Emmanuel, Jacques, Marie Temple
1895 - 1988
* : Un décret de juillet 1939 a prorogé jusqu'au 31 mai 1942 le mandat des députés élus en mai 1936
Né le 21 septembre 1895 à Montpellier (Hérault).
Député de l'Aveyron de 1936 à 1942.
Né de parents propriétaires exploitants agricoles, Emmanuel Temple fait ses études à la Faculté de Montpellier et devient licencié ès lettres et docteur en droit avant d'être mobilisé dans l'aviation au cours de la Première Guerre mondiale. Sa conduite brillante lui vaut la Croix de guerre 1914-1918 avec citation, et la Médaille des évadés.
La paix revenue, il commence une carrière d'avocat et ce n'est qu'en 1936 qu'il est tenté par la vie publique. Il se présente aux élections législatives de l'Aveyron et le 26 avril, il est élu au premier tour de scrutin député de la circonscription de Saint-Affrique, par 6.912 voix sur 12.193 votants et 13.675 inscrits, contre 3.956 voix à M. Holtzer-Pelet, sous l'étiquette de la fédération républicaine de France.
Membre de la commission des douanes et des conventions commerciales, de la commission des boissons, de la commission de l'Alsace et de la Lorraine et de la commission de l'Algérie, des colonies et des pays de protectorat, c'est en cette dernière qualité qu'il participe, en 1938, à la commission parlementaire d'enquête chargée d'étudier en Algérie le projet Blum-Viollette tendant à accorder la citoyenneté française à certaines catégories de musulmans d'Algérie. Il dépose une proposition de loi tendant à imposer à tout possesseur de véhicule automobile l'obligation de s'assurer contre le risque d accidents aux tiers. Il intervient dans la discussion de nombreux projets de loi et notamment ceux relatifs a l'institution d'un Office national professionnel du blé, à l'organisation d'un plan de grands travaux destinés à combattre le chômage, au projet de loi tendant à réaliser la réforme fiscale, etc..
Il s'intéresse spécialement aux questions agricoles et, à ce titre, outre ses interventions sur les budgets de l'Agriculture, il demande à interpeller le gouvernement sur sa politique rurale et agricole et sur l'attribution aux exploitants ruraux, artisans et travailleurs non salariés du bénéfice des allocations familiales, ou bien il participe à la discussion du projet de loi tendant à permettre l'octroi de délais aux débiteurs malheureux et de bonne foi et à favoriser le règlement des dettes agricoles.
Il intervient également dans la mise au point du statut des grands mutilés du travail et, à la veille de la Deuxième Guerre mondiale, prend part activement à la discussion du projet de loi tendant à donner au gouvernement les pouvoirs nécessaires pour mettre la nation en état de faire face aux charges qui lui incombent, et spécialement aux besoins de sa défense.
Mobilisé en 1939, il fait à nouveau campagne au début de la Deuxième Guerre mondiale.
Le 10 juillet 1940, à Vichy, il vote les pouvoirs constituants au maréchal Pétain.
Il était alors Officier de la Légion d'honneur.
TEMPLE (Jacques, Marie, Emmanuel) Né le 21 septembre 1895 à Montpellier (Hérault) Décédé le 19 novembre 1988 à Montpellier Député de l’Aveyron de 1936 à 1942 et de 1946 à 1958 Ministre des anciens combattants du 10 août 1951 au 23 décembre 1952 et du 19 juin au 2 septembre 1954 Ministre de la défense nationale du 3 septembre 1954 au 19 janvier 1955 Ministre de la justice, garde des sceaux du 20 janvier au 15 février 1955 Nommé membre du Conseil national en 1941 puis préfet d’Alger en septembre 1942, il fut amené, lors du débarquement des Alliés anglo-saxons en Algérie (novembre 1942), à remplacer pendant quelques jours – cela conformément à la loi – le gouverneur général absent, le secrétaire général étant lui-même empêché. Il abandonna ce poste en mars 1943 pour celui d’inspecteur général de l’administration. En avril 1943, il fut affecté au Gouvernement général avec rang de préfet. Dès le mois de juin suivant, il s’engagea dans le corps expéditionnaire français et participa activement à la campagne d’Italie puis au débarquement en Provence (à Saint-Tropez, avec la 1ère DB). Sa conduite durant les campagnes de France, d’Alsace, d’Allemagne et d’Autriche lui valut d’obtenir la Croix de guerre 1939-1945 (huit citations) et d’être promu commandeur de la