René, François Tomasini

1919 - 1983

Informations générales
  • Né le 14 avril 1919 à Petreto-bicchisano ( - France)
  • Décédé le 5 mai 1983 à Tosny (Eure - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 30 novembre 1958 au 9 octobre 1962
Département
Eure
Groupe
Union pour la nouvelle République
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 18 novembre 1962 au 2 avril 1967
Département
Eure
Groupe
Union pour la nouvelle République-UDT
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 5 mars 1967 au 30 mai 1968
Département
Eure
Groupe
Union démocratique pour la V° République
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IVe législature
Mandat
Du 23 juin 1968 au 1er avril 1973
Département
Eure
Groupe
Union des démocrates pour la République
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ve législature
Mandat
Du 2 avril 1973 au 2 avril 1978
Département
Eure
Groupe
Union des démocrates pour la République
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
VIe législature
Mandat
Du 19 mars 1978 au 1er septembre 1980
Département
Eure
Groupe
Rassemblement pour la République

Mandats au Sénat ou à la Chambre des pairs

Sénateur
du 1er janvier 1980 au 1er janvier 1983

Biographies

Biographie de la Ve République

TOMASINI (René, François)
Né le 14 avril 1919 à Petreto-Bicchisano (Corse)
Décédé le 5 mai 1983 à Tosny (Eure)

Député de l’Eure de 1958 à 1974 et de 1978 à 1980
Secrétaire d’Etat auprès du Premier ministre, chargé des relations avec le Parlement du 8 juin 1974 au 25 août 1976
Sénateur de l’Eure de 1980 à 1983

Les familles paternelle comme maternelle de René Tomasini sont corses. Son père, Hyacinthe Tomasini, est engagé dans la carrière préfectorale. René Tomasini fréquente les lycées Buffon à Paris et Jacques Amyot à Melun, puis poursuit des études de droit à la Faculté de Paris. Après avoir obtenu sa licence, il réussit le concours de chef de cabinet de préfet. Chef-adjoint du cabinet du préfet de la Seine-et-Marne en novembre 1938, il devient chef de cabinet du préfet de la Haute-Vienne à l’automne 1940, puis de la Corrèze en 1943. Engagé dans la Résistance depuis 1941, il est arrêté trois ans plus tard par la Gestapo et torturé. Son action contre l’Occupant devait lui valoir d’être décoré de la médaille de la Résistance, de la croix de guerre 1939-1945 avec deux citations et de la Légion d’honneur. A la Libération, il est choisi par Michel Debré, Commissaire de la République à Angers, comme directeur de cabinet et nommé sous-préfet de 1ère classe. En mai 1945, René Tomasini entre au cabinet du général de Gaulle comme chargé de mission. Après l’expérience de l’action clandestine, ce passage par le cabinet du président du Gouvernement provisoire de la République le fait entrer dans la « famille gaulliste ». Il devait lui rester fidèle tout au long de son existence. Après la démission du général de Gaulle, le jeune sous-préfet rejoint le cabinet du ministre de l’Intérieur André Le Troquer pour quelques mois, mais est rapidement nommé sous-préfet des Andelys, dans l’Eure. Il y reste en poste jusqu’à son départ pour l’Algérie comme sous-préfet de Constantine en juin 1950. Contraint à la neutralité par ses fonctions, René Tomasini n’adhère au Rassemblement du peuple français, que le général de Gaulle crée en avril 1947. Il conserve cependant des contacts réguliers avec Michel Debré et Jacques Foccart sous la IVème République et ne dissimule guère son espoir d’un retour au pouvoir du général de Gaulle. René Tomasini retrouve la métropole comme sous-préfet de Riom, dans le Puy-de-Dôme, en mars 1953. Conseiller technique auprès du Résident général au Maroc à partir d’octobre 1954, il vit de près les négociations qui conduisent à l’indépendance. Il est nommé directeur du travail et de la main d’œuvre à la Résidence générale en novembre 1955. René Tomasini ne perd pas de vue les questions d’Afrique du nord lorsque le Maroc se sépare définitivement de la France. Il devient de fait directeur du Centre d’orientation des Français rapatriés du Maroc et de Tunisie en 1957.
