William Widenlocher

1912 - 1991

Informations générales
  • Né le 9 novembre 1912 à Bordj-bou-arreridj (Algérie)
  • Décédé le 20 août 1991 à Nice (Alpes-Maritimes - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 30 novembre 1958 au 3 juillet 1962
Département
Anciens départements d'Algérie
Groupe
Socialiste

Biographies

Biographie de la Ve République

WIDENLOCHER (William)

Né le 9 novembre 1912 à Bordj Bou Arreridj (Algérie)
Décédé le 20 août 1991 à Nice (Alpes-Maritimes)

Député de Sétif de 1958 à 1962

William Widenlocher naît, en 1912, dans une famille de Français d’Algérie d’origine alsacienne implantée à une soixantaine de kilomètres de Sétif, dans le Constantinois. Descendant de ces Alsaciens qui, après l’annexion allemande de 1871, ont choisi de s’installer en Algérie, il est le fils d’un directeur d’école devenu interprète judiciaire d’arabe et de kabyle, mort sur le front pendant la Première guerre mondiale. Admis au lycée d’Alger, il fait ensuite ses études à l’université d’Alger dont il sort licencié en droit, diplômé de droit musulman et titulaire d’un diplôme d’études supérieures d’économie politique. C’est à Oran qu’il commence sa carrière professionnelle, en tant que magistrat de 1937 à 1942, date à laquelle il entre comme avocat au barreau de Sétif. Engagé volontaire pendant la Seconde guerre mondiale, il est admis dans le cadre des officiers défenseurs du corps expéditionnaire français avec grade de capitaine et participe à ce titre à la campagne d’Italie en 1943-1944. Puis il est nommé capitaine de justice militaire en 1944-1945 et prend part aux combats en France et en Allemagne. En 1945, il reprend son activité d’avocat à Sétif, avant de partir exercer la profession d’avoué à Batna de 1947 à 1953. En 1953, il devient avoué près le tribunal de grande instance de Sétif. En parallèle de son activité professionnelle, il s’engage dans la vie politique au sein du parti socialiste ; il devient secrétaire de la section SFIO de Sétif dans les années 1950.

Après le déclenchement de la lutte d’indépendance nationale algérienne avec les attentats du 1er novembre 1954, les élections législatives de 1956 sont ajournées sine die par le gouvernement à direction SFIO de Guy Mollet. Les élections locales sont également suspendues, et les municipalités vidées de leurs conseillers « musulmans » massivement démissionnaires. Un régime transitoire est instauré, qui remplace les conseils municipaux par des « délégations spéciales », mises la plupart du temps sous autorité militaire, jusqu’aux élections municipales de 1959. A Sétif, William Widenlocher est le premier vice-président de cette structure en 1957-1958. En 1958, partout en Algérie, les délégations spéciales tombent sous l’autorité des comités de salut public, souvent dominés par les « ultras » et dont les socialistes sont exclus, ce qui explique sans doute son retrait. En 1957, il entre au conseil général du département de Sétif, créé par la réforme des circonscriptions administratives de l’Algérie, et y reste jusqu’en 1959. Il y est rapporteur général du budget. L’arrivée au pouvoir du général de Gaulle, après les manifestations du 13 mai 1958, relance le processus électoral. Des élections législatives sont prévues pour la fin du mois de novembre de la même année ; les règles du suffrage sont par ailleurs profondément modifiées. Pour la première fois, l’Algérie va élire ses représentants à l’Assemblée nationale dans un collège électoral unique, comprenant aussi bien ceux qu’on appelle alors les « Français de souche européenne » (FSE) et les « Français de souche nord-africaine » (FSNA). Pour la première fois également, les femmes issues de cette dernière catégorie sont appelées à se prononcer. Les particularités de ce scrutin tiennent aux dispositions contenues dans l’ordonnance du 16 octobre 1958 relative à l’élection des députés des départements d’Algérie à l’Assemblée nationale. Cette dernière instaure un scrutin de liste majoritaire à un tour, sans panachage ni vote préférentiel. Chaque liste de candidats doit, en outre, « respecter une certaine proportion entre les citoyens de statut civil de droit commun et les citoyens de statut civil local, afin de permettre une juste représentation des diverses communautés ». Dans la dix-septième circonscription algérienne, celle de Sétif, cette répartition est fixée à un candidat de statut civil de droit commun et trois candidats de statut civil local.

