Marie-Claude Vaillant-Couturier Née Vogel
1912 - 1996
• Musée de la Résistance nationale
Une partie des archives de Marie-Claude Vaillant-Couturier est conservée au Musée de la Résistance nationale, sous la cote NE 1086. Le fonds couvre la période 1945-1973 et comprend 1,2 ml de documents d’archives. Il témoigne des activités politiques de Marie-Claude Vaillant-Couturier, ancienne déportée d’Auschwitz et de Ravensbrück, devenue députée de 1945 à 1973. Certains documents sont soumis à des délais de communicabilité.
• Fédération nationale des déportés, résistants et patriotes (FNDIRP) et Fédération pour la mémoire de la déportation (FMD)
En tant que présidente de la Fondation pour la défense de la mémoire de la déportation et vice-présidente puis présidente de la Fédération nationale des Déportés et Internés, Résistants et Patriotes, Marie-Claude Vaillant-Couturier a laissé de nombreuses traces dans les archives des deux fédérations. Les documents, pour partie signés de sa main, n’ont toutefois pas encore fait l’objet d’un classement et ne sont donc pas encore accessibles au public.
• Archives départementales de Seine Saint-Denis
Les Archives départementales de Seine Saint-Denis conservent également des témoignages de l’engagement politique de Marie-Claude Vaillant-Couturier. Ainsi, on trouve sous la cote 261 J les nombreux comptes rendus de réunions du Comité central du Parti communiste français, auxquelles participaient la députée communiste. Il s’agit d’archives librement communicables.
• Archives nationales
Par ailleurs, les Archives nationales conservent quelques traces de l’activité de Marie-Claude Vaillant-Couturier.
On trouve ainsi, sous la cote 91AJ/40 du fonds complémentaire Pierre Sudreau, de la correspondance, un programme de la cérémonie organisée à la Maison de la Chimie à laquelle a assisté Marie-Claude Vaillant-Couturier, un discours de Pierre Sudreau prononcé en son honneur, ainsi qu’une collection d’hommages parus dans L'Humanité, Le Figaro, La Lettre de la Fondation de la Résistance, Le Serment de Buchenwald et Le Patriote résistant (septembre 1995-février 1997).
Les Archives nationales conservent également, sous la cote Z/4/147/A, dossier 543, scellé 92, un projet d’affiche clandestine intitulé : "Martha Desrumeaux, Danielle Casanova, M. Claude Vaillant-Couturier (sic) [...] Elles sont des centaines de femmes au grand cœur menacées par la hache de Hitler". Cette affichette, signée par les « comités féminins », provient d’un scellé constitué par la 1ère brigade spéciale et fait partie d’autres projets d'affichettes saisis au 30 rue de Cîteaux, en 1942.
De plus, les articles 1 à 758 de la sous-série BB/35, attribuée aux archives du Ministère de la Justice, contiennent les documents relatifs au procès de Nuremberg, dans lequel Marie-Claude Vaillant-Couturier a témoigné. Ces archives sont librement communicables.
• Fonds audiovisuel de l’Institut national de l'audiovisuel (INA)
Enfin, l’INA a mis en ligne plusieurs témoignages audiovisuels relatifs à l’activité de Marie-Claude Vaillant-Couturier, parmi lesquels sa déposition au procès de Nuremberg datée du 28 janvier 1946, ainsi que la campagne menée en tant que représentante du PCF, pour le 1er tour des élections législatives de 1968.
