Jacques Vassor
1903 - 1995
VASSOR (Jacques)
Né le 1er juillet 1903 à Tours (Indre-et-Loire)
Décédé le 25 décembre 1995 à Tours
Député de l’Indre-et-Loire de 1951 à 1958
Ce fils de notaire tourangeau, né à Tours le 1er juillet 1903, fréquente le lycée Descartes, puis sort ingénieur de l’Ecole supérieure d’agriculture d’Angers. Il devient agriculteur en Gâtine tourangelle et y pratique, à partir de 1927, l’élevage, la culture céréalière et l’exploitation forestière, à la tête de six employés. Père de trois enfants, il réside au château du Plessy de Saint-Antoine-du-Rocher, et en devient conseiller municipal dès 1933. Mobilisé pendant la campagne de 1940, il est élu maire de la commune en 1945 ; il est réélu en 1953. Il devient conseiller général du canton de Neuillé-Pont-Pierre en 1945. Il est reconduit dans ces fonctions tout au long de la Quatrième République.
Parallèlement, il créé, dès la fin de la guerre, L’Action agricole de Touraine, mensuel qui paraît jusqu’en 1959. Son action dans diverses organisations agricoles le conduit à prendre en charge la section élevage puis la présidence, en 1950 et 1951, de la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA) d’Indre-et-Loire, mouvement dont il devient alors délégué national.
En Indre-et-Loire, aux élections législatives de juin 1951, un large apparentement réunit socialistes, radicaux, républicains démocrates, une liste de coalition présentée par le groupement national des républicains démocrates et la liste paysanne présentée par l’union des indépendants, des paysans et des républicains nationaux. Jacques Vassor mène cette dernière, et, l’apparentement obtenant la majorité absolue des 162 486 suffrages exprimés, il est élu grâce aux 18 107 voix qui se portent sur sa liste.
Membre de la commission des moyens de communication et du tourisme (1951-1952), il rejoint en janvier 1953 la commission des affaires étrangères. Il y siège jusqu’en 1955. Il appartient également à la commission de l’agriculture, de 1954 à 1955. Il siège au sein de différents groupes, créés successivement par des membres du Parti paysan, en fonction des positions adoptées à l’encontre des Indépendants. D’abord membre du groupe Paysan et d’Union sociale, rassemblant une vingtaine de députés autour de Paul Antier, il rejoint avec eux le groupe indépendant et paysan à l’été 1952. Mais l’unité ne dure qu’un temps, et le Parti paysan décide, en décembre 1953, de constituer un groupe autonome - le groupe paysan - regroupant les membres du parti.
Pendant la législature, Jacques Vassor présente une proposition de loi et une propositions de résolution, la première portant modification du statut des professions d’assistantes ou d’auxiliaires de service social ou d’infirmiers, le 30 janvier 1953, la seconde demandant une aide pour les exploitants victimes des gelées tardives en Indre-et-Loire, le 27 mai 1955. Il prend la parole à seize reprises en séance publique, défendant huit amendements, deux ordres du jour et une demande d’interpellation. Ses interventions portent essentiellement sur la politique agricole, par exemple lors d’une longue déclaration, le 20 octobre 1953 et, dans une moindre mesure, sur l’Afrique du Nord : il prend la parole à propos des prêts aux agriculteurs et de la ventilation de crédits dans le secteur agricole, des prix de baux à ferme, de la garantie des prix, de l’augmentation des investissements, sur le projet de loi relatif à la lutte contre la fièvre aphteuse. Il intervient aussi au sujet des salaires minimum ou de l’allocation vieillesse agricole. Partisan de la fermeté, il s’inquiète de la politique menée en Tunisie, en particulier en ce qui concerne la sauvegarde des intérêts français, et estime nécessaire la présence militaire française, s’opposant à l’indépendance comme à l’autonomie interne (10 août 1954, puis novembre 1954 et mars 1955).
