Jean-Louis Vigier

1914 - 1992

Informations générales
  • Né le 25 décembre 1914 à Corneilla-del-vercol (Pyrénées-Orientales - France)
  • Décédé le 7 octobre 1992 à Le soler (Pyrénées-Orientales - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 17 juin 1951 au 1er décembre 1955
Département
Seine
Groupe
Rassemblement du peuple français
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 2 janvier 1956 au 8 décembre 1958
Département
Seine
Groupe
Indépendants et paysans d'action sociale

Mandats au Sénat ou à la Chambre des pairs

Sénateur
du 28 avril 1959 au 1er octobre 1968
Sénateur
du 2 octobre 1968 au 2 octobre 1977
Sénateur
du 3 octobre 1977 au 3 octobre 1980

Biographies

Biographie de la IVe République

VIGIER (Jean-Louis, Marie)
Né le 25 décembre 1914 à Corneilla-del-Vercol (Pyrénées-Orientales)
Décédé le 7 octobre 1992 à Le Soler (Pyrénées-Orientales)

Député de la Seine de 1951 à 1958

Fils de Raphaël Vigier, ingénieur puis industriel, maire de Corneilla-del-Vercol, et de Germaine Jonquères d’Oriola, Jean-Louis Vigier est catalan par sa mère et descend, par son père, d’une famille gardoise depuis cinq générations. Il fait ses études chez les Jésuites, au collège Saint-Joseph à Avignon, et au lycée Saint-Charles de Marseille. Après un baccalauréat « Mathématiques élémentaires », il est actuaire diplômé de l’université de Lyon. Il a été élève-officier de l’école d’artillerie de Poitiers.
Jean-Louis Vigier s’engage dès 1940 dans les Forces françaises libres (FFL) ; il est affecté au service du renseignement. Dans un discours prononcé à l’Assemblée nationale le 24 novembre 1953, il évoque son passage « à l’école du nationalisme et de l’antigermanisme bainvillien qui (l’) avait conduit logiquement à répondre au premier appel du général de Gaulle ». Il entre ensuite au réseau CDM (Camouflage du matériel), puis constitue le réseau Maurice qui aide au franchissement des Pyrénées et enfin anime le groupe Ail (acheminement des renseignements d'exploitation immédiate) du réseau Alibi. Ces réseaux, d’abord dans la mouvance giraudiste, sont devenus ensuite gaullistes et certains des renseignements collectés et transmis à Alger ont trait aux activités du Parti communiste. Arrêté par les Allemands le 30 mai 1944 à Paris, au restaurant « La Table du Roy », Jean-Louis Vigier est condamné à mort et transféré à la citadelle de Pont-Saint-Esprit, d'où il se jette pour ne pas parler. Il est grand invalide de guerre à 100 %. Libéré par les Alliés après quatre-vingt-quatre jours de détention, il est nommé président du comité local de libération de Pont-Saint-Esprit.
Journaliste après la guerre, Jean-Louis Vigier est, de mai 1945 à juillet 1947, PDG du journal L’Epoque, dans lequel il s’oppose aux communistes. Il adhère au Rassemblement du peuple français (RPF) dès la création du mouvement et engage son journal L’Epoque en faveur du RPF : le 8 avril, le texte intégral du discours de Strasbourg y est reproduit ; le 14 avril, une manchette couvre toute la largeur de la première page sur la déclaration du général de Gaulle et, le 16, un bulletin d’adhésion au RPF peut être y découpé. Jean-Louis Vigier est élu conseiller municipal de Paris et conseiller général de la Seine en octobre 1947, sur la liste du RPF dans le septième secteur (IIIe, IVe et Xe arrondissements). Il est secrétaire général du groupe RPF à l’Hôtel de Ville. Il est alors codirecteur-gérant de l’Agence parisienne d’information.
