Henri Wallon
1879 - 1962
WALLON (Henri, Paul, Hyacinthe)
Né le 15 juin 1879 à Paris (5ème)
Décédé le 1er décembre 1962 à Paris (16ème)
Membre de la première Assemblée nationale constituante (Seine)
Fils d'un architecte, Henri Wallon est issu d'une famille ayant compté des universitaires et des médecins, une ascendance bourgeoise mais fermement républicaine. Son grand–père Henri est resté fameux dans l'histoire de la Troisième République, pour avoir fait adopter en 1875 l'amendement de la Constitution établissant le caractère républicain du nouveau régime.
Élève au lycée Louis-le-Grand, il entre à l'Ecole normale supérieure de la rue d’Ulm en 1899 et réussit l'agrégation de philosophie en 1902. Il se tourne ensuite vers des études de médecine, et devient docteur en 1908. C'est durant ces années du début du siècle qu'il adhère au Parti socialiste pour le quitter quelques années plus tard.
Il fait toute la guerre de 1914-1918 comme médecin, sur le front, puis dans un train sanitaire. Après-guerre, il reprend et remanie sa thèse de doctorat ès lettres portant sur l'enfant turbulent, qu'il soutient en 1925. Désormais tourné vers l'étude de la psychologie de l'enfant, il créé dès 1922 le laboratoire de psychobiologie de l'enfant à l'Ecole pratique des hautes études (EPHE). Il poursuit également à la Sorbonne et à l'Ecole pratique des hautes études (EPHE) - où il est directeur d'études - une carrière universitaire qui l'amène à devenir, en 1937, professeur titulaire d'une chaire - créée pour lui - de psychologie et d'éducation de l'enfance au Collège de France. Directeur de l'Institut de Psychologie de l'Université de Paris, fondateur en 1948 de la revue Enfance, Henri Wallon a laissé une œuvre abondante en majeure partie consacrée à l'étude de la psychologie de l'enfant. Ses conceptions sur l'évolution de l'enfant ont eu, en France, une influence importante et pérenne.
Outre ses travaux universitaires, Henri Wallon s'intéresse également aux questions d'enseignement et de pédagogie. Il prend part aux activités de la Société française de pédagogie générale, dont il est président de 1937 jusqu'à sa mort. Il est aussi membre actif du Groupe Français d'Education Nouvelle, dont il devient président après la Libération : ses préoccupations pédagogiques se doublent en effet de convictions proprement politiques. Durant les années trente, soumis à l'influence de Paul Langevin, il est intellectuellement séduit par le matérialisme dialectique, et plus largement, dans le domaine politique, par le marxisme et le modèle soviétique. Entré au Parti communiste, il prend une part active au Comité de vigilance des intellectuels antifascistes - il est membre du bureau - et dans l'Association pour l'étude de la culture soviétique. Il assume également la présidence de la Fédération syndicale internationale de l'enseignement, donne des cours à l'Université ouvrière, à l'Institut supérieur ouvrier. Il collabore à la revue La Pensée.
En 1939, il ne condamne pas le pacte germano-soviétique et il reste solidaire du Parti communiste. Son cours au Collège de France suspendu par le régime de Vichy, il entre dans la résistance en 1941 au sein du Front national universitaire. Il est désigné par le Conseil national de la Résistance (CNR) comme secrétaire général provisoire au ministère de l'éducation nationale, fonction qu'il assume réellement pendant les deux semaines qui suivent la Libération.
Il est ensuite nommé au titre du Front national à l'Assemblée consultative provisoire le 9 mars 1945, et devient membre de la commission des finances. Il prend ponctuellement part à des discussions, notamment celle concernant l'éducation nationale le 28 mars 1945, au cours de laquelle il mêle des considérations tirées de ses travaux sur la psychologie de l'enfant, les thèmes politiques de défense des fonctionnaires et de la laïcité, et les mots d'ordre du moment du PCF : union de la Résistance et épuration.
