Maurice Thorez
1900 - 1964
* : Un décret de juillet 1939 a prorogé jusqu'au 31 mai 1942 le mandat des députés élus en mai 1936
Né le 28 avril 1900 à Noyelles-Godault (Pas-de-Calais). Député de la Seine de 1932 à 1940.
Maurice Thorez est né dans une famille de mineurs du Pas-de-Calais. Tout enfant, en 1906, il est bouleversé par la catastrophe de Courrières qui fit 1.200 morts et par les grèves qui la suivent. A treize ans, il descend dans la mine comme apprenti mineur. Evacué au début de la guerre de 1914 avec son grand-père, il est successivement valet de ferme, marinier, apprenti boulanger, puis, revenu à Noyelles, employé aux mines de Dourges.
En 1919, il adhère au Parti socialiste, puis après le Congrès de Tours (1920), au Parti communiste. La cause de la révolution soviétique sera pour lui « la cause du mouvement ouvrier international ». En 1921, il fait sien le mot d'ordre de la IIIe Internationale : « Allez aux masses 1 Faites le front unique » rompt tant avec la conception des « minorités agissantes » qu'avec le parlementarisme, mais ce mot d'ordre est rejeté par le congrès communiste de Paris en 1922. De 1923 à 1924, Maurice Thorez est secrétaire de la fédération du Pas-de-Calais, puis de la région du Nord qui regroupe les départements du Pas-de-Calais, du Nord et de la Somme. Elu à 24 ans membre du Comité central du Parti communiste, il entre à 25 ans au bureau politique et devient en même temps secrétaire à l'organisation. Président, en 1925, du Comité central d'action contre la guerre du Maroc, il intervient en ce sens dans des congrès ouvriers. A la suite de la grève d'octobre 1925 à laquelle participent 900.000 travail leurs, il est condamné à quatorze mois de prison. Dès 1926, intervenant au congrès de Lille de son parti à propos du règlement des dettes de guerre aux puissances anglo-saxonnes, il met l'accent sur les préoccupations patriotiques qui l'animent en déclarant : « Ce sont les communistes, ces internationalistes, qui deviennent actuellement les meilleurs défenseurs du patrimoine national ». Fin 1926 il est candidat à une élection législative partielle pour 3 sièges dans le département du Nord sur une liste du Bloc ouvrier-paysan. Au scrutin du 12 décembre sa liste est largement battue. Thorez qui obtient le plus de voix de cette liste n'en recueille que 65.838. La liste républicaine d'union nationale dont les trois candidats Coquelle, Carlier-Caffieri et Coutel, recueillent chacun plus de 192.000 voix sur 439.017 votants est élue en entier.
Ayant fait appel de sa précédente condamnation, sa peine est ramenée à six mois de prison ; il évite l'arrestation et prend la parole dans une réunion publique à Fives-Lille. Incarcéré finalement en 1929, détenu à la Santé, puis à la prison de Nancy, il y apprend, racontera-t-il plus tard dans Fils du Peuple, l'allemand pour lire dans le texte l'Anti-Duhring d'Engels et le Faust de Goethe.
Mais auparavant, il avait été candidat aux élections législatives des 22 et 29 avril 1928 dans le canton d'Ivry (6e circonscription de l'arrondissement de Sceaux). Après avoir obtenu 9.637 voix sur 25.892 suffrages exprimés et 29.631 électeurs inscrits, il est battu au second tour par le candidat de droite A. Brocard qui dépasse la majorité absolue avec 12.880 voix sur 25.080 suffrages exprimés.
Le 5 octobre 1930, il sera sans plus de succès candidat à une élection partielle dans la 1re circonscription du XXe arrondissement de Paris. Il est battu au second tour par Jardel, 5.404 voix sur 12.723 suffrages exprimés (17.713 électeurs inscrits), alors qu'il ne recueille lui-même que 4.926 suffrages.
Aux élections de 1932, il est de nouveau candidat à Ivry-sur-Seine. En tête au premier tour, le 1er mai 1932, avec 12.317 voix contre 10.740 à son adversaire Brocard, sur 29.411 votants, il est élu au second tour avec 14.141 voix, 28.394 électeurs ayant participé au scrutin sur un total de 34.338 inscrits, contre 13.947 à Brocard.
