Henri Ulrich
1912 - 1978
ULRICH (Henri, Eugène)
Né le 7 décembre 1912 à Mulhouse (District de Haute-Alsace, Empire allemand)
Décédé le 17 décembre 1978 à Riedisheim (Haut-Rhin)
Député du Haut-Rhin de 1956 à 1958
Fils d’Eugène Ulrich, magasinier, et de Marie Weibel, orphelin très jeune, Henri Ulrich fait ses études au collège des Frères de Matzenheim (Bas-Rhin). Employé de bureau aux établissements Aichinger à Mulhouse à partir de 1930, il s'engage dans l'armée en 1934. Il sert dans l'artillerie coloniale en Indochine et fait la Campagne de Syrie en 1939-1940. Pendant l'occupation allemande, à partir de 1942, il est interné politique à Dijon et Mulhouse, puis au camp de Schirmeck (Bas-Rhin). Il est, par la suite, déporté en Allemagne. Il a épousé Andrée Joséphine Michel, le 7 juillet 1944 à Mulhouse. Ils auront six enfants.
De 1945 à 1956, puis de 1962 à 1972, il est employé aux mines de potasse d'Alsace où il termine sa carrière comme chef du bureau des relations sociales. Militant de la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC), il est secrétaire général de la CFTC des mineurs de potasse de 1946 à 1956. Il est président du conseil d'administration de l'Union régionale de la Sécurité sociale minière de l'Est, de 1951 à 1959. En 1946, il devient administrateur de la société des Mines de potasse d'Alsace, en tant que représentant du personnel. En 1964, il reste à la CFTC, dont il devient vice-président du comité national, lors de la scission et de la création de la CFDT. Il est également président de la coopérative HLM du Haut-Rhin.
Membre du Mouvement républicain populaire (MRP) dès 1945, Henri Ulrich est conseiller municipal de Riedisheim de 1953 à 1965. Conseiller général de Habsheim de 1958 à 1978, il est rapporteur de la commission de l'administration générale et préside la commission départementale de 1968 à 1975. Il est représentant du Conseil général du Haut-Rhin au Conseil régional d'Alsace, de décembre 1973 à mars 1976.
Le 2 janvier 1956, Henri Ulrich est élu député à l’Assemblée nationale sur une liste MRP du Haut-Rhin, apparentée à la liste du Centre National des Indépendants (CNI) et du Centre National des Républicains Sociaux, qui obtient 40,7 % des suffrages exprimés et cinq mandats. Il est membre de la commission de la production industrielle et de l'énergie (1956-1957), de la commission du travail et de la sécurité sociale (1956-1958) et de la commission de la famille, de la population et de la santé publique (1957-1958). Il dépose treize propositions de loi, deux propositions de résolution et un rapport, durant les deux années de son mandat. Ses initiatives parlementaires ont trait à la nationalisation des usines de potasse (10 février 1956), à l'accès aux emplois de la fonction publique pour les candidats ayant des infirmités purement physiques (17 février 1956), à la sécurité sociale dans les mines (10 février, 9 et 16 mars 1956), au droit de réparation en matière d'accidents du travail et de maladies professionnelles (7 mars 1956), aux conventions collectives du travail et accords de salaires (21 mars 1956), à la répression des vacances abusives d'immeubles (5 mai 1956), à la participation de toutes les organisations syndicales représentatives à la conciliation des conflits intéressant la profession (6 juillet 1956), à l'amélioration de la situation d'anciens combattants et victimes de guerre (17 mai 1957), à la fixation d'une nouvelle base de calcul des prestations familiales (17 janvier 1958). Au cours de neuf interventions en séance publique, il défend un article additionnel et sept amendements, notamment sur le calcul des prestations familiales (6 mars 1956), sur la création d'un fonds national de solidarité (3 mai 1956), sur le reclassement des diminués physiques (31 octobre 1956). Lors de la discussion de cette dernière proposition de loi, il est rapporteur pour avis. Il présente également une observation, dans la discussion des interpellations sur la politique générale du gouvernement en Algérie, le 17 octobre 1956. Il évoque l’encadrement des troupes, l’égalité devant le service militaire, le cantonnement et la nourriture des soldats, l’approvisionnement des hôpitaux en médicaments, l’acheminement du courrier, l’attitude de certains colons ou encore, la nécessité d’établir un climat d’austérité dans le pays. Il pose trois questions orales, en particulier sur la situation des militaires stationnés en Afrique du Nord (8 juin et 17 octobre 1956, 28 février 1958).
