Alix, Edmond, Fernand Berthet

1907 - 1973

Informations générales
  • Né le 15 août 1907 à Villard-reculas (Isère - France)
  • Décédé le 11 décembre 1973 à Saint-lattiès (Isère - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 17 juin 1951 au 1er décembre 1955
Département
Isère
Groupe
Socialiste
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 2 janvier 1956 au 8 décembre 1958
Département
Isère
Groupe
Socialiste

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1940 à 1958 (La documentation française)



Né le 15 août 1907 à Villard-Reculas (Isère) Décédé le 11 décembre 1973 à Saint-Latties (Isère)

Député de l'Isère de 1951 à 1958

Fils d'un instituteur militant socialiste, le jeune Alix Berthet, après la mort de son père survenue au cours de la 1re guerre mondiale, est pupille de la nation. Il fait ses études à l'Ecole Primaire Supérieure de la Côte Saint-André, où il obtient son brevet supérieur. En 1924, il entre à l'Ecole normale d'Instituteurs de Grenoble. A sa sortie, en 1927, il effectue son service militaire dans le 8e Tirailleurs Tunisiens à Bizerte. En 1929, il est nommé instituteur à Decimes Charpieu en Isère. Il se marie. En 1931, il gagne l'école primaire de Bérenais où il exerce jusqu'en 1940.

Mais, depuis 1930, il a entamé une double activité syndicale et politique. Membre de la S.F.I.O., il milite dans la tendance Action Socialiste, qui se veut révolutionnaire et unitaire avec les communistes. En 1935, son beau-frère, Justin Arnol, proche de Paul Faure, devient secrétaire de la fédération de l'Isère du parti socialiste. Mais, Alix Berthet consacre surtout son temps au syndicalisme. Militant de la Fédération Unitaire de l'Enseignement, rattachée à la Confédération générale du travail Unitaire (C.G.T.U.), il est un des animateurs des « Groupes de jeunes », qui rassemblent de jeunes instituteurs. Il est aussi membre du secrétariat de l'Internationale des Travailleurs de l'Enseignement.

En 1934, il est un des rédacteurs de l'Emancipation des Normaliens, qui s'engage pour l'unité syndicale et en août 1935, un des rapporteurs de la Troisième école internationale des militants de l'enseignement. Cette même année, sous son impulsion et celle du communiste Gabriel Boullu, le groupe des jeunes devient le levain de la réunification syndicale. Après la réunification confédérale en mars 1936, Alix Berthet est porté à la tête de la section départementale du Syndicat national des Instituteurs. Il conserve ces fonctions jusqu'en 1940, auxquelles il ajoute celles de membre du Bureau national du S.N.I. et de la Commission administrative de l'Union Départementale de la C.G.T.

1938 est une année de conflits. Alix Berthet est clairement anti-munichois. Il est amené à s'opposer aux instituteurs pacifistes nombreux au S.N.I. En août 1939, il tente vainement d'obtenir une condamnation du Pacte Germano-Soviétique. Mobilisé en septembre, il ne participe pas à la réorganisation de la C.G.T., intervenue après l'exclusion des militants communistes et des syndicats qu'ils contrôlent.

Démobilisé en juillet 1940, Alix Berthet prend rapidement position contre Vichy. Il est victime d'une série de déplacements administratifs, dans les Hautes-Alpes, puis, en 1941, à Ozolles en Saône-et-Loire. En 1942, il entre dans la Résistance et adhère au mouvement Franc Tireur. En 1943, bénéficiant d'une mesure individuelle de clémence, il est réintégré comme instituteur à la Tronche, près de Grenoble. Il y poursuit une activité clandestine. Il anime un « Comité des Intellectuels » et fonde un journal illégal, l'Etoile des Alpes. En 1944, sous le nom de Duroc, il est secrétaire du Mouvement de libération nationale dans l'Isère, et, membre du Comité départemental de libération. Le 1er août 1944, il est arrêté par la Gestapo, torturé pendant plusieurs jours et enfermé dans une cellule de condamné à mort. Il est sauvé le 22 août par les Forces Françaises de l'Intérieur, lors de la Libération de Grenoble. Il est médaillé de la Résistance.

Alix Berthet reprend, un temps, des responsabilités syndicales : il est membre, jusqu'en septembre 1945, du Bureau national du S.N.I. Mais, son activité politique l'emporte désormais. Vice-président du Comité départemental de libération de l'Isère, il devient un des principaux dirigeants de la S.F.I.O. Il s'affilie à la loge des « Arts réunis » dépendant du Grand Orient de France. Il joue un rôle majeur dans la crise que traverse le quotidien « Les Allobroges », publié initialement en commun par le Front national et le M.L.N. A la fin de l'année, Alix Berthet participe à la création du Dauphiné libéré, dont il assume la direction politique jusqu'à l'été 1946. Il sera, ensuite, membre du conseil d'administration de ce journal jusqu'en 1955. Cette activité journalistique l'oppose nettement aux communistes de l'Isère.