Sa profession de foi est articulée à partir de trois thèmes : contre la misère, contre la guerre et contre la réaction. Il y propose également aux ouvriers socialistes le front unique de combat sur la base de la plate-forme du Parti communiste.
A la Chambre des députés, il appartient à la commission d'Alsace-Lorraine et à la commission des finances. Il intervient dans la discussion du budget de 1933 pour demander notamment la suppression des crédits destinés à la police de sûreté générale. En 1933, à l'occasion de l'examen d'un projet de loi d'amnistie, il s'élève contre la répression en Indochine et expose le programme du Parti communiste Indochinois. Il dépose tout au long de la législature de nombreuses demandes d'interpellation pour réclamer la dissolution des ligues fascistes. Pendant la discussion du budget de 1935, il prend la parole sur de nombreux sujets allant des retraites des ouvriers mineurs à l'administration des hôpitaux et des bureaux de bienfaisance.
Mais avant d'être élu député d'Ivry-sur-Seine, il avait été appelé au secrétariat général de son Parti et avait contribué à l'élimination de deux dirigeants accusés de sectarisme : Barbé et Celor, notamment en publiant en août 1931 dans l'Humanité deux articles célèbres intitulés : « Pas de mannequins dans le Parti », « Que les bouches s'ouvrent 1 ».
Puis parallèlement à son activité parlementaire, il prend une part très active aux manifestations publiques dirigées contre la montée du nazisme et le péril de la guerre. Ainsi, le 31 octobre 1932, il prend la parole avec Ernst Thaelmann à Paris, puis le 17 janvier 1933 il est, avec Wilhelm Pieck, à Berlin, sur la tombe de Karl Liebknecht et de Rosa Luxembourg. Il soutient le mouvement qui, sur l'initiative de Romain Rolland et d'Henri Barbusse, a organisé à Amsterdam un congrès mondial contre la guerre. La tâche prioritaire qu'il assigne c'est dès lors : « Défendre la démocratie... appeler le prolétariat à soutenir, en même temps que ses intérêts propres, ceux des couches moyennes attaquées et étranglées par le grand capital ». Le 27 juillet 1934, un acte d'unité d'action est signé avec le PaTti socialiste. Le 24 octobre, à Nantes, Maurice Thorez proclame la nécessité de créer un Front populaire « pour le pain, la liberté et la paix ».
Son activité se déploie également sur le plan international. Elu dès 1928 délégué au Comité exécutif de l'internationale communiste, fonction qu'il occupera jusqu'à la dissolution de cette organisation en 1943, il avait, avec Marcel Cachin, rencontré le 15 octobre 1934 à Bruxelles les dirigeants de l'internationale socialiste E. Vandervelde et Friedrich Adler pour leur proposer d'aider la lutte des travailleurs espagnols ; mais cette rencontre n'eut pas de suite positive. En France, après le recul des réactionnaires aux élections municipales (mai 1935) et la manifestation du 14 juillet où communistes, socialistes, radicaux mêlent les accents de la Marseillaise et de l'Internationale, le programme du Front populaire réclame la dissolution des ligues fascistes, la nationalisation des industries de guerre, le relèvement du niveau de vie des masses, l'institution d'un fonds national de chômage, les congés payés, la retraite pour les vieux travailleurs, etc... Le VIIe Congrès de l'internationale, en 1935, dira que les ouvriers français ont mis à nouveau leur mouvement « à la première place de l'Europe capitaliste ». Maurice Thorez parle, au Congrès de Villeurbanne du Parti communiste français en janvier 1936, de « nouvelle rencontre de la classe ouvrière avec la France » et offre, en avril, une « main tendue » aux travailleurs catholiques avant de proposer un « Front français pour la liberté et l'indépendance de la France » qui devait à son avis entraîner à la lutte de nouvelles couches sociales, mais est repoussé par le Parti socialiste. Aux législatives de mai, le Front populaire l'emporte, Maurice Thorez est réélu dès le premier tour dans la 6e circonscription de Sceaux à Ivry par 18.961 suffrages, sur 32.663 votants, son principal concurrent, Guérard n'ayant recueilli que 9.607 voix. Dans son adresse aux électeurs, il rappelle qu'il a travaillé « à l'unité de la classe ouvrière, à l'organisation du Front populaire et à l'union du peuple de France contre les 200 familles et leurs mercenaires fascistes ainsi qu'à l'union des travailleurs manuels et intellectuels ».
