Jean Terpend-Ordassière

1912 - 1981

Informations générales
  • Né le 4 février 1912 à Saint-joseph-de-rivière (Isère - France)
  • Décédé le 6 septembre 1981 à Voiron (Isère - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
Ire Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 21 octobre 1945 au 10 juin 1946
Département
Isère
Groupe
Mouvement républicain populaire
Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
2e Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 2 juin 1946 au 27 novembre 1946
Département
Isère
Groupe
Mouvement républicain populaire
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 10 novembre 1946 au 4 juillet 1951
Département
Isère
Groupe
Mouvement républicain populaire

Biographies

TERPEND-ORDASSIÈRE (Jean)
Né le 4 février 1912 à Saint-Joseph-de-Rivière (Isère)
Décédé le 6 septembre 1981 à Voiron (Isère)

Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale constituante (Isère)
Député de l'Isère de 1946 à 1951

"Faire de la politique […], c'est savoir dire oui quand on vient vous chercher pour vous occuper des affaires publiques. Quand on est en place, c'est faire son travail et tenir le coup devant les critiques, les incompréhensions, les coups de pied en vache" écrit Jean Terpend en mars 1954 dans Le Miron. Ce texte révèle à la fois le sens du dévouement de Jean Terpend, mais aussi les difficultés liées au contexte local dans lequel s'est déroulé son parcours.
Derrière une carrière de député apparemment limitée se cache une figure majeure du mouvement agricole lié à la démocratie chrétienne. Issu d'une famille paysanne implantée depuis trois siècles en Dauphiné, dans la Grande Chartreuse, à Saint-Joseph de Rivière, Jean Terpend milite dès l'âge de dix-sept ans à la Jeunesse agricole chrétienne dont il devient président de la fédération de l'Isère après avoir obtenu son certificat d'études primaires. Associé à son père, il exploite la ferme familiale à partir de 1935 tout en donnant des cours aux élites rurales dans plusieurs départements du sud-est de la France. Mobilisé en 1939, il participe à la bataille de Norvège et il est décoré de la Croix de guerre. De retour des armées, il est élu président du syndicat agricole de Miribel-les-Echelles et s'investit toujours plus dans la formation professionnelle des agriculteurs au niveau départemental. Il devient également vice-président des Caisses d'allocation familiale et d'assurances agricoles de l'Isère. Fidèle à l'esprit de l'ACJF incarné alors par Maurice-René Simonnet, il pèse de tout son poids pour éviter la création d'une jeunesse unique sous l'égide du gouvernement de Vichy, défendant farouchement l'autonomie de la JAC.
Le département de l'Isère envoie trois fois Jean Terpend le représenter au Palais-Bourbon en octobre 1945, juin 1946 puis novembre 1946. A chaque fois, il occupe la deuxième place sur la liste MRP conduite par Henri-Louis Grimaud mais la situation du MRP est mal assurée dans ce département déchristianisé car, dès novembre 1946, il rassemble moins de voix qu'en octobre 1945. Il atteint son apogée en juin 1946 avec 91 462 voix, soit 34,6 % des suffrages. En 1951, la liste conduite par Henri-Louis Grimaud subit une débâcle, perdant presque 42 000 voix par rapport à la précédente élection. Les 16,2 % des suffrages qu'elle recueille ne permettent pas la réélection de Jean Terpend. Les apparentements n'ont pas suffi face au succès du RPF et, surtout, des Indépendants. Le 3 décembre 1950, l'élection de Jean Terpend comme conseiller général du canton de La Tour du Pin avait mis en exergue toutes les difficultés rencontrées par le MRP dans ce département. Cette élection a eu valeur de test pour le RPF mais c'est un échec car le candidat communiste arrive en tête suivi de Jean Terpend et du candidat radical qui, contre toute logique, décide de se maintenir en recevant le soutien de la SFIO. C'est finalement l'absence d'un candidat de droite qui réussit à placer Jean Terpend en tête au second tour. Cet épisode a été monté en épingle par le MRP pour mobiliser ses troupes contre tout scrutin législatif à deux tours puisque ses alliés de la Troisième force ne semblent pas vouloir du désistement républicain en faveur des candidats démocrates chrétiens les mieux placés. L'élection cantonale de La Tour du Pin joue un rôle non négligeable dans la décision du MRP de défendre la loi sur les apparentements.