VAILLANT-COUTURIER (Marie-Claude VOGEL épouse VAILLANT-COUTURIER puis GINSBURGER)
Née le 3 novembre 1912 à Paris (Seine)
Décédée le 11 décembre 1996 à Villejuif (Val-de-Marne)
Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale constituante (Seine)
Députée de la Seine de 1945 à 1958 et de 1962 à 1967
Députée du Val-de-Marne de 1967 à 1973
Marie-Claude Vogel est l’aînée des enfants de Lucien Vogel et de Cosette de Brunhoff. Elle est issue d’une famille protestante ayant soutenu le capitaine Dreyfus. Ses parents dirigent des revues culturelles ou consacrées aux loisirs. Son père, membre de la SFIO, se prononce en 1920 pour l’adhésion à la IIIème Internationale. Marie-Claude Vogel obtient les deux baccalauréats en 1930. Après un séjour en Allemagne, elle devient photographe et est embauchée par son père. En 1932, elle rencontre Paul Couturier dit Vaillant-Couturier. Ils partagent leur vie à partir de 1934 et se marient le 29 septembre 1937, quinze jours avant le décès de ce dernier, le 10 octobre 1937.
En 1934, Marie Claude Vogel adhère aux Jeunesses communistes et à l’Association des écrivains et artistes révolutionnaires. En 1937, elle travaille comme photo reporter à L’Humanité et est l’une des dirigeantes de l’Union des Jeunes filles de France, organisation dirigée par les Jeunesses communistes. En 1938, elle se rend en URSS pour un séjour de six mois. À son retour, elle devient responsable du service photographique du quotidien communiste. En 1939, elle partage sa vie avec Roger Ginsburger dit Pierre Villon, un architecte ayant travaillant pour l’Internationale communiste, devenu un des principaux responsables militaires de la Résistance, et qui est élu député de l’Allier à la Libération.
Marie-Claude Vogel a dirigé les éditions clandestines du Parti communiste jusqu’à son arrestation le 9 février 1942. Elle est transférée à la prison de Santé puis au fort de Romainville. Elle est déportée à Auschwitz le 24 janvier 1943, puis transférée à Ravensbrück le 2 août 1944. Elle revient des camps le 25 juin 1945.
Marie-Claude Vaillant-Couturier est suppléante au Comité central du Parti communiste en 1945 puis titulaire en 1947, et elle a été reconduite dans cette fonction jusqu’en 1985. En 1946, elle est citée comme témoin au Tribunal de Nuremberg. Elle épouse Pierre Villon en 1949.
Elle est déléguée à l’Assemblée consultative provisoire en 1945 puis elle est élue dans le 4e secteur de la Seine aux deux Assemblées nationales constituantes sur la liste communiste. Les listes communistes obtiennent 150 567 voix (40 % des suffrages exprimés) en 1945, 147 921 voix (39,2 % des suffrages exprimés) en 1946. Elle est réélue à l’Assemblée nationale avec 154 696 voix (41,6 % des suffrages exprimés) en 1946, 140 566 voix (38,4 % des suffrages exprimés) en 1951 et avec 174 536 voix (37,5 % des suffrages exprimés) en 1956.
A l’Assemblée consultative provisoire, Marie-Claude Vaillant-Couturier appartient aux Commissions de la jeunesse et des sports, de l’Alsace-Lorraine, du Règlement et de la justice et de l’épuration. Mais, malade, elle ne peut siéger. Par la suite, elle est nommée aux Commissions de la Presse, de la radio et du cinéma et de l’Éducation nationale, des beaux-arts, de la jeunesse et des sports.
Lors de la seconde Assemblée Nationale constituante, elle n’est membre que de cette dernière commission. C’est en son nom qu’elle intervient pour déposer deux projets de lois favorisant l’adoption et la légitimation adoptive.
Entre 1946 et 1951, elle est membre de la Commission des affaires étrangères. Ces interventions touchent principalement aux problèmes internationaux : sur la conférence de Moscou de l’été 1947 et ses résultats d’une part, sur le conflit indochinois d’autre part.
En 1951, elle siège à la Commission de l’éducation nationale. À ce titre, elle prend part à plusieurs débats parlementaires sur les dotations budgétaires du ministère de l’éducation nationale ou sur les questions touchant à l’éducation. Elle demande l’augmentation des crédits, la construction d’écoles primaires, la majoration des allocations familiales. Parallèlement, Marie-Claude Vaillant-Couturier interpelle le gouvernement sur les événements d’Algérie.
