Paul Verneyras
1898 - 1996
VERNEYRAS (Paul, Georges)
Né le 19 mai 1898 à Troyes (Aube)
Décédé le 19 mai 1996 à Mathaux (Aube)
Membre de la première Assemblée nationale constituante (Seine)
Député de la Seine de 1946 à 1951
De père agent de police, de mère brodeuse, Paul Verneyras est issu d’une famille de tisserands indifférents à la religion. Inscrit dans une école maternelle tenue par des religieuses, il affermit sa foi grâce à la fréquentation d’un patronage, en parallèle à ses études, à l’école communale de Troyes. Ayant obtenu son certificat d’études primaires à 12 ans, il travaille dans une bonneterie et fréquente un cercle catholique d’ouvriers tenu par des Jésuites, les pères Desbuquois, Prieur et Rigaut qui font de cette institution un lieu d’expérimentation de l’action sociale. Grâce à eux, il découvre Zola et s’initie au théâtre. Ayant fait la connaissance de Léon Jouhaud à la Bourse du travail de Troyes en 1908, il décide d’entrer à la Confédération générale du travail (CGT), après consultation de ses maîtres spirituels qui lui font aussi découvrir la pensée de Marc Sangnier : il adhère ensuite à la Jeune République. Mobilisé comme chasseur à pied en 1916, il est blessé à deux reprises et gazé, ce qui lui vaut la croix de guerre.
En 1919, de retour dans son usine de bonneterie, il décide d’organiser les syndicats chrétiens dans l’Aube. En contact avec Gaston Tessier, et membre de l’équipe de fondation de la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC), il est élu secrétaire général de l’Union départementale CFTC de l’Aube et milite au Parti démocrate populaire (PDP). Marié à une institutrice, Marie Cinier, il fonde avec elle une famille de trois enfants. Après avoir dirigé une scierie à Mathaux, commune proche de Brienne-le-Château, dans l’Aube, il rachète une petite librairie, sise 5 rue Manin à Paris, en 1939.
Lors de la seconde guerre mondiale, entré dans la résistance dès 1940 sur les conseils du général de Castelnau et du cardinal Feltin, il rencontre Christian Pineau et fait partie, avec Gaston Tessier, du comité directeur clandestin de Libération-Nord. Il prépare la libération grâce à des contacts avec Yvon Morandat, Robert Prigent, Paul Bacon et Jules Catoire qu’il accueille dans son appartement avant d’y cacher Gaston Tessier durant plusieurs mois.
Choisi comme maire-adjoint du 19ème arrondissement de Paris à la Libération et premier vice-président du conseil municipal de Paris, il est élu conseiller général de la Seine. Administrateur de Libé-Soir, de Paris-Normandie, il est également présent aux Nouvelles messageries de la presse parisienne (NMPP), rue de Réaumur, qui disposent du monopole de la distribution et où il fréquente des patrons de presse comme Emilien Amaury et Robert Hersant. Par la suite, il entre dans d’autres conseils d’administrations de grandes sociétés telles que les Galeries Lafayette. Homme d’influence, il entretient, durant toute sa carrière professionnelle, de nombreuses relations qui lui permettent d’organiser des rencontres avec des responsables économiques et politiques. En octobre 1945, il est élu dans la troisième circonscription de la Seine à la première Assemblée nationale constituante sur une liste du Mouvement républicain populaire (MRP) dirigée par Marc Sangnier dont il est le second et Francine Lefebvre, ouvrière, la troisième élue. Avec 119 472 voix sur 472 773 suffrages exprimés, cette liste se trouve en seconde position derrière la liste communiste qui recueille 163 512 voix et quatre élus (Florimond Bonte, Georges Cogniot, Auguste Touchard et Denise Ginollin), et devant la liste socialiste qui compte 111 153 voix et les trois élus, André Le Troquer, Robert Salmon et Henri Barré.
Membre de la commission des finances et du contrôle budgétaire, de la commission de la comptabilité et de la commission de la presse, de la radio et du cinéma, il fait un rapport sur le projet d’ordonnance portant fixation du budget des services civils pour l’exercice 1946, le 6 février, concernant l’information et la radiodiffusion et intervient dans le débat comme rapporteur. Il prend part à la discussion du projet de loi sur la nationalisation de la Banque de France et des grandes banques et à l’organisation du crédit. Il dépose alors deux amendements.