Ce haut fonctionnaire accueille avec faveur le retour au pouvoir de De Gaulle en juin 1958 et désire soutenir son action dans des fonctions plus politiques qu’administratives. Il obtient l’investiture de l’Union pour la Nouvelle République pour la 4ème circonscription de l’Eure à l’occasion des élections législatives de novembre 1958. René Tomasini connaît ce territoire pour y avoir travaillé comme sous-préfet des Andelys entre 1946 et 1950. Dans sa profession de foi électorale, il reproche aux partis et aux hommes de la IVème République d’avoir « semé la discorde, mené le pays à la ruine et la République au bord du tombeau ». Il refuse d’opposer les intérêts des différentes catégories de la population française et se donne comme objectifs « l’indépendance, la prospérité et la grandeur de la Nation ». Il affronte cinq autres candidats au premier tour de scrutin, au nombre desquels l’ancien secrétaire d’Etat aux Anciens combattants Albert Forcinal et le maire socialiste de Vernon Georges Azémia. René Tomasini arrive nettement en tête le 23 novembre 1958 grâce au soutien de 44,2% des électeurs. Aucun de ses adversaires ne dépasse 18,7% -résultat obtenu par Georges Azémia-, même si le canton de Vernon préfère le candidat socialiste (38,8%) au gaulliste (25,7%). Au second tour, René Tomasini affronte le seul communiste Georges Allard et emporte une victoire très confortable (74,9%).
Il s’inscrit au groupe de l’Union pour la Nouvelle République (UNR) et appartient à la Commission des affaires culturelles, familiales et sociales sous la première législature de la Vème République. Le député de l’Eure participe à l’élaboration des nouvelles règles du travail parlementaire en participant à la Commission spéciale du règlement à partir de janvier 1959. Il est également membre de la Commission supérieure des sites, perspectives et paysages. Membre du Sénat de la Communauté, il est choisi par ses collègues comme représentant de la France au Parlement européen le 14 décembre 1961. Il devait y siéger pendant dix années consécutives. Dès le début de la législature (11 décembre 1958), il devient secrétaire de l’Assemblée nationale et le demeure jusqu’à l’automne 1961. Très actif au Palais-Bourbon, René Tomasini est chargé de rapports sur des projets de lois qui abordent les affaires marocaines et tunisiennes, qu’il s’agisse de régulariser la situation des salariés français des anciens protectorats au regard de l’assurance vieillesse (juillet 1959) ou de réparer les dommages subis dans le royaume chérifien par les ressortissants français (juillet 1959 également). En octobre 1959, il dépose notamment une proposition de loi en faveur des employés des établissements reconnus d’utilité publique installés au Maroc et en Tunisie avant 1956, afin qu’ils soient assimilés, aux fins de reclassement, à des fonctionnaires d’Etat. Pragmatique, René Tomasini propose la suppression de la direction des affaires algériennes et marocaines au Ministère des affaires étrangères dans une intervention à l’Assemblée nationale, le 16 novembre 1959. Rapporteur pour avis du projet de loi relatif à l’accueil et à la réinstallation des Français d’Outre-mer, il n’en dissimule pas les « insuffisances ». Il ne croit pas en effet « que les principes relatifs à l’accueil et à la réinstallation posés dans le texte gouvernemental soient de nature à rassurer complètement les Français d’Outre-mer et à leur apporter les garanties nécessaires ». Insistant sur « les aspects psychologiques que présente ce grave problème », il préconise de ne pas réduire la question du rapatriement à des « préoccupations financières ». René Tomasini semble approuver les modifications apportées par le Sénat au projet de loi, en ce qu’elles ouvrent un « droit à reconstitution de situation » personnalisé pour les Français rapatriés (séance du 21 novembre 1961).
