Marcel, Louis, Georges Varvier
1921 - 2003
VARVIER (Marcel, Louis, Georges)
Né le 18 avril 1921 à Lyon (Rhône)
Décédé le 28 mars 2003 à Lyon
Député de l’Isère de 1956 à 1958
Dauphinois de naissance, Marcel Varvier fait ses études à La Tour-du-Pin et obtient son brevet élémentaire. Pendant la guerre, il est affecté, de septembre 1941 à avril 1942, aux chantiers de jeunesse de Crotenay dans le Jura. Réfractaire au Service du travail obligatoire (STO), il est arrêté à Bourgoin par la Gestapo, en mars 1943. Il est déporté à Dora, puis à Dachau et enfin à Koenigsberg.
A son retour d’Allemagne, il est nommé chef du personnel d’entretien du lycée public Elie Cartan à La Tour-du-Pin. S’étant installé à son compte comme électricien-auto, il adhère, en janvier 1955, à l’Union des commerçants et des artisans (UDCA) née du mouvement antifiscal, lancé par Pierre Poujade dans le Lot en 1953.
De la lutte contre le fisc, le mouvement élargit son action à la défense des catégories sociales menacées par l’évolution économique. Apolitique, l’UDCA fait preuve d’antiparlementarisme. Marcel Varvier incarne bien l’un de ces travailleurs indépendants, sans expérience politique, que l’UDCA entend représenter.
Les élections législatives anticipées de janvier 1956 constituent donc la première expérience électorale de Marcel Varvier et lui permettent d’emblée d’entrer au Parlement, grâce à la vague poujadiste qui porte cinquante-deux députés à l’Assemblée. Il est en tête de la liste d’Union et de Fraternité française (UFF), du nom des deux périodiques dont s’est doté le mouvement. Il mène ce mouvement dans l’Isère. Avec le slogan « Sortez les sortants ! », il dénonce « les politiciens professionnels », « les hommes des trusts et de la banque apatride », et « les hauts fonctionnaires domestiqués » qui auraient mené la France et son empire à « la faillite ». Il préconise « la révolte antifiscale » et, en référence à la Révolution française de 1789, suggère la convocation « d’Etats généraux ». Comme tous les poujadistes, il conclut sa profession de foi en s’engageant à démissionner lorsque « le salut de la patrie » sera assuré. Avec 57 594 voix, soit 20,2 % des suffrages exprimés, il est élu, avec son second Joannès Ruf, derrière les trois députés communistes (28,9 %), mais loin devant le député socialiste (14,4 %). L’UDCA remporte ainsi en Isère un succès très largement supérieur aux 12 % qu’obtient en moyenne le mouvement de Pierre Poujade en métropole. La même année, il entre au conseil municipal de La Tour-du-Pin, au sein duquel il siège jusqu’en 1962.
A la différence de onze de ses camarades, son élection à l’Assemblée nationale est validée le 20 janvier 1956. Il est membre de la commission de la justice et de la législation (1956-1957), de la commission de l’éducation nationale (1956-1957), de la commission des pensions (1956-1958) et de la commission du suffrage universel, des lois constitutionnelles, du règlement et des pétitions (1957-1958). Au cours de son mandat, il ne dépose aucune proposition de loi et n’intervient jamais à la tribune. Lors des votes en séance plénière, il est régulièrement dans l’opposition avec son groupe. Il refuse l’investiture au socialiste Guy Mollet (31 janvier 1956), et contribue à la chute de son gouvernement sur la réforme fiscales (21 mai 1957). Pour le maintien de l’ordre en Algérie, il n’accorde les pouvoirs spéciaux à aucun des gouvernements successifs (mars 1956 et novembre 1957). Il s’oppose à la loi cadre qui prévoit la révision des institutions (septembre 1957 et janvier 1958). Il refuse également la ratification du traité de Rome instaurant la Communauté économique européenne (CEE) et l’Euratom (juillet 1957). Il contribue à la chute du gouvernement de Félix Gaillard, le 15 avril 1958. Lors de la crise de mai 1958 qui ébranle le régime, son groupe se prononce, dès le 26 mai, en faveur d’un « gouvernement de salut public » présidé par le général de Gaulle. Aussi, lui accorde-t-il l’investiture le 1er juin, et les pleins pouvoirs le lendemain.
Aux premières élections législatives de la Cinquième République, en novembre 1958, il se représente dans la septième circonscription de l’Isère, sous l’étiquette « Rassemblement national pour la défense des libertés individuelles, professionnelles et familiales ». En raison de son score (7 voix pour plus de 45 000 suffrages exprimés), il se retire et appelle à voter pour le candidat du Centre national des Indépendants et Paysans (CNIP), François Perrin. Il quitte alors la scène politique. Il disparaît le 28 mars 2003 à Lyon.