Jean Albert-Sorel
1902 - 1981
ALBERT-SOREL (Jean)
Né le 7 novembre 1902 à Paris
Décédé le 10 avril 1981 à Honfleur (Calvados)
Député de la Seine de 1958 à 1962
Né le 7 novembre 1902 à Paris( VIème), il a pour ascendants un académicien (son grand-père l’historien Albert Sorel) et un romancier (son père, Emile Albert-Sorel). Jean Albert-Sorel obtient le diplôme de l’Ecole libre des sciences politiques et un doctorat de droit ; il embrasse en 1931 une carrière d’avocat qui s’achève en 1973. Avant son élection, il intègre de janvier à juin 1931 le cabinet du ministre des PTT Charles Guernier.
Durant la seconde guerre mondiale, il participe à la campagne de 1939-1940, intègre la Résistance et rejoint la 1ère armée française (Rhin-et-Danube) en 1945, ce qui lui vaut toutes sortes de distinctions (Légion d’honneur, croix de guerre, grade de commandeur de l’ordre national du mérite, médaille de la Résistance et des Forces Françaises Libres, croix du combattant volontaire) et le grade de lieutenant-colonel. Il est choisi pour rejoindre en tant que membre non parlementaire la Commission mise en place par la loi du 31 août 1946 pour enquêter sur les événements de 1939-1945.
La proximité avec Edouard Frédéric-Dupont, ministre chargé des relations avec les Etats-associés dont il fut l’éphémère chef de cabinet en juin 1954, explique sans doute la candidature d’Albert-Sorel aux élections du 30 novembre 1958, où il se présente dans la quatrième circonscription de la Seine à Paris au nom du Centre national des indépendants et paysans (CNIP), avec un programme axé sur l’anticommunisme, l’Europe, le maintien de l’Algérie dans l’orbite française ainsi que la défense des nouvelles institutions et d’un libéralisme économique bon teint. Jean Albert-Sorel, arrivé en tête au premier tour (12 387 voix), est élu au second tour, avec un total de 18 717 voix sur 40 150 suffrages exprimés (56 663 inscrits), perpétuant l’emprise du CNIP sur cette circonscription, et devançant assez largement le candidat Union pour la nouvelle République (UNR), arrivé en deuxième position avec 12 431 voix.
À l’Assemblée nationale, Jean Albert-Sorel intègre la Commission des affaires étrangères le 27 janvier 1959 et y reste jusqu’en 1962 ; il est également représentant suppléant à l’Assemblée consultative du Conseil de l’Europe depuis le 29 janvier 1959. Il intervient rarement dans les débats au Palais-Bourbon, si ce n’est sur des questions de politique étrangère, dans un sens atlantiste (15 juin 1960) et antisoviétique, notamment lors de la crise de Berlin (20 juillet 1961). Le 6 novembre 1961, il prend part à la discussion pour défendre l’activité des institutions culturelles dans le monde dans le cadre de la discussion du projet de loi de finances pour 1962.
Au cours de la 1ère législature, Jean Albert-Sorel a voté les déclarations de politique générale du gouvernement Debré les 16 janvier et 15 octobre 1959, ainsi que le règlement de l’Assemblée nationale (scrutin du 3 juin 1959), en faveur du projet de loi concernant l’enseignement privé (23 décembre 1959) et des pouvoirs spéciaux attribués au gouvernement (scrutin du 2 février 1960). Il s’est abstenu lors du scrutin portant modification de la Constitution (11 mai 1960) ainsi que sur le programme de Georges Pompidou (27 avril 1962). Absent lors du scrutin sur la levée de l’immunité parlementaire de Georges Bidault (5 juillet 1962), il a voté pour la motion de censure du 4 octobre 1962 provoquant la chute du ministère Pompidou, et la rupture nette entre une partie des Indépendants et de Gaulle.
Son parcours parlementaire s’achève en 1962, lorsqu’il se retire après un premier tour où il est distancé (8 907 voix) par le candidat UNR Pierre Bas (14 821 voix). Ce dernier - qui a doublé le total des suffrages réunis par l’UNR au premier tour dans cette circonscription – l’emporte facilement dans une triangulaire qui l’oppose à deux candidats ayant pourtant chacun réuni au premier tour moins de suffrages qu’Albert-Sorel. Le candidat malheureux revient à son métier d’avocat, et se consacre désormais à ses centres d’intérêt antérieurs, présidant la Société des études historiques, réalisant divers travaux, aussi bien sur l’histoire des monarchies anglaise et française que sur celle de la Résistance. Homme de lettres, il s’implique dans la vie de l’Académie des sciences morales et politiques dont il est l’un des correspondants à partir de 1973, après avoir présidé la Société des gens de lettres de 1968 à 1971. D’origine normande par son père, Albert-Sorel était placé depuis 1938 à la tête de la société du Vieux-Honfleur.
Il meurt le 10 avril 1981 à Honfleur.