Jacqueline Thome-Patenôtre
1906 - 1995
THOME-PATENOTRE (Jacqueline)
Née le 3 février 1906 à Paris
Décédée le 2 juin 1995 à Paris
Sénatrice de la Seine-et-Oise de 1946 à 1958
Sous-secrétaire d’Etat à la Reconstruction et au logement du 19 juin 1957 au 6 novembre 1957
Députée de la Seine-et-Oise puis des Yvelines de 1958 à 1978
Députée européenne de 1984 à 1989
Jacqueline Thome naît à Paris le 3 février 1905 dans une famille de la grande bourgeoisie qui compte plusieurs industriels de renom, parfois engagés en politique. C’est ainsi que son arrière-grand-oncle était un des patrons de Saint-Gobain tandis que son grand-père paternel était un entrepreneur prospère et son grand-père maternel, Ernest Dervaux, avait dirigé une usine métallurgique à Condé-sur-Escaut tout en présidant le conseil général du Nord. Son père, André Thome, avocat, propriétaire foncier et député-maire de Sonchamp en Seine-et-Oise, meurt lors de la bataille de Verdun, le 10 mars 1916. Après la guerre, Jacqueline Thome obtient son baccalauréat et entame une vie mondaine qui la voit participer aux réceptions où sa mère invite des personnalités politiques relevant des milieux modérés : André Tardieu, Louis Barthou et Aristide Briand. En 1925, elle épouse Raymond Patenôtre, fils de Jules Patenôtre, patron de presse fortuné et ambassadeur de France à Washington. Deux enfants naissent de cette union. Proche de Laval, héritier des réseaux et moyens paternels, Raymond Patenôtre connaît une carrière politique rapide : conseiller général de la Seine-et-Oise en 1926, député du même département à partir de 1928, secrétaire d’Etat à l’Economie de 1932 à 1934 puis ministre de l’Economie de 1938 à 1939. Il a profité aussi de l’appui de sa belle-mère qui, propriétaire du Progrès de Rambouillet, a utilisé ce relais pour favoriser l’implantation politique de son gendre en Seine-et-Oise.
Jacqueline Thome-Patenôtre seconde son mari dans sa carrière politique en s’occupant d’actions caritatives au sein de la circonscription (écoles et colonies de vacances). Mais elle n’entend pas se limiter aux seules « œuvres » que l’étiquette bourgeoise d’alors assigne aux femmes de sa condition. Moderne et engagée, Jacqueline Thome-Patenôtre milite au sein d’organisations féministes luttant pour l’égalité des droits politiques entre femmes et hommes et l’accès de celles-ci aux moyens contraceptifs, tout en s’intéressant à la vie publique. Elle fréquente ainsi des figures de la gauche française de l’époque, des socialistes comme Léon Blum et des radicaux comme Edouard Daladier et Camille Chautemps. Ses relations avec son mari se détériorent, Raymond Patenôtre étant ostensiblement très proche de l’actrice en vue Mireille Balin à partir de 1932. S’étant réfugié aux Etats-Unis, l’ancien ministre de l’Economie divorce de son épouse à la fin de la guerre et se remarie en 1945 avec Dolorès Delépine.