Légion d’honneur. A la Libération, il reprit sa carrière d’avocat et sa carrière d’homme politique. Relevé de l’inéligibilité dès octobre 1945, il se présenta aux élections à la première Assemblée nationale constituante, le 21 octobre 1945, dans l’Aveyron où il avait été élu député en 1936 (inscrit alors au groupe de la Fédération républicaine). La Liste républicaine de défense agricole était ainsi composée : Joseph Bastide, ancien député (élu en 1936, groupe de la Fédération républicaine), délégué à l’Assemblée consultative provisoire ; Emmanuel Temple ; Raymond Bonnefous, chirurgien, conseiller général ; Antoine Alazard, agriculteur, conseiller général. Elle affrontait quatre autres listes : PCF (27 031 voix ; Guy de Boysson élu), SFIO (32 759 voix ; Paul Ramadier élu), radicale-socialiste (14 099 voix), MRP (31 834 voix ; Jean Solhinac élu). Avec 52 505 des 158 228 suffrages exprimés au total, la liste modérée arrivait en tête mais n’eut qu’un élu – au quotient. A nouveau candidat le 2 juin 1946 pour l’élection de la seconde Assemblée nationale constituante, Emmanuel Temple se trouvait encore en deuxième position sur la Liste républicaine indépendante de rénovation sociale et agraire, derrière Raymond Bonnefous, et suivi de Roland Boscary-Monsservin, avocat, ancien conseiller d’arrondissement, et d’Antoine Alazard. Comme en 1945, quatre autres listes participaient au scrutin : PCF (30 147 voix ; Guy de Boysson réélu), SFIO (28 689 voix ; Paul Ramadier réélu), RGR (13 062 voix), MRP (39 747 voix ; Jean Solhinac réélu). La liste modérée, avec 51 015 des 162 660 suffrages exprimés, était à nouveau en tête mais n’eut encore qu’un seul élu. Lors de l’élection de la première Assemblée nationale, le 10 novembre 1946, Raymond Bonnefous ayant choisi de se présenter au Conseil de la République le mois suivant, Emmanuel Temple mena la Liste républicaine d’action sociale et agricole ; Roland Boscary-Monsservin était en deuxième place, suivi de Jean Capoulade – médecin, conseiller général – et de Raymond Bonnefous. Il y avait quatre autres listes, comme dans les deux scrutins précédents : PCF (32 040 ; Guy de Boysson réélu), SFIO (27 050 voix ; Paul Ramadier réélu), RGR (13 720 voix), MRP (46 096 voix ; Jean Solhinac réélu). La liste modérée, avec seulement 37 871 des 156 777 suffrages exprimés, n’était plus qu’en deuxième position derrière les républicains populaires mais Emmanuel Temple fut cependant élu et retrouva ainsi le siège de député qu’il occupait avant la guerre. Il déploya au cours de la première législature une intense activité parlementaire. Membre des commissions de la presse en 1947-1948, des Territoires d’outre-mer de 1947 à 1951, de l’agriculture en 1950 et des affaires économiques en 1951, il fut aussi amené à figurer sur la liste des jurés de la Haute-Cour de justice (session de décembre 1948). Il déposa quinze propositions de lois (n°s 901, 1621, 2380, 2420, 2451, 4386, 4480, 4534, 5174, 5296, 5558, 5559, 6811, 7119, 12425), portant sur des questions fort diverses : agriculture et fiscalité des PME et de l’artisanat en priorité, mais aussi anciens combattants, assurance automobile, radiodiffusion, tourisme (proposition de création d’un Centre national du Tourisme), éducation sportive de la jeunesse (proposition de création d’un organisme de pari mutuel sportif pour la financer). Il intervint à la tribune du Palais Bourbon des dizaines de fois, à l’occasion de chaque discussion budgétaire et lors des débats sur de nombreux projets ou propositions de lois : statuts de l’Algérie ou de la Cochinchine, réorganisation de Madagascar, affaires économiques et sociales (rapports bailleurs-locataires, prix du blé et questions agricoles, protection de la liberté du travail, inflation et monnaie, fiscalité et aides aux entreprises), Conseil de l’Europe, anciens combattants, écoles privées des Houillères, etc. En même temps, il s’investissait pleinement dans la construction du Centre national des républicains indépendants dont les statuts furent déposés à la préfecture de la Seine, le 31 décembre 1948, signés par les trois sénateurs Roger Duchet, René Coty et Jean Boivin-Champeaux. Emmanuel Temple était inscrit depuis 1946 au petit groupe des Républicains indépendants, comme l’avaient été