Antoine Vourch
1885 - 1964
VOURC’H (Antoine)
Né le 8 novembre 1885 à Guipavas (Finistère)
Décédé le 20 juillet 1964 à Plomodiern (Finistère)
Membre de la première Assemblée nationale Constituante (Finistère)
Conseiller de la République puis sénateur du Finistère de 1946 à 1955
Antoine Vourc’h, dont les parents sont cultivateurs, naît le 8 novembre 1885 à Guipavas dans le Finistère où il passe son enfance.
Au terme de ses études secondaires au collège de Lesneven, il intègre l’Ecole du service de santé de la marine et des colonies à Bordeaux. C’est alors qu’il milite dans les rangs du Sillon de Marc Sangnier. En 1910, il prépare sa thèse de doctorat sur Les miracles de Lourdes. La direction de l’école lui ayant demandé quelques jours avant la soutenance de choisir un sujet « scientifique », il rédige alors sa thèse sur Le pneumothorax artificiel thérapeutique puis démissionne du service de santé de la marine. Il s’installe à Plomodiern pour se consacrer à la médecine rurale et fera éditer sa thèse originale sous le titre La foi qui guérit.
Durant le premier conflit mondial, il est affecté comme médecin aide-major de deuxième classe au 19e régiment d’infanterie de Brest. Blessé gravement à Verdun, sa courageuse conduite au front lui vaut plusieurs citations, la croix de guerre et la Légion d’honneur.
A sa démobilisation, Antoine Vourc’h, après avoir adhéré à la Fédération des républicains démocrates du Finistère de Paul Simon organisée en 1911-1913, est appelé à siéger en 1919, sous cette étiquette puis ultérieurement sous celle du Parti démocrate populaire (PDP), comme conseiller municipal de Plomodiern, après s’être présenté sur une liste adverse de celle du maire Jean Le Doaré, son beau père.
Lorsque la seconde guerre mondiale éclate, le docteur Vourc’h, père de neuf enfants, est mobilisé. En 1940, il met fin aux responsabilités qu’il exerce au sein des organisations professionnelles montrant ainsi son opposition au gouvernement de Vichy, qu’il estime contraire aux intérêts et à l’honneur du pays. En octobre et décembre de la même année, il facilite le départ de jeunes gens par barques de pêche de Douarnenez et de Camaret. Le réseau Johnny, un des premiers réseaux de renseignement établis en France et en zone occupée, voit le jour chez lui en 1941. En 1942, il est chargé d’organiser un service de renseignement en Tunisie avant le débarquement des alliés, puis il dirige à Alger, sous Darlan et Giraud, le service de renseignement du mouvement Combat. En octobre 1943, il est envoyé en mission en Egypte, puis rejoint Londres d’où il parle en breton à la BBC en août 1944.
A l’issue de la guerre, il est décoré de la rosette de la Résistance, de la croix de la guerre 1939-1945, de la médaille de la France libre et le 7 mai 1946, de la rosette de la Légion d’honneur à titre militaire. Par ailleurs, il fonde l’Amicale du réseau Johnny qu’il préside tout en assurant le secrétariat général du syndicat et du conseil de l’ordre des médecins de son département, la vice-présidence de la confédération des syndicats médicaux de France.
En 1945, Antoine Vourc’h participe à la fondation du Mouvement républicain populaire (MRP), puis est élu, sous cette bannière, adjoint au maire de Plomodiern en mai, puis conseiller général du Finistère en septembre pour le canton de Châteaulin. Il se présente ensuite à la première Assemblée nationale Constituante, le 21 octobre 1945, sur la liste du MRP, emmenée par André Colin. Avec 126 803 voix des 366 073 suffrages exprimés, cette liste emporte quatre des neuf sièges à pourvoir et Antoine Vourc’h est donc élu. Il est nommé membre de la commission de la famille, de la population et de la santé publique au nom de laquelle il dépose en 1946 quatre rapports sur des textes d’initiative parlementaire, dont deux portent sur deux de ses propositions de résolution tendant à faire bénéficier les jeunes gens de familles nombreuses, encore à la charge de leurs parents, des tarifs réduits déjà accordés par la SNCF aux enfants de moins de 18 ans, et à créer une section d’orthopédie à l’école des bottiers. Il est également l’auteur d’une proposition de résolution visant à faire appliquer le quotient familial dans le calcul de l’impôt de solidarité nationale et d’une proposition de loi portant modification à la loi sur l’exercice de la pharmacie, ainsi qu’une autre tendant à considérer comme personne à charge l’enfant mineur mort pour la France pour le calcul de l’impôt de solidarité qu’il veut étendre aux Français possédant des immeubles à l’étranger. En séance publique, il prend part aux discussions ayant trait à la fixation du budget général de l’exercice 1946 pour les services civils et à l’élection des membres de l’Union française. Il est nommé juré à la Haute Cour de justice. Il intervient à trois reprises en séance publique. Il remplit les fonctions de rapporteur de sa proposition de résolution déjà citée, tendant à inviter le gouvernement à créer une section d’orthopédie à l’école des bottiers. Il défend un amendement à l’article 5 de la proposition de loi, présentée par M. d’Astier de la Vigerie, relative à l’élection des membres de l’Union française.