A la Libération, Jacqueline Thome-Patenôtre s’engage activement en politique dans le département de son père et de son ancien mari, la Seine-et-Oise. Elue en avril 1945 conseillère municipale de Sonchamp, elle emporte en septembre de la même année le canton de Dourdan-Sud sous l’étiquette du Rassemblement des gauches républicaines (RGR), une petite formation électorale allant de la gauche non communiste (Union démocratique et socialiste de la Résistance (UDSR) aux Modérés. Sous la même étiquette, elle se présente sans succès aux législatives de novembre 1946 dans la deuxième circonscription de la Seine-et-Oise mais elle entre, le mois suivant, au Conseil de la République après avoir conduit une liste RGR aux sénatoriales dans le même département. En octobre 1947, elle emporte la mairie de Rambouillet et s’installe durablement à l’hôtel de ville, où elle siège jusqu’en 1983. Au Palais du Luxembourg, Jacqueline Thome-Patenôtre s’inscrit au groupe RGR et siège dans les commissions des affaires étrangères et de la presse. Très active, elle suit prioritairement les dossiers propres à son département mais s’intéresse également aux questions relatives aux réquisitions/reconstructions, aux constructions scolaires, à l’urbanisme, au régime des pensions et à l’hygiène sociale. Reconduite au Conseil de la République à l’occasion de son renouvellement partiel en novembre 1948, elle devient en 1949 secrétaire générale des femmes du RGR. Lors de ce deuxième mandat, elle reste fidèle à la commission des affaires étrangères (où elle exprime régulièrement sa reconnaissance aux Etats-Unis pour leur aide financière à la reconstruction et à la relance économique de la France dans le cadre du Plan Marshall) mais quitte celle de la presse pour celle de la reconstruction. Elle s’engage sur divers chantiers à caractère social dont ceux du logement social, de la protection des enfants maltraités et de la santé publique. Réélue sénatrice de la Seine-et-Oise en mai 1952 (liste Radicaux-Socialistes), elle suit les dossiers relatifs au règlement de la guerre en Indochine et à la coopération économique européenne (de la CECA au lancement de la CEE). Très dynamique, elle multiplie les interventions en séance publique comme en commission, déposant de nombreuses propositions de loi mais aussi des résolutions, rapports et avis, beaucoup portant sur les problèmes de la construction et des équipements collectifs. Membre du Conseil supérieur des HLM, celle qui a entre-temps rejoint le Parti radical, n’hésite pas interroger le ministre de la Reconstruction pour réclamer plus de moyens en faveur du logement social. Elle s’intéresse également au relogement des rapatriés d’Afrique du Nord (Maroc et Tunisie).
Son expertise dans ce domaine lui vaut d’entrer au gouvernement. Le 19 juin 1957, elle est nommée sous-secrétaire d’Etat à la Reconstruction et au logement mais ne reste que quelques mois dans le gouvernement de Maurice Bourgès-Maunoury, victime de l’instabilité gouvernementale de la fin de la IVe République. Très favorable au rapprochement franco-américain dans ce contexte de Guerre froide (elle préside au Conseil de la République le groupe d’amitié parlementaire France/Etats-Unis), partisane résolue de la construction européenne (elle soutient la Communauté européenne de défense et l’Euratom avant de rejoindre en janvier 1958 l’assemblée unique des Communautés européennes), celle qui, dans l’opinion publique, est désormais associée aux questions du logement social (elle intervient lors de la discussion de la loi-cadre sur la Construction et le Logement en 1957), de la protection des droits de l’enfance et à la lutte contre l’alcoolisme, est reconduite au Conseil de la République le 8 juin 1958 sur une liste d’union en Seine-et-Oise.