avant lui Joseph Bastide et Raymond Bonnefous. En janvier 1950, il remplaça Louis Christiaens – que la direction du CNRI jugeait alors trop lié au RPF – à la présidence du groupe des RI. Il intervint à diverses reprises dans France indépendante, l’hebdomadaire lancé par Roger Duchet en avril 1950. L’association du CNRI avec Parti paysan d’union sociale de Paul Antier en février 1951, dans la perspective des prochaines élections législatives, donna naissance au CNIP et Emmanuel Temple fut l’un des 14 membres du nouveau comité directeur mis alors en place. Lors du renouvellement de l’Assemblée nationale, le 17 juin 1951, Emmanuel Temple conduisit la Liste d’union des républicains indépendants et paysans. Il remporta un brillant succès. La liste était composée, outre le député sortant, de Roland Boscary-Monsservin, Robert Laurens – agriculteur, maire de Lacroix-Barrez et frère de Camille Laurens, député du Cantal et principal rival de Paul Antier à la direction du PPUS – et d’Alphonse Lazuech, négociant et conseiller général. Elle affrontait cinq autres listes : PCF (23 161 voix), SFIO (31 127 voix), RGR (8 306 voix), MRP (27 077 voix ; Jean Solhinac réélu), RPF (7 992 voix). La liste modérée, dont les engagements électoraux faisaient apparaître la liberté de l’enseignement en première place, emporta 52 212 (54 950 pour Emmanuel Temple) des 151 207 suffrages exprimés. L’apparentement conclu avec le MRP rassembla la majorité absolue des suffrages, ce qui permit au CNIP d’obtenir trois des quatre sièges du département. Réélu président du groupe des R.I en juillet 1951, Emmanuel Temple ne conserva cette fonction que quelques semaines car il devint ministre des Anciens combattants et victimes de guerre dans le second gouvernement de René Pleven (août 1951 – janvier 1952). Il le demeura dans le premier gouvernement d’Edgar Faure (janvier – février 1952) et dans le gouvernement d’Antoine Pinay (mars – décembre 1952). Outre onze projets de lois qu’il soutint en tant que ministre au cours de la législature (n°s 1891, 2668, 3392, 3997, 4329, 9115, 9367, 9450, 9451, 10025), il déposa huit propositions de lois ou de résolutions, sur des questions qu’il avait déjà abordées : agriculture, fiscalité, assurance automobile, affaires coloniales, anciens combattants (n°s 573, 574, 575, 657, 5389, 8606, 8659, 11682). Il intervint encore très souvent à la tribune du Palais Bourbon. En tant que ministre avant tout, mais aussi – même si ce fut avec une fréquence moindre qu’entre 1946 et 1951 – en tant que député : scrutins d’investiture et discussions budgétaires, fiscalité, agriculture, anciens combattants, outre-Mer. Il fut membre de la commission des Territoires d’outre-mer à l’été 1951 puis en 1953 et au premier semestre 1954, de la commission du suffrage universel, des lois constitutionnelles, du règlement et des pétitions à l’automne 1955. En mai 1952, alors qu’il était ministre, il fut élu président de la commission parlementaire chargée d’enquêter sur la situation très tendue en Tunisie après les massacres du Cap Bon en janvier et l’arrestation des ministres tunisiens en mars. En juin 1953, il fut désigné par la commission des Territoires d’outre-mer pour faire partie de la commission de coordination chargée des questions relatives à la CECA. Vice-président de cette commission, il fut réélu à ce poste en mars 1954. Sa position personnelle au sein du C.N.I.P. évolua assez considérablement au cours de la législature. A l’été 1953, il apparaissait encore comme un des fidèles du secrétariat général. Lorsque Roger Duchet décida de mettre sur pied plusieurs commissions d’études propres au Centre afin d’approfondir la doctrine et d’accroître les liens entre le parti et ses parlementaires, Emmanuel Temple se vit confier la présidence de la commission d’études sociales. L’investiture de Pierre Mendès France en juin 1954 modifia beaucoup la situation. Emmanuel Temple entra en effet dans le nouveau gouvernement, contre l’avis de la direction du CNIP qui se rapprochait alors nettement du MRP. Il y occupa successivement trois postes : le ministère des Anciens combattants et victimes de guerre tout d’abord, le ministère de la défense nationale et des forces armées à partir du remaniement de septembre 1954 puis le