Elu député de la circonscription de Mulhouse-campagne, le 30 novembre 1958, son élection est invalidée le 6 janvier 1959. Il est réélu au premier tour de scrutin, le 22 février 1959. Le 4 octobre 1960, il est élu secrétaire de l'Assemblée nationale. Il est battu au premier tour des élections législatives de 1962 par un candidat de l’Union pour une nouvelle République (UNR), le gaulliste Charles Kroepflé. Il quitte son parti, le Centre des démocrates sociaux (CDS), en janvier 1977, pour créer le cercle haut-rhinois d' « Initiatives alsaciennes », mouvement fondé par Adrien Zeller. Il est titulaire de l'Ordre national du mérite. Henri Ulrich disparaît le 17 décembre 1978 à Riedisheim
ULRICH (Henri, Eugène)
Né le 7 décembre 1912 à Mulhouse (District de Haute-Alsace, Empire allemand)
Décédé le 17 décembre 1978 à Riedisheim (Haut-Rhin)
Député du Haut-Rhin de 1956 à 1962
(Voir la première partie de la biographie dans le Dictionnaire des parlementaires français (1940-1958), tome 6, p.)
Le 28 septembre 1958, 78,6% des inscrits sur les listes électorales du Haut-Rhin ont approuvé les institutions de la Vème République. Pierre Pflimlin, élu du Bas-Rhin, a participé à la rédaction de la Constitution au nom du MRP et les démocrates chrétiens se réclament de la majorité au moment des élections législatives de novembre 1958. Henri Ulrich, député sortant du Haut-Rhin, souhaite comme beaucoup d’élus MRP que la nouvelle loi fondamentale garantisse la stabilité gouvernementale et plaide pour une lecture parlementariste de ce texte. Il décide de se présenter aux élections législatives de novembre 1958 dans la 5ème circonscription du Haut-Rhin, qui comprend notamment le canton d’Habsheim. Henri Ulrich représente ce territoire au Conseil général depuis avril 1958. Le député sortant reçoit l’investiture du MRP et a pour principal adversaire le maire de Saint-Louis, Charles Kroepflé, soutenu par l’UNR. Henri Ulrich rappelle dans sa profession de foi électorale qu’il a déployé une importante activité au Palais-Bourbon sous la dernière législature de la IVème République, qu’il s’agisse d’y défendre les intérêts de ses commettants ou d’y participer au travail législatif. Il dédouane les démocrates chrétiens de toute responsabilité dans la « valse des gouvernements » qui a marqué une partie de la IVème République. Il note en effet que « le MRP n’a renversé aucun gouvernement sauf Mendès France », là où « les Indépendants (huit gouvernements renversés), l’ex-RPF (neuf gouvernements renversés) » sont en partie à l’origine de l’instabilité du régime défunt. Très hostile aux « ultras de l’extrême droite », il voit dans la « libre association avec la métropole » et la reconnaissance de la « personnalité algérienne » les seules solutions au conflit ouvert depuis novembre 1954. Il insiste également sur la nécessité de continuer et d’approfondir « l’œuvre d’unification européenne à laquelle s’attache le nom de Robert Schuman ». Le candidat du MRP rejette à la fois « l’étatisme marxiste » et le « conservatisme indépendant ». Il s’engage en faveur d’une politique sociale ambitieuse et généreuse, qui revalorise les prestations familiales comme les pensions de retraite et améliore le pouvoir d’achat des agriculteurs et des ouvriers. Le soutien des cantons d’Habsheim (40,8%) et de Wittenheim (36,8%) permet à Henri Ulrich d’arriver en tête le 23 novembre 1958, avec 33,3% des suffrages exprimés. Une semaine plus tard, il est réélu député du Haut-Rhin grâce à une majorité relative (42,1%) dans le cadre d’une triangulaire.