De 1945 à 1951, Jean Terpend siège en toute logique dans la commission de l'agriculture dont il est l'un des vice-présidents. Celui qui dirige Monde paysan, la revue du MRP destinée aux agriculteurs, est aussi membre de la commission de la presse de 1948 à 1951. Dès le 14 février 1946, il présente un rapport sur la liberté syndicale en agriculture et le 28 du même mois un second rapport portant sur l'organisation professionnelle provisoire de l'agriculture, suite à l'annulation de la législation de Vichy. Le 27 février 1947, il propose une loi portant sur le statut de la mutualité agricole, sujet qui le préoccupe et sur lequel il intervient de nombreuses fois. Il défend notamment l'idée d'une mutualité agricole démocratique et refuse la désignation de ses membres par le ministère de l'agriculture (18 novembre 1948). Il avance également la proposition d'introduire des représentants des pères de famille en tant que tels dans les conseils d'administration élus de la mutualité agricole (18 mai 1949). A l'occasion d'un débat sur le ravitaillement, Jean Terpend donne le 16 mai 1947, non sans lyrisme, sa vision de l'éthique paysanne dans un monde contemporain pris par la société de consommation naissante et le développement du Welfare State d'une part, la socialisation des moyens de production d'autre part :
"L'expression "gagner son pain" avait un sens qu'elle est en train de perdre. La tendance de beaucoup d'économistes modernes et même aussi d'Etats modernes est d'essayer d'assurer gratuitement les produits essentiels, d'où les subventions économiques que nous avons vues et que nous voyons encore fleurir maintenant.
On assigne maintenant à l'homme comme but essentiel de son effort individuel la conquête de la place de cinéma ou de théâtre, de l'automobile, du flacon de parfum ou de l'indéfrisable, du meuble de luxe, de la cravate ou des boutons de manchettes."
Dans Roseline, femme de paysan, roman paru en feuilleton dans Monde paysan puis édité en 1948, Jean Terpend exalte la condition paysanne, soulignant à l'envi, que derrière le rude labeur quotidien se profilent une véritable mission et une éthique de vie. L'écart avec la ville rend de plus en plus difficile l'acceptation des sacrifices nécessaires, particulièrement pour les jeunes femmes qui choisissent d'épouser un agriculteur. Se profile dans cette œuvre une nostalgie devant la certitude que la nature reste immuable alors que la fonction et la vie du paysan doivent forcément évoluer pour éviter la fin de ce métier. C'est pourquoi Jean Terpend juge indispensable l'amélioration de la condition paysanne, que ce soit par la diffusion du progrès technique ou la réduction du temps de travail pour les ouvriers agricoles (25 juillet 1947).
La même hauteur de vue se retrouve dans les éditoriaux du Miron, journal d'information de la région turripinoise qu'il dirige, et notamment en avril 1954, à la veille du débat sur la Communauté européenne de défense ; il révèle un engagement européen passionné et visionnaire, exigeant un autorité supranationale et un véritable parlement européen ainsi qu'une monnaie unique.
Après 1951, Jean Terpend ne conserve que son mandat de conseiller général de La Tour du Pin, et ce jusqu'en 1958, tout en assumant des responsabilités importantes dans la CGA où il continue de faire le lien entre le MRP et le monde agricole. En 1956, il présente une candidature de témoignage aux élections législatives puisqu'il choisit la dernière place sur la liste MRP. Il termine sa vie professionnelle en dirigeant une entreprise de matériel agricole et meurt à Voiron le 6 septembre 1981.