Enfin, en 1956, membre de la Commission des affaires étrangères et de l’éducation nationale, elle devient aussi vice-présidente de l’Assemblée nationale le 25 janvier 1956. Au cours de ce troisième mandat, elle intervient à de nombreuses reprises en qualité de vice-présidente de l’Assemblée nationale se prononçant contre la construction européenne (15 et 22 janvier 1957) et interrogeant le gouvernement sur les tortures et les camps d’internement en Algérie (26 septembre et 2 octobre 1957).
Conjointement à ses activités parlementaires, elle dirige entre 1945 et 1954, la Fédération démocratique internationale des femmes, dont elle est la secrétaire générale. Le siège de cette organisation est installé à Berlin-Est. Elle se rend à de nombreuses reprises dans la capitale de la République démocratique allemande.
Aux élections générales des 23 et 30 novembre 1958 pour la première législature de la Cinquième République, Marie-Claude Vaillant-Couturier se présente sous les couleurs du Parti communiste dans la 52ème circonscription de la Seine (qui comprend une partie du canton de Villejuif et plus précisément les communes d’Arcueil, Cachan, Gentilly, Kremlin-Bicêtre et Villejuif). Elle a pour suppléante Louis Dolly, conseiller général et maire de Villejuif. Arrivée en tête au premier tour de scrutin avec 21 550 des 53 033 suffrages exprimés, soit 40,64% des voix, elle devance très largement les candidats socialiste, gaulliste, démocrate-chrétien et républicain du centre, qui recueillent respectivement 21,86%, 17,27%, 11,58% et 3,46% des voix. Mais le candidat socialiste Antoine Lacroix, conseiller général et maire de Kremlin-Bicêtre, qui bénéficie du report de voix des autres candidats, l’emporte au deuxième tour avec 54,2% des suffrages exprimés contre 45,8% à Marie-Claude Vaillant-Couturier. Sa défaite fait écho à celles de dizaines de députés PCF sortants de la IVème République, dans le contexte, particulièrement défavorable pour leur réélection, du retour au scrutin d’arrondissement et de l’isolement de leur parti provoqué par l’opposition très radicale de celui-ci au retour du général de Gaulle au pouvoir.
Marie-Claude Vaillant-Couturier est à nouveau candidate aux élections législatives anticipées des 18 et 25 novembre 1962 dans la même circonscription. Dans sa profession de foi électorale, elle rappelle son expérience parlementaire de treize ans, et le lien personnel particulier qui la rattache à la circonscription de Villejuif dont Paul Vaillant-Couturier fut l’élu. Face au « bilan désastreux » du pouvoir gaulliste, la candidate appelle à « l’union de toutes les forces ouvrières et démocratiques, à l’unité d’action des communistes, des socialistes et des républicains de toutes les nuances ». Avec 25 452 des 50 861 suffrages exprimés, soit 50,04% des voix et 21 bulletins de plus que le nombre requis pour obtenir la majorité absolue, elle est élue dès le premier tour, devançant très largement le député de l’Union pour la nouvelle République (UNR) Jean-Charles Bouvet (26,77%) et le député sortant socialiste Antoine Lacroix (21,32%) dont elle conquiert le siège. Son suppléant est à nouveau Louis Dolly.
Inscrite au groupe communiste le 11 décembre 1962, elle est nommée le lendemain membre de la Commission des affaires étrangères. Mais son élection est annulée par décision du Conseil constitutionnel le 5 février 1963. La communication de l’annulation à l’Assemblée nationale est faite le 13 février, ce qui fait expirer son mandat le jour même. La décision du Conseil constitutionnel intervient suite au dépôt de deux requêtes relatives à l’observation d’irrégularités électorales, réalisé dix jours après l’élection de leur concurrente (l’une déposée par Jean-Charles Bouvet, candidat gaulliste, l’autre par Yves de Coatgoureden, candidat du Front National Populaire).
