Paul Vergès

1925 - 2016

Informations générales
  • Né le 5 mars 1925 à Oubone (Thaïlande)
  • Décédé le 12 novembre 2016 à Saint-Denis-de-la-Réunion (La Réunion - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 19 janvier 1956 au 8 décembre 1958
Département
La Réunion
Groupe
Communiste
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
VIIIe législature
Mandat
Du 2 avril 1986 au 14 octobre 1987
Département
La Réunion
Groupe
Communiste
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Xe législature
Mandat
Du 2 avril 1993 au 14 avril 1996
Département
La Réunion
Groupe
République et liberté

Mandats au Sénat ou à la Chambre des pairs

Sénateur
du 15 avril 1996 au 30 septembre 2001
Sénateur
du 1er octobre 2001 au 19 juillet 2004
Sénateur
du 1er octobre 2011 au 12 novembre 2016

Biographies

Biographie de la IVe République

VERGÈS (Paul)
Né le 5 mars 1925 à Ubon (Thaïlande)

Député de La Réunion de 1956 à 1958

Paul Vergès est né le 5 mars 1925 à Ubon (Thaïlande). Son père, Raymond Vergès, futur député de La Réunion (1946-1955), alors Consul de France, a épousé une institutrice vietnamienne (née Khang Pham-Phi). Après la mort de sa mère, lors du congé administratif pris par son père à La Réunion (1928), Paul Vergès reste avec son frère Jacques dans l’île. Il est élevé par sa tante. Il demeure séparé de son père pendant quatre années. Il le retrouve en 1932 lorsque Raymond Vergès est muté à Hell-Bourg. Paul Vergès commence sa scolarité dans l’île. Durant le congé de son père (1937-1938) à Paris, il effectue une année au lycée Louis le Grand. A son retour, il poursuit ses études au lycée Leconte de Lisle, à Saint-Denis de la Réunion. Raymond Barre fait alors partie de ses condisciples.
Pendant la seconde guerre mondiale (1940-1942), dans une colonie sous l’autorité du gouverneur Pierre Aubert, fidèle au Maréchal Pétain, il achève son cursus et obtient son baccalauréat. Lors du débarquement des troupes gaullistes en novembre 1942, il participe à ces journées de libération. Avec son frère, il s’engage dans les Forces Françaises Libres (FFL). Pour rejoindre l’Angleterre, il part à Madagascar, passe par l’Afrique du Sud, avant d’arriver à Liverpool. Il intègre l’école d’officiers parachutistes de Ribbesford (1943). En 1944, il est parachuté sur le territoire français. Après la Libération, il rentre à La Réunion. Engagé dans la lutte anticoloniale, il milite aux côtés du Comité Républicain d’Action Démocratique et Sociale (CRADS) pour obtenir une modification du statut de colonie de l’île de La Réunion. Il participe aux campagnes électorales du printemps 1946.
En 1947, il s’installe à Paris et devient permanent de la section coloniale du PCF. Il y travaille jusqu’en 1954. Il se marie en 1949 avec la fille d’un entrepreneur de travaux publics, Laurence Deroin, membre du PCF. Il suit la structuration de la gauche réunionnaise avec la naissance, en novembre 1947, de la fédération départementale du PCF. En 1953, après une mission à Madagascar, il fait un court séjour à La Réunion. Il rentre définitivement dans l’île en 1954. Il assure à la fois les fonctions de journaliste et de directeur du quotidien communiste Témoignages, « organe de défense pour les sans défense ». Au sein de la fédération communiste, il veut rassembler les forces progressistes. En avril 1955, il est élu conseiller général de Saint-Paul. Lors des élections législatives anticipées de janvier 1956, il conduit la liste d’Union pour la défense des ouvriers et des planteurs. Il dénonce la politique gouvernementale qui a apporté « le chômage, la misère, les impôts, le contingentement » et appelle au rassemblement des ouvriers, des planteurs et des classes moyennes des villes. Avec 52% des suffrages exprimés, le PCF, avec Paul Vergès et Raymond Mondon, conquiert deux des trois sièges.
