Pierre Viénot

1897 - 1944

Informations générales
  • Né le 5 août 1897 à Clermont (Oise - France)
  • Décédé le 18 juillet 1944 à Londres (Royaume-uni)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XVe législature
Mandat
Du 8 mai 1932 au 31 mai 1936
Département
Ardennes
Groupe
Parti socialiste français
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XVIe législature
Mandat
Du 3 mai 1936 au 31 mai 1942 *
Département
Ardennes
Groupe
Union socialiste et républicaine

* : Un décret de juillet 1939 a prorogé jusqu'au 31 mai 1942 le mandat des députés élus en mai 1936

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1889 à 1940 (Jean Jolly)

Né le 5 août 1897 à Clermont (Oise).

Député des Ardennes de 1932 à 1942. Sous-secrétaire d'Etat aux Affaires Etrangères du 4 juin 1936 au 22 juin 1937.

Sa première enfance s'écoule à Clermont où son père était notaire. Elle est suivie par les années de collège à Paris (Gerson et Janson de Sailly). Dès le début de la première guerre mondiale, il s'engage sans même attendre d'avoir dix-huit ans, est cité une première fois, un mois à peine après son arrivée au front. En 1917, il est nommé aspirant, retourne au front, est très grièvement blessé dans la nuit du 14 au 15 juillet 1918, est de nouveau cité à l'ordre du corps d'armée. Il est fait, par la suite, chevalier de la Légion d'honneur à titre militaire.

Après des études de droit, il entre, en 1921, au cabinet civil du maréchal Lyautey, résident général du Maroc. Trois années passées auprès de Lyautey, dans une collaboration quotidienne, développent son goût des réalisations concrètes et des contacts humains, et lui apprennent le respect des civilisations différentes de la nôtre.

A son retour du Maroc, en 1923, il commence à préparer le concours des Affaires étrangères. Hanté par la menace d'une nouvelle guerre, convaincu de la nécessité d'une réconciliation entre la France et la République de Weimar, il fait de nombreux séjours en Allemagne et crée en 1926 le « Comité franco-allemand d'information » qui réunit des industriels, des hommes politiques, des écrivains français et allemands sous la présidence de l'industriel luxembourgeois Emile Mayrisch. Délégué à Berlin de la section française de ce comité, Pierre Viénot travaille durant quatre ans pour une meilleure compréhension entre les deux pays. Le comité se saborde à l'avènement du nazisme.

En 1931, Pierre Viénot publie un livre, Incertitudes allemandes, qui reçoit le prix de l'Europe nouvelle.

Décidé désormais à continuer son action pour la paix dans le cadre parlementaire, il se présente aux élections générales de 1932 dans l'arrondissement de Rocroi (Ardennes) comme candidat « républicain socialiste ».

Il est élu le 8 mai, au deuxième tour de scrutin, par 6.202 voix (sur 11.993 votants) contre 5.391 à Leguet et 336 à Pierlot. Au premier tour les voix s'étaient ainsi reparties : Leguet 4.789, Viénot 3.233, Bozzi 2.633 et Pierlot 999. A la Chambre il s'inscrit au « groupe du parti socialiste français » et entre à la commission des affaires étrangères et à celle des régions libérées.

Son activité parlementaire s'oriente suivant deux axes.

D'une part la défense de la classe ouvrière ardennaise. Sa première intervention en séance publique, en décembre 1932, porte sur le problème du chômage. Il lutte pour l'application aux ardoisiers du statut du mineur, pour la reconnaissance des maladies professionnelles des ardoisiers et des émailleurs, etc..

D'autre part, il s'attache particulièrement aux problèmes de politique étrangère, au combat pour la paix et pour la conclusion d'une convention de désarmement.

Durant plusieurs années Pierre Viénot est l'un des délégués de la France à la Conférence du désarmement.

Il prend parti pour l'application de sanctions à l'Italie après l'agression contre l'Ethiopie et pour le traité franco-soviétique.

Après le 6 février 1934, il vote contre le gouvernement Doumergue, et participe à la préparation du Front populaire.