En juin 1946, placé en troisième position, derrière Francine Lefebvre, il est battu aux élections à la deuxième Assemblée nationale constituante, du fait de la perte de 60 000 voix par la liste du MRP et du quasi-maintien de la liste communiste qui récupère un siège supplémentaire. En novembre 1946, avec 94 493 voix, la liste républicaine populaire retrouve le siège perdu et Paul Verneyras revient au Palais-Bourbon pour la première législature, dans une circonscription largement dominée par le PCF qui obtient quatre sièges. Il est nommé membre des commissions de la presse (1946-1951), des moyens de communication et des transports (1948-1951) et, le 28 janvier 1947, il entre à la commission nationale de la presse et d’information. Il est appelé, de plus, à figurer sur la liste des jurés de la Haute Cour de justice, le 20 mai 1947. Il s’intéresse aux questions liées aux médias sur le plan des personnels et à la réglementation de l’affranchissement des journaux. En cinq ans, il dépose une proposition de loi, une proposition de résolution, trois rapports, un rapport supplémentaire et un avis. En séance, il intervient au sujet des accords Blum-Byrnes et, à plusieurs reprises, se prononce nettement en faveur de l’aide à accorder aux films réalisés avec des participations extérieures, dans le cadre de coproductions, à des manifestations comme le festival de Cannes ou à des organismes tels que le Centre national de cinéma. Il propose des réductions de tarifs aux PTT, la suppression de l’abattement pour les subventions au centre national de la cinématographie, à « France-Presse ». Paul Verneyras est membre suppléant du jury du festival de Cannes en 1949 et en 1951. Il intervient également sur le projet de loi d’amnistie sur les faits de collaboration en décembre 1950 en approuvant ce projet pourtant « trop étroit » dans son champ d’application. Au cours de cette première législature de la Quatrième République, il prend la parole à dix-neuf reprises, en défendant dix amendements, en posant une question et en remplissant les fonctions de rapporteur pour avis d’une proposition de résolution, relative à la réduction sur les transports de la région parisienne en faveur des étudiants (23 février 1950).
Il dirige une liste dissidente du MRP dite « Mouvement républicain indépendant », dans la troisième circonscription de la Seine. Il n’obtient que 0,8 % des voix et n’est pas élu. Se consacrant à nouveau à temps plein à ses activités professionnelles, à partir de 1951, il continue de suivre la vie syndicale et fait partie de ceux qui considèrent comme inopportune la déconfessionnalisation de la CFTC en 1962. Il se montre partisan d’une grande fédération liant le MRP et la SFIO au milieu des années Soixante, puis refuse la mise en sommeil du MRP au profit du Centre Démocrate de Jean Lecanuet et de Joseph Fontanet, au nom de la fidélité à l’idéal démocrate-chrétien. Après avoir été conseiller municipal du XIXème arrondissement de Paris, il demeure administrateur dans un hôpital et fréquente régulièrement le Sénat présidé par son ami Alain Poher.
Ayant acquis une résidence secondaire à Mathaux, il en fait, au fil des années, son lieu de séjour principal à la belle saison ; il y tient table ouverte chaque jour, partageant son temps entre des matinées studieuses, érudites, suivies de fréquentes réceptions. Il aime inviter ses nombreux amis notamment ceux qui sont issus de la démocratie chrétienne tels que le sénateur Fosset résidant à Radonvilliers, Pierre Pflimlin, Pierre-Henri Teitgen, Jules Catoire et sa fille Bernadette. Catholique pratiquant jusqu’à la fin de sa vie, se considérant comme un « fils du peuple » qui refuse les discriminations sociales, il fonde dans sa commune de résidence le Club de recherche et d’information sur le Briennois (CRIB).
Titulaire de la rosette de la Résistance, il est officier de la Légion d’honneur au titre de la Résistance. Paul Verneyras disparaît le 19 mai 1996, le jour de ses quatre-vingt-dix-huit ans.