Le député de l’Eure, ancien résistant, s’intéresse en outre à la politique du Ministère des anciens combattants et victimes de guerre. Il est à l’initiative d’une proposition de loi disposant que les sapeurs-pompiers professionnels qui ont participé à la guerre de 1939-1945 aient droit à la carte du combattant. Ce texte, déposé sur le bureau de l’Assemblée pour la première fois le 6 mai 1960, devrait l’être à nouveau par René Tomasini le 8 janvier 1963. L’ancien sous-préfet devait en effet manifester une belle constance dans son attachement à certaines réformes au cours de sa longue carrière parlementaire. Le 16 décembre 1960, il soumet à l’attention du Gouvernement et de ses collègues une proposition de loi portant création d’une médaille en faveur des réfractaires au service du travail obligatoire (STO) : il la déposerait une seconde fois le 7 juin 1963. René Tomasini se montre quelque peu iconoclaste au sein de sa propre famille politique, en proposant une modification des droits successoraux qui profite au conjoint survivant, là où conservateurs et modérés se montrent traditionnellement attachés aux droits de la famille (proposition de loi déposée le 3 octobre 1961).
Elu d’une circonscription qui présente un visage à la fois rural et urbain, René Tomasini est soucieux des différents aspects de la politique agricole et prend fréquemment la parole dans l’hémicycle sur les dossiers qui la concernent. Il se livre à un véritable réquisitoire contre la IVème République à l’occasion d’une discussion générale sur les projets de lois concernant l’agriculture, le 4 mai 1960. Il observe en effet que l’agriculture « était absente des préoccupations gouvernementales lorsque furent élaborés le premier, puis le second plan de modernisation et d’équipement » et demeurait, avant 1958, « la grande délaissée et la grande sacrifiée de l’économie française ». Le débat entre les partisans d’une « politique des prix » qui soutienne le revenu agricole et une « politique des structures » qui affecte la taille des exploitations commence alors à peine : il opposerait notamment le ministre Edgard Pisani au sénateur de l’Aisne René Blondelle. René Tomasini semble plaider en faveur d’une solution intermédiaire : il appelle à la définition d’un « seuil de rentabilité » des exploitations agricoles en France mais également à « la détaxe provisoire de certains produits indispensables à l’agriculture tels que les tourteaux, les engrais, les machines, les carburants autres que l’essence ».
René Tomasini consacre une part importante de son activité législative aux problèmes des entreprises nationalisées. Le 8 novembre 1960, il souligne la nécessité de rétablir « un climat social satisfaisant au sein de ces entreprises, singulièrement au sein d’Electricité de France et de Gaz de France ». Il y souhaite une « restauration des notions de commandement et d’autorité », une « réforme des méthodes d’administration du personnel » et la définition d’une « éthique professionnelle » exigeante. En dénonçant le « mandarinat népotique » de certains dirigeants d’entreprises publiques et les « ravages psychologiques » qu’il provoque chez les cadres supérieurs qui ne sont pas issus « du milieu fermé de l’ « X », de Centrale et des autres grands corps techniques de l’Etat », l’élu de l’Eure, très impliqué au sein de l’UNR, reprend une partie des observations formulées lors du conseil national de la formation gaulliste à Saint-Mandé, les 22 et 23 octobre 1960. Il soutient avec constance la politique des gouvernements Debré puis Pompidou sous la première législature de la Vème République. René Tomasini approuve le règlement de l’Assemblée nationale (3 juin 1959) comme la déclaration de politique générale du Premier ministre Michel Debré (15 octobre 1959) ou le projet de loi réformant le financement de l’enseignement privé (23 décembre 1959). Il accorde les pouvoirs spéciaux pour ramener l’ordre en Algérie après la semaine des barricades (2 février 1960) et s’exprime en faveur du programme de gouvernement de Georges Pompidou (27 avril). Il autorise la levée de l’immunité parlementaire de l’ancien président du Conseil Georges Bidault (5 juillet 1962) et ne s’associe pas à la motion de censure du 4 octobre 1962.