Il se présente aux élections au Conseil de la République le 8 décembre 1946, en tête de la liste MRP qui, avec 898 voix des 1 691 suffrages exprimés, remporte deux des quatre sièges à pourvoir. Il est donc élu en obtenant le premier siège de conseiller de la République du Finistère au titre de la répartition départementale. A son arrivée au Conseil de la République, il s’inscrit au groupe du MRP, dont il est exclu à l’automne 1947, peu de temps après son inscription au Rassemblement du peuple français (RPF). Il siège à la commission de la marine et des pêches et à celle de la famille, de la population et de la santé publique au nom de laquelle il dépose deux rapports portant dérogation aux dispositions de la loi du 30 mai 1947 et modification à la loi du 15 février 1902 relative à la protection de la santé publique, ainsi qu’un avis sur les mesures à prendre pour développer les sports et les activités de plein air. Il est également l’auteur de trois propositions de loi relatives à la retraite des militaires de tous grades ayant participé à la seconde guerre, retraite qu’il veut proportionnée à la durée de leurs services, à l’exercice de la propharmacie et à l’enseignement de langue bretonne. Parmi ses nombreuses interventions, il prend part en 1947, en qualité de rapporteur, aux discussions portant sur le recrutement de certains personnels des établissements hospitaliers, sur l’urgence de procurer aux médecins, chirurgiens et sages-femmes les moyens de transport nécessaires et sur la protection de la santé publique.
Le 7 novembre 1948, Antoine Vourc’h est reconduit sans difficulté au Conseil de la République comme sénateur du Finistère en tête de la liste RPF qui, avec 753 voix des 1 795 suffrages exprimés, remporte deux des quatre sièges à pourvoir ; lui-même obient le premier siège au quotient. Il s’inscrit alors au groupe d’Action démocratique et républicaine, retrouve les commissions dont il était membre depuis 1946 et intensifie son activité parlementaire. De 1948 à 1955, il dépose quatre propositions de loi et de résolution, dix rapports et avis législatifs dont sept au nom de la commission de la famille, de la population et de la santé publique. Il intervient à une quarantaine de reprises, propose plusieurs amendements et pose une question au gouvernement visant à savoir pour quelles raisons l’article 7 de la loi de finances du 31 décembre 1951 n’a reconduit l’application de loi du 7 juin 1951 qu’aux seuls fonctionnaires titulaires sans faire mention des autres agents.
Dans ses interventions, en qualité de membre ou de rapporteur de la commission de la famille, il s’exprime sur l’aide à certaines catégories d’aveugles et de grands infirmes et la réglementation de la profession d’opticien lunetier, les facilités de transport par chemin de fer et les avantages accordés à certains étudiants, les prestations familiales agricoles, le budget de la santé publique et de la population. Quant à ses prises de parole, relatives à la commission de la marine, elles portent principalement sur le budget de la marine marchande et l’importation des produits de la pêche maritime. Mais Antoine Vourc’h prend également part à d’autres discussions portant sur divers textes budgétaires et la péréquation des pensions, les aides accordées aux anciens combattants pour poursuivre leurs études et les bonifications d’ancienneté pour les résistants, la fixation de contingents de décorations aux administrations publiques et la modification de la loi relative à la discipline de la Légion d’honneur et de la médaille militaire, l’institution d’un code de travail dans les territoires d’outre-mer et l’amnistie. En 1953, il devient également membre suppléant de la commission de la reconstruction.
Décidant de ne pas se présenter au renouvellement de son mandat de sénateur, Antoine Vourc’h se retire de la vie politique en juin 1955 pour se consacrer à ses activités de membre de la société archéologique, puis de délégué de la société de préhistoire du Finistère qui l’ont conduit à publier deux études sur la préhistoire dans le Menez Hom et la barque de Rostudel. Il décède à Plomodiern le 20 juillet 1964 à l’âge de 78 ans. Il était commandeur de la Légion d’honneur.