Prenant en considération l’apposition d’affiches en faveur de la candidate communiste en dehors des panneaux réglementaires, la distribution de tracts pouvant entraîner des confusions dans l’esprit des électeurs, des rectifications et des surcharges dans certains procès-verbaux, enfin des écarts dans certains bureaux de vote entre le nombre de bulletins trouvés dans les urnes et celui des émargements, et prenant également en compte le nombre infime de voix obtenues par la candidate élue en sus de la majorité absolue, le Conseil constitutionnel décide le 5 février 1963 de faire droit aux requêtes et d’annuler l’élection de Marie-Claude Vaillant-Couturier.
Trois mois plus tard, à l’élection partielle organisée le 5 mai 1963, celle-ci remporte le scrutin, à nouveau dès le premier tour, avec 26 719 des 46 237 suffrages exprimés soit 57,79% des voix, devant le candidat UNR Jean-Charles Bouvet, arrivé deuxième avec 20,15% des voix, et Antoine Lacroix (SFIO) en troisième position avec 18,44% des voix.
Inscrite au groupe communiste, Marie-Claude Vaillant-Couturier siège à la Commission des affaires étrangères. En 1966, elle est nommée membre de la Commission spéciale chargée d’examiner la proposition de loi de Lucien Neuwirth tendant à faire abroger la loi du 31 juillet 1920 interdisant toute contraception. Elle considère alors que la seule abrogation de la loi de 1920 ne règle pas le problème, et que les femmes doivent avoir la liberté d’avoir des enfants ou de ne pas en avoir et le nombre d’enfants qu’elles souhaitent quand elles le désirent.
Durant cette législature, Marie-Claude Vaillant-Couturier se montre une parlementaire active. Elle dépose ainsi sept propositions de loi de 1963 à 1966. Cinq d’entre elles portent sur les droits des femmes dans les entreprises. Elle dépose également, le 7 juin 1963, une proposition de loi visant à abaisser à 18 ans l’âge de la majorité électorale. Le 18 décembre 1964, elle dépose une proposition de loi qui lui tient particulièrement à cœur, visant à rendre imprescriptibles le génocide et les crimes contre l’humanité, ouvrant la voie à la loi du 26 décembre 1964 qui inscrit l’imprescriptibilité du crime contre l’humanité dans le droit français.
Marie-Claude Vaillant-Couturier intervient souvent en séance, plus d’une trentaine de fois au total durant la législature. Elle prend fréquemment la parole dans les débats relatifs aux affaires sociales, s’impliquant ainsi de manière très intense dans les discussions portant sur les droits des femmes, par exemple le 26 juin 1965 pour renforcer les droits de l’épouse dans le projet de loi relatif aux régimes matrimoniaux. Elle intervient parallèlement dans les débats portant sur les dotations budgétaires de la santé publique. Elle s’intéresse aussi de près aux questions d’enseignement, notamment pour soutenir le secteur de la formation technique (collèges techniques, Ecole normale supérieure d’enseignement technique) très présent dans sa circonscription du Val-de-Marne. Elle multiplie aussi les interventions sur les sujets touchant le logement et les droits syndicaux. Marie-Claude Vaillant-Couturier intervient également en faveur des anciens combattants et des victimes de guerre, en particulier pour appuyer à deux reprises la nécessité d’accorder la parité de droits entre anciens déportés résistants et politiques, ou encore pour faciliter la poursuite en justice des responsables nazis. Le 16 décembre 1964 par exemple, elle défend un amendement renforçant la proposition de loi des députés Paul Coste-Floret, ancien procureur-adjoint au Tribunal de Nuremberg, et Raymond Schmittlein, sur le fait de rendre non prescriptibles le génocide et les crimes contre l’humanité, insistant également pour que le gouvernement français intervienne auprès de la RFA pour que celle-ci n’applique pas la prescription aux crimes nazis. La députée communiste prend part aussi aux discussions relatives aux problèmes internationaux, en particulier dans son long discours du 3 novembre 1964 où, notamment, elle dénonce la tutelle américaine, critique la politique gaulliste dans le Sud-Est asiatique, et demande d’éviter tout néo-colonialisme dans la politique de coopération avec les pays en voie de développement du continent africain. Tout au long de cette législature, Marie-Claude Vaillant-Couturier vote en conformité avec le groupe communiste dont elle est membre.