Conseiller national du mouvement gaulliste (1948, 1949-1950, 1950-1951), membre du conseil départemental de la Seine (1951-1952), il est élu député de la Seine le 17 juin 1951, en troisième position sur la liste du RPF conduite par Christian Fouchet, dans la troisième circonscription de la Seine (IIIe, IVe, Xe, XIe, XIIe, XIXe et XXe arrondissements), liste qui, avec 27 % des suffrages exprimés, obtient trois élus. Il est alors nommé, à l’Assemblée nationale, membre de la commission de la presse (1951-1955). En janvier 1953, il est également nommé membre de la commission de la justice et de la législation (1953-1954) et de la commission des immunités parlementaires (1953-1954), dont il est membre suppléant à partir de janvier 1954. Le 28 mars 1955, il est désigné pour siéger à la commission de la reconstruction, des dommages de guerre et du logement. Durant ce premier mandat, il dépose quatorze propositions de loi et deux propositions de résolution. Il intervient, en séance publique, dans la discussion de dix-sept débats différents, entre 1951 et 1955. Il défend alors deux amendements, cinq amendements indicatifs et propose un article additionnel et un ordre du jour. A neuf reprises, il est rapporteur pour avis, à l’occasion de la discussion des crédits de fonctionnement de nombreux services civils et ministères : presse, radiodiffusion et télévision (à quatre reprises), industrie et commerce, présidence du Conseil (à deux reprises), service juridique et technique de la presse.
A l’Assemblée nationale, Jean-Louis Vigier suit d’abord les consignes du RPF, votant en septembre 1951 pour la loi Barangé-Marie et, le 13 décembre 1951, contre la question de confiance posée pour l’adoption du projet relatif au pool charbon-acier. Le 6 mars 1952, il s’abstient lors du vote de l’investiture d’Antoine Pinay. Puis, il s’éloigne du gaullisme. Le 24 octobre 1952, à la tribune de l’Assemblée nationale, il défend l’amnistie, usant des propos suivants : « Tous ceux qui ont souffert n’acceptent pas de se complaire dans la souffrance des autres ; loin de nous conduire à un reniement, ce sont les principes mêmes qui nous ont fait opter pour la Résistance qui, aujourd’hui, nous commandent l’indulgence envers ceux qui se sont égarés […]. C’est un honneur d’avoir souffert pour son pays. Sachons en être dignes en décidant que l’heure est venue du pardon ».
Exclu du RPF en novembre 1952, en même temps que Paul Coirre et Jacques Féron, il forme, à l’Hôtel de Ville, un groupe d’Action municipale. Il condamne alors le RPF comme « une école d’intransigeance et de dépit ». Le 26 avril 1953, il est réélu conseiller municipal de Paris et conseiller général de la Seine sur une liste du Centre national des Indépendants (CNI). Le 26 juin 1953, il vote l’investiture à Joseph Laniel. Le 24 novembre 1953, intervenant dans la discussion des interpellations sur la politique européenne, il défend à l’Assemblée nationale le projet de Communauté européenne de défense (CED). Il explique que le refus du projet aurait « pour conséquences : en Amérique, l’isolationnisme ; en France, le neutralisme, la remise en cause du pacte atlantique, puis le kérenskysme et la soviétisation » et met en cause les adversaires de la CED qui, selon lui, souhaitent, « un renversement de (…) politique étrangère, prélude certain du renversement d’alliances », perspective insupportable pour Jean-Louis Vigier, très anticommuniste, qui ne manque pas de rappeler les tentatives faites en 1940 par les communistes pour faire reparaître L’Humanité sous l’occupation allemande. A l’issue de ce débat, Jean-Louis Vigier dépose l’ordre du jour suivant : « L’Assemblée nationale (…) considérant que la politique extérieure de la France devrait être soutenue par une majorité large et cohérente, considérant que le (…) débat a fait apparaître qu’aucune majorité répondant à ces conditions ne pouvait être dégagée dans la législature actuelle, invite le gouvernement à faire adopter dans les plus brefs délais un projet de loi tendant à fixer au 3 janvier 1954 l’expiration des pouvoirs de l’Assemblée nationale élue le 17 juin 1951 ».