Dans ses Mémoires Jacques Duclos indique que Maurice Thorez avait été partisan de la participation des communistes au ministère qui se constitua après les élections.
La vague nationale de grèves avec occupation des entreprises qui déferle sur le pays aboutit à la signature, le 6 juin 1936, des accords « Matignon » et au vote rapide par le Parlement de réformes sociales sans précédent en France.
Cependant Maurice Thorez met en garde contre l'illusion que « tout est possible », estimant qu'il faut « savoir terminer une grève... ». Après avoir protesté contre les honneurs rendus au docteur Schacht, émissaire de Hitler (23 août), il condamne la politique de non-intervention à l'égard de Franco et il organise en personne l'aide aux républicains espagnols.
Le 5 décembre 1936, dans un débat sur la politique étrangère, il dénonce à la tribune de la Chambre des députés la montée du fascisme en Europe et, interrompu fréquemment par Philippe Henriot, il cite Mein Kampf et notamment la phrase dans laquelle Hitler déclare que « l'ennemi mortel, impitoyable du peuple allemand, est et Teste la France ». Il proteste également avec énergie contre « le blocus de la République espagnole » et dénonce la politique de non-intervention adoptée par les démocrates occidentaux, politique qu'il considère comme une duperie. En 1938, il déclare que les accords de Munich sont « la plus grande trahison qu'un gouvernement républicain ait jamais perpétrée contre la France, contre la paix, contre la démocratie ». En 1939, en Algérie, il appelle à l'union des populations algériennes et des travailleurs de France. Quand le 26 septembre, après la déclaration de guerre, le gouvernement Daladier eut dissous le Parti communiste, il crée 48 heures plus tard avec la majorité des membres de l'ancien groupe communiste le « Groupe ouvrier et paysan ».
Tandis que des mandats d'arrêt étaient lancés contre les députés communistes, Maurice Thorez, alors mobilisé, quittant son corps, rejoignait le 4 octobre 1939 la direction clandestine de son parti. Condamné le 28 novembre 1939 pour avoir . déserté le 4 octobre, il l'est à nouveau en avril 1940 avec les autres députés communistes.
D'après les Mémoires de Jacques Duclos, Maurice Thorez a signé avec lui le 10 juillet 1940 un appel a la résistance préconisant l'unité nationale à la base par la création de comités populaires de solidarité et d'entraide dans les syndicats, dans les usines, les villes et les villages.
THOREZ (Maurice)
Né le 28 avril 1900 à Noyelles-Godault (Pas-de-Calais)
Décédé le 12 juillet 1964 à Istanbul (Turquie)
Député de la Seine de 1932 à 1940
Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale constituante (Seine)
Député de la Seine de 1946 à 1958
Ministre d’Etat du 21 novembre 1945 au 26 janvier 1946
Vice-président du Conseil du 26 janvier au 16 décembre 1946 et du 22 janvier au 4 mai 1947
Mobilisé le 3 septembre 1939, Maurice Thorez est affecté dans une compagnie de navigation fluviale cantonnée à Chauny (Aisne). À la mi-septembre, Raymond Guyot et Arthur Dallidet transmettent les nouvelles directives de l’Internationale aux responsables demeurés à Paris. Ils doivent affirmer le caractère impérialiste de la guerre et demander la paix alors que deux semaines auparavant, le 2 septembre, les parlementaires communistes avaient voté les crédits militaires. Cette nouvelle ligne implique la mise à l’abri de la direction mais, dans un premier temps, le député d’Ivry refuse de quitter son régiment. Deux événements l’amèneront à partir pour la Belgique le 4 novembre 1939. Tout d’abord, l’interdiction du parti communiste le 26 septembre. Ensuite, et surtout, la lettre adressée le 1er octobre au président Herriot par le groupe ouvrier et paysan – avatar du groupe communiste – lettre évoquant « les propositions de paix qui vont bientôt être faites à la France ». Cette lettre sera à l’origine de l’arrestation des parlementaires n’ayant pas rompu avec Moscou.
