Frédéric Champierre de Villeneuve

1905 - 1996

Informations générales
  • Né le 29 avril 1905 à Saint-benoît-de-la-réunion (La Réunion - France)
  • Décédé le 27 octobre 1996 à Bayonne (Pyrénées-Atlantiques - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 17 juin 1951 au 1er décembre 1955
Département
La Réunion
Groupe
Centre républicain d'action paysanne et sociale et des démocrates indépendants
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 30 novembre 1958 au 9 octobre 1962
Département
La Réunion
Groupe
Indépendants et paysans d'action sociale

Biographies

Biographie de la IVe République

VILLENEUVE (Marcel, Frédéric, Joseph CHAMPIERRE de)
Né le 29 avril 1905 à Saint Benoît (La Réunion)
Décédé le 27 octobre 1996 à Bayonne (Pyrénées-Atlantiques)

Député de La Réunion de 1951 à 1955 et de 1958 à 1962

Marcel, Frédéric, Joseph de Villeneuve est né le 29 avril 1905 à Saint-Benoît (La Réunion). La famille de Villeneuve est présente dans la colonie depuis le début du XVIIIème siècle. Elle fait partie de cette élite coloniale, qui dirige l’économie de l’île. Elle est particulièrement liée au monde agricole et de l’industrie de la canne à sucre. Après une enfance et une scolarité passées dans son île où il passe son baccalauréat ès-sciences au lycée Leconte de Lisle, Marcel de Villeneuve part en métropole. Il est élève de l’école spéciale militaire Saint-Cyr (promotion 1928). Il se marie le 26 décembre 1930 à Albi avec Mademoiselle Raymonde de Saint-Julien. Il est père de sept enfants.
Avant la seconde guerre mondiale, Marcel de Villeneuve fait une carrière militaire marquée par des missions en tant que légionnaire au premier régiment étranger de cavalerie en Tunisie et au Maroc. Il part, avec sa famille, à Casablanca. En 1943, il rejoint de Lattre de Tassigny. Il est successivement présent dans la campagne d’Afrique du Nord avec le premier régiment étranger de cavalerie, puis en Alsace avec la 5ème division blindée.
Il reçoit la croix de guerre (1939-1945). Il fait partie de l’armée d’occupation en Allemagne. De 1945 à 1947, il est à l’école des cadres de l’armée à Audinac et commande celle de Strasbourg.
En mai 1946, l’assassinat de son frère, Alexis de Villeneuve, maire de Saint-Benoît, leader de la droite réunionnaise, proche des idées du Mouvement républicain populaire (MRP), change son itinéraire personnel. Il démissionne de l’armée avec le grade de lieutenant-colonel (1951). Il revient à La Réunion, devenu département en mars 1946. Il entre dans la vie politique avec l’objectif premier de prolonger le combat de son frère contre le Parti communiste français (PCF). De la même manière, Jean de Villeneuve reprend la direction de la mairie de Saint-Benoît. Marcel de Villeneuve, catholique pratiquant, reçoit l’appui de l’Eglise dans son engagement. Alors que le Rassemblement du peuple français (RPF) s’implante dans l’île sous l’égide de Jean Chatel, puis de Jules Olivier et de Raphaël Babet, il demeure en retrait du mouvement gaulliste. Lors des législatives de 1951, quand la droite réunionnaise se divise et présente quatre listes, il fait le choix d’un regroupement avec Clément Valère et Joseph Vallon-Hoarau. Leur liste d’action agricole, économique et sociale s’oppose au rassemblement communiste qui présente la liste anticolonialiste et antifasciste de Raymond Vergès et Léon de Lepervanche. Elle subit la concurrence de la liste conduite par Raphaël Babet et Georges Repiquet. Dans cette élection, il tente de croiser les thématiques gaullistes et démocrates-chrétiennes. Dans sa déclaration officielle de campagne, Marcel de Villeneuve souhaite « l’aide de Dieu » pour réussir un projet qui privilégie la restauration de l’Etat et la sauvegarde des libertés, en particulier la liberté de l’enseignement. Sa profession de foi conjugue les deux grandes priorités de son action politique : « faire régner une plus grande justice sociale et battre le communisme sur son propre terrain » ; « défendre la prospérité de notre île natale et la grandeur de la France ».
Le 17 juin 1951, sa liste, arrivée en troisième position, réunit 22% des exprimés. Avec Raymond Vergès et Raphaël Babet, il est élu député. Il concrétise ainsi son projet politique et familial.