Elle se présente à sa propre succession lors des élections législatives des 5 et 12 mars 1967 dans la 1ère circonscription du Val-de-Marne, correspondant aux mêmes communes que l’ancienne 52ème circonscription de la Seine. Elle a choisi comme suppléant Marcel Trigon, maire d’Arcueil. Dans ses professions de foi, la candidate communiste met en avant, d’une part, le soutien qu’elle a apporté à l’Assemblée nationale aux revendications des municipalités de la circonscription, et d’autre part son importante action au comité central du PCF en faveur de l’union des forces de gauche. Elle se présente en défenseur d’une « France démocratique, indépendante, pacifique et prospère ». Cette fois-ci, avec 28 864 des 60 057 suffrages exprimés, soit 48,06% des voix, la députée sortante est mise en ballottage, notamment du fait des progrès réalisés par le candidat gaulliste Henri Chauvenet (30,15% des voix), qui devance en deuxième position le candidat du Centre démocrate André Maigne (8,23%), le candidat de la Fédération de la gauche démocrate et socialiste (FGDS) Robert Amelon (7,73%) et un candidat sans étiquette, Henri Leclerc (5,08%). Au second tour, Marie-Claude Vaillant-Couturier est logiquement réélue avec 33 769 des 55 931 suffrages, soit 60,38% des voix.
Le 3 avril 1967, elle s’inscrit au groupe communiste et elle est élue, le lendemain, vice-présidente de l’Assemblée nationale, puis est nommée à la Commission des affaires étrangères. Durant cette courte législature, elle dépose trois propositions de loi reprenant de près des sujets déjà abordés dans des propositions de loi qu’elle avait précédemment déposées, à savoir d’une part l’égalité salariale entre hommes et femmes (18 mai 1967), d’autre part la mise en place d’une contribution patronale obligatoire pour le financement des crèches (1er juin 1967), et enfin l’abaissement à 18 ans de la majorité civile et de la majorité électorale (17 avril 1968).
En qualité de vice-présidente, elle préside vingt-deux séances de mai à décembre 1967, et intervient à trois reprises pour des observations sur des rappels au règlement formulés par des députés, en particulier le 14 décembre 1967 à l’égard du rappel au règlement effectué par son collègue du groupe communiste Fernand Dupuy, élu comme elle du Val-de-Marne.
En tant que députée, elle intervient à sept occasions dans les débats, presqu’exclusivement sur des questions relatives à la santé publique, notamment pour dénoncer la situation déplorable du secteur psychiatrique. Elle manifeste également à nouveau une attention particulière au dossier des déportés et internés politiques, et plus précisément, le 19 octobre 1967, à la situation des internés d’Auschwitz. Pendant cette législature, Marie-Claude Vaillant-Couturier vote en respectant les consignes du groupe communiste auquel elle appartient, notamment pour la motion de censure lors des engagements de responsabilité du gouvernement les 20 mai, 9 et 16 juin 1967.