Elle part toutefois du Palais du Luxembourg car elle est élue en novembre 1958 députée de la 17e circonscription de Seine-et-Oise, sous l’étiquette Concentration républicaine. Bien implantée localement comme maire de Rambouillet et conseillère générale, sénatrice bénéficiant d’une certaine notoriété locale et nationale en raison de ses prises de position médiatiques sur des sujets intéressant l’opinion, soutenue par son suppléant, l’agriculteur Lucien Porthault, la patronne des Nouvelles de Rambouillet recueille au premier tour 14 352 voix contre 7 437 à Pierre Ceccaldi-Pavard, Républicain d’action sociale, 6 903 à Pierre Chevrier, candidat Parti communiste français (PCF) et 5 038 voix à Jean Dubosq, Indépendant paysan. Au second tour, elle l’emporte avec 19 230 voix (50,35 % des suffrages exprimés), dans une triangulaire face à Pierre Ceccaldi-Pavard et Pierre Chevrier. Elle appartient à la formation administrative des non-inscrits puis rejoint en juillet 1959 le groupe de l’Entente démocratique. Elle s’inscrit à la commission des affaires étrangères. D’octobre 1960 à juillet 1961 puis d’avril à octobre 1962, elle assure à deux reprises les fonctions de vice-présidente de l’Assemblée nationale. Toujours très engagée en faveur de la construction européenne, elle représente la France à l’Assemblée unique des Communautés européennes de mars 1958 à janvier 1959. En juin 1960, elle est rapporteure du projet de loi autorisant la convention d’établissement entre la France et les Etats-Unis. Le même mois, elle interroge lors d’une question orale le ministre de l’Information sur la nécessité de protéger le jeune public contre les films immoraux. Elle intervient dans les débats sur des projets et les propositions de loi et lors des questions adressées au gouvernement sur des sujets très divers : réforme des régimes matrimoniaux (novembre 1960), condition d’emploi et situation de chômage pour les plus de 50 ans (avril 1961), organisation de la région de Paris (juillet 1961), évolution de la délinquance juvénile (novembre 1961), fonctionnement du Fonds national de solidarité (novembre 1961) et organisation de la circulation routière (mai 1962). Elle vote le 4 octobre 1962 la motion de censure qui renverse le gouvernement de Georges Pompidou.
Sur le plan militant, Jacqueline Thome-Patenôtre devient en octobre 1960 membre du bureau national du Parti républicain radical et radical socialiste avant de prendre la vice-présidence de ce même parti en octobre 1961 pour un an. Appréciée de ses électeurs, la députée-maire de Rambouillet est reconduite au Palais-Bourbon lors des législatives anticipées de novembre 1962. Avec l’aide de son nouveau suppléant, l’industriel Jean Dubosq, et sous l’étiquette Rassemblement démocratique, elle prend la tête du premier tour avec 15 807 voix devant Arsène Goupi (13 184 voix), le candidat gaulliste de l’Union pour une nouvelle république (UNR) et Pierre Chevrier, le candidat du PCF (8 905 voix). Elle s’impose au second tour dans la même circonscription avec 21 738 voix, soit 58,2 % des suffrages exprimés, contre Arsène Goupi qui ne peut rivaliser avec ses 15 543 voix. Elle s’inscrit au groupe du Rassemblement démocratique et choisit la commission des affaires culturelles, familiales et sociales avant d’opter, en avril 1965, pour celle de la défense nationale et des forces armées et enfin, en avril 1966, pour celle des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration de la République. Elle retrouve les fonctions de vice-présidente de l’Assemblée nationale de décembre 1962 à avril 1964, puis d’avril 1965 à avril 1966. En juin 1966, Jacqueline Thome-Patenôtre rejoint la commission spéciale chargée d'examiner la proposition de loi Neuwirth tendant à modifier les articles 3 et 4 de la loi du 31 juillet 1920 concernant la prophylaxie anticonceptionnelle. Durant cette législature, elle dépose deux propositions de loi, la première en novembre 1965 tendant à permettre la liberté de l'information en ce qui concerne les problèmes de contraception et la prévention de l'avortement, la seconde en avril 1966 tendant à compléter l'article 378 du Code pénal en vue de la défense de l'enfance martyre. Elle intervient aussi pour défendre les intérêts de la Seine-et-Oise, sollicitant plus d’enseignants pour son département et l’amélioration du réseau téléphonique. Elle prend part aux débats parlementaires sur des sujets variés : aménagement des horaires de travail, approvisionnement en charbon, aménagement du territoire, réforme du code des pensions civiles et militaires de retraite, réforme des régimes matrimoniaux, organisation de la région de Paris. La maire de Rambouillet assure les fonctions de vice-présidente du comité exécutif du Mouvement fédéraliste européen. Elle préside le Comité local d’entr’aide pour l’amélioration de l’habitat rural (jusqu’en 1968) et la SA d’HLM la Maison des Anciens Combattants (jusqu’en 1971). Jacqueline Thome-Patenôtre se révèle une opposante déterminée au pouvoir gaulliste.
