Jean du Tinguy du Pouët
1875 - 1951
* : Un décret de juillet 1939 a prorogé jusqu'au 31 mai 1942 le mandat des députés élus en mai 1936
Né le 23 mars 1875 à Saint-Michel-Mont-Mercure (Vendée). Député de la Vendée de 1919 à 1942 Le comte Jean de Tinguy du Pouët termine ses études avec le diplôme de l'Ecole libre des sciences politiques et une thèse de doctorat en droit sur l'assistance médicale gratuite, puis entre en 1900 au Conseil d'Etat. L'année suivante il est élu maire de Saint-Michel-Mont-Mercure et le restera jusqu'à la guerre de 1939. Le 2 février 1930, il devient conseiller général du canton de Pouzauges et sera porté à la présidence du Conseil général de la Vendée en 1939. Mobilisé en août 1914, il fait toute la guerre et sa conduite lui vaudra la croix de guerre et la Légion d'honneur ; il sera promu par la suite officier dans cet ordre. Sa carrière parlementaire commence en 1919 ; il est alors maître des requêtes au Conseil d'Etat.
Elu à la Chambre « bleu horizon » en Vendée sur la liste d'union nationale conduite par Baudry d'Asson, député sortant, il recueille sur son nom 46.841 suffrages manquant de peu la majorité absolue des suffrages exprimés.
Le programme de la liste d'union, qui regroupe des conservateurs, des libéraux et dans laquelle Jean de Tinguy du Pouët revendique l'étiquette de républicain progressiste, peut se résumer ainsi : révision des lois sur les rapports de l'Eglise et de l'Etat ; maintien de la liberté de l'enseignement et rétablissement des relations avec le Vatican ; justes réparations pour les victimes de la guerre, diminution de la durée du service militaire et contrôle sévère de l'immigration ; opposition au bolchevisme ; sévères économies dans les dépenses publiques, réduction des impôts et contrôle rigoureux par la Cour des comptes de l'utilisation du budget ; aides aux activités agricoles et à la pêche et concertation pacifique des employeurs et des ouvriers.
A son entrée à la Chambre, Tinguy du Pouët s'inscrira au groupe de l'entente républicaine démocratique. Nommé successivement membre des commissions des crédits, de l'Algérie, des colonies et des protectorats, des finances et des spéculations de guerre, il se préoccupera essentiellement des problèmes relevant du ministère de l'Intérieur, dont il rapportera les budgets de 1920 à 1923. Cette spécialisation l'amènera également à rapporter notamment les textes concernant le personnel des préfectures, la fiscalité locale (pour avis), les sapeurs-pompiers communaux, la police du département de Seine-et-Oise, les problèmes posés par l'insertion progressive dans la législation nationale des départements recouvrés d'Alsace-Lorraine.
Il prend aussi une part active à l'élaboration de la politique sociale et économique de la Nation et de la législation sur les pensions aux victimes de la guerre, à la recherche de nouvelles ressources fiscales et des mesures en faveur des familles nombreuses.
En 1923 il est nommé membre de la commission de contrôle de la circulation monétaire.
Aux élections de 1924, il est à nouveau candidat sur la liste du cartel vendéen qui est élue à la majorité absolue ; il recueille 53.770 suffrages sur 101.005 voix exprimées. Le programme de cette liste reprend les thèmes développés en 1919, mais les complète sur trois points importants : établissement du scrutin proportionnel pour les élections à la Chambre, révision de la Constitution de 1875 en vue de renforcer les pouvoirs de l'exécutif, enfin poursuite de l'exécution des dettes de l'Allemagne en soutenant la politique d'occupation de la Ruhr décidée en 1922 par Poincaré.
Inscrit dans la nouvelle Assemblée au groupe de l'union républicaine démocratique (U.R.D.), il est nommé à nouveau membre de la commission des finances.