Seuls 250 suffrages le séparent du candidat de l’UNR, qui dépose un recours en annulation devant la Commission constitutionnelle provisoire. Cette institution est alors composée du vice-président du Conseil d’Etat et des Premiers présidents de la Cour des comptes et de la Cour de la cassation ; elle annonce le Conseil constitutionnel et est chargée du contentieux électoral. Dans la 5ème circonscription du Haut-Rhin, un des membres du Comité électoral du candidat indépendant André Moser, qui s’est retiré à l’issue du premier tour, a appelé à voter Henri Ulrich sans avoir qualité pour le faire le 29 novembre 1958, soit le samedi précédant le scrutin décisif, alors que la campagne électorale était close. L’élection d’Henri Ulrich est annulée pour ce motif le 5 janvier 1959. L’élection partielle du 22 février 1959 amplifie les résultats de novembre et permet à Henri Ulrich de retrouver son siège au Parlement.
Il s’inscrit au groupe des Républicains populaires et du Centre démocratique et appartient d’abord à la Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République. En octobre 1959, cet élu formé à l’action collective par le syndicalisme chrétien rejoint la Commission des affaires culturelles, familiales et sociales. Il est élu secrétaire de l’Assemblée nationale le 4 octobre 1960. Il dépose deux propositions de lois avant l’invalidation de sa première élection : l’une d’elles prévoit d’accorder le bénéfice de la législation sur les accidents du travail aux salariés ou aux travailleurs indépendants qui sont chargés par leurs pairs de les représenter, notamment dans les organismes de gestion de la sécurité sociale (29 décembre 1959). Ce texte devait être adopté par l’Assemblée nationale plusieurs mois plus tard, en juillet 1961.
Le député du Haut-Rhin se préoccupe surtout de questions sociales et de la politique de l’emploi conduite par le gouvernement Debré sous la première législature de la Vème République. Il fait ainsi partie de la Commission spéciale chargée d’examiner le projet de loi relatif à la promotion sociale à partir de mai 1959. Le 5 juin 1959, Henri Ulrich pose une question orale au ministre des finances et des affaires économiques au sujet du régime de la sécurité sociale des mines. L’ancien employé des mines de potasse d’Alsace remarque en effet que le Trésor public tarde à verser une avance aux caisses de secours minières, ce qui place ces dernières dans une situation très inconfortable. C’est en tant qu’élu alsacien qu’Henri Ulrich s’exprime devant ses collègues deux ans plus tard, le 21 juillet 1961. Il demande que les Alsaciens et Mosellans spoliés pour raison raciale, religieuse ou politique pendant la seconde guerre mondiale puissent déposer des dossier de demandes de réparations jusqu’au 1er mai 1964, ainsi qu’un amendement adopté par le Sénat le prévoit. La Commission des finances de l’Assemblée nationale envisage en revanche de fixer comme délai la date du 1er mai 1961 et est suivie sur ce point par une majorité de députés. Dans la même intervention, Henri Ulrich attire en outre l’attention du gouvernement sur ceux des Alsaciens et Mosellans incorporés de force dans l’armée allemande qui sont encore prisonniers en Union soviétique au début des années 1960. Il en appelle au plus élémentaire sentiment d’humanité en soulignant que « toutes les démarches entreprises dans le but d’obtenir leur libération sont restées vaines » et que « pourtant des milliers d’épouses et de mamans espèrent toujours leur retour ». Il est désigné comme rapporteur pour la Commission des affaires culturelles, familiales et sociales d’une proposition de loi tendant à permettre le recours de la victime d’un accident de trajet contre le tiers responsable quel qu’il soit à l’automne 1961. Il s’étonne à cette occasion qu’il ait été impossible jusque-là d’exercer une action en réparation pour peu que l’auteur de l’accident fût l’employeur ou un salarié de la même entreprise (rapport du 30 novembre 1961).