Cette figure du Parti républicain radical et radical-socialiste dont elle est de nouveau vice-présidente de septembre 1963 à la fin 1966, puis de 1967 à octobre 1969, est candidate à sa réélection lors des législatives du printemps 1967 dans la 8e circonscription (Rambouillet, Chevreuse) du nouveau département des Yvelines. Avec l’appui de la Fédération d’Ile-de-France du Parti républicain radical et radical-socialiste, elle totalise au premier tour 18 745 voix face au candidat gaulliste, l’écrivain Jean Dutourd, qui rallie 13 137 suffrages, et face au candidat communiste Hugo (10 641 voix). Elle s’impose facilement le 12 mars, au second tour, avec 66,2 % des suffrages exprimés (soit 26 740 voix) alors que Jean Dutourd ne parvient pas vraiment à mobiliser de nouveaux électeurs (13 630). Inscrite au groupe de la FGDS, elle rejoint la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République. La députée Jacqueline Thome-Patenôtre assure de nouveau les fonctions de vice-présidente de l’Assemblée nationale d’avril 1967 à avril 1968. Durant la législature, elle dépose une proposition de loi relative à la protection de la population civile en cas de guerre atomique (juin 1967). Elle profite des débats lors de l’examen du projet de loi de finances pour 1968 pour évoquer différents dossiers souvent relatifs à la région parisienne (crise des réseaux téléphoniques, insuffisance du nombre de crèches…). En mai 1968, la députée est vice-présidente de la délégation française à l’Assemblée de l’Atlantique-Nord. Toujours opposante, elle vote notamment la motion de censure, le 22 mai 1968, qui n’est pas adoptée à 11 voix près.
En juin 1968, Jacqueline Thome-Patenôtre, élue conseillère générale du canton de Saint-Arnoult-en-Yvelines à l’automne précédent, candidate à nouveau à la députation, sous l’étiquette FGDS, dans la 8e circonscription. Au premier tour, elle recueille 12 765 voix, talonnée par le candidat gaulliste et ancien député, René Laurin qui totalise 11 407 voix, devant Hugo pour le PCF ( 8 624 voix) et le comte de La Panouse pour les Républicains indépendants (7 835 voix). Elle s’impose au soir du second tour, avec 53,7 % des voix (22 070), face à René Laurin (19 016 voix). Ne relevant au début d’aucun groupe, elle s’apparente en octobre 1969 au groupe socialiste. Elle choisit la commission des affaires culturelles, familiales et sociales avant de revenir, en juillet 1969, à la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République. Après la dissolution du groupe FGDS, en octobre 1969, elle s’apparente au groupe socialiste. En octobre 1970, la majorité des élus radicaux décide de rompre leur apparentement au groupe socialiste, et la maire de Rambouillet n’appartient plus à aucun groupe. Elle a été élue à la fin de 1970 pour deux ans membre du comité directeur du Parti radical-socialiste. Cependant, elle décide finalement en novembre 1971 de s’apparenter à nouveau au groupe socialiste, après le Congrès d’Epinay. En 1973, elle rejoint le bureau national du Mouvement des Radicaux de Gauche (MRG). Ces prises de position successives s’inscrivent dans l’histoire complexe du Parti radical au début des années 1970, une période marquée par la préparation du Programme commun de la gauche et la perspective des législatives du printemps 1973. En 1972, une scission éclate car certains responsables radicaux (René Billères, Robert Fabre, Maurice Faure, Jacques Masorelli) souhaitent adhérer au Programme commun de la gauche, contrairement aux souhaits de Jean-Jacques Servan-Schreiber. Cette tendance devient en janvier 1973 le Mouvement des radicaux de gauche (MRG), auquel appartient donc la maire de Rambouillet.