Hostile à l’investiture de Pierre Mendès France, il dépose une demande d’interpellation, le 24 juin 1954, sur la composition du gouvernement. Il juge excessive la place réservée aux républicains sociaux dans le nouveau gouvernement, propos qui entraînent les protestations de Gaston Palewski et de Claude Hettier de Boislambert, qui rappellent que Jean-Louis Vigier a été élu grâce aux gaullistes. Fidèle aux conceptions qu’il avait développées en novembre 1953, il vote le 30 août 1954 contre la question préalable opposée à la discussion du projet de Communauté européenne de défense. Le 23 février 1955, il vote l’investiture à Edgar Faure et s’abstient le 29 novembre 1955 lors du vote de la question de la confiance.
Après la dissolution de l’Assemblée nationale, au mois de décembre 1955, il est réélu député aux élections législatives du 2 janvier 1956, dans la troisième circonscription de la Seine, à la tête de la liste CNI-Action républicaine et sociale – ARS, qui obtient 10,1 % des suffrages exprimés. Au cours de cette troisième législature de la Quatrième République, il est membre de la commission de la justice et de la législation (1956-1958) et de la commission de la presse (1956-1958). Au cours de cette législature écourtée, il dépose vingt-sept propositions de loi, un rapport et un rapport supplémentaire. Entre 1956 et 1958, il prend la parole dans la discussion de huit textes, en défendant huit amendements et cinq amendements indicatifs. A deux reprises, il est rapporteur pour avis : du projet de loi portant ajustement des dotations budgétaires reconduites à l’exercice 1956 pour la présidence du Conseil ; pour le projet de loi de finances pour 1957, au titre des budgets annexes (radiodiffusion et télévision française). Il intervient activement dans la discussion de la proposition de loi relative à la désignation des personnes contraintes au travail en pays ennemi, texte dont les multiples lectures jalonnent la session 1956-1957. Il refuse alors qu’on assimile les « contraints au travail » et « les déportés » : « Ni moralement, ni juridiquement, ni médicalement, ni pratiquement, les exilés du travail ne peuvent être comparés, et encore moins assimilés, aux déportés au point d’en prendre le nom devenu un titre, quelque chose comme saint ou héros, comme martyr en tous cas ». Ses autres interventions sont plus techniques, notamment dans des débats sur des questions de radio et de télévision.
Jean-Louis Vigier s’abstient le 31 janvier 1956 lors du vote de confiance sur le programme et la politique de Guy Mollet, vote la confiance à Bourgès-Maunoury le 12 juin 1957, ratifie, le 9 juillet 1957, les traités instituant la Communauté économique européenne (CEE) et la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA), vote la confiance à Félix Gaillard le 5 novembre 1957 et vote le 12 novembre 1957 en faveur des pouvoirs spéciaux en Algérie.
Le 13 mai 1958, il vote l’investiture de Pierre Pflimlin mais, le 27 mai 1958, il prend position contre la proposition de résolution tendant à décider la révision de certains articles de la Constitution. Le 1er juin 1958, il vote la confiance au général de Gaulle et, le 2 juin, approuve l’article unique du projet de loi relatif aux pleins pouvoirs.
Président du Conseil municipal de Paris de juin 1958 à mars 1959, il est battu aux élections législatives de novembre 1958 par le candidat de l’Union pour une Nouvelle République (UNR), Jean-Charles Lepidi. Élu sénateur de la Seine le 26 avril 1959, il reste membre de la Haute Assemblée jusqu’au 3 octobre 1980, date à laquelle il démissionne pour raisons de santé.
Grand officier de la Légion d’honneur, Jean-Louis Vigier était également décoré de la croix de guerre 39-45 avec palmes et étoiles, de la médaille de la Résistance avec rosette, de la médaille des blessés, de la médaille des internés résistants, de la Military Cross et de la médaille de la Résistance polonaise. Il a participé aux tomes I et II de L’Histoire de la Résistance en France d’Henri Noguères. Jean-Louis Vigier disparaît le 7 octobre 1992, dans sa soixante-dix-septième année.