Henri Thamier
1916 - 2001
THAMIER (Henri)
Né le 10 février 1916 à Montpellier (Hérault)
Décédé le 7 novembre 2001 à Toulouse (Haute-Garonne)
Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale constituante (Lot)
Député du Lot de 1946 à 1951 et de 1952 à 1958
Henri Thamier naît le 10 février 1916 à Montpellier d’une mère couturière. En 1928, après son certificat d’études primaires, il entre comme boursier à l’Ecole primaire supérieure de Saint-Céré (Lot). Titulaire du brevet élémentaire (1932), il intègre alors l’Ecole normale de Cahors et devient instituteur en 1937, mais il n’exercera qu’en 1940. Incorporé au 121ème régiment d’infanterie de Montluçon pour effectuer son service militaire, il tombe gravement malade en mai 1940. Pendant ses études, en 1935, Henri Thamier avait adhéré aux Jeunesses communistes du Lot. Il en est secrétaire départemental adjoint l’année suivante.
Durant l’occupation, instituteur à Mayrinhac-Lentour (Lot), Henri Thamier épouse Yvonne Lanes en avril 1942. Un enfant naîtra de cette union. En 1943, son parti lui confie la responsabilité du nord du département où il crée des comités du Front national – organisation d’obédience communiste - et recrute pour les Francs-tireurs et partisans, deux organisations de résistance proches du parti communiste.
Secrétaire du Comité départemental de libération, il devient permanent du parti communiste et siège au Comité régional de libération à Toulouse. Pendant quarante ans, Henri Thamier est un des principaux dirigeants du PCF lotois et son candidat à de nombreuses élections mêlant carrière nationale et implantation locale.
Tête de liste du parti communiste, il siège aux deux Assemblées nationales constituantes, élues en octobre 1945 et en juin 1946, et conserve son mandat lors des élections législatives de novembre 1946.
Membre de la commission de la famille, de la population et de la santé et de celle du ravitaillement durant les deux constituantes, il dépose un rapport sous la première, deux propositions de loi et un rapport sur la seconde. Il intervient à deux reprises durant son premier mandat, en défendant un amendement et en déposant un article additionnel. Il prend la parole à trois reprises durant son second mandat. Au cours de la première législature de la Quatrième République, Henri Thamier retrouve les deux commissions précitées, respectivement de 1946 à 1950 et de 1946 à 1949. Il est membre de la commission de l’éducation de 1950 à 1951. Par ailleurs, il est membre de la commission chargée d’enquêter sur la production de vin, la livraison de vin par les producteurs au ravitaillement général et la répartition de ce vin entre les attributaires. Le 27 décembre 1946, il est désigné dans les fonctions de juré à la Haute Cour de justice. Il dépose alors dix-huit textes : sept propositions de loi, sept propositions de résolution, deux avis et deux rapports. L’une de propositions de loi déposées – relevant peut-être de son expérience personnelle – tend à instituer le prêt au mariage. A quarante-six reprises en séance publique, il défend trente-quatre amendements. Il dépose deux demandes d’interpellation, un contre-projet et une motion préjudicielle. Il est rapporteur pour avis de la commission de ravitaillement, le 7 février 1947, sur la proposition de résolution relative à la nomination d’une commission d’enquête sur les problèmes du vin. Son activité à l’Assemblée ne néglige pas la défense des productions lotoises : il s’intéresse au vin certes, mais aussi à la situation des planteurs de tabac.
Aux élections du 17 juin 1951, le très large apparentement conclu par Maurice Faure avec la SFIO, le Mouvement républicain populaire (MRP) et Abel Bessac, député sortant MRP qui conduit une liste dissidente, obtient 64 % des voix et se répartit les trois sièges à pourvoir, Abel Bessac sauvant le sien avec 13,3 % des suffrages. Bien qu’arrivé en tête avec 25,3 % des suffrages, Henri Thamier n’est pas réélu.
L’année suivante, le décès du socialiste Jean Rougier entraîne une élection partielle. Elle se tient dans l’ensemble du département. La SFIO y envoie Paul Ramadier, ancien président du Conseil, battu dans l’Aveyron aux élections générales du 17 juin 1951 en raison du succès de l’apparentement allant, dans ce département, de l’Union démocratique et socialiste de la Résistance (UDSR) aux Indépendants, en passant par les Radicaux et le MRP.
Les anciens apparentés du Lot se divisent et, outre Paul Ramadier, se présentent Antoine Roux pour les radicaux et Pierre Boudet pour le Mouvement républicain populaire (MRP). Le 9 novembre 1952, à l’issue du premier tour, Henri Thamier arrive à nouveau en tête avec 27 % des suffrages exprimés (18 756) et, distancé par le candidat radical (18,8 % - 12 910), Paul Ramadier (17,2 % - 11 833) se désiste pour son concurrent. Toutefois, celui-ci doit affronter le candidat MRP (19,9 % - 13 647) qui bénéficie du désistement de l’Indépendant et paysan (9,3 % - 6 430). Les deux autres candidats modérés, qui avaient totalisé un peu plus de 7 % des suffrages, se maintiennent.