Lors des élections anticipées des 23 et 30 juin 1968, Marie-Claude Vaillant-Couturier brigue une nouvelle fois le siège de la 1ère circonscription du Val-de-Marne, avec pour suppléant Marcel Trigon. Sa profession de foi pour le premier tour reprend les thèmes du discours de la campagne officielle des élections législatives qu’elle a lu, le 14 juin 1968, à la télévision : nécessité de consolider les acquis du mouvement de grèves, dénonciation de la double violence gauchiste et policière, souci du PCF de « barrer la route » aussi bien à l’ « aventure » qu’à « une éventuelle dictature militaire », programme communiste d’expansion et de progrès social, de paix, d’indépendance et de coopération internationale, volonté du PCF d’accéder au pouvoir, non « pas pour lui seul » mais pour « un gouvernement populaire et d’union démocratique ». Au soir du premier tour, elle est en première position avec 24 138 des 56 789 suffrages exprimés, soit 42,5% des voix, devant sa concurrente de l’Union pour la défense de la République (UDR) Eliane Lavelle (33,59%) et les candidats du Centre démocrate (10,33%), de la FGDS (6%) et du Parti socialiste unifié (PSU) (5,95%). Dans sa profession de foi pour le deuxième tour, Marie-Claude Vaillant-Couturier dénonce le « chantage à la subversion, provoquant la peur », du pouvoir gaulliste, et appelle à un « large rassemblement des communistes, socialistes et autres républicains ». Avec 28 579 des 50 955 des suffrages exprimés, soit 56,09% des voix, la députée sortante conserve son siège malgré un certain recul dû à la poussée gaulliste au niveau national et à une déperdition dans le report de voix des autres candidats de gauche.
Le 11 juillet 1968, Marie-Claude Vaillant-Couturier rejoint l’Assemblée nationale et s’inscrit au groupe communiste. Durant cette législature, sa grande expérience des sujets sociaux la font logiquement siéger à la Commission des affaires culturelles, familiales et sociales. Le 1er juillet 1972, elle est en outre nommée membre de la Commission spéciale chargée d’examiner la proposition de loi déposée par Lucien Neuwirth tendant à créer un office national d’information et d’éducation familiale.
La députée communiste dépose treize propositions de loi, principalement consacrées à l’amélioration de la condition féminine, et à l’abaissement à dix-huit ans de l’âge de la majorité civile et de la majorité électorale. Parlementaire très active, Marie-Claude Vaillant-Couturier intervient en près de quatre-vingt-dix occasions lors des débats de cette législature. Ses interventions portent essentiellement sur les sujets sociaux, au premier rang desquels figurent la réforme du code de la sécurité sociale et la santé publique, comme le 24 novembre lorsqu’elle dénonce avec vigueur, dans une question orale avec débat posée au ministre de la santé publique Jean Foyer, la « situation dramatique des services de soins des hôpitaux psychiatriques et généraux ». La députée communiste intervient dans les débats relatifs aux droits des femmes, notamment le 21 novembre 1972 en faveur d’un renforcement des sanctions prévues à l’égard des employeurs ne respectant pas l’égalité salariale entre hommes et femmes. Marie-Claude Vaillant-Couturier est aussi très présente dans les discussions traitant des problèmes des jeunes, qu’il s’agisse de l’enseignement ou du développement dans cette population de la consommation des drogues. Le 29 juin 1970 par exemple, lors de la discussion relative aux conclusions des rapports sur les propositions de loi de Pierre Mazeaud et Pierre Weber portant sur les stupéfiants, elle appelle ainsi à une vaste mobilisation sociale pour lutter contre les dangers de la drogue : « L’idée qui doit orienter, à notre sens, le choix des méthodes à employer pour lutter contre l’usage des stupéfiants, c’est que la solution profonde ne réside pas dans la répression ni dans la prophylaxie. La véritable réintégration dans la société des jeunes qui auraient fait usage de stupéfiants pendant un temps plus ou moins long pose un problème d’environnement social ». Dans la continuité de ses précédents mandats, la députée communiste veille à l’amélioration de la situation des déportés et internés. A sept reprises, de 1968 à 1973, elle dénonce l’inégalité des pensions des déportés politiques par rapport à celle des déportés résistants. Marie-Claude Vaillant-Couturier reste mobilisée par le dossier de la poursuite en justice des responsables d’atrocités nazis, et plus généralement des criminels de guerre. Ainsi lors de la séance du 5 décembre 1969, après avoir dénoncé, dans une question orale posée au secrétaire d’Etat auprès du ministre des affaires étrangères, Jean de Lipkowski, l’impunité dont semblent jouir en RFA certains anciens officiers supérieurs d’unités SS condamnés par contumace en France, comme le général Lammerding qui commanda la division Das Reich responsable du massacre d’Oradour, elle s’exclame : « Si nous réclamons avec tant de force l’imprescriptibilité des crimes de guerre, ce n’est pas par esprit de vengeance. […] Mais tous ceux qui dans le monde accomplissent encore de tels crimes, ou qui demain seront ou seraient susceptibles d’en accomplir, doivent savoir qu’ils auront à en répondre, qu’il n’y aura ni rémission ni prescription (Applaudissements sur tous les bancs.) ».