En novembre 1962, à la veille des élections législatives, René Tomasini n’a plus rien du sous-préfet « parachuté » dans un département où il avait exercé des responsabilités quelques années auparavant. Maire de la petite commune de Corny depuis 1959, il est en effet devenu secrétaire général adjoint de l’UNR en 1961 auprès de Roger Dusseaulx, puis de Louis Terrenoire et de Jacques Baumel. Il est chargé d’organiser les réunions du Conseil national et les assises du mouvement gaulliste jusqu’en 1967. A ce titre, il intervient à plusieurs reprises dans les media au nom de l’UNR. Le 18 novembre 1962, il l’emporte dès le premier tour des législatives dans la 4ème circonscription de l’Eure, avec 57,8% des suffrages exprimés et jusqu’à 69,5% dans le canton de Lyons-la-Forêt.
Membre du groupe de l’UNR-UDT dont il prend la Vice-présidence, l’élu de Corny travaille surtout au sein de la Commission des affaires culturelles, familiales et sociales sous la deuxième législature. Ce n’est en effet que brièvement qu’il siège à la Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République, soit du 12 décembre 1962 au 18 janvier 1963, et à nouveau entre le 12 et le 25 juin 1963. Outre des propositions de lois qu’il avait déjà déposées, il envisage de réglementer l’exploitation des carrières et sablières (proposition de loi du 9 avril 1965) ou de faciliter l’inscription sur les listes électorales des jeunes atteignant l’âge de 21 ans (dépôt le 22 décembre 1965). Il intervient à neuf reprises dans l’hémicycle entre 1962-1967, soit moins souvent qu’entre 1958 et 1962 (16 interventions). Sans s’inquiéter de la diminution des crédits du Ministère de la Coopération, il entend qu’elle s’accompagne d’une augmentation des investissements privés français dans les pays concernés et préconise à cette fin la création d’un système national de garantie comparable à celui dont bénéficie les exportateurs de biens et de service avec la Coface (séance du 10 juin 1964). Il utilise en particulier les questions orales sans débat pour s’exprimer en séance publique. Le 25 octobre 1963, il demande au ministre de l’Agriculture de prendre toutes les mesures nécessaires pour compenser la perte de revenu que les conditions climatiques de l’hiver 1962-1963 et de l’été 1963 ont occasionné aux agriculteurs français. Le 16 décembre 1966, c’est encore au moyen d’une question orale qu’il interpelle le ministre des Affaires sociales sur la nécessaire suppression des zones de salaires. Très intéressé par l’aménagement du territoire, il suggère de construire de nouvelles autoroutes pour améliorer le réseau routier national (19 juin 1964) et de d’élargir à quatre voies les routes nationales les plus fréquentées (séance du 5 novembre 1964).
René Tomasini autorise la ratification du traité de l’Elysée (13 juin 1963) et consent à l’encadrement du droit de grève dans les services publics (26 juillet 1963). Il soutient la réforme du mode de scrutin pour les élections municipales (17 juin 1964). Partisan de longue date d’une réforme du service militaire –il avait déposé dès le 16 décembre 1960 une proposition de loi permettant d’incorporer des appelés dans le régiment des sapeurs-pompiers de Paris-, il approuve sa transformation en service national (26 mai 1965). En mars 1966, le député de l’Eure, qui s’intéresse depuis plusieurs années aux difficultés des entreprises publiques, est porté à la présidence du Conseil supérieur du gaz et de l’électricité. Il ne vote pas la motion de censure contre le retrait de la France de l’OTAN, le 20 avril 1966.
Les municipales de 1965 ont permis à René Tomasini de quitter la mairie de Corny pour celle des Andelys. Candidat au renouvellement de son mandat parlementaire en mars 1967, il obtient l’investiture de l’UD-Vème République. La quatrième circonscription de l’Eure, dont René Tomasini est le sortant, avait offert au général de Gaulle son meilleur résultat dans le département au second tour des présidentielles de décembre 1965 (59,3%). René Tomasini y affronte pour la première fois le communiste Marcel Larmanou et retrouve un de ses adversaires de novembre 1958 : Albert Forcinal est en effet le suppléant de Monique Luchaire, candidate de la FGDS. La confiance des électeurs conduit René Tomasini à une victoire dès le premier tour, le 5 mars 1967. S’il obtient 54,2% en moyenne, deux cantons, ceux de Gisors (46,2%) et de Vernon (48,4%) lui refusent la majorité absolue.