ministère de la justice après le remaniement de janvier 1955. Comme tous les membres du gouvernement, il ne prit pas part au vote relatif à la question préalable, déposée par le général Adolphe Aumeran et Édouard Herriot, qui entraîna la non ratification du traité instituant la Communauté européenne de défense. Le remplacement du gouvernement de Pierre Mendès France en février 1955 par celui d’Edgar Faure (radical antimendésiste étroitement allié aux deux dirigeants du CNIP, Roger Duchet et Antoine Pinay) entraîna pour Emmanuel Temple une mise à l’écart relative des cercles dirigeants du CNIP tout au long de l’année 1955. Il n’en mena pas moins la liste du parti dans l’Aveyron le 2 janvier 1956, lors du renouvellement anticipé de l’Assemblée nationale. Huit listes s’affrontaient. La Liste d’union des indépendants et paysans (même composition qu’en 1951) conserva la première place avec 45 565 des 158 491 suffrages exprimés. Elle subit certes une indéniable érosion électorale mais bien moindre que celle du MRP qui tomba à 15 710 suffrages (Jean Solhinac ne fut pas réélu). L’élargissement de l’apparentement de centre-droit par rapport à celui conclu en 1951 – CNIP, MRP, républicains sociaux emmenés par Christian de La Malène (2 140 voix), Groupement de la réforme de l’Etat (3 864 voix) – ne compensa pas la percée poujadiste qui bouleversa les équilibres : les deux listes apparentées – Liste d’union et fraternité française et Liste de défense des intérêts agricoles et viticoles – totalisèrent 36 854 voix (élection de René Icher). À gauche, l’union de la SFIO et des radicaux mendésistes sur la Liste du Front républicain (34 131 voix) permit à Paul Ramadier de retrouver son siège et de creuser l’écart avec le PCF (19 123 voix). Finalement, le CNIP n’eut que deux élus au lieu de trois en 1951. Emmanuel Temple, comme tous les députés modérés issus des anciens groupes R.I, indépendant paysan ou IARS (dissidents du RPF), s’inscrivit en janvier 1956 au nouveau groupe des IPAS (indépendants et paysans d’action sociale) présidé par Antoine Pinay. Il fut membre des commissions des Territoires d’outre-mer en 1956-1957, des affaires économiques en 1956 et des finances en 1957. Le 23 février 1956, il fut désigné comme représentant suppléant à l’Assemblée consultative du Conseil de l’Europe. Il déposa cinq propositions de lois ou de résolutions au cours de la dernière législature de la IVe République (n°s 258, 4953, 4954, 6202, 7105), portant principalement sur la fiscalité. Il fit une douzaine d’interventions à la tribune, surtout sur les questions concernant l’Algérie mais aussi le Marché commun, l’agriculture et l’armée. Il se rapprocha de la direction du CNIP en 1957 à l’occasion de l’élaboration du projet de loi-cadre sur l’Algérie en faveur duquel il vota le 30 septembre 1957, comme une petite majorité du groupe IPAS ; suivant les consignes du secrétariat général. En février 1958, après le bombardement de Sakhiet en Tunisie, il dirigea avec Marcel Roclore, député de la Côte-d’Or, une mission du CNIP en Afrique du Nord. Emmanuel Temple fut par contre en complet désaccord avec les dirigeants du Centre pendant la crise de mai 1958. Il suivit en effet la minorité du groupe IPAS qui, sous la conduite par Paul Reynaud, soutint jusqu’au bout le gouvernement de Pierre Pflimlin tandis que Roger Duchet, Antoine Pinay et René Coty œuvraient activement au retour de Charles de Gaulle au pouvoir. Il se rallia cependant à ce dernier en juin 1958 et vota son investiture. En novembre, il fut investi par le CNIP comme candidat dans la 3e circonscription de l’Aveyron mais il fut battu par Charles Dutheil (MRP, maire de Millau). A nouveau candidat du Centre national aux élections législatives anticipées de l’automne 1962, il ne retrouva pas son siège. Il se présenta encore en mars 1967, dans la 1ère circonscription de l’Hérault, comme candidat du Centre démocrate (depuis 1962, et plus encore depuis 1965 et la candidature de Jean Lecanuet, le CNIP s’était rapproché des démocrates-chrétiens) mais ne fut pas élu. Dès lors, il se retira de la vie politique et se consacra exclusivement à son métier d’avocat au barreau de Montpellier ainsi qu’à la mise en valeur de son domaine agricole, planté en vignes et en arbres fruitiers.