Antonin, Jean, André Tirefort
1899 - 1969
TIREFORT (Antonin, Jean, André)
Né le 14 juin 1899 à Ferrières (Tarn)
Décédé le 18 avril 1969 à Castres (Tarn)
Député du Tarn de 1962 à 1967
La carrière politique d’Antonin Tirefort n’a pas permis à son nom d’échapper à l’oubli, même si une rue porte désormais son nom à Castres. Elu local pendant dix-sept années consécutives, député de son département natal sous la seconde législature de la Vème République, de 1962 à 1967, il incarne un des types du militant gaulliste. L’accession à un mandat parlementaire devait en effet représenter pour lui une forme de « bâton de maréchal » après des années d’engagement au Centre national des Républicains sociaux sous la IVème République, puis à l’UNR après 1958.
Antonin Tirefort est issu d’une famille modeste, aux origines paysannes. Son père exerce la profession de menuisier ; sa mère est épicière. Le futur député suit les cours du petit séminaire de Castres et obtient son brevet élémentaire en 1916. Il choisit ensuite d’embrasser une activité militaire et est versé dans l’artillerie. Affecté à l’école de la DCA (Défense contre aéronefs) à Metz en 1933, il est capitaine au moment de la défaite de 1940. L’Alsace-Moselle est alors annexée par l’Allemagne nazie. Muté à Biscarosse, puis à Tarbes, il achève sa carrière au grade de commandant en 1946. Revenu à la vie civile, Antonin Tirefort reste fidèle à sa région d’origine, où il entame une nouvelle vie professionnelle comme enseignant. Il travaille en effet en tant que professeur au lycée Saint-Joseph de Castres de 1948 à 1959. Son dévouement dans ses fonctions de maintien de l’ordre public, puis d’enseignement, lui valent d’être décoré de la Légion d’honneur et de la médaille de l’Instruction publique.
La vie publique d’Antonin Tirefort commence avec le gaullisme d’opposition, sous la IVème République. Il est élu conseiller municipal puis adjoint au maire de Castres à l’occasion des municipales de 1953. Il fait montre d’une sensibilité plutôt « progressiste » dans l’exercice de son mandat local, et est chargé en particulier du bureau d’aide sociale de la ville. Adjoint d’un édile radical-socialiste, il figure néanmoins en troisième position sur la liste soutenue par les Républicains sociaux dans le département du Tarn pour les élections législatives du 2 janvier 1956. Emmenée Pierre Berthaud, conseiller de l’Union française, cette liste n’obtient aucune voix, soit que les candidats aient choisi de se retirer pour ne pas faire élire un deuxième député communiste ou socialiste, soit qu’ils aient préféré apporter leur soutien aux indépendants ou aux radicaux.
Le passage à la Vème République s’accompagne du retour au scrutin d’arrondissement pour les élections législatives de l’automne 1958. La ville de Castres est désormais comprise dans la deuxième circonscription du Tarn. L’UNR André Vidal en est élu député face à François Reille-Soult, candidat du Mouvement républicain populaire (MRP), le 30 novembre 1958. Le nouveau parlementaire, qui ne dispose pas de mandat local et n’est pas originaire de la région, s’éloigne progressivement du gaullisme au pouvoir jusqu’à voter la motion de censure qui renverse le gouvernement de Georges Pompidou le 4 octobre 1962. Le référendum relatif à l’élection du président de la République au suffrage universel direct met en évidence l’existence de deux blocs politiques d’importance égale dans le Tarn : le « non » ne s’y impose en effet que de 2 voix (77 923 suffrages contre 77 921 pour le « oui »), alors que le rejet du pouvoir gaulliste est plus net dans les départements voisins du Tarn-et-Garonne, de l’Hérault, de l’Aude et de la Haute-Garonne.
Sollicité pour porter les couleurs de l’UNR-UDT lors des élections législatives de novembre 1962, Antonin Tirefort accepte de déposer sa candidature. Il affronte un autre membre de la majorité municipale de Castres en la personne de Gaston Bousquet, investi par le MRP. Ce dernier a pour suppléant l’ancien député François Reille-Soult, issu d’une famille qui a donné six parlementaires au département du Tarn depuis le XIXème siècle. Antonin Tirefort se présente aux électeurs comme un « Tarnais » de vieille souche et comme le « porte-drapeau du général de Gaulle » dans la circonscription. Il rappelle qu’il est le seul candidat de l’UNR-UDT et se place en tête du premier tour avec 10458 voix, soit 22,1%. Il obtient de bons résultats dans les secteurs les plus peuplés de la circonscription, soit 23,76% des suffrages exprimés dans le canton de Mazamet et 22% dans le canton de Castres. 47,98% des électeurs se prononcent en faveur du candidat gaulliste au second tour de scrutin le 25 novembre 1962, dans le cadre d’une triangulaire qui voit l’échec du sortant André Vidal, candidat sans étiquette (11,1%), et permet au candidat socialiste de réaliser un bon résultat (40,96% des suffrages). Antonin Tirefort commence alors une carrière parlementaire, à l’âge de 63 ans.
Il s’inscrit au groupe de l’UNR-UDT à l’Assemblée nationale et en respecte la discipline de vote pendant toute la seconde législature de la Vème République. Il soutient la ratification du traité de l’Elysée, symbole de la réconciliation franco-allemande (13 juin 1963), comme l’encadrement des modalités d’exercice du droit de grève dans les services publics (26 juillet 1963), la réforme du mode d’élection des conseillers municipaux (17 juin 1964) et celle du service national (26 mai 1965).
Le député du Tarn siège à la Commission de la défense et des forces armées de 1962 à 1967. Il se considère comme le représentant de son département à l’Assemblée nationale plus qu’il ne s’implique dans l’activité législative. Antonin Tirefort ne prend pas la parole dans l’hémicycle sous la seconde législature de la Vème République.
Réélu au conseil municipal de Castres lors des élections de 1965, il ne sollicite pas le renouvellement de son mandat parlementaire à l’occasion des législatives de mars 1967. Dans un Sud-Ouest dominé par les forces de gauche, la deuxième circonscription du Tarn apparaît comme relativement sûre pour la majorité. L’UD-Vème République y soutient dès le premier tour Jacques Limouzy, ancien élève de l’ENA originaire du Tarn et chargé de mission au cabinet de Roger Frey, ministre de l’intérieur. Le scrutin de 1967 offre en effet l’occasion à plusieurs jeunes hauts fonctionnaires de subir l’épreuve du suffrage universel, qu’il s’agisse de Paul Granet dans l’Aube, de Jacques Trorial en Meurthe-et-Moselle, de Paul Dijoud dans les Hautes-Alpes ou de Jacques Chirac en Corrèze. C’est avec un peu plus de mille voix d’avance sur Louis Brives, candidat de la FGDS (29 313 suffrages contre 28 298), que Jacques Limouzy succède à Antonin Tirefort comme député de la deuxième circonscription du Tarn.
Antonin Tirefort demeure adjoint au maire de Castres jusqu’à sa disparition. Il s’éteint dans sa ville natale, peu avant la victoire du « non » au référendum du 27 avril 1969 et la démission du général de Gaulle de ses fonctions de chef de l’Etat.