Henri Ulver
1901 - 1962
ULWER (Henri ULWER, dit)
Né le 24 mars 1901 à Paris
Décédé le 31 décembre 1962 à Paris
Député de la Seine de 1951 à 1955
Secrétaire d’Etat au budget du 2 juillet 1953 au 19 juin 1954 et du 19 juin 1954 au 3 septembre 1954
Ministre de l’industrie et du commerce du 3 septembre 1954 au 23 février 1955.
Fils d’Albert Ulver, employé aux Pompes funèbres, et d’Eve Lewy, Henri Ulver, licencié en droit, est, de 1921 à 1939, commissionnaire en marchandises à la Bourse de commerce de Paris. Dans l’entre-deux-guerres, il est politiquement de tendance radicale-socialiste, sans être membre du parti.
Lors de la déclaration de guerre en 1939, il est exempté, parce qu’un accident de jeunesse l’a rendu boiteux. Il continue donc son commerce mais, au moment de l’avance allemande, en juin 1940, il quitte Paris et part vers le Midi ; il parvient à rejoindre Dax. Il rejoint la capitale le 17 juillet 1940. Comme il est juif, il doit abandonner ses activités commerciales, dès septembre 1940. L’administrateur « aryen » mis à la tête de des dernières lui laisse néanmoins la disposition de son bureau de la rue Volney, ce qui lui est utile pour ses activités de résistance. Dès septembre 1940, par l’intermédiaire d’un de ses employés, il entre en rapport avec Steghens-Gauthier, propriétaire de la bijouterie « Le Nègre » à la porte Saint-Denis, qui lui demande de bien vouloir recueillir des renseignements pour les transmettre en Angleterre. Henri Ulver centralise surtout des renseignements d’ordre économique et politique que lui communique un groupe d’amis. En même temps, il s’occupe de faire évader des prisonniers français détenus dans des camps en France ou en Allemagne, en leur faisant parvenir argent, costumes, papiers. Cette activité se prolonge jusqu’à l’arrestation de Steghens-Gauthier à la fin de 1941. Pendant quelque temps, Henri Ulver ne sait pas à qui transmettre les renseignements qu’il recueille. Les agents qu’Henri Ulver a recrutés restent donc quelques mois inactifs, jusqu’au moment où son cousin germain, Paul Guivante, dit « Saint-Gast », arrive en France en avril 1942, après s’être évadé d’Allemagne. Saint-Gast prend la direction du réseau Marco Polo, important en zone sud, fondé par un ancien commandant de sous-marin, Sonneville. Il demande à Henri Ulver d’être en zone nord le chef du réseau. Henri Ulver accepte et son bureau de la rue Volney devient le siège de la « centrale » zone nord du réseau. Le noyau du groupe est formé par des éléments fournis par Saint-Gast et aussi par les anciens éléments du premier groupe dont s’était occupé Henri Ulver, inactifs depuis l’arrestation de Steghens. La centrale prend de l’extension, Henri Ulver récolte de nombreux renseignements militaires, grâce à des contacts politiques et policiers.
Cette activité dure jusqu’à l’arrestation de Saint-Gast en juillet 1943. Henri Ulver se trouve isolé, sans liaison : il continue à recevoir des renseignements de 300 agents qui constituent alors son réseau, mais il ne sait comment les faire parvenir à Londres. Il a, en outre, la responsabilité d’une centrale et de lourdes charges financières. Pendant quelque temps, en attendant de trouver des contacts, il entretient le réseau à ses frais. Il engage jusqu’à 800 000 francs. Il refuse de travailler avec celui qui a succédé à Saint-Gast en zone sud à la tête de Marco Polo, Octave Pelliet, directeur de l’hospice des sourds-muets de Lyon, qui ne lui inspire aucune confiance. Ulver décide donc de fonctionner en réseau autonome et recherche d’autres liaisons avec Londres. Le réseau reconstitué est reconnu par Londres à l’automne 1943 sous le nom de « Béarn ». Ulver avait proposé au BCRA, pour ce nouveau réseau, le nom de « Robespierre », mais ce nom est refusé au profit du premier choix précité. Henri Ulver est le chef de ce réseau de renseignements, qui les communique à Londres par l’intermédiaire de la centrale Praxitèle et qui, à la Libération, compte 800 membres, dont la majorité avait été recrutée en 1944. Outre la centrale de la rue Volney, le réseau comprend cinq directions régionales (Nord, Havre-Normandie, Ile-de-France, Sud-Ouest, Est).
Arrêté le 23 mai 1944 par les Allemands, Henri Ulver parvient à se faire relâcher et reste caché pendant six semaines. Dans la période de la Libération, il est directeur de la section ibérique de la direction générale des études et recherches (DGER).
Nommé, le 21 février 1946, maire-adjoint du VIIème arrondissement de Paris, Henri Ulver rejoint le Rassemblement du peuple français (RPF) dès avril 1947. Il est secrétaire général du comité d’initiative de la Seine. Élu, en 1947, conseiller municipal de Paris et conseiller général de la Seine, dans le deuxième secteur (XIIIe, XIVe arrondissements), il devient vice-président du groupe gaulliste à l’Hôtel de Ville et occupe pendant six ans les importantes fonctions de rapporteur général du budget de la Ville de Paris. Membre du Comité directeur de la Seine (1948), il est conseiller national du mouvement gaulliste (1948, 1949-1950, 1950-1951, 1952, 1953).