Le 21 octobre 1945, il figure en troisième position sur la liste communiste du deuxième secteur de la Seine (1er, 2ème, 8ème, 9ème, 16ème, 17ème et 18ème arrondissements) derrière Marcel Cachin et Jeannette Vermeesch. Avec 100 192 voix sur 443 058 suffrages exprimés (soit 22,6 %), sa liste obtient trois sièges et il est élu à la plus forte moyenne. Il est nommé membre de la commission des affaires étrangères et de la commission de l'éducation nationale et des beaux-arts, de la jeunesse, des sports et des loisirs. Il n'a qu'une activité réduite durant cet unique mandat parlementaire, ne déposant que deux rapports, un au nom de la Commission des affaires étrangères, sur le projet de loi autorisant le président du gouvernement provisoire à ratifier la convention du 16 novembre 1945 créant l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (25 avril 1946) et un autre au nom de la commission parlementaire chargée d'enquêter dans les Zones d'occupation françaises en Allemagne et en Autriche et concernant un texte d’initiative parlementaire. Il participe alors à l'attaque en règle de son groupe parlementaire contre l'Etat-major de l'armée française en Allemagne. Il intervient en séance publique une seule fois, durant son mandat de député, dans la discussion du projet de loi portant fixation du budget général de l’exercice 1946, au chapitre de l’éducation nationale. Il défend les laboratoires universitaires et les instituts techniques supérieurs.
En fait, en dehors de cette activité peu soutenue, Henri Wallon est depuis novembre 1944 membre de la commission ministérielle pour la réforme de l'enseignement, au sein de laquelle il préside la commission de la formation des maîtres. Il devient président de cette commission ministérielle à la mort de son maître Paul Langevin en décembre 1946. C'est sous son autorité que la commission achève le fameux rapport Langevin-Wallon remis au ministre de l'éducation nationale le 19 juin 1947. Plan de réformes ambitieux inspiré par les réflexions antérieures, il est construit sur le désir de reconstruire l'enseignement autour du travail de l'élève, sur le fondement de la « justice scolaire ». Il prévoit un accès véritablement égalitaire à un enseignement humaniste, ouvert à toutes les disciplines, y compris manuelles ou professionnelles, et prolongé jusqu'à 18 ans. L'application de ce programme commande une refonte de la formation des enseignants et de l'organisation de l'enseignement (répartition des cycles, programmes, méthodes). Le rôle social de l'enseignement englobe également une formation morale et civique de tous les instants de la vie scolaire, et une « éducation populaire » destinée aux adultes faisant des écoles normales et des universités des « foyers de culture ». Bien que n'ayant jamais le moindre commencement d'application, ce rapport a eu une influence certaine sur les projets de réforme suivants, et reste à l'heure actuelle un texte de référence souvent invoqué.
Toujours en troisième position sur la liste communiste du deuxième secteur de la Seine, derrière Marcel Cachin et Jeannette Vermeersch, lors de l’élection de la deuxième Constituante le 2 juin 1946, Henri Wallon n’est pas réélu. La liste communiste n’obtient plus que 98 866 voix sur 452 255 suffrages exprimés. Seuls Marcel Cachin et Jeannette Vermeersch retrouvent leur siège. Il ne se représente pas, en novembre 1946, à l’élection de la première assemblée législative de la Quatrième République.
Sa candidature de 1951 - dans le premier secteur de la Seine (5ème, 6ème, 7ème, 13ème, 14ème et 15ème arrondissements) cette fois - est un nouvel échec. Il s’agit d’un échec prévisible puisqu’ Henri Wallon n’était que cinquième de liste et que seul trois députés sortant étaient communistes. Il ne se représente plus à partir de 1956. Même s’il n’est plus membre de l'Assemblée nationale, il demeure toutefois membre du Comité Constitutionnel, élu par le Parti communiste français, de 1948 à 1958, et chargé d'examiner la constitutionnalité des lois votées par l'Assemblée nationale.
Bien que signataire en 1956 de la « Lettre des dix » au Comité central témoignant du malaise interne lié aux troubles et à la répression en Hongrie, il reste jusqu'à sa mort fidèle au PCF. Malade, retiré de la vie politique active, il s'éteint à Paris le 1er décembre 1962.
Henri Wallon était titulaire de la croix de Guerre 1914-1918.