Ennemond Thoral
1905 - 1966
THORAL (Ennemond, Claude, Louis) Né le 23 mai 1905 à Pouilly-sous-Charlieu (Loire) Décédé le 25 mars 1966 à Pouilly-sous-Charlieu (Loire) Député de la Loire de 1956 à 1958 Ennemond Thoral est le descendant d’une famille de cultivateurs de Pouilly-sous-Charlieu, dans la Loire. Après des études à l’école primaire de Pouilly, puis aux collèges techniques de Roanne et de Charlieu, il va travailler à la ferme à la mort de son père, en 1917. A son retour du service militaire, il crée un comité de concentration des forces de gauche et, en 1935, devient maire de Pouilly, que son grand-père avait lui-même administrée pendant plus d’une trentaine d’années. Mobilisé en 1939, il est fait prisonnier dans le Doubs, le 25 juin 1940. D’abord emprisonné dans un stalag, il tente de s’évader le 24 décembre 1942, est arrêté par la Gestapo, et finit la guerre dans un camp disciplinaire. A la Libération, et en son absence, il est désigné président de la délégation municipale provisoire de Pouilly. Aux élections municipales d’avril 1945, il est réélu maire de sa ville natale, puis en septembre, est élu conseiller général SFIO de Charlieu. Ses électeurs lui renouvelleront leur confiance jusqu’à sa mort, en 1966. Ennemond Thoral est donc avant tout un élu local. Lorsqu’il se présente aux élections à la seconde Assemblée nationale constituante, en juin 1946, il est en position non-éligible, la sixième, sur la liste SFIO. Face au MRP de Georges Bidault, aux Républicains indépendants d’Antoine Pinay, au Rassemblement des Gauches Républicaines (RGR) d’Eugène Petit, et aux communistes, la fédération socialiste de la Loire fait alors pâle figure, et ne remporte que 9,3 % des votants, et aucun siège. Pendant dix ans, Ennemond Thoral se consacre à sa commune et au Conseil général, où il est membre de la Commission départementale, et ne se représente plus à des élections nationales. Aux élections anticipées de janvier 1956, néanmoins, il est second, derrière le radical Michel Soulié, sur une liste d’Union des gauches, réunissant des représentants du parti républicain radical et radical socialiste et de la SFIO. Dans sa profession de foi, il dénonce avec force « la majorité cléricale et réactionnaire ». Il accuse le MRP d’avoir trahi « le contrat républicain » avec la loi Marie-Barangé - favorable à l’enseignement privé - et de menacer la laïcité. L’un de ses adversaires directs, Antoine Pinay, aurait pratiqué « une politique de l’abus de confiance » des possédants, au détriment des travailleurs, et il taxe la réforme fiscale de Joseph Laniel de « réformette qui préserve les privilèges ». Rendant un hommage appuyé à Pierre Mendès France, il dénonce la collusion des communistes, obéissant « aux contingences de la politique extérieure de l’URSS », et de « la réaction ». Il propose des réformes salariale et fiscale, l’instauration d’une Charte agricole, l’application du programme du Comité national d’action laïque, et une politique de développement des DOM-TOM. Avec 54 916 voix, soit 16,9 % des voix, il devance légèrement Michel Soulié et est élu avec lui. Il arrive même largement devant le MRP Georges Bidault (9,8 %), mais derrière deux nouveaux députés communistes, Marcel Thibaud et Jean Diat (23,3 %), et les deux Indépendants et Paysans, Antoine Pinay et Michel Jacquet (19,8 %). Ennemond Thoral est nommé à la Commission des affaires économiques - dont il démissionne dès le 3 février 1956, et à celles des pensions et de l’agriculture où il siégera jusqu’à la fin de la législature. Il rapporte le projet de loi de la commission de l’agriculture tendant à assurer l’approvisionnement en semences des producteurs de céréales victimes de gelées (8 novembre 1956). Lors du débat sur la création d’un fonds national de solidarité, il intervient pour défendre l’indépendance de la mutualité agricole (avril 1956). En séance, Ennemond Thoral se montre d’abord un parlementaire discipliné qui vote comme son groupe l’a préalablement décidé. Ainsi, il investit le gouvernement socialiste de Guy Mollet en février 1956, et soutient pour l’instant sa politique en Algérie, en lui accordant les pouvoirs spéciaux (mars 1956). Il renouvelle d’ailleurs ceux-ci aux gouvernements Bourgès-Maunoury (juillet 1957) puis Félix Gaillard (novembre 1957). De même, il ratifie le traité de Rome instaurant la CEE et l’Euratom (juillet 1957). Mais la politique de « pacification » en Algérie du gouverneur général socialiste, Robert Lacoste, et du gouvernement de Guy Mollet le mette de plus en plus mal à l’aise et il rejoint le groupe de La Tribune socialiste, lancée en janvier 1958 par les opposants de Guy Mollet. Lors de la crise de mai 1958 qui ébranle le régime, alors que le groupe socialiste se divise, il refuse l’investiture au général de Gaulle le 1er juin, et ne lui accorde pas les pleins pouvoirs le lendemain. Le même jour, il repousse le projet de révision constitutionnelle. Aux premières élections législatives de la Vème République, en novembre 1958, il se représente, sans étiquette, dans la 6e circonscription de la Loire, mais avec 10 377 voix, soit 29,9 % des suffrages exprimés, il est battu au second tour par Georges Bidault, qui en obtient 51,9 %. Il échoue l’année suivante aux sénatoriales. En novembre 1962, il se représente, atteint 16 019 voix, soit 49,4 % des suffrages exprimés, mais il est néanmoins battu par le gaulliste Paul Rivière de 332 voix. Il se représente encore aux sénatoriales partielles de 1963 et de 1965, en vain. Lors de la création de la Fédération de la gauche démocratique et socialiste (FGDS), en septembre 1965, il en devient le secrétaire dans la Loire. Il est toujours maire et conseiller général lorsqu’il décède, en cours de mandat, le 25 mars 1966, à soixante ans.