Marie-Claude Vaillant-Couturier ne se représente pas aux élections législatives des 4 et 11 mars 1973, cédant volontairement la candidature communiste à Georges Marchais, secrétaire général du PCF. Elu au deuxième tour avec 57,4% des suffrages exprimés devant Antoine Lacroix et Eliane Lavelle, Georges Marchais conserve au parti communiste la circonscription de Marie-Claude Vaillant-Couturier, son emblématique députée depuis 1962.
Parallèlement à ses responsabilités parlementaires, Marie-Claude Vaillant-Couturier occupe de hautes fonctions au sein du Parti communiste français. Elle est en effet membre du comité central jusqu’au XXVème Congrès en 1985, et intervient assez régulièrement lors de ses réunions, et ce sur divers sujets : questions relatives aux actions pour la paix (Mouvement de la paix, comités de paix en Algérie en 1961), grands dossiers du communisme international (critiques contre les modalités d’éviction de Khrouchtchev en 1964, opposition aux positions chinoises), orientations de politique nationale du PCF (choix du non au référendum de 1969, conditions de mise en place du programme commun, accords avec les socialistes dans la préparation des élections municipales de 1977), règlement d’ « affaires » internes au parti (débat sur l’exclusion de Roger Garaudy en 1970). A plusieurs reprises, dans les années 1970, elle préside ou co-préside des réunions du comité central. Conjointement, elle exerce d’importantes responsabilités dans les organisations du Parti. Elle milite au Mouvement de la paix, et s’investit tout particulièrement dans l’Union des femmes françaises, dont elle est une des fondatrices et dont elle devient la vice-présidente en 1979. Son autre grand engagement extraparlementaire concerne le soutien qu’elle apporte dans la défense associative de la cause des déportés et internés et de la mémoire de la déportation. Membre de la direction de la Fédération nationale des déportés et internés résistants et patriotes depuis sa création en 1945, elle en devient ensuite la vice-présidente, puis la co-présidente en 1978. Elle s’investit dans le développement de l’amicale d’Auschwitz et, en 1990, dans la création de la Fondation pour la mémoire de la déportation dont elle est désignée à l’unanimité présidente, puis présidente d’honneur. Elle se déplace dans des collèges et des lycées pour sensibiliser la jeunesse, et défend également cette mémoire devant la justice, comme en 1964 dans le procès qui l’oppose à Paul Rassinier et en 1987 où elle témoigne au procès de Klaus Barbie.
Marie-Claude Vaillant-Couturier a reçu de nombreuses distinctions honorifiques. Chevalier de la Légion d’honneur depuis 1945, elle est promue officier en 1981, puis reçoit la cravate de commandeur en 1995. Elle possédait par ailleurs la carte de déporté résistant, le titre de Combattante volontaire de la Résistance, ainsi que des décorations étrangères.
Le 11 décembre 1996, à Villejuif, âgée de 84 ans et atteinte d’un cancer, Marie-Claude Vaillant-Couturier décède. A l’Assemblée nationale, il revient à Nicole Catala, vice-présidente, d’annoncer, à neuf heures du matin à l’ouverture de la séance du 12 décembre 1996 qu’elle préside, le décès de Marie-Claude Vaillant-Couturier et de rendre hommage à sa mémoire. Dans la journée suit une multitude d’autres hommages, comme celui de L’Humanité, venant saluer, par-delà l’image de la grande Résistante, une « figure de proue » de la « grandeur de l’homme ».