Marcel de Villeneuve siège au sein du groupe Centre républicain d’action paysanne et sociale et des démocrates indépendants (CRAPSDI). Il est membre de la commission de la défense nationale (1951-1955), de la commission de la famille, de la population et de la santé publique (1951-1952), de la commission des territoires d’Outre-mer (1952-1954) et de la commission des affaires économiques (1954-1955). Il est membre titulaire de la commission des immunités parlementaires (1954-1955) et membre suppléant de cette même commission, en 1955. Il est nommé membre suppléant de la commission de coordination pour l’examen des problèmes intéressant les Etats associés d’Indochine, par la commission de la défense nationale, en 1955. Il est membre de la commission d’instruction de la Haute Cour de justice (1951). Il est très présent dans les discussions sur les questions touchant l’armée et la défense nationale. Il se retrouve aux côtés du député Minjoz pour obtenir un service militaire actif de dix huit mois. Le 12 mai 1955, il dépose une proposition de loi portant organisation générale de la défense nationale. Par ailleurs, il dépose un rapport et deux rapports supplémentaires sur des textes d’initiative parlementaire. Au cours de la législature, Frédéric de Villeneuve intervient à trente-deux reprises en séance. Il dépose deux demandes d’interpellation, dix-neuf amendements, dix articles additionnels. A deux reprises, il remplit les fonctions de rapporteur de la proposition de loi relative à la durée du service actif des sursitaires (13 et 20 mars 1952). Par deux fois, il est rapporteur suppléant, le 12 avril 1952.
En 1951, il vote contre la CECA. Il se prononce en faveur de l’investiture d’Antoine Pinay (1952), de Joseph Laniel (1953), d’Edgar Faure (1955) mais contre celle de Pierre Mendès France (1954). Il soutient les gouvernements dans leur politique en Indochine et approuve le projet de Communauté européenne de défense (CED).
Dans le contexte du sous-développement et de l’accumulation des retards structurels de l’île de La Réunion, il intervient sur plusieurs dossiers réunionnais (situation des anciens combattants, aides aux vieux travailleurs, campagnes sucrières, réseau routier, développement du Tourisme).
Depuis La Réunion, le reproche lui est pourtant adressé de se passionner avant tout pour la vie politique nationale. Il réside avec sa famille à Paris et rentre rarement dans son île. En 1956, lors des législatives partielles, il se retrouve en seconde position sur la liste du Rassemblement des Gauches Républicaines (RGR) conduite par Raphaël Babet. La campagne traduit la déception de l’électorat après dix années d’une départementalisation, qui ne se réalise toujours pas. La liste communiste remporte deux sièges (Raymond Mondon, Paul Vergès). Marcel de Villeneuve est battu. Il se replie sur son mandat de conseiller général de Saint-Benoît.
Les premiers scrutins législatifs de la Cinquième République signent son retour à l’Assemblée nationale. Il analyse le 13 mai 1958 comme une date historique marquant une « nouvelle période de notre histoire ». Candidat sous l’étiquette Indépendant national dans la première circonscription, il a pour suppléant son beau-frère, le docteur Pierre Lagourgue. Dès le premier tour, il devance son adversaire de droite (Marcel Vauthier) et l’emporte nettement au second tour sur le candidat communiste (Paul Vergès).
En novembre 1962, il est battu lors d’une élection législative marquée par d’importantes fraudes et violences. Le scrutin est annulé par le Conseil constitutionnel (janvier 1963). L’élection partielle de mai 1963 voit la venue de Michel Debré, qui est élu député de la première circonscription. Marcel de Villeneuve s’efface, et laisse sa succession à l’ancien Premier ministre. Il se retire définitivement la vie politique réunionnaise.
Officier de la légion d’honneur, l’ancien lieutenant-colonel de cavalerie à la retraite s’installe dans le sud-ouest de la France, à Argens, dans le Gers. Sans reprendre un engagement personnel et se présenter à une consultation électorale, il continue de participer à la vie politique et sociale.
Il meurt le 27 octobre 1996 à Bayonne.