Les votes au sein du groupe sont assez partagés, à l’instar du gouvernement Mendès France auquel appartient l’un des leurs, Jean Raffarin, secrétaire d’Etat à l’agriculture. Ce cabinet est soutenu par certains, dont Jacques Vassor, attaqué par d’autres. Pour sa part, le député d’Indre-et-Loire s’oppose à l’adoption de l’échelle mobile des salaires et à la mise en place de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA, 20 septembre et 13 décembre 1951). Il vote cependant la loi Barangé. Il soutient les investitures de MM. Pinay, Laniel et Mendès France, accordant sa confiance sur les questions indochinoises (27 octobre 1953, 9 février et 12 juin 1954), s’abstenant sur l’entrée de la RFA dans l’OTAN (12 octobre 1954), et contribuant à la chute de Pierre Mendès France, le 4 février 1955. Le 10 décembre 1954, il explique déjà que le groupe paysan retire son soutien au président du Conseil en raison de la politique menée en Tunisie. Il accorde ensuite sa confiance à Edgar Faure.
Pour les élections législatives du 2 janvier 1956, Jacques Vassor mène la liste d’union des républicains indépendants et des paysans présentée par le Centre national des Indépendants, des Paysans et de l’Action républicaine et sociale, au sein de la coalition de centre-droit. Aucun des trois apparentements n’obtient la majorité absolue. La campagne menée par Jacques Vassor, plus ciblée que la précédente sur les questions agricoles, attire 16 164 des 184 444 suffrages exprimés dans le département, ce qui place sa liste en cinquième position et assure sa réélection.
Cette réélection, comme celle de la majorité des députés du Parti paysan est due à leur alliance avec les Indépendants. Cependant les quatorze élus du Parti paysan choisissent cette fois de garder leur autonomie en constituant un groupe propre qui est seulement apparenté au groupe des Indépendants et paysans d’action sociale. Lorsque, en mai 1957, Paul Antier se rapproche d’Henri Dorgères et de Pierre Poujade, Jacques Vassor est de ceux qui quittent le groupe. Il reste apparenté à celui que préside Antoine Pinay.
Jacques Vassor est désormais membre de la seule commission des affaires étrangères (1956-1958), dont il devient secrétaire le 18 octobre 1957. Pendant son mandat, il dépose six propositions de résolution, dont quatre invitent l’Assemblée à aider les habitants d’Indre-et-Loire victimes des intempéries, à cause des gelées de printemps en 1957 et d’une inondation en 1958. Il dépose deux propositions de loi et signe un rapport. Il entend aussi faire bénéficier les appelés de quelques avantages (gratuité des transports pendant la permission précédant le départ pour l’Afrique du Nord), veut promouvoir l’alcool comme carburant et assurer la poursuite de la coopération dans le secteur privé avec le Maroc et la Tunisie (janvier 1958).
Ces deux derniers points délimitent le cadre de nombreuses interventions, qui souligne son inquiétude, d’une part, sur les prix agricoles, et en particulier sur celui du blé, et proposent des primes exceptionnelles, et, d’autre part, sur la situation au Maroc lorsque, rapporteur pour avis, Jacques Vassor demande le 13 juin 1956 des précisions sur l’aide économique apportée au Maroc et à la Tunisie. Il intervient ainsi à dix reprises en séance, défendant un amendement, déposant une demande d’interpellation et posant deux questions orales. Il est aussi rapporteur pour avis du projet de loi portant ajustement des dotations budgétaires reconduites à l’exercice 1956, au chapitre des affaires étrangères. Il prend alors la parole sur l’existence d’une administration distincte pour les affaires marocaines et tunisiennes et sur une politique d’aide économique et financière à la Tunisie et au Maroc.
Refusant la confiance à Guy Mollet, il explique à la tribune, le 12 mars 1956, pourquoi le groupe paysan, malgré son opposition au gouvernement, va voter les pouvoirs spéciaux pour l’Algérie. Il investit ensuite Maurice Bourgès-Manoury et Félix Gaillard, mais refuse d’agir ainsi avec Pierre Pflimlin. Le 4 juillet 1957, exposant son accord de principe à la ratification des traités instituant la Communauté économique européenne (CEE), il fait part des inquiétudes du monde paysan et réclame la mise en place d’une politique agricole commune. Le 1er juin 1958, il accorde sa confiance au général de Gaulle, ainsi que les pleins pouvoirs, le lendemain.
Sous la Cinquième République, Jacques Vassor devient sénateur d’Indre-et-Loire en avril 1959 et continue d’exercer des mandats locaux. Il est décédé à Tours le 25 décembre 1995.
Il était chevalier de la Légion d’honneur et chevalier du Mérite agricole.