Aux élections législatives du 30 novembre 1958, William Widenlocher mène ainsi, dans la circonscription de Sétif, une liste de « Défense républicaine et d’action sociale ». S’il se revendique du parti socialiste, il est le seul des quatre candidats, parmi lesquelles figure une femme « musulmane », à revêtir une étiquette politique. La liste affiche d’ailleurs très nettement son soutien au général de Gaulle, et sa confiance en celui qui est apparu comme un homme providentiel « dans les jours les plus sombres ». Widenlocher fait campagne sur plusieurs thèmes : la politique économique et sociale d’abord, avec la suppression des bidonvilles et la scolarisation complète. Mais la profession de foi affirme aussi la confiance des candidats en une solution française du problème algérien, et place fermement leur action « sous les plis du drapeau tricolore que tant de musulmans ont défendu en sacrifiant leur vie. » Les candidats se prononcent pour la reconnaissance de la « personnalité » algérienne, et en son sein de la « liberté pour chacun dans le domaine des croyances, des religions, des coutumes », de l’« égalité des races en droits et en devoirs » ; ils défendent en particulier l’émancipation de la femme « musulmane ». Enfin, ils revendiquent la « fraternité entre tous les habitants de ce pays ». C’est bien une paix française que les candidats appellent de leurs vœux, susceptible de faire émerger une « Algérie nouvelle ». L’appel à la fin du conflit est martelé : « Trop de sang a coulé dans les rues de nos villes et de nos villages… Assez de tueries inutiles. Assez de crimes et de larmes ». La liste menée par William Widenlocher n’affronte qu’une seule liste concurrente, dite « d’Union pour l’Algérie nouvelle ». Le scrutin est marqué par une très forte abstention, avec 48 % des inscrits de la dix-septième circonscription qui ne se présentent pas au bureau de vote. Les résultats sont, en outre, relativement serrés ; la liste de « Défense Républicaine et d’action sociale » remporte cependant les quatre sièges de députés avec 52% des suffrages exprimés.

Élu député au Palais Bourbon, William Widenlocher entre au groupe socialiste. Sa formation juridique lui vaut d’être nommé membre de la Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République à plusieurs reprises en 1959, 1960, 1961 et 1962. Il est également membre, en octobre 1959, de la Commission spéciale chargée d’examiner la proposition de loi portant séparation du culte musulman et de l’Etat. Le 16 janvier 1959, de même que son secrétaire fédéral Guy Mollet, il vote contre le programme du gouvernement Debré, et le 3 juin 1959 contre le projet de règlement définitif de l’Assemblée nationale. Le 15 octobre 1959, il se prononce pour la déclaration de politique générale présentée par le Premier ministre et vote, le 23 décembre de la même année, contre le projet de loi sur les rapports entre l’Etat et les établissements d’enseignement privés. Le 2 février 1960, il vote pour les pouvoirs spéciaux du gouvernement et, le 27 avril 1962, il se prononce contre le programme du gouvernement Pompidou. Malgré son élection sur une liste sans couleur politique, il agit en député socialiste discipliné.

Le 3 juillet 1962, William Widenlocher cesse d’appartenir à l’Assemblée nationale, comme l’ensemble des députés élus dans les départements algériens et sahariens, dont les populations ont accédé à l’indépendance. Au sein du parti SFIO, il participe à la mise en place d’une structure d’accueil des militants socialistes rapatriés d’Algérie. Pour sa part, il s’installe avec son épouse institutrice et ses deux enfants à Nice, où il entame une activité de notaire en 1965. Il y préside également l’Amicale des amis de Constantine et du Constantinois. Il s’éteint en 1991.