Les positions d’Henri Ulrich entre 1959 et 1962 sont globalement conformes à celles d’un MRP qui passe de la majorité à l’opposition sous la première législature. S’il juge le projet de règlement définitif de l’Assemblée nationale trop restrictif et s’y oppose (3 juin 1959), le député du Haut-Rhin approuve en revanche la déclaration de politique générale du Premier ministre (15 octobre 1959) et la loi Debré sur le financement de l’enseignement privé (23 décembre 1959). Il accorde les pouvoirs spéciaux au gouvernement pour ramener l’ordre en Algérie après la Semaine des barricades (2 février 1960) mais s’abstient volontairement lors du scrutin sur le programme du Premier ministre Georges Pompidou (27 avril 1962). A cette date, le gouvernement compte pourtant cinq ministres MRP, dont le maire de Strasbourg Pierre Pflimlin. Henri Dorey, président du groupe auquel appartient Henri Ulrich, émet un vote positif le 27 avril 1962. Les réserves de l’élu alsacien à l’égard du pouvoir gaulliste sont donc plus précoces que celles de la majorité des démocrates chrétiens. Il ne prend pas part au vote sur la levée de l’immunité parlementaire de Georges Bidault, ancien président du MRP (5 juillet 1962) et soutient la motion de censure qui renverse le gouvernement Pompidou le 4 octobre 1962.
Henri Ulrich fait campagne pour le « non » au référendum du 28 octobre 1962 mais n’est pas suivi par des Haut-Rhinois qui approuvent massivement (86,9%) l’élection du président de la République au suffrage universel direct. Candidat au renouvellement de son mandat en novembre 1962, il est logiquement défait par son adversaire de 1958, le maire gaulliste de Saint-Louis, Charles Kroepflé, élu dès le premier tour avec le soutien de 52,2% des électeurs.
L’ancien parlementaire n’abandonne pas pour autant la vie publique. Il reste conseiller municipal de Riedisheim jusqu’en 1965 et est régulièrement réélu conseiller général jusqu’à sa mort. Le canton d’Habsheim, qu’il représente à l’Assemblée départementale, connaît du reste une très forte expansion démographique dans les années 1960. Fidèle au projet d’un syndicalisme confessionnel, Henri Ulrich désapprouve la scission de la CFTC et prend la vice-présidence du comité national de cette centrale syndicale en 1964. En mars 1967, il se présente aux élections législatives sous les couleurs du Centre démocrate. Avec 16866 voix, il réalise un résultat sensiblement identique à celui de novembre 1962 au premier tour de scrutin : 33,3% contre 32,6% quatre ans et demi plus tôt. Il affronte au second tour le nouveau candidat UNR Raymond Scholer mais échoue à rassembler les voix des opposants au gaullisme. Une majorité d’électeurs communistes choisit l’abstention –en hausse de 6,3%- plutôt que le vote centriste, qui ne représente que 39,8% des suffrages exprimés le 12 mars 1967.
L’année 1967 permet cependant à Henri Ulrich de prendre la présidence de la Commission départementale du Conseil général du Haut-Rhin. Il se distingue par son intérêt pour les questions environnementales dès la fin des années 1960. En juin 1968, l’ancien député renonce à se présenter dans la 5ème circonscription de son département. C’est le maire de Wittenheim Emile Adelbrecht qui y est investi par le Centre démocrate. Henri Ulrich ne se présente pas non plus aux législatives de 1973 ou de 1978. Il demeure toutefois une des personnalités marquantes du centrisme alsacien dans les années 1970. En 1977, il quitte le Centre des démocrates sociaux (CDS) et crée le mouvement « Initiatives alsaciennes » avec le Bas-Rhinois Adrien Zeller. Henri Ulrich rêve en effet depuis longtemps d’un « Parti populaire alsacien » qui rassemblerait les modérés favorables à une plus large décentralisation.
Il meurt à l’âge de 66 ans, au terme d’une longue maladie. Il était chevalier dans l’Ordre national du mérite.