Il s’inscrit au groupe de l’Union démocratique pour la Vème République et retrouve la Commission des affaires culturelles, familiales et sociales de l’Assemblée nationale, présidée par Marie-Madeleine Dienesch sous la troisième législature. Quatre des sept propositions de lois que le député de l’Eure dépose en 1967-1968 l’avaient déjà été auparavant, notamment un texte envisageant de sanctionner le dumping commercial sur le plan interne dans le cadre du traité de Rome (12 avril 1967). René Tomasini n’hésite pas à aborder des sujets où se mêlent les impératifs moraux et sociaux : il envisage que la séparation de corps puisse être prononcée quand un des époux est atteint de maladie mentale (proposition de loi du 18 mai 1967) et propose d’encadrer par la loi l’édition et la diffusion des publications vendues au profit des handicapés (dépôt le 8 juin 1968). Il ne vote pas la motion de censure déposée par l’opposition pour protester contre la demande des pouvoirs spéciaux pour le Gouvernement en matières économique et sociale (9 juin 1967).
René Tomasini est entré au Conseil général de l’Eure en mars 1968, comme élu du canton des Andelys. Après les événements de mai et la dissolution de l’Assemblée nationale, des élections législatives ont lieu les 23 et 30 juin 1968. Dans sa profession de foi électorale, il dénonce en termes très durs ces « impatients appétits politiques » qui se sont faits « les fourriers avides ou inconscients » « d’une dictature totalitaire » : il reproche implicitement à François Mitterrand et à Pierre Mendès France d’avoir préparé « un coup d’Etat qui nous aurait conduits à une dictature communiste ». C’est à l’« exploitation politique de revendications justifiées » qu’il fait porter la responsabilité du désordre et des troubles violents. L’étiquette de l’Union pour la Défense de la République (UDR), l’implantation du sortant ainsi que la tendance nationale favorable aux gaullistes et à leurs alliés expliquent la facile réélection (61,5% des suffrages exprimés et 51,8% des inscrits) de René Tomasini dès le premier tour de scrutin.
Le maire des Andelys est d’abord nommé à la Commission de la défense nationale et des forces armées pour quelques jours à peine, du 13 au 17 juillet 1968. Il participe surtout aux travaux de la Commission des affaires culturelles, familiales et sociales (juillet 1968-mai 1971, puis à partir d’octobre 1971) mais la quitte quelques semaines pour celle des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République, du 11 mai au 8 octobre 1971. L’essentiel de l’activité parlementaire de René Tomasini sous la quatrième législature de la Vème République tient en douze propositions de lois, dont six avaient été déposées sous d’autres législatures. Les objets des six autres textes vont d’une possible mensualisation des impôts directs (dépôt le 19 juillet 1968) à l’obligation de mentionner le groupe sanguin sur les permis de conduire (dépôt le 19 décembre 1969) ou à l’encadrement réglementaire de l’équarissage, afin que les petits centres de traitement des cadavres d’animaux, souvent insalubres, puissent être fermés (dépôt le 8 octobre 1970). Le député de l’Eure n’intervient qu’à deux reprises dans l’hémicycle entre 1968 et 1973, pour des questions orales sans débat sur la politique à mener en faveur de l’artisanat (29 novembre 1968) ou les moyens de faciliter l’achat d’appartements HLM par leurs locataires (21 novembre 1969).