Aux élections générales de 1936 il est réélu à Rocroi au second tour de scrutin, le 3 mai, par 6.930 voix (sur 11.666 votants) contre 4.585 à Posty. Au premier tour les voix s'étaient ainsi réparties : Viénot 4.108, Posty 2.651, Cercler 1.911, Pierlot 1.664 et Dehuz 1.190.

Il s'inscrit au groupe de l'Union socialiste et républicaine et le 4 juin il est appelé par Léon Blum au poste de sous-secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères chargé des affaires musulmanes (c'est-à-dire de la Syrie, du Liban, de la Tunisie et du Maroc). Il négocie avec la Syrie et le Liban des traités devant amener ces deux pays du statut de territoires sous mandat au statut de nations indépendantes alliées de la France.

En Tunisie, il essaye d'appliquer une politique d'autonomie, malgré l'opposition des « prépondérants » français, et reçoit Habib Bourguiba, chef du Néo Destour.

À la chute du premier gouvernement Léon Blum, il adhère au Parti socialiste S.F.I.O.

En dépit des séquelles de sa blessure de 1918 qui le tiennent alité pendant de longs mois en 1937-1938 et de sa qualité de parlementaire, il s'engage de nouveau en septembre 1939, et sert jusqu'en avril 1940, comme lieutenant-interprète à la 4e division d'infanterie. En avril 1940, Paul Reynaud lui confie la direction du service « Allemagne » au ministère de l'Information.

Replié à Bordeaux avec ses services en juin 1940, se refusant à accepter la défaite, il s'embarque sur le Massilia avec la volonté de continuer la guerre en Afrique du Nord, et de ce fait il ne peut participer à la séance de l'Assemblée nationale tenue à Vichy le 10 juillet 1940.

Extrait du Dictionnaire des biographies des compagnons de la Libération

Victime d'une campagne de presse antiparlementaire, considéré comme « déserteur », arrêté, il est placé en résidence surveillée à Rabat et ramené en France.

Traduit, en décembre 1940, devant le Tribunal militaire de Clermont-Ferrand il est condamné à huit ans de prison avec sursis. Immédiatement libéré, Pierre Viénot entre aussitôt dans la Résistance en multipliant les contacts en zone Sud. Il participe dans les milieux socialistes à la création de groupes d’études clandestins avec André Philip et Daniel Mayer notamment. Délégué par le Comité d'action socialiste (CAS), il entre, sous le nom d’André de Lacour, au comité directeur du mouvement Libération-Sud fondé par Emmanuel d'Astier de la Vigerie et prend part à la rédaction de Libération,journal clandestin du mouvement.

En août 1942, il est à nouveau arrêté et incarcéré à Vals et à Evaux puis placé dans un sanatorium en Savoie d'où il s'évade pour rejoindre Londres le 21 avril 1943 par une opération aérienne depuis la région d'Angoulême, porteur d’une message de ralliement d’Edouard Herriot au général de Gaulle.

Lorsque le Comité national français s’installe à Alger, il fait fonction d’ambassadeur auprès du Gouvernement britannique à Londres. En septembre 1943, il devient officiellement ambassadeur du Comité français de la Libération nationale (CFLN) à Londres.

Au printemps 1944, Pierre Viénot joue un rôle primordial dans les discussions avec les Alliés concernant le retour de la France dans le concert des nations ; il s’oppose au projet américain d’AMGOT (Allied Military Governement of Occupied Territories).

Le 14 juin 1944, il a la joie de débarquer en Normandie avec le général de Gaulle qu’il accompagne à Bayeux et de voir ses efforts couronnés par le retour de la souveraineté nationale française.

De retour à son poste d'ambassadeur dans la capitale britannique, épuisé par un travail incessant, il succombe à une crise cardiaque le 20 juillet 1944.

Pierre Viénot est inhumé en novembre 1948 à Chooz par Givet dans les Ardennes.

Chevalier de la Légion d'honneur
Compagnon de la Libération (décret du 23 octobre 1944)
Croix de Guerre 14-18 (2 citations)