À Bruges, Maurice Thorez, accorde un entretien daté du 20 octobre au journaliste anglais Sam Russel. Sous le titre « Quelque part en France », il y défend vigoureusement la nouvelle ligne de l’Internationale. Selon la notice très documentée rédigée par Claude Pennetier pour le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, le Secrétaire général du parti communiste français, muni d’un passeport et d’une identité soviétiques, aurait embarqué à destination de Stockholm sur un avion de la Sabena. De cette ville, un appareil de l’Aéroflot le fait parvenir à Moscou le 8 novembre 1939 où il retrouve André Marty. Il y présente un rapport autocritique sur son activité depuis la signature du Pacte germano-soviétique. Condamné à six ans de prison pour désertion par le tribunal d’Amiens le 28 novembre 1939, il est déchu de la nationalité française le 27 février 1940.
En septembre 1943, le général de Gaulle autorise André Marty à gagner Alger. Il y prend la tête de la délégation du parti communiste. Resté à Moscou, Maurice Thorez rencontre la délégation de la France libre en janvier 1944 et lui demande d’intervenir en sa faveur auprès du général de Gaulle. Refus du président du Comité français de la Libération nationale au motif que « la condamnation pour désertion garde force de loi ». Il lui faut attendre le 28 octobre 1944 – alors que Charles Tillon et François Billoux siègent au gouvernement depuis avril – pour que le Conseil des ministres émette un avis favorable au retour en France du dirigeant communiste. Autre décision de ce conseil du 28 octobre : la dissolution des milices patriotiques, groupes sous influence communiste.
Bénéficiant d’une mesure de grâce le 6 novembre 1944, Maurice Thorez atterrit à Paris le 27 novembre et prononce son discours de rentrée au Vélodrome d’hiver le 30 novembre. Il appelle au travail, à la reconstruction et à la formation d’un grand parti ouvrier national réunissant le PC et la SFIO.
Le 5 octobre 1945, peu avant les élections du 21 octobre à la première Assemblée nationale constituante, un décret signé de Jules Jeanneney rapporte le décret du 17 février 1940 prononçant sa déchéance de la nationalité française. Tête de liste du parti communiste aux élections du 21 octobre 1945 dans la 4ème circonscription de la Seine – qui comprend sa circonscription d’avant-guerre – Maurice Thorez retrouve aisément son siège de député.
Il en ira de même le 2 juin 1946 pour l’élection de la seconde Assemblée nationale constituante puis aux trois scrutins législatifs de la IVème République : 10 novembre 1946, 17 juin 1951 et 2 janvier 1956.
Le 21 novembre 1945, le Secrétaire général du parti communiste devient un des quatre ministres d’Etat du gouvernement du général de Gaulle avec Vincent Auriol (SFIO), Francisque Gay (MRP) et Louis Jacquinot (PRL). Vice-président du Conseil auprès de Félix Gouin (26 janvier 1946) puis de Georges Bidault (24 juin), il ne participe pas au cabinet de Léon Blum (16 décembre 1946), lequel ne comprend que des représentants du parti socialiste.
Ministre d’Etat, Vice-président du Conseil dans le cabinet Ramadier (22 janvier 1947), il quitte le gouvernement avec ses collègues communistes le 4 mai 1947.
De cette période, on retiendra un événement et une loi.
À la suite des premières élections législatives de la IVème République (10 novembre 1946), le parti communiste redevient le premier parti de France – il l’avait été mais moins nettement lors des élections du 21 octobre 1945 – avec 28,6 % des suffrages exprimés et 179 députés (dont 13 apparentés). Le 4 décembre, Maurice Thorez recueille 259 suffrages lors du scrutin pour l’élection du Président du gouvernement. Certes 25 des 102 socialistes – dont Gaston Defferre – ne lui ont pas apporté leurs suffrages mais, même s’il avait obtenu leur soutien unanime, il lui aurait manqué 26 voix pour atteindre la majorité constitutionnelle.