Les fonctions partisanes assumées par René Tomasini expliquent cette moindre activité parlementaire. Cet homme de réseaux, qui a la confiance du président Georges Pompidou, devient en effet secrétaire général de l’UDR en janvier 1971. Lors du conseil national de l’UDR à Versailles en juin 1970, René Tomasini avait critiqué la libéralisation de l’ORTF initiée par le Premier ministre Jacques Chaban-Delmas. Sa désignation à la tête du mouvement gaulliste est interprétée comme une reprise en main de l’appareil par les amis du président de la République, en même temps qu’elle consacre les talents d’organisateur dont René Tomasini avait fait preuve au sein de l’UNR entre 1961 et 1967. En février 1971, le nouveau secrétaire général de l’UDR se fait connaître au grand public en dénonçant la « lâcheté » de magistrats coupables d’entretenir selon lui « un état latent d’anarchie » et en mettant à nouveau en doute le bien-fondé de la réforme de l’ORTF. Un an et demi plus tard, René Tomasini, qui a cherché à restructurer l’UDR, quitte les habits de « patron » de la formation gaulliste (septembre 1972). S’il s’oppose, au sein de l’UDR, à Jacques Chaban-Delmas, Premier ministre de 1969 à 1972, il vote cependant l’ensemble des textes importants défendus par l’exécutif sous la quatrième législature. Il se prononce en faveur de la loi d’orientation de l’enseignement supérieur (10 octobre 1968) comme de la loi « anti-casseurs » (4 juin 1970) ou de la réforme du service national (10 juin 1970). Le député de l’Eure approuve les déclarations de politique générale de Jacques Chaban-Delmas le 15 octobre 1970 et le 24 mai 1972, de même que la création des régions (27 avril 1972).
En mars 1973, l’ancien secrétaire général de l’UDR est affaibli au premier tour par la multiplication des candidatures dans la quatrième circonscription de l’Eure. Huit personnalités sollicitent en effet les suffrages des électeurs, contre quatre seulement en juin 1968. Un jeune parti politique situé à l’extrême-droite, le Front national, est même présent en la personne de Pierre Surgeon. René Tomasini est mis en ballotage au premier tour (46,7%) mais dispose d’une très confortable avance sur son plus proche adversaire, le communiste Marcel Larmanou, désormais maire de Gisors. Le 11 mars 1973, 52% des électeurs choisissent de renouveler leur confiance au sortant gaulliste, dans le cadre d’une triangulaire qui l’oppose au candidat du PCF (36,1%) et au « Réformateur » Maurice Burette (11,9%).
René Tomasini est membre de la Commission des affaires culturelles, familiales et sociales d’avril 1973 à avril 1974, puis de la Commission des lois jusqu’à juin 1974. Il dépose 11 propositions de lois en 1973-1974, toutes dans les deux premiers mois de la législature. 7 de ces textes avaient déjà été déposés sur le bureau de l’Assemblée nationale au cours des années précédentes. Le maire des Andelys envisage en outre de créer une décoration pour les donateurs de sang les plus réguliers (dépôt le 12 avril 1973). Il approuve la déclaration de politique générale du Premier ministre Pierre Messmer (12 avril 1973) et la réduction du mandat présidentiel à cinq ans (16 octobre 1973). Après la mort de Georges Pompidou le 2 avril 1974, René Tomasini fait partie des parlementaires gaullistes qui appellent à voter en faveur de Valéry Giscard d’Estaing dès le premier tour de scrutin. Parmi les signataires de cet « appel des 43 », sa qualité d’ancien secrétaire général de l’UDR lui donne un poids particulier, alors que le mouvement gaulliste soutient officiellement Jacques Chaban-Delmas. Après l’élection de Valéry Giscard d’Estaing et la nomination de Jacques Chirac à Matignon, René Tomasini entre au Gouvernement en juin 1974. Secrétaire d’Etat auprès du Premier ministre, il détient le portefeuille des relations avec le Parlement. Il se met au service de Jacques Chirac, qui entend établir son autorité sur une UDR où les barons gaullistes –Olivier Guichard, Michel Debré, Jacques Chaban-Delmas- conservent une grande influence. Quand les relations entre Valéry Giscard d’Estaing et Jacques Chirac se tendent, René Tomasini soutient sans ambiguïté le chef du Gouvernement. Le 25 août 1976, la démission du Premier ministre est rendue publique. René Tomasini quitte le Gouvernement et participe à la création du Rassemblement pour la République (RPR) en décembre 1976. Il ne demande pas Eugène Authier, qui le remplace sur les bancs de l’Assemblée nationale depuis 1974, de démissionner pour provoquer une élection partielle.