Durant la législature, Jacqueline Thome-Patenôtre dépose plusieurs propositions de loi parmi lesquelles celles relatives à l'égalité de rémunération des travailleurs du sexe féminin et du sexe masculin (décembre 1968), à l'autorité parentale (avril 1969), à l’obligation d’inscription de la mention du groupe sanguin sur la carte d'identité nationale (décembre 1971). La députée se montre très active, multipliant les interventions à l’occasion de l’examen de projets ou propositions de lois ou de discussions portant sur les projets de loi de finances. Elle s’intéresse aux problèmes des transports et du manque de logements en région parisienne et à la modernisation de la SNCF, mais se concentre sur les dossiers sociaux qui lui tiennent à cœur : travailleuses familiales, établissements d’accueil pour handicapés, prévention de l’alcool au volant, allocations pour les orphelins et enfants restant à la charge de parents isolés, protection de l’enfance maltraitée, pension de réversion pour les veuves, modalités de versement des pensions alimentaires, droit de la famille, notamment. A partir de décembre 1970, Jacqueline Thome-Patenôtre s’engage dans une nouvelle cause en prenant la présidence de la Société protectrice des animaux (SPA). Elle conserve cette fonction jusqu’en 1984. Elle soutient en 1971 la proposition de loi sur la protection sanitaire des chiens et chats vendus dans les magasins spécialisés. Elle dépose en octobre de la même année une proposition de loi appelée « charte de l’animal » qui sera adoptée en 1976 avec le soutien du député gaulliste Roland Nungesser. Dans l’immédiat, elle crée et préside, dès juillet 1973, le groupe d’études pour la protection des animaux. Très sensible à la cause des enfants, celle qui avait déjà déposé dès 1950 une proposition de résolution tendant à inviter le gouvernement à donner aux parquets les instructions nécessaires pour faire appliquer dans toute leur rigueur les dispositions relatives à « l’enfance martyre », parvient à l’adoption, en 1971, de sa proposition de loi du 17 octobre 1968 sur la défense de l’enfance martyre et à la modification d’une disposition pénale (la loi n° 71-446 du 15 juin 1971).
Aux élections législatives de 1973, Jacqueline Thome-Patenôtre, membre du bureau national des Radicaux de gauche et présidente d’honneur de la fédération des Yvelines de ce parti, est de nouveau candidate dans la 8e circonscription des Yvelines. Avec l’aide de son suppléant, le médecin Claude Dumond, elle rallie lors du premier tour 17 438 voix, devant principalement le candidat communiste (13 433 voix), le Républicain indépendant Jean-Daniel Camus (9 457 voix) et le candidat gaulliste (8 694 voix), dans un contexte de forte dispersion des suffrages en raison de nombreuses candidatures. Elle s’impose finalement au soir du second tour avec 33 489 voix, soit 57,2 % des suffrages exprimés, face à Jean-Daniel Camus (25 011). Elle rejoint le groupe du Parti socialiste et des radicaux de gauche dont elle est la secrétaire législatif et siège à la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République. Elle la quitte en avril 1977 pour celle des Affaires étrangères. Si elle intervient lors des débats sur la politique étrangère (guerre du Kippour, tensions au Liban), sur le manque de logements sociaux et la crise de l’éducation nationale, elle continue de se focaliser sur les dossiers qui lui sont chers : protection de l’enfance martyre et lutte contre la maltraitance animale. Elle prend une part active aux discussions portant sur les réformes de la Société libérale avancée, intervenant en novembre 1974 sur le projet de loi relatif à l’IVG et en mars 1975 sur le projet de loi réformant le divorce, textes qu’elle vote.
