Georges, Jean-Baptiste, Marie Berry
1855 - 1915
Né le 8 mars 1855 à Bellac (Haute-Vienne), mort le 13 avril 1915 à Paris.
Député de la Seine de 1893 à 1915.
Arrière petit-fils d'un avocat au Parlement, Georges Berry fait ses études secondaires au collège de Poitiers puis au lycée Louis-le-Grand à Paris d'où il sort lauréat du concours général. Il mène ensuite de front des études de lettres et de droit. Licencié ès lettres en 1874, il soutient sa thèse de doctorat en droit sur « La délégation des droits successifs des enfants naturels » en 1876. Il s'inscrit alors au Barreau de Paris. Il est chargé en 1881, par le Gouvernement, de mener un enquête sur l'organisation des œuvres d'assistance en Angleterre, en Belgique, aux Pays-Bas et en Allemagne. Poursuivant en France son étude sur le paupérisme, il ne craignit pas de se mêler pendant une certaine période au monde des mendiants et de vivre en leur compagnie. La même année il publie un ouvrage sur Le divorce et il se présente aux élections municipales à Montmartre: il est battu. C'est dans le quartier de la Chaussée d'Antin qu'il sera élu en 1884 et réélu après l'annulation de sa première élection.
Il siégera au Conseil municipal jusqu'en 1894 dans la minorité conservatrice. Président de plusieurs sociétés de bienfaisance, il manifeste ses préoccupations sociales dans un certain nombre d'ouvrages : La peine de mort (1881), La grève (1882), Les corporations et les associations ouvrières (1883), L'anarchie et l'athéisme dans la question sociale (1887), L'école sans Dieu (1889), L'ouvrier sans Dieu (1890), Les mendiants (1891), Les petits martyrs : mendiants et prostituées (1892), L'assistance par le travail en Allemagne (1893). Dans le même temps il demande à l'Hôtel de Ville la suppression des bureaux de placement payants, la suppression de la mendicité, la réintégration des religieuses dans les hôpitaux. Il se préoccupe également de la protection des enfants abandonnés.
Après un échec aux élections générales législatives de 1885, il se présente à celles des 20 août et 3 septembre 1893 dans le 9e arrondissement de Paris, première circonscription. Il est élu au deuxième tour de scrutin. D'opinions monarchistes, il se présentait comme « républicain rallié ». Au Palais Bourbon il préside le groupe des députés de la Seine. Membre de la Commission du travail et de diverses Commissions spéciales, il préside celle qui étudie les moyens de supprimer la mendicité. Il dépose plusieurs propositions de loi tendant à transformer les délits de mendicité et de vagabondage en simples contraventions pour lesquelles le juge de paix pourrait prononcer l'envoi dans des colonies de travail. Il demande des subventions pour les institutions privées d'assistance (1895). Il intervient à propos du travail des enfants et des femmes (1896), des œuvres d'assistance par le travail (1896), des sociétés de secours mutuel (1897). Il intervient également en faveur des anciens militaires et de divers petits fonctionnaires (1897-1898). Il se préoccupe aussi et surtout des bureaux de placement (1897). Avocat, il demande la suppression des tribunaux inutiles (1894) et une réforme judiciaire (1895) et il intervient à propos du régime des successions et donations (1894), de la détention préventive (1897), et de la détention préalable (1897). Défenseur du petit commerce, il participe activement, de 1894 à 1898, à de nombreuses discussions relatives à la patente des grands magasins. Au conseil municipal, il avait été un des promoteurs de l'achèvement du Boulevard Haussman ; à la Chambre, il s'intéresse à l'assainissement de Paris et de la Seine (1894), à la reconstruction de l'Opéra-Comique (1894) et à la réglementation des Halles centrales (1896).
En 1897, il publie un nouvel ouvrage sur La mendicité professionnelle.
Aux élections générales de 1898, il est réélu au premier tour de scrutin, le 8 mai. Toujours membre de la Commission du travail, il devient membre des Commissions du règlement, de la réforme judiciaire, du commerce et de l'industrie. « Antidreyfusard », il demande au mois d'octobre la convocation anticipée des Chambres, afin qu'elles s'opposent à la révision du procès. Il demande à interpeller le Gouvernement sur la démission du Ministre de la Guerre Cavaignac (1898) puis sur celle de Fraycinet (1899). La violence de ses propos contre la « majorité servile » du Gouvernement lui vaut l'application de la censure en 1900. Au cours de cette législature il intervient à propos du régime des boissons (1898-1900-1901), du repos hebdomadaire (1902), de l'Exposition universelle (1899-1900) et de multiples questions juridiques, sociales et fiscales. En 1902, il interpelle le Gouvernement sur les camps de « reconcentration » formés par l'Angleterre en Afrique du Sud. Il avait publié en 1900 un ouvrage intitulé « Français et Boers ».
Georges Berry est constamment réélu au premier tour de scrutin aux élections générales des 27 avril 1902, 6 mai 1906 et 24 avril 1910.
Lors de l'affaire des fiches, il attaque violemment le Ministre de la Guerre, le Général André. D'opinions libérales, il s'oppose tant aux nationalistes qu'à la politique de Combes. En 1905 il prend part en ce sens à la discussion de la loi de séparation des Eglises et de l'Etat. Devenu progressiste et siégeant comme non-inscrit, il obtient une dernière fois le renouvellement de son mandat aux élections législatives du 26 avril 1914. Il meurt un an plus tard à Paris.
Il avait été longtemps maire de Mortemart (Haute-Vienne), où il possédait des propriétés.
Il avait publié dans sa jeunesse deux recueils de poésies : Les inondés (1875) et Les Lyonnais (1877).
Le Président Paul Deschanel prononça son éloge funèbre à la séance du 29 avril 1915. Evoquant le tempérament fougeux du disparu, il déclara que celui-ci « ne détestait pas les coups : mais s'il frappait quelquefois un peu fort, il ne blessait pas, parce que l'on sentait sous la rudesse, la bonhomie ».