Au cours de cette législature, il se préoccupera essentiellement de la fiscalité, proposant de nombreux amendements aux textes qui seront discutés, et des travaux publics, dont il rapportera les budgets de 1925 à 1928. Il déposera en 1924 une proposition de loi relative à la généralisation de la propriété en France et en 1925 une autre concernant les engagés volontaires de la guerre de 1914-1918. Les élections de 1928 ont lieu au scrutin majoritaire uninominal. Il est élu au premier tour dans la 1re circonscription de Fontenay-le-Comte par 9.799 voix contre 7.214 à Guillemet sur 17.449 suffrages exprimés. A ses programmes de 1919 et de 1924 il ajoute le vote des femmes et le vote familial pour encourager la démographie, l'élaboration d'un statut du fonctionnaire, le service d'un an au lieu de dix-huit mois et se déclare opposé à tout impôt sur le capital.
A nouveau membre de la commission des finances, il rapportera sur les crédits des conventions avec les réseaux de chemins de fer en 1930, 1931 et 1932, ainsi que sur de nombreux textes particuliers concernant les charges de famille, l'assistance médicale gratuite, l'assurance maladie volontaire.
Il est réélu en 1932 au premier tour avec 9.437 voix sur 16.644 votants, contre 3.978 à son concurrent le mieux placé, le radical indépendant Albert.
Au cours de sa campagne il insiste cette fois-ci sur le caractère facultatif que doivent revêtir les lois sociales et sur le support qu'elles doivent trouver dans un développement de la mutualité, sur l'union politique autour de Poincaré, Tardieu et Laval. Il demande aussi la réalisation de sévères économies pouvant conduire à un abaissement des traitements des fonctionnaires et de la diminution des impôts, préfigurant ainsi une partie de ce que sera la politique du gouvernement Laval quelque temps plus tard.
Vice-président de la commission des finances, il sera également membre de la commission du règlement et surtout de la commission d'enquête sur les événements du 6 février 1934.
Comme rapporteur, il donnera un avis sur le texte limitant les prisunics en 1934 et sur l'organisation de l'Exposition internationale de 1937.
Ses interventions à la tribune concerneront le rétablissement de l'équilibre budgétaire, la délégation de pouvoirs au gouvernement sur laquelle il veut un contrôle parlementaire, la réorganisation de la Compagnie générale transatlantique et l'organisation du marché du blé.
Il représente la Chambre au comité financier de la caisse de gestion des bons de la Défense nationale et d'amortissement de la dette publique.
Réélu en 1936 avec 11.257 suffrages sur 16.353 votants contre 3.806 voix à Fauconnier, il s'affirme contre le Front populaire et partisan résolu de la paix et d'une politique militaire défensive.
Membre de la commission du règlement, il est de nouveau vice-président de celle des finances et de 1937 à 1940 rapporte le budget du ministère du Commerce et de l'Industrie.
II déposera une proposition de loi sur la détaxation des automobiles françaises à l'exportation et une autre sur la répartition des charges de la Défense nationale entre tous ceux qui résident sur le sol français.
Cependant ce sont les projets sociaux du gouvernement Léon Blum qui retiennent son attention et déterminent son action.
Participant à leur discussion, il posera même la question préalable sur la loi des 40 heures rejoignant en cela la position de Paul Reynaud. Il intervient également dans la discussion de la dévaluation de 1936 et dans le débat relatif à la représentation proportionnelle, l'une des constantes de son programme électoral depuis 1924.
Il appartient pendant cette législature au groupe des républicains indépendants et d'action sociale.
Le 10 juillet 1940, au Congrès de Vichy, il accorde les pouvoirs constituants au maréchal Pétain.
Lors de sa mise à la retraite au Conseil d'Etat, il avait été nommé conseiller d'Etat honoraire.
TINGUY DU POUËT (Jean, Charles, Marie, Louis de)
Né le 23 mars 1875 à Saint-Michel-Mont-Mercure (Vendée)
Décédé le 5 décembre 1951 à Saint-Michel-Mont-Mercure
Député de la Vendée de 1919 à 1942
(Voir première partie de la biographie dans le Dictionnaire des parlementaires français, 1889-1940, tome VIII, p. 3097, 3098)
Le 10 juillet 1940, Jean Tinguy du Pouët vote les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. De janvier 1941 à mars 1943, l’ancien président du Conseil général de la Vendée préside la commission administrative, puis le Conseil départemental qui lui succède en mars 1943. Il est maire de Saint-Michel-Mont-Mercure de 1904 à 1945, date à laquelle prennent fin ses activités politiques.
Il meurt dans cette même ville, le 5 décembre 1951, à l’âge de 76 ans.