Guy Vaschetti

1931 - 2023

Informations générales
  • Né le 26 septembre 1931 à Tunis (Tunisie)
  • Décédé le 18 février 2023 à Paris (Paris - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 30 novembre 1958 au 9 octobre 1962
Département
Seine
Groupe
Union pour la nouvelle République

Biographies

Biographie de la Ve République

VASCHETTI (Guy)
Né le 26 septembre 1931 à Tunis (Tunisie)
Décédé le 18 février 2023 à Paris

Député de la Seine de 1958 à 1962

Guy Vaschetti nait le 26 septembre 1931 à Tunis (la Tunisie étant alors un protectorat français) de parents d’origine corse. Après le lycée à Tunis, il part à Paris où il a été admis à l’Ecole libre des sciences politiques et à la Faculté de droit. Il obtient un double diplôme d’études supérieures (DES) en économie politique et en sciences économiques, ainsi qu’une licence en droit qui lui permet de s’établir bientôt comme avocat à la Cour d’Appel.

Sur le plan politique, Guy Vaschetti est un gaulliste engagé qui a rejoint le Rassemblement du Peuple Français (RPF) à l’occasion de ses études de droit au tout début des années 1950. Malgré le déclin du RPF après le demi-échec des législatives de 1951 et la mise en sommeil de la formation par le général de Gaulle, l’étudiant reste fidèle au gaullisme et continue de militer dans les rangs des Républicains sociaux, petite formation qui, de 1954 à 1958, entretient la flamme chez les partisans du héros de la France Libre. Jacques Chaban-Delmas en est le premier président tandis que Roger Frey en assure le secrétariat général. Guy Vaschetti siège au comité directeur de l’antenne jeune du mouvement, les Jeunes Républicains Sociaux (JRS). Ce pied-noir tunisien se voit chargé de l’outre-mer. Au sein de cette structure, il tient un discours de défense d’un Empire alors très menacé depuis la fin de l’Indochine (1954) et les indépendances du Maroc et de la Tunisie (1956). La perte de ce dernier territoire a marqué Guy Vaschetti. Le jeune gaulliste refuse que l’Algérie, en guerre depuis l’automne 1954, connaisse une évolution similaire. Le juriste participe d’ailleurs à plusieurs opérations de « pacification » en Algérie, comme officier de réserve, dans l’armée de l’Air en 1956 et 1957.

En novembre 1957, Jacques Chaban-Delmas, qui vient d’être nommé ministre de la Défense nationale, l’appelle dans son cabinet comme chargé de mission. Guy Vaschetti assure d’abord la liaison avec le Conseil de la République (plus précisément avec le sénateur Michel Debré), avant d’entrer en contact avec Léon Delbecque qui suit la situation à Alger à partir de février-mars 1958. Le jeune avocat part rapidement en Algérie rejoindre cet activiste gaulliste qui noyaute l’administration et les services de sécurité, tout en aiguisant la colère de la population pied-noir contre la politique gouvernementale. Il s’agit de déstabiliser la IVe République et de favoriser une éventuelle révolte populaire susceptible de porter au pouvoir de Gaulle. L’occasion survient début mai 1958. Le 13 mai, à Alger, irritée par la nomination à la présidence du Conseil d’un Pierre Pfimlin partisan de l’ouverture de négociations avec le Front de libération nationale (FLN), une foule composée majoritairement de pieds-noirs et d’éléments musulmans favorables à la France prend d’assaut les bâtiments du Gouvernement général pour mettre en place un comité de salut populaire.