A 31 ans, Paul Vergès est un des plus jeunes députés. Il symbolise le renouveau des idées communistes à La Réunion et le passage de génération avec les hommes qui ont réalisé la départementalisation (1946). Membre de la commission de l’intérieur durant les deux années de la dernière législature de la Quatrième République, son action parlementaire est marquée par le dépôt de deux propositions de loi qui visent à l’application, pour les départements d’outre-mer, des dispositions législatives et réglementaires en vigueur en métropole sur le chômage et à l’établissement d’une aide, par les propriétaires des usines à sucre, aux planteurs de cannes à sucre. Il intervient à trois reprises en séance publique, en déposant une demande d’interpellation relative aux mesures que préconise le Gouvernement pour résoudre la crise politique, économique et sociale de la Réunion (23 octobre 1956). Plus précisément, il défend la politique de prestations familiales dans les départements d’Outre-mer. Il évoque notamment, le 27 novembre 1956, le niveau de vie des travailleurs de la Réunion, le problème du chômage permanent, la discrimination entre les agents de la fonction publique et les travailleurs du secteur privé. Il intervient également dans la discussion du projet de loi de finances pour 1957.
Par ses initiatives parlementaires, il prolonge ainsi, à l’Assemblée nationale, le combat des communistes pour l’obtention de l’égalité des droits pour les domiens. Son action, rappelle, dix ans après les lois de mars 1946, l’urgence de l’installation d’une caisse de chômage. Dans une lettre au président du Conseil Guy Mollet, signée avec Raymond Mondon, il constate que pour l’essentiel, la Réunion « a gardé le statut de colonie qui a été le sien pendant plus de 300 ans, la départementalisation n’ayant profité qu’à une infime partie de la population ». Dans un contexte social caractérisé par l’accumulation des retards structurels et le sous-développement, le député se fait le défenseur des travailleurs de la Réunion, constatant l’aggravation de la situation économique et sociale dans les dix dernières années.
Au plan national, il vote l’investiture de Guy Mollet (31 janvier 1956), mais s’oppose à celle de Maurice Bourgès-Maunoury (13 juin 1957) et ne prend pas part au vote sur la confiance à Félix Gaillard (5 novembre 1957) et à Pierre Pflimlin (12 mai 1958). Sur la question algérienne, il approuve le programme du gouvernement (1956), mais se prononce contre le projet de loi relatif aux pouvoirs spéciaux (novembre 1957). Il rejette la ratification des traités instituant la Communauté économique européenne (CEE, juillet 1957). Le 27 mai 1958, il vote favorablement la proposition de résolution tendant à décider la révision de certains articles de la Constitution, ne prend pas part au vote de confiance à la politique de Charles de Gaulle (1er juin 1958) et vote contre l’article unique du projet de loi relatif aux pleins pouvoirs (2 juin 1958).
Sur le plan politique réunionnais, Paul Vergès est confronté à l’action déterminée du nouveau préfet, Jean Perreau-Pradier, contre le PCF. Après le décès de son père (juillet 1957), il conduit la liste communiste lors des municipales de Saint-André. Dans une campagne marquée par les violences et la fraude, il n’obtient que 2,3% des suffrages exprimés.
En novembre 1958, candidat aux législatives, il ne retrouve pas son siège de député. Fondateur et secrétaire général du Parti communiste réunionnais (1959), il est battu aux élections législatives de novembre 1962. L’invalidation de ces consultations ouvre une législative partielle (mai 1963) lors de laquelle il se présente face à Michel Debré. Dans un contexte de bipolarisation politique (Union pour la Nouvelle République, UNR et Parti communiste réunionnais, PCR), Paul Vergès devient le principal opposant à la politique de l’ancien Premier ministre du général de Gaulle, proposant une autre voie pour la Réunion (« l’autonomie démocratique et populaire »). Condamné à trois mois de prison pour délit de presse, il entre dans la clandestinité entre 1964 et 1966. Il se constitue prisonnier en 1966. Après une décision de non-lieu, il est candidat aux élections législatives de 1967 et 1968. Il reconquiert un mandat local lors des cantonales de 1970 (Saint-Pierre), avant de diriger la municipalité de la ville du Port (1971-1989). Candidat sur la liste du PCF aux européennes (1979), il est élu au Parlement de Strasbourg, puis réélu en 1984. Après les échecs des législatives de 1978 et 1981, il revient au Palais Bourbon en 1986. Conseiller régional depuis 1983, vice-président, puis président du Conseil régional (élu en 1998 et en 2004), il siège au Sénat de 1996 à 2005. En 2002, il est nommé président de l’Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique en France métropolitaine et dans les départements d’Outre-mer (ONERC). En juin 2004, il est élu au Parlement européen.