Jacques-Philippe Vendroux
1923 - 2002
VENDROUX (Jacques-Philippe)
Né le 20 mai 1925 à Paris
Décédé le 20 décembre 2002 à Paris
Député de Saint-Pierre-et-Miquelon de 1967 à 1973
Né le 20 mai 1925 à Paris dans le XVIe arrondissement, Jacques-Philippe Vendroux est le fils de Jacques Vendroux, héritier par son père d’une dynastie industrielle du Pas-de-Calais et, par la mère de celui-ci, d’une famille de notaires ardennais. Président-directeur-général d’une importante fabrique calaisienne de biscuits, Jacques Vendroux, le père de Jacques-Philippe, est devenu le beau-frère de Charles de Gaulle après le mariage de ce dernier en 1921 à Calais avec Yvonne Vendroux, sa sœur cadette. Après des études secondaires à Lille, Jacques-Philippe Vendroux s’inscrit à la Faculté