Jean Wagner
1894 - 1956
WAGNER (Jean, Frédéric)
Né le 6 mars 1894 à Colmar (District de Haute-Alsace, Empire allemand)
Décédé le 19 septembre 1956 à Mulhouse (Haut-Rhin)
Membre de la première et de la seconde assemblée nationale constituante (Haut-Rhin)
Député du Haut-Rhin de 1946 à 1955
Fils d’Adolphe Wagner, ouvrier, et de Caroline Philippe, il épouse Guillaumette Lindacker, le 13 juin 1918 à Stuttgart (Wurtemberg, Allemagne). Fils d’ouvrier, Jean Wagner est typographe dans sa ville natale de Colmar. Il adhère à l’âge de 18 ans au syndicalisme libre et au Parti social-démocrate allemand. Il s’établit ensuite à Mulhouse où il est, en 1920, linotypiste au Republikaner, quotidien de la fédération socialiste SFIO du Haut-Rhin. De 1920 à 1935, il préside le syndicat typographique de Mulhouse. Resté fidèle à la conception réformiste du syndicalisme, il est, en 1921, secrétaire administratif de l’Union départementale des syndicats CGT du Haut-Rhin. Il devient rédacteur en chef (1922-1928), puis directeur politique et éditorialiste du Republikaner / Républicain du Haut-Rhin jusqu’à son décès. De 1925 à 1940, et après la Libération, il préside la section socialiste de Mulhouse. Il est candidat sans succès aux élections législatives de 1928 et de 1932 à Thann (Haut-Rhin) contre Joseph Brom de l’Union Populaire Républicaine d’Alsace (UPR), puis à Mulhouse-Ville en 1936 contre le démocrate de Wallach. Il obtient 10 702 suffrages contre 11 249 au républicain de gauche Joseph Féga qui est élu.
Dès 1923, à la faveur d’une élection partielle, Jean Wagner entre au conseil municipal de Mulhouse. La confiance du maire Auguste Wicky lui vaut d’accéder à un poste d’adjoint en 1927, puis de premier adjoint en 1935. Il acquiert rapidement une réputation d’expert dans la gestion communale : il est l’un des fondateurs, en 1929, de l’association des maires du Haut-Rhin, dont il est plus tard président, puis vice-président.
Très sensible à la menace hitlérienne, il fait de son journal, dès 1933, l’un des organes français les mieux informés sur les réalités du IIIème Reich. Il fait de Mulhouse une plaque tournante de l’aide aux réfugiés allemands et à la résistance social-démocrate.
A l’approche des troupes allemandes, Jean Wagner quitte Mulhouse le 15 juin 1940 et se réfugie à Toulouse, d’où il collabore à la presse socialiste suisse. Il passe à la clandestinité après l’occupation de la zone Sud par l’armée allemande. Dès le 28 novembre 1944, il rendre à Mulhouse libérée avec le maire Wicky. Nommé vice-président du Comité départemental de Libération, il est blessé aux deux jambes, le 14 décembre 1944, par un obus allemand et en garde des séquelles sa vie durant. Il assure la direction des affaires municipales durant la maladie du maire Wicky. A la suite de la démission de ce dernier, il est élu premier magistrat, le 3 janvier 1947, par une coalition de socialistes, de communistes et du groupe de la Résistance. Il perd la mairie, après les élections d’octobre 1947, au profit du gaulliste Lucien Gander (RPF). En mai 1953, il retrouve le siège de maire contre le RPF Obringer au bénéfice de l’âge. Dans un premier temps, les groupes de droite lui refusent tout soutien et il est obligé de constituer une municipalité minoritaire, entièrement socialiste, à laquelle les communistes proposent vainement leur appui. Un compromis, dû à l’indépendant Jean-Jacques Dollfuss, inaugure une formule d’ « Entente municipale » et donne le poste de premier adjoint au démocrate-chrétien Joseph Wasmer (MRP).
