgen se présente d'abord aux élections législatives dans la circonscription de Langres (Haute-Marne) puis dans celle de Nancy mais il est battu. Lorsque la guerre éclate, il s'installe à Montpellier pour protéger sa famille (il est père de neuf enfants, quatre filles et cinq fils dont Pierre-Henri Teitgen, futur parlementaire et ministre). A la fin août 1940, il fonde avec François de Menthon et son fils Pierre-Henri le premier mouvement de résistance en zone libre, "Liberté", qui plus tard fusionne avec "Combat". Arrêté à Nancy le 12 novembre 1942, il est détenu à Compiègne jusqu'au 17 janvier 1944 puis déporté à Buchenwald jusqu'en 1945. Membre du nouveau mouvement démocrate-chrétien le MRP dès sa fondation, Henri Teitgen tente en vain de se faire élire aux élections municipales à Nancy en avril 1945. Son action dans la Résistance et sa déportation lui valent la croix de guerre 1939-1945, la médaille de la Résistance et une nomination comme délégué à l'Assemblée consultative provisoire de Paris en juin 1945. Henri Teitgen y appartient à la commission de l'agriculture et du ravitaillement et à celle de l'Alsace-Lorraine. Le MRP girondin connaît un bon départ mais cherche une tête pour conduire sa liste pour les élections du 21 octobre 1945. Le 26 septembre, le nom de Teitgen apparaît parmi les personnalités susceptibles de venir en Gironde. L'annonce de la candidature est officielle le 5 octobre. La liste MRP conduite par l'avocat nancéen recueille 57 645 voix sur 380 070 suffrages exprimés (15,1%) ce qui la place en quatrième position seulement mais lui donne un élu. Le contexte est favorable au MRP avec une droite et des radicaux très affaiblis. Mais le talent oratoire de Henri Teitgen a dû jouer. Georges Bidault n'a-t-il pas dit plus tard : "Je n'ai jamais entendu dans ma vie de plus grand orateur que le bâtonnier Teitgen face à la foule ...Il est le plus grand tribun qu'aient connu nos après-guerres" ? Le nouveau député devient aussitôt un des vice-présidents de l'Assemblée constituante. Il s'oppose comme ses amis du MRP au premier projet constitutionnel adopté le 19 avril 1946. Lors de l'élection de la seconde assemblée constituante en juin 1946, Teitgen mène à nouveau la liste MRP et le succès est considérable : avec 102 742 voix sur 400 503 suffrages exprimés (25,6%), les républicains populaires deviennent la deuxième force politique girondine derrière la SFIO et gagnent trois sièges (Teitgen, Liquard et Cornut). Henri Teitgen retrouve son fauteuil de vice-président de l'Assemblée et il vote le second projet constitutionnel. Le scrutin du 10 novembre 1946 pour élire l'Assemblée nationale provoque un recul du MRP, en Gironde comme dans le reste du pays : la liste Teitgen attire 75 451 électeurs sur 384 307 (19,6%) et perd un siège. Henri Teitgen devient un des vice-présidents de la nouvelle Assemblée. Après avoir participé au temps des assemblées constituantes à la commission de la constitution, Henri Teitgen appartient durant la législature 1946-1951 à la commission des affaires étrangères et à celle de la marine marchande (1946 puis 1949-1950). Son activité parlementaire porte cependant sur des questions variées. Il présente une résolution pour obtenir une aide aux ostréiculteurs suite à une tempête qui a sévi sur le bassin d'Arcachon et une autre pour qu'un hommage soit rendu en 1951 à la mémoire d'Henri Bergson mort dix ans avant. Il est l'auteur de plusieurs rapports dont l'un préconise une rencontre Truman-Staline à Paris et un autre concerne l'immunité parlementaire. Ses interventions portent essentiellement sur la politique étrangère de la France mais il n'oublie pas de prendre parole sur des thèmes plus régionaux, à propos, par exemple, des incendies des forêts des Landes ou sur des ostréiculteurs d'Arcachon. Mais aux élections législatives du 17 juin 1951, Henri Teitgen est battu. Sa liste, dans la première circonscription de la Gironde, n'obtient que 12 459 voix soit 5,6% des suffrages exprimés : c'est l'effondrement, directement lié à celui du MRP en Gironde, victime de la création du RPF qui a attiré une partie de ses troupes, de ses élus (dont le député Emile Liquard) et de ses électeurs. Le score personnel d'Henri Teitgen (14.397 voix) n'est qu'une maigre consolation face à la disparition de tout républicain populaire dans la représentation girondine et au succès de trois gaullistes dont Jacques Chaban-Delmas, Emile Liquard et Lucien de Gracia). Henri Teitgen quitte alors la vie politique girondine mais se présente encore aux élections législatives de 1956, dans le Doubs où il échoue. Pour justifier le "nomadisme" électoral qui caractérise son parcours, il avait déclaré être "le député de la France", "un député, pas un commis-voyageur" car " 'essentiel de mon métier est à Paris", tout en "confessant" avoir perdu le contact avec ses électeurs... Officier de la Légion d'honneur depuis 1948, Henri Teitgen, âgé de soixante-quatorze ans en 1956, ne participe plus à la vie politique à la fin de la IVème République et sous la Vème République. Il meurt à Paris l'année du départ du général de Gaulle en 1969. Peut-être a-t-il alors médité sur son antigaullisme, lui qui déclarait lors de la création du mouvement gaulliste en avril 1947 : "un tel mouvement est malfaisant" en ajoutant en juin : "on ne parlera plus du RPF en octobre" ?