Cela a certainement favorisé Henri Thamier, privant le MRP et, dans une moindre mesure, le candidat radical, d’un apport. Cependant, le parti communiste n’aurait pas enlevé le siège par 293 voix d’avance (0,4 % des suffrages exprimés) sur le MRP (23 321 contre 23 028), sans le fort coefficient personnel de son candidat. En effet, il progresse de 4 565 voix, soit plus que les 3 783 suffrages supplémentaires exprimés à ce second tour. Il en a donc recueilli une bonne part alors que le radical Antoine Roux (22 581) ne réalise pas son potentiel du premier tour (24 743). Sous la deuxième législature de la Quatrième République, Henri Thamier est membre de la commission de l’éducation nationale, de 1953 à 1955. Il dépose huit propositions de loi, quatre propositions de résolution et un rapport sur un texte d’initiative parlementaire. En séance publique, il intervient à quarante-six reprises, en défendant dix-sept amendements, au moins six sous-amendements et quatre amendements indicatifs. Il dépose huit demandes d’interpellation, quatre motions préjudicielles et trois articles additionnels. Il fait un rappel au règlement, le 28 janvier 1955.
Aux élections du 2 janvier 1956, les partis de l’ancienne Troisième force ne concluent pas d’apparentement. Avec 24,9 % des suffrages, Henri Thamier conserve son siège devant Maurice Faure (23,7 %) et Georges Juskiewenski, socialiste, maire de Figeac qui distance la liste MRP (respectivement 19,7 % et 18,9 %). Le député communiste du Lot est membre de la commission de l’éducation nationale (1956-1958). Sous ce dernier mandat, il dépose deux propositions de loi, quatre propositions de résolution et sept rapports sur des textes d’initiative parlementaire. En séance publique, il intervient à vingt reprises, en défendant un amendement et quatre amendements indicatifs. Il dépose une demande d’interpellation et fait un rappel au règlement. Il remplit les fonctions de rapporteur, le 2 juillet 1956, en intervenant dans la discussion des conclusions du rapport de la commission chargée de procéder à une enquête sur les opérations électorales du département de l’Aube. Il fait des observations sur l’impossibilité de vérifier les résultats de certaines communes.
Au fils des années, Henri Thamier devient à l’Assemblée nationale un des spécialistes de l’éducation nationale. Présent dans la plupart des débats qui lui sont consacrés – en particulier au cours des discussions budgétaires –, il défend naturellement la situation des personnels, mais plaide aussi avec vigueur pour le développement de l’éducation physique et sportive.
Avec son groupe, il s’oppose au retour du général de Gaulle, lui refusant la confiance (1er juin 1958), puis en votant contre les pleins pouvoirs et la révision constitutionnelle (2 juin).
Au cours de cette période (1945-1958), Henri Thamier siège près de douze ans au Palais-Bourbon et exerce d’importantes responsabilités au sein de son parti dont il est secrétaire fédéral de 1946 à 1950 et à partir de 1953. Il recherche aussi une implantation locale.
Candidat malheureux à Saint-Céré aux municipales de 1947, il est élu maire de Saint-Jean-Lagineste l’année suivante, mais démissionne à la suite de son élection au conseil municipal de Cahors en 1949 où il est reconduit en 1953. C’est aussi à Saint-Céré qu’il s’est présenté aux cantonales en 1945, 1950 et 1951, avant de tenter sa chance sans plus de succès – dans le canton de Cazals en 1955.
Sous la Cinquième République, Henri Thamier ne parvient pas à redevenir député. Le 23 novembre 1958, il se porte candidat dans la deuxième circonscription du Lot (Figeac) et affronte, au second tour, le député socialiste sortant, Georges Juskiewenski qui a soutenu le retour du général de Gaulle. Faisant le plein des voix du centre et de droite, le maire de Figeac l’emporte avec 72 % des suffrages exprimés. A nouveau battu par Georges Juskiewenski, dès le premier tour des élections législatives de 1962, il s’incline au deuxième tour devant le gaulliste Bernard Pons en mars 1967, se désiste en juin 1968 pour Martin Malvy, le candidat socialiste qu’il distançait pourtant et lui apporte encore ses voix en mars 1973. Ses désistements sont sans succès pour le candidat socialiste, puisque Bernard Pons conserve son siège.
En revanche, Henri Thamier conforte son implantation locale. Conseiller municipal de Cahors de 1965 à 1971, il est adjoint au maire de cette ville, de 1977 à 1989. Candidat malheureux dans le canton de Gourdon en 1970 et en 1976, il est élu à Cahors-Sud en 1979 et exerce les fonctions de vice-président du conseil général de 1982 à 1985.
Redevenu instituteur après son échec de 1958, l’ancien député poursuit son activité militante. Secrétaire de la fédération du parti communiste jusqu’en 1964, il dirige alors Notre Quercy, l’hebdomadaire départemental de son parti.
Henri Thamier a été fait chevalier de la Légion d’honneur en 1982. Il disparaît le 7 novembre 2001.