A sa modeste échelle, Guy Vaschetti a donc été un acteur du retour au pouvoir du général de Gaulle, à l’occasion des fameux « complots » du printemps 1958. Après être revenu en métropole et avoir participé aux manifestations de soutien à de Gaulle à Paris à la fin mai 1958, il continue d’appuyer l’action de ce dernier investi président du Conseil début juin 1958. En septembre 1958, il assure les fonctions de secrétaire général adjoint de l’Union civique pour le référendum, mouvement gaulliste qui regroupe des personnalités favorables à la nouvelle Constitution proposée par de Gaulle. Il assiste plus précisément le professeur Pasteur Vallery-Radot. Lors des législatives de l’automne 1958, Guy Vaschetti est candidat sous l’étiquette du nouveau parti gaulliste, l’Union pour la nouvelle République (UNR, au lancement de laquelle il a participé en octobre) dans la 23e circonscription de la Seine, qui s’étend sur une partie du XVIIe arrondissement de Paris. Le 30 novembre, avec l’aide de son suppléant Roger Postel, il est élu au second tour avec 45,8 % des suffrages exprimés dans le cadre d’une triangulaire qui l’a opposé au candidat du Centre républicain Bernard Lafay et à celui du Centre national des indépendants et paysans (CNIP) André-Yves Breton. La victoire du jeune gaulliste est d’autant plus inattendue qu’il était arrivé en troisième position au premier tour, avec seulement 18,97 % des voix, loin derrière Bernard Lafay et ses 38,44 % de voix. Guy Vaschetti rejoint le groupe UNR (dont il est le benjamin) et la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République. Au Palais-Bourbon, il se montre peu actif. Il dépose, en juillet 1959, une proposition de loi portant amnistie à certaines infractions fiscales ou douanières. Il prend part, en novembre 1961, aux débats lors de l’examen du projet de loi de finances pour 1962 sur les questions fiscales et suit le même mois les discussions à propos du projet de loi relatif à l’accueil et à la réinstallation des Français d’outre-mer. Le député parisien approuve le projet de loi autorisant le gouvernement à prendre, par application de l’article 38 de la Constitution, certaines mesures relatives au maintien de l’ordre, à la sauvegarde de l’Etat, à la pacification et à l’administration de l’Algérie (la loi du 4 février 1960). Il vote en faveur de la motion de censure du 4 octobre 1962.

Ce dernier vote est paradoxal de la part d’un gaulliste. Fidèle de Jacques Chaban-Delmas, devenu président de l’Assemblée nationale, et de Michel Debré, Guy Vaschetti se rapproche cependant de Jacques Soustelle à la mi-1959. Profondément attaché au maintien dans la France d’une Algérie où il avait combattu jusqu’en juin 1957, le député parisien, persuadé que ces départements algériens doivent et peuvent rester français, fonde sa conviction sur les succès remportés par l’armée française face au FLN. Dans la deuxième moitié de l’année 1959, il entre donc, comme d’autres députés gaullistes, en tension avec l’évolution du général de Gaulle vers l’autodétermination algérienne, une orientation qui se dessine assez nettement après le fameux discours gaullien du 16 septembre 1959. Estimant que le chef de l’État avait donné des garanties aux Musulmans, aux Pieds-noirs et à l’armée par son « Vive l’Algérie française ! » de Mostaganem, Guy Vaschetti ne peut accepter l’inflexion du président de la République. La fracture s’accentue début 1960 avec le remplacement du général Massu à Alger, la semaine des barricades, puis le départ de Jacques Soustelle du gouvernement. Pour l’Élysée, la question du développement et de la modernisation économique de l’Hexagone dans le nouveau cadre européen l’emporte désormais sur un dossier algérien perçu comme une entrave archaïque. Au Palais-Bourbon, dans un groupe gaulliste composé de 204 députés, Guy Vaschetti fait partie du groupe des « intégrationnistes », environ 80 partisans d’une ligne soustellienne de fermeté et du maintien sans condition de l’Algérie dans la France. Il fait partie de la « frange dure » mais celle-ci reste minoritaire face à une centaine de députés « libéraux » et une vingtaine d’attentistes, qui vont vite pencher du côté de l’Elysée. La triple exclusion de Jacques Soustelle (du gouvernement, puis du comité central de l’UNR en février 1960, et enfin du parti en avril) achève de marginaliser ces éléments radicaux. Après le départ par solidarité de quelques députés comme Pierre Picard, Charles Béraudier (suppléant de Jacques Soustelle), Jean Miriot et René Moatti, le groupe UNR de l’Assemblée se trouve purgé de ses éléments « Algérie française » les plus en vue. Le 7 décembre 1960, Guy Vaschetti en tire les conclusions et quitte le groupe UNR pour siéger comme non inscrit. Il s’apparente, le 4 juillet 1961, au groupe des Indépendants et paysans.

En novembre 1962, à l’occasion des législatives anticipées provoquées par la dissolution de l’Assemblée, Guy Vaschetti se présente à sa réélection dans la 23e circonscription de Paris. Candidat sous l’étiquette modérée, il est nettement distancé dès le premier tour avec 17,95 % des voix face à son rival gaulliste, Jean de Préaumont arrivé en tête avec 42,83 % des suffrages exprimés. Le second tour confirme le premier et Guy Vaschetti est sèchement battu avec 28,89 % des voix. Il abandonne la vie politique pour se replier sur sa carrière professionnelle. Toujours avocat à Paris, il réapparaît dans la presse en 1988 à l’occasion du procès opposant la famille Drossart (qu’il représente) à Catherine Allégret autour de la mémoire d’Yves Montand. Il décède le 18 février 2023. Depuis 1983, il était chevalier de la Légion d’honneur.