Dès les élections à la première Assemblée nationale Constituante, le 21 octobre 1945, les socialistes de l'Isère le placent en seconde position derrière Lucien Hussel, président du conseil général, maire de Vienne. Il en va de même pour les élections à la seconde Assemblée nationale Constituante, le 2 juin 1946, et pour les élections législatives du 10 novembre. A chaque reprise, la S.F.I.O. n'obtient qu'un siège, derrière les deux principales forces politiques du département, le M.R.P. qui a trois élus et le parti communiste, deux élus. En 1947, Alix Berthet devient secrétaire fédéral de la S.F.I.O. Il assume aussi la direction d'un hebdomadaire politique, l'Espoir.

Pour les élections législatives du 17 juin 1951. Lucien Hussel abandonne son mandat parlementaire et patronne Alix Berthet comme tête de liste. Pour sept sièges à pourvoir, sept listes sont en présence dans l'Isère. La S.F.I.O. réalise un apparentement avec l'U.D.S.R., le parti radical et le M.R.P. « contre le double péril communiste et gaulliste ». Mais, il ne se réalise pas avec les Indépendants et paysans qui proposent aussi l'alliance au R.P.F. Sur 343 949 électeurs inscrits et 250 742 suffrages exprimés, les quatre listes apparentées ne totalisent que 107 455 voix, soit 42,5 % du total. La proportionnelle joue donc pleinement. Le parti communiste arrive en tête avec 85 524 voix, 34,1 % des suffrages et emporte trois sièges ; avec 40 637 voix, 16,2 %, le M.R.P. a un élu ; il en va de même pour les indépendants, avec 33 254 voix, 13,3 %, la S.F.I.O., avec 31 552 voix, 12,6 % et le parti radical avec 28 789 voix, 11,5 %.

L'élection du nouveau député de l'Isère est validée le 6 juillet 1951. Ses compétences professionnelles l'amènent à figurer dans la Commission de la presse, seule commission à laquelle il appartient durant toute la législature. Les trois propositions de loi qu'il dépose concernent essentiellement l'Isère. Le 9 juillet et le 11 décembre 1952, il est amené à présenter deux avis, au nom de sa commission, sur la dévolution des biens de presse et d'information en Algérie. Ses interventions portent, le plus souvent, sur les questions d'information. Surtout, il est amené à être le porte-parole du Groupe socialiste dans l'affaire des enfants Finaly qui a passionné l'opinion en 1953. Le 24 février, il affirme : « (...) Une Eglise quelle qu'elle soit ne peut invoquer une autorité et des droits allant contre l'autorité et les droits de l'Etat (...). Nous espérions en avoir fini avec les méthodes de l'inquisition, les baptêmes et les vocations forcées ». A plusieurs reprises, il intervient pour que la volonté des parents prime. Dans le débat sur la Communauté Européenne de Défense, il se range dans la minorité socialiste opposée à Guy Mollet, et, le 30 août 1954, il vote la question préalable opposée par le général Aumeran et Edouard Herriot qui amène le rejet du Traité. Il apporte, ensuite, pleinement, sa confiance au gouvernement de Pierre Mendès-France.

Alix Berthet mène, à nouveau, la liste S.F.I.O. pour les élections législatives du 2 janvier 1956. Cette fois, aucun apparentement n'est conclu. Les socialistes manifestent la même défiance vis-à-vis du parti communiste. Mais, le vote des lois Marie-Barangé, la chute du Gouvernement Pierre Mendès-France séparent, désormais, les socialistes du M.R.P. La S.F.I.O. se présente donc seule aux suffrages des électeurs. Sur 371 983 inscrits et 284 178 suffrages exprimés, le parti communiste recueille 82 190 voix, 28,9 % du total des exprimés, et conserve ses trois sièges, la S.F.I.O. progresse, avec 40 791 voix, 14,4 %, mais n'obtient qu'un siège, le M.R.P. décline et, avec 21 946 voix, 7,7 %, perd son siège, au profit des Indépendants et paysans, qui totalisent 50 173 voix, 17,7 % et ont un élu, surtout au profit de la liste poujadiste d'Union et de fraternité française, qui regroupe 56 877 voix, soit 20 % des suffrages et emporte deux sièges.

Alix Berthet est nommé membre de deux commissions, celle des moyens de communication et du tourisme et celle des pensions. En outre, le 12 novembre 1957, la Commission des moyens de communication le désigne pour faire partie de la sous-commission chargée de suivre et d'apprécier la gestion des entreprises industrielles et des sociétés d'économie mixte. Son activité législative se réduit. Toutefois, il est amené à intervenir sur la question des invalidations des députés poujadistes. Ainsi, le 3 février 1956 et le 23 mai, de violents incidents l'opposent au groupe d'Union et de Fraternité française.

Dans la crise de mai-juin 1958, il appartient à la minorité socialiste qui, le 1er juin, refuse la confiance au général de Gaulle et, le 2, vote contre la demande de pleins pouvoirs. Cependant le même jour il ne prend pas part au vote sur la révision constitutionnelle. A l'automne 1958, il quitte la S.F.I.O. et donne son adhésion au parti socialiste autonome.