Après l’échec de Georges Bidault (MRP) le 5 décembre, Léon Blum, élu le 12 décembre, ne parviendra pas à former un cabinet de coalition d’où un gouvernement socialiste homogène dont il fixe le terme à la mise en place des institutions, c’est-à-dire à l’élection du Président de la République ce sera le socialiste Vincent Auriol – le 16 janvier 1947. Le 27 août 1946, Maurice Thorez dépose le projet de loi n° 559 sur le bureau de la seconde Assemblée nationale constituante. Ce texte, dont il soutient la discussion, devient la loi du 19 octobre 1946 relative au statut général des fonctionnaires. Elle a traversé le XXe siècle. Vice-président du Conseil dans le cabinet Paul Ramadier (22 janvier 1947), le Secrétaire général du parti communiste voit ses fonctions prendre fin le dimanche 4 mai 1947. Le même jour, avec les autres ministres issus de sa formation, il vote contre le gouvernement qui avait posé la question de confiance sur la poursuite du blocage des salaires. Le soir, un communiqué « remercie les ministres communistes du concours qu’ils avaient apporté » au président du Conseil. Dès lors, le groupe communiste s’oppose à tous les gouvernements successifs. Maurice Thorez en est le porte-parole dans de grands débats tant de politique intérieure (investiture de présidents du Conseil ou politique générale) qu’extérieure (Indochine). Grèves de l’automne 1947, « coup de Prague » en février 1948, alliance défensive des pays du Benelux, de la France et du Royaume-Uni avec le Traité de Bruxelles de mars 1948, Plan Marshall et blocus de Berlin en juin 1948, perspective d’une alliance atlantique, la guerre froide agite le Parlement.
Le 22 février 1949, au Comité central du parti communiste, Maurice Thorez déclare : « l’Union soviétique ne s’est jamais trouvée et ne peut se trouver en position d’agresseur… l’armée des défenseurs héroïques de Stalingrad n’a jamais attaqué aucun peuple… si l’armée soviétique était amenée à pourchasser les agresseurs jusque sur notre sol, le peuple de France pourrait-il se comporter envers l’armée soviétique autrement que les peuples de Pologne, de Roumanie, de Yougoslavie, etc… ? ». Le 24 février 1949, l’Assemblée nationale discute d’une interpellation sur la signification que le gouvernement attache aux propos de Maurice Thorez. Interviennent le Secrétaire général du parti communiste, Jacques Duclos, Guy Mollet, Edouard Daladier, Pierre Cot, Pierre-Henri Teitgen, René Mayer et Henri Queuille. Le vote en fin de séance marque l’isolement des députés communistes. Au faite de sa popularité, Maurice Thorez dirige son parti de manière de plus en plus personnelle et y fait l’objet d’un culte comparable à celui porté à Staline. Une deuxième édition de Fils du Peuple paraît en 1949, une troisième en 1954, une quatrième en 1960.
Victime d’un accident vasculaire cérébral le 10 octobre 1950, paralysé du côté droit, il part se faire soigner en Union soviétique et n’en revient – avec des séquelles – qu’en avril 1953, après la mort de Staline.
À la suite du rapport Khrouchtchev (février 1956), il n’engage pas le parti communiste français sur la voie de la destalinisation. Jaurès Medvedev rapporte qu’en 1958, sur l’intervention de Souslov, il aurait convaincu Khrouchtchev de ne pas réhabiliter Boukharine au motif « qu’après le XXème congrès et les événements de Hongrie, nous avons perdu presque la moitié de notre parti… ».
Cette parenthèse, ses soucis de santé et ses responsabilités nationales ne lui permettent pas une activité parlementaire soutenue. Cependant, il « suit » l’application de la loi du 19 octobre 1946 et demande au gouvernement de fixer le minimum vital applicable aux fonctionnaires (11 mars 1948). Soucieux des intérêts de ses électeurs – il demeure à Choisy-le-Roi – il invite le gouvernement à indemniser les victimes d’orages de grêle ayant affecté les communes de Thiais, Orly et Choisy (24 mai 1950). Il propose le déclassement des terrains militaires du fort d’Ivry afin d’y construire un hôpital intercommunal et un hospice de vieillards (8 novembre 1955 et 6 février 1958).
Durant la crise de 1958, avec son groupe, il s’oppose au retour du général de Gaulle : votant contre son investiture (1er juin), refusant les pleins pouvoirs au gouvernement et la révision constitutionnelle (2 juin).
Réélu aux élections législatives de novembre 1958, il poursuit sa carrière politique sous la Vème République.