L’ancien secrétaire d’Etat se présente en revanche aux élections législatives de mars 1978. Neuf candidats lui disputent les suffrages eurois. René Tomasini souffre de la concurrence de quatre « petits » candidats chez les modérés. Leurs résultats sont modestes : Jean-Henri Jacobs, investi par l’UDF rassemble 5,7% des suffrages exprimés, Marc Moutourcy, membre du Parti socialiste démocrate de Max Lejeune et Emile Muller 2,1%, Dominique Cordier-Pecron de l’Union des gaullistes de progrès 0,8% et Louis de Beuil du Mouvement des démocrates qu’a fondé Michel Jobert, 2,3%. Mais ils privent René Tomasini (43,3%) de voix qui auraient pu lui faire envisager un succès au premier tour. Le 19 mars 1978, le maire des Andelys retrouve son mandat parlementaire en devançant nettement (55,2%) le communiste Marcel Larmanou.
Membre du groupe RPR à l’Assemblée nationale, René Tomasini appartient à la Commission de la Défense nationale et des forces armées sous la sixième législature. Il est porté à la Vice-présidence de cette commission permanente en avril 1979. Entre 1978 et 1980, le député de l’Eure consacre l’essentiel de son activité aux questions militaires. Rapporteur pour avis du budget de la Marine pour 1979, il salue l’action du ministre de la Défense Yvon Bourges mais s’inquiète du « grignotage des moyens » des forces navales françaises. Il juge préoccupant que « la marine ait de moins en moins de bateaux pour remplir de plus en plus de missions ». Il réclame donc des crédits supplémentaires dans le cadre d’une loi de finances rectificative « si la France veut avoir les moyens de la politique navale qui a été décidée par le général de Gaulle » (séance du 7 novembre 1978). Un an plus tard, il émet les mêmes réserves, malgré la légère augmentation du budget de la Marine. René Tomasini rappelle que les forces navales sont indispensables à la mise en œuvre de « la force nucléaire stratégique » et déplore que « le problème structurel que connaît la marine française » ne soit pas suffisamment pris en compte par l’exécutif. Il note ainsi que, malgré « quelques améliorations qualitatives », « une réduction préoccupante du nombre d’appareils mis à la disposition » des marins est à prévoir. Cette diminution du nombre de bâtiments s’opère « en dépit des mises en gardes de la commission de la défense nationale » dont les membres seraient souvent considérés « comme de simples agents de constatation » par le Gouvernement.
René Tomasini est démis de ses fonctions de président du Conseil supérieur de l’électricité et du gaz en mai 1978 et considère cette décision du ministre de l’Industrie André Giraud comme une conséquence de son soutien à Jacques Chirac, alors que celui-ci ne ménage pas ses critiques contre le chef de l’Etat. S’il approuve la déclaration de politique générale du Premier ministre Raymond Barre le 20 avril 1978, René Tomasini rejette en revanche le projet de loi relatif à l’interruption volontaire de grossesse le 29 novembre 1979. Le 19 juin 1980, le député de l’Eure s’associe à ses collègues Yves Lancien et Pierre Mauger pour déposer une proposition de loi envisageant de réduire à six mois la durée du service national.
Elu sénateur de l’Eure à l’automne 1980, le maire des Andelys démissionne de son mandat de député. Gravement malade, il accepte cependant d’être le rapporteur à la Haute assemblée de la Commission de contrôle des services de l’Etat chargés de la sécurité, en 1982. Il estime alors que « la carence d’Etat » fait de la France un « sanctuaire du terrorisme international ».
René Tomasini meurt à l’âge de 64 ans, dans l’Eure. La presse le décrit alors comme un compagnon fidèle du gaullisme, de Charles de Gaulle à Jacques Chirac, qui avait su faire preuve d’ « efficacité » et de « méthode » dans ses fonctions de secrétaire général de l’UDR.