Aux élections législatives du 17 juin 1951, il est élu député de la Seine dans le premier secteur (Ve, VIe, VIIe, XIIIe, XIVe et XVe arrondissements de Paris), en troisième position sur la liste conduite par Pierre de Gaulle qui obtient 28 % des suffrages exprimés. Il est nommé membre de la commission des finances, le 17 juillet 1951 et y siège durant toute la législature. Le 29 août 1951, il est désigné par cette commission pour représenter l’Assemblée nationale au sein de la commission centrale de contrôle des opérations immobilières poursuivies par les services publics ou d’intérêt public. Au cours de son unique mandat de député, Henri Ulver dépose quatre propositions de loi et quatre rapports. Comme député, il intervient en séance à neuf reprises et défend six amendements. Par quatre fois, il est le rapporteur de la commission des finances pour le budget de la radiodiffusion et de la télévision. Ses activités parlementaires renvoient également à ses fonctions à l’Hôtel de Ville : le 20 novembre 1951, il dépose une proposition de loi tendant à la réforme du régime administratif de Paris et du département de la Seine ; le 4 janvier 1952, il intervient au sujet des finances de la ville de Paris. Ses votes reflètent l’engagement des gaullistes : le 13 décembre 1951, il s’oppose à la question de confiance posée pour l’adoption de l’ensemble du projet relatif au pool charbon-acier ; le 6 mars 1952, il s’abstient volontairement lors du vote de l’investiture d’Antoine Pinay.
Réélu à l’Hôtel de Ville aux élections municipales de 1953, il conserve pour quelques mois les fonctions de rapporteur général du budget, puis entre au gouvernement. Dans ses souvenirs, Le Temps des Punaises, son collègue et ami Alex Moscovitch explique que les proches collègues de Julien Tardieu, autre élu parisien, lui ont fait obtenir un ministère en échange du rapport général du budget de la Ville. Secrétaire d’Etat au budget dans le gouvernement Laniel (2 juillet 1953-19 juin 1954) puis, du 19 juin au 3 septembre 1954, dans le gouvernement Mendès France (19 juin 1954-23 février 1955) - dont il avait fait évader les parents pendant la guerre -, il succède le 3 septembre 1954 à Maurice Bourgès-Maunoury comme ministre de l’industrie et du commerce. Comme secrétaire d’Etat au Budget, il défend le contrôle fiscal et notamment la « polyvalence » contre les poujadistes et fait voter l’institution de la Taxe sur la valeur ajoutée. Dans ses fonctions ministérielles, dans le cabinet Laniel, il dépose onze lettres rectificatives à plusieurs projets de loi. Comme secrétaire d’Etat au budget, sous Laniel et Mendès France, il intervient en séance à quarante-trois reprises ; comme ministre de l’industrie et du commerce, dans la deuxième partie du ministère Mendès France, il ne prend la parole qu’à deux reprises. Dans ce dernier ministère, il prépare le lancement de la reconversion.
Ses fonctions ministérielles cessent avec la chute du gouvernement de Pierre Mendès France. Le 23 février 1955, il accorde sa confiance à Edgar Faure. Pendant la « traversée du désert », il occupe différentes fonctions au sein du Centre national des républicains sociaux : correspondant « départemental » pour le premier secteur de la Seine, membre du comité directeur, élu par le premier congrès national le 20 novembre 1955 et réélu au congrès de Bordeaux le 10 février 1957, membre de la commission permanente des républicains sociaux, élue par le comité directeur le 6 mars 1957, membre de la commission des affaires économiques, financières et sociales du Centre national des républicains sociaux (novembre 1957 - avril 1958), responsable de la commission « Finances et fiscalité » du Centre national des républicains sociaux.
Henri Ulver, qui n’a pas pris part au vote sur la confiance le 29 novembre 1955, est candidat aux législatives du 2 janvier 1956, en tête de la liste des républicains sociaux, dans le premier secteur de la Seine. Sa liste n’obtenant que 3 % des suffrages exprimés, il ne retrouve pas son siège de député. Toutes les investitures lui sont refusées par la suite : Alex Moscovitch explique cette marginalisation d’Henri Ulver par son refus d’interventions alors qu’il était ministre. Après avoir perdu son mandat parlementaire, Henri Ulver est administrateur de la compagnie générale du commerce et de l’exportation, courtier assermenté, administrateur de la société elbeuvienne de bonneterie, de la société sarroise de TV (télévision) et de la compagnie internationale pour le traitement des textiles.
Henri Ulver était l’un des quelques dignitaires de la franc-maçonnerie au sein du RPF, au sein des loges La Montagne, La Fidélité, L’Humanité. Il avait reçu de nombreuses décorations : la rosette de la Légion d’honneur, la croix de guerre 1939-1945 avec trois citations, la rosette de la Résistance, les insignes de commandeur du mérite commercial et du mérite artisanal, la King Military Cross. Il disparaît le 31 décembre 1962.