Paul Tondut
1909 - 1982
TONDUT (Paul, Joseph)
Né le 2 mai 1909 à Lasalle (Gard)
Décédé le 24 mars 1982 à Nîmes (Gard)
Député du Gard de 1966 à 1967 et de 1968 à 1973
Paul Tondut est issu d’une vieille famille du Gard. Préparateur en pharmacie à Nîmes, il s’engage dans l’action syndicale à la fin des années 1930. Ses états de service en 1939-1940 sont mal connus, comme son attitude face à la défaite, puis à l’occupation de la zone libre à partir de novembre 1942. Membre de la Confédération française des travailleurs chrétiens, Paul Tondut y est secrétaire-adjoint (1945-1950) puis secrétaire (1950-1954) du syndicat des préparateurs en pharmacie. Il adhère au Rassemblement du peuple français, que fonde le général de Gaulle en avril 1947. Il est élu conseiller municipal de Nîmes en octobre 1947, conserve ce mandat pendant 18 ans et assume notamment les fonctions d’adjoint au maire de la préfecture du Gard. Paul Tondut reste fidèle au gaullisme politique dans les années 1950 mais, candidat en dernière position sur la liste présentée par les Républicains sociaux pour les législatives du 2 janvier 1956, il n’est pas élu. Il se réjouit du retour au pouvoir du général de Gaulle et rejoint l’Union pour la Nouvelle République au début de la Vème République. L’élu nîmois est choisi comme suppléant par Pierre Gamel pour les législatives de novembre 1958 dans la 1ère circonscription du Gard : le tandem Gamel-Tondut rallie alors une majorité de soutiens. En mars 1961, Paul Tondut est élu conseiller général par le canton de Nîmes-II en mars 1961, puis concourt à nouveau lors des législatives de novembre 1962 en qualité de suppléant du député sortant Pierre Gamel. La profession de foi électorale des gaullistes décrit Paul Tondut comme un « compagnon fidèle » de Pierre Gamel, aux « grandes qualités d’administrateur ». Les candidats de l’UNR se placent en tête du premier tour avec 33,6% des suffrages exprimés, et l’emportent sur le communiste Louis Maurin grâce au soutien 52,5% des électeurs le 25 novembre 1962. Lorsque Pierre Gamel décède au début du printemps 1966, Paul Tondut lui succède donc comme député du Gard. Il n’est plus conseiller municipal de Nîmes depuis l’année précédente.
Il s’inscrit au groupe de l’UNR-UDT et siège à la Commission des affaires culturelles, familiales et sociales de l’Assemblée nationale. Paul Tondut ne prend la parole qu’à deux reprises en séances publiques au Palais-Bourbon en 1966-1967. Il effectue une mise au point au sujet d’un vote le 22 avril 1966 et pose une question orale avec débat au ministre de l’Agriculture Edgar Faure le 22 juin 1966. Elu d’une région viticole, il attire l’attention du Gouvernement sur le non-respect du décret du 28 janvier 1966, qui visait à retirer « du marché des quantités excédentaires dépassant les besoins de la consommation en vin d’une année ». Il attribue cet état de fait au « manque de confiance de la viticulture dans son statut et dans sa destinée ». Pour rassurer la profession et l’inciter à respecter les dispositions du décret, Paul Tondut suggère au Gouvernement de garantir officiellement le niveau du prix d’intervention, pour rétablir la confiance.
Paul Tondut reçoit l’investiture de l’UD-Vème République pour solliciter sous son nom le renouvellement de son mandat de député en mars 1967. Dans cette 1ère circonscription du Gard, l’opposition au régime gaulliste est surtout incarnée par les communistes dans les premières années de la Vème République. Mais un élément nouveau vient rompre le face-à-face entre gaullistes et communistes lors des législatives de mars 1967. Maître des requêtes au Conseil d’Etat et ami intime de François Mitterrand, Georges Dayan porte en effet les couleurs de la Fédération de la gauche démocrate et socialiste (FGDS) dans la 1ère circonscription du Gard. Paul Tondut y rassemble 31,9% des voix le 5 mars 1967, contre 26% pour le communiste Robert Jonis et 19,3% pour Georges Dayan. A l’issue de négociations entre le PCF et la FGDS au niveau national, les communistes se désistent en faveur de la gauche modérée dans un certain nombre de circonscriptions où ils sont pourtant arrivés en tête. C’est notamment le cas dans la 1ère circonscription de l’Yonne, où la FGDS est représentée par l’ancien préfet Louis Périllier, ou dans la 1ère circonscription du Gard. Georges Dayan semble en effet susceptible d’obtenir des voix centristes ou modérées au second tour mieux qu’un communiste ne pourrait le faire. Ce calcul se trouve confirmé le 12 mars 1967, lorsque l’ami de François Mitterrand défait Paul Tondut avec une majorité de 57,4%.