Toujours directrice des Nouvelles de Rambouillet et administratrice de la Société générale d’éditions et d’impressions, Jacqueline Thome-Patenôtre assume d’importants engagements parlementaires, militants et associatifs au service de causes très diverses. Vice-présidente du groupe parlementaire d’étude des problèmes de l’enfance inadaptée, la présidente de la SPA siège toujours au groupe d’étude parlementaire pour la protection des animaux, assure la vice-présidence du comité exécutif du Mouvement fédéraliste européen, appartient au comité directeur du conseil des Communes d’Europe et au conseil d’administration de l’Association française pour la Communauté atlantique. Membre du comité directeur de l’Association des maires de France (AMF), elle participe aux travaux du comité directeur de la Section française du Conseil des communes.
Lors des législatives du printemps 1978, la maire de Rambouillet, se représente dans la 8e circonscription, avec cette fois l’avocat Jean-Denis Bredin, comme suppléant, au titre de l’union de la gauche. En dépit de son avance en voix du premier tour (24 089) sur le jeune médecin de 31 ans Nicolas About (20 358), maire de Montigny-le-Bretonneux et membre du Mouvement démocrate-socialiste, qui se présente sous l’étiquette de l’Union pour la démocratie française-Parti républicain (UDF-PR), la candidate du MRG est battue d’une courte tête au second tour, remportant 48 306 voix, soit 49,8 % des suffrages exprimés, contre 48 645 à Nicolas About. En février 1979, Jacqueline Thome-Patenôtre renonce à être candidate au renouvellement de son mandat de conseillère générale du canton de Saint-Arnoult-en-Yvelines qu’elle détenait depuis 1967 (après avoir été conseillère générale du canton de Dourdan-sud de 1945 à cette date). Ses tensions avec son parti expliquent sans doute sa décision. Elle vient en effet d’être exclue du MRG pour avoir participé à la création, avec les minoritaires du mouvement, de la Fédération pour une démocratie radicale. L’ancienne députée glisse à la fin de l’année 1979 vers l’autre composante, de droite, de la famille radicale. En novembre 1979, Didier Bariani, député parisien et président du Parti radical (valoisiens), nomme Jacqueline Thome-Patenôtre conseillère nationale pour les affaires internationales de son parti. Elle y rejoint d’autres démissionnaires du MRG comme Sampiere Quillici (conseiller national à l’énergie) et Christiane Bellanger (adjointe au secrétaire général chargée de l’intégration des militants). En 1983, elle accepte d’abandonner la mairie de Rambouillet, qu’elle détenait sans interruption depuis 1947, au profit d’une étoile montante du Rassemblement pour la République (RPR), Gérard Larcher. Peu après, Jacqueline Thome-Patenôtre est sur la liste de l’opposition RPR-UDF conduite par Simone Veil aux élections européennes de 1984. Élue, elle siège au Parlement européen jusqu’en 1989. En tant que doyenne d’âge, elle prononce le discours inaugural à Strasbourg. A l’automne 1987, Jacqueline Thome-Patenôtre, présidente de l’intergroupe parlementaire du Conseil français du Mouvement européen, est désignée vice-présidente déléguée de cette même structure. Le 13 juin 1989, elle signe dans Le Monde une dernière tribune appelant à « un consensus pour l’Europe ».
Jacqueline Thome-Patenôtre s’éteint le 2 juin 1995 à Paris à l’âge de 89 ans. Cette grande figure du radicalisme, maire de Rambouillet, dont elle a accompagné la transformation après-guerre (construction de 1200 logements sociaux, neuf établissements scolaires, deux stades et une maison de retraite), a marqué l’histoire des assemblées -à une époque où l’on compte peu de femmes parmi les élus-, avec ses plus de trente années de carrière parlementaire, d’abord au Palais du Luxembourg de 1946 à 1958, puis au Palais-Bourbon de 1958 à 1978, et enfin au Parlement européen de 1984 à 1989. Pendant plusieurs décennies et sous deux Constitutions, elle a porté avec courage et efficacité plusieurs causes : l’amélioration du logement social, la construction européenne, le renforcement de la solidarité atlantique, l’égalité des droits hommes-femmes, la protection de l’enfance maltraitée et la défense des animaux. Elle était chevalière de la Légion d’honneur.