Tête de liste SFIO du Haut-Rhin qui remporte 29,4 % des suffrages exprimés et deux sièges, Wagner est élu à la première Assemblée constituante en octobre 1945. Il est membre de la commission de l’intérieur, de l’Algérie et de l’administration générale, départementale et communale et de la commission de la presse, de la radio et du cinéma. Il dépose, le 8 avril 1946, un rapport sur la presse dans la zone d’occupation française en Allemagne. Lors du débat constitutionnel, il intervient pour demander l’introduction des lois laïques en Alsace et en Moselle.
En juin 1946, il est élu à la deuxième Assemblée constituante comme tête de la liste socialiste qui réunit 27 % des suffrages exprimés et obtient deux sièges. Il retrouve les deux commissions auxquelles il a appartenu durant son premier mandat de député, mais n’intervient pas en séance publique. Il ne dépose aucun texte de loi.
Aux élections législatives de novembre 1946, il est le seul élu de la liste SFIO qui ne recueille que 20,7 % des suffrages exprimés. Il siège à nouveau à la commission de l’intérieur (1946-1951) et à celle de la presse (1946-1951). Il est nommé membre du conseil supérieur de la protection civile (28 mai 1947) et de la commission de la réforme administrative (1er août 1947). Au cours de cette première législature de la Quatrième République, il dépose neuf propositions de loi, un avis, sept rapports - dont deux portent sur des projets de loi - et trois rapports supplémentaires. Il est notamment l’un des auteurs de la proposition de loi sur le Code municipal du 12 juin 1947. Il prend la parole à dix reprises en séance publique et défend trois amendements. Singulièrement, il intervient dans le débat sur le projet de loi portant statut général des agents communaux (16 avril 1951).
Le 17 juin 1951, il est le seul élu de la liste socialiste du Haut-Rhin, apparentée à une liste du Rassemblement des Gauches républicaines (RGR) qui recueille 15,4 % des suffrages exprimés. Il est nommé membre de la commission de l’intérieur (1951-1955) qu’il préside à partir de la fin de l’année 1952, après la mort de Denis Cordonnier. Il siège également à la commission de la presse, de 1951 à 1954. Durant cette seconde législature de la Quatrième République, il dépose onze propositions de loi, sept rapports – dont quatre portent sur un projet de loi – et un rapport supplémentaire. Il intervient à quinze reprises en séance publique, le plus souvent sur des questions concernant l’Alsace et la Lorraine. En février 1953, il participe aux démarches des parlementaires non communistes d’Alsace au sujet du procès de Bordeaux. Le 12 mai 1953, il dépose une demande d’interpellation sur les mesures que le gouvernement envisage en vue de la suppression du chômage dans les mines domaniales de potasse d’Alsace. Il remplit les fonctions de rapporteur à trois reprises : d’une proposition de loi relative à la réparation des préjudices de carrière subis par certains fonctionnaires (4 novembre 1952) ; du projet de loi portant suppression de la Haute Cour de justice (5 novembre 1952) ; en deuxième lecture, du projet de loi relatif à la reconstitution du Conseil général de la Guadeloupe (31 août 1954). Il est l’un des huit députés socialistes à voter l’amnistie pour les incorporés de force impliqués dans le massacre d’Oradour. En 1954 et 1955, il préside des missions parlementaires en Algérie et déclare que l’insurrection nationaliste peut être maîtrisée par des réformes d’ordre social. Le système des apparentements, qui lui a permis de conserver le dernier siège parlementaire socialiste en Alsace en 1951, joue contre lui le 2 janvier 1956. L’apparentement entre le Mouvement républicain populaire (MRP) et les Républicains sociaux (ex-RPF) ne lui permet pas de profiter de la remontée sensible des voix SFIO (19,9 % des suffrages exprimés), due à l’absence d’une liste mendésiste dans le Haut-Rhin. Il perd l’unique siège de la SFIO en Alsace. Le Parti socialiste le désigne alors pour siéger à l’Assemblée de l’Union française, mais son décès subit, le 19 septembre 1956, met brutalement un terme à ce dernier mandat. Jean Wagner est chevalier de la Légion d’honneur et titulaire de la croix de guerre 1939-1945.