L’ancien suppléant de Pierre Gamel n’abandonne pas pour autant la vie politique. Après que le général de Gaulle a dissout l’Assemblée nationale afin de redonner la parole au peuple ont lieu de nouvelles élections législatives. Paul Tondut affronte le sortant Georges Dayan et le communiste Robert Jonis dans la 1ère circonscription du Gard. Son argumentaire ne se distingue pas de celui de nombreux autres candidats gaullistes ou républicains indépendants en juin 1968. Il dénonce la « vague de violence » qui s’est abattue sur la France et fustige les « hommes politiques de l’opposition » qui ont pu donner le sentiment de « préparer un coup d’Etat ». Ce discours prend sans doute une dimension particulière face à un adversaire comme Georges Dayan, qui est considéré comme le bras droit de François Mitterrand. 46,7% des suffrages se portent sur Paul Tondut dès le 1er tour de scrutin. 35 voix à peine séparent le communiste Robert Jonis (24,04%) de Georges Dayan (23,97%). Le candidat du PCF, quoique mieux placé, se retire à nouveau en faveur du candidat de la FGDS. 50,97% des électeurs permettent toutefois à Paul Tondut de prendre sa revanche sur Georges Dayan le 30 juin 1968.
L’ancien adjoint au maire de Nîmes retrouve donc l’Assemblée nationale un peu plus d’un an après l’avoir quittée. Il s’y inscrit au groupe d’Union des démocrates pour la République (UDR) et y renoue avec la Commission des affaires culturelles, familiales et sociales. Il ne fait entendre sa voix dans l’hémicycle que lors de la séance publique du 1er décembre 1971, pour demander une mise au point au sujet d’un vote. Il ne dépose pas non plus de proposition de loi et montre apparemment peu de goût pour le travail législatif. Ses votes sont conformes aux positions défendues par le groupe gaulliste sous la 4ème législature : il approuve la loi d’orientation sur l’enseignement supérieur (10 octobre 1968), comme la loi dite « anti-casseurs » (4 juin 1970), la réforme du service national (10 juin 1970) ou la création des régions (27 avril 1972). Il soutient le gouvernement de Jacques Chaban-Delmas à l’occasion des déclarations de politique générale des 15 octobre 1970 et 24 mai 1972,
En mars 1973, c’est un nouveau candidat qui incarne le gaullisme dans la 1ère circonscription du Gard en la personne de Jean-Claude Servan-Schreiber. Gaulliste « de choc » et directeur général de la régie française de publicité, ce dernier, cousin du patron de presse et homme politique Jean-Jacques Servan-Schreiber, avait défié François Mitterrand dans sa circonscription de la Nièvre en juin 1968. Il est « épaulé » par Paul Tondut qui, toujours conseiller général, lui apporte son ancrage local. Le 4 mars 1973, c’est pourtant le maire communiste de Nîmes, Emile Jourdan, qui emporte le plus de suffrages (33,2%), devançant Jean-Claude Servan-Screiber (32,2%) et le socialiste Georges Dayan, devenu maire de Caveirac (21,4%). Une semaine plus tard, Emile Jourdan emporte une victoire étriquée (50,2%) sur le tandem Servan-Schreiber-Tondut.
La carrière politique de Paul Tondut semble s’achever avec son mandat de conseiller général, en 1976. Il meurt six ans plus tard. L’ancien adjoint au maire de Nîmes était chevalier de la Légion d’honneur et de l’ordre national du Mérite.