TERPEND-ORDASSIÈRE (Jean)
Né le 4 février 1912 à Saint-Joseph-de-Rivière (Isère)
Décédé le 6 septembre 1981 à Voiron (Isère)

Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale constituante (Isère)
Député de l'Isère de 1946 à 1951

"Faire de la politique […], c'est savoir dire oui quand on vient vous chercher pour vous occuper des affaires publiques. Quand on est en place, c'est faire son travail et tenir le coup devant les critiques, les incompréhensions, les coups de pied en vache" écrit Jean Terpend en mars 1954 dans Le Miron. Ce texte révèle à la fois le sens du dévouement de Jean Terpend, mais aussi les difficultés liées au contexte local dans lequel s'est déroulé son parcours.
Derrière une carrière de député apparemment limitée se cache une figure majeure du mouvement agricole lié à la démocratie chrétienne. Issu d'une famille paysanne implantée depuis trois siècles en Dauphiné, dans la Grande Chartreuse, à Saint-Joseph de Rivière, Jean Terpend milite dès l'âge de dix-sept ans à la Jeunesse agricole chrétienne dont il devient président de la fédération de l'Isère après avoir obtenu son certificat d'études primaires. Associé à son père, il exploite la ferme familiale à partir de 1935 tout en donnant des cours aux élites rurales dans plusieurs départements du sud-est de la France. Mobilisé en 1939, il participe à la bataille de Norvège et il est décoré de la Croix de guerre. De retour des armées, il est élu président du syndicat agricole de Miribel-les-Echelles et s'investit toujours plus dans la formation professionnelle des agriculteurs au niveau départemental. Il devient également vice-président des Caisses d'allocation familiale et d'assurances agricoles de l'Isère. Fidèle à l'esprit de l'ACJF incarné alors par Maurice-René Simonnet, il pèse de tout son poids pour éviter la création d'une jeunesse unique sous l'égide du gouvernement de Vichy, défendant farouchement l'autonomie de la JAC.
Le département de l'Isère envoie trois fois Jean Terpend le représenter au Palais-Bourbon en octobre 1945, juin 1946 puis novembre 1946. A chaque fois, il occupe la deuxième place sur la liste MRP conduite par Henri-Louis Grimaud mais la situation du MRP est mal assurée dans ce département déchristianisé car, dès novembre 1946, il rassemble moins de voix qu'en octobre 1945. Il atteint son apogée en juin 1946 avec 91 462 voix, soit 34,6 % des suffrages. En 1951, la liste conduite par Henri-Louis Grimaud subit une débâcle, perdant presque 42 000 voix par rapport à la précédente élection. Les 16,2 % des suffrages qu'elle recueille ne permettent pas la réélection de Jean Terpend. Les apparentements n'ont pas suffi face au succès du RPF et, surtout, des Indépendants. Le 3 décembre 1950, l'élection de Jean Terpend comme conseiller général du canton de La Tour du Pin avait mis en exergue toutes les difficultés rencontrées par le MRP dans ce département. Cette élection a eu valeur de test pour le RPF mais c'est un échec car le candidat communiste arrive en tête suivi de Jean Terpend et du candidat radical qui, contre toute logique, décide de se maintenir en recevant le soutien de la SFIO. C'est finalement l'absence d'un candidat de droite qui réussit à placer Jean Terpend en tête au second tour. Cet épisode a été monté en épingle par le MRP pour mobiliser ses troupes contre tout scrutin législatif à deux tours puisque ses alliés de la Troisième force ne semblent pas vouloir du désistement républicain en faveur des candidats démocrates chrétiens les mieux placés. L'élection cantonale de La Tour du Pin joue un rôle non négligeable dans la décision du MRP de défendre la loi sur les apparentements.
De 1945 à 1951, Jean Terpend siège en toute logique dans la commission de l'agriculture dont il est l'un des vice-présidents. Celui qui dirige Monde paysan, la revue du MRP destinée aux agriculteurs, est aussi membre de la commission de la presse de 1948 à 1951. Dès le 14 février 1946, il présente un rapport sur la liberté syndicale en agriculture et le 28 du même mois un second rapport portant sur l'organisation professionnelle provisoire de l'agriculture, suite à l'annulation de la législation de Vichy. Le 27 février 1947, il propose une loi portant sur le statut de la mutualité agricole, sujet qui le préoccupe et sur lequel il intervient de nombreuses fois. Il défend notamment l'idée d'une mutualité agricole démocratique et refuse la désignation de ses membres par le ministère de l'agriculture (18 novembre 1948). Il avance également la proposition d'introduire des représentants des pères de famille en tant que tels dans les conseils d'administration élus de la mutualité agricole (18 mai 1949). A l'occasion d'un débat sur le ravitaillement, Jean Terpend donne le 16 mai 1947, non sans lyrisme, sa vision de l'éthique paysanne dans un monde contemporain pris par la société de consommation naissante et le développement du Welfare State d'une part, la socialisation des moyens de production d'autre part :
"L'expression "gagner son pain" avait un sens qu'elle est en train de perdre. La tendance de beaucoup d'économistes modernes et même aussi d'Etats modernes est d'essayer d'assurer gratuitement les produits essentiels, d'où les subventions économiques que nous avons vues et que nous voyons encore fleurir maintenant.
On assigne maintenant à l'homme comme but essentiel de son effort individuel la conquête de la place de cinéma ou de théâtre, de l'automobile, du flacon de parfum ou de l'indéfrisable, du meuble de luxe, de la cravate ou des boutons de manchettes."
Dans Roseline, femme de paysan, roman paru en feuilleton dans Monde paysan puis édité en 1948, Jean Terpend exalte la condition paysanne, soulignant à l'envi, que derrière le rude labeur quotidien se profilent une véritable mission et une éthique de vie. L'écart avec la ville rend de plus en plus difficile l'acceptation des sacrifices nécessaires, particulièrement pour les jeunes femmes qui choisissent d'épouser un agriculteur. Se profile dans cette œuvre une nostalgie devant la certitude que la nature reste immuable alors que la fonction et la vie du paysan doivent forcément évoluer pour éviter la fin de ce métier. C'est pourquoi Jean Terpend juge indispensable l'amélioration de la condition paysanne, que ce soit par la diffusion du progrès technique ou la réduction du temps de travail pour les ouvriers agricoles (25 juillet 1947).
La même hauteur de vue se retrouve dans les éditoriaux du Miron, journal d'information de la région turripinoise qu'il dirige, et notamment en avril 1954, à la veille du débat sur la Communauté européenne de défense ; il révèle un engagement européen passionné et visionnaire, exigeant un autorité supranationale et un véritable parlement européen ainsi qu'une monnaie unique.
Après 1951, Jean Terpend ne conserve que son mandat de conseiller général de La Tour du Pin, et ce jusqu'en 1958, tout en assumant des responsabilités importantes dans la CGA où il continue de faire le lien entre le MRP et le monde agricole. En 1956, il présente une candidature de témoignage aux élections législatives puisqu'il choisit la dernière place sur la liste MRP. Il termine sa vie professionnelle en dirigeant une entreprise de matériel agricole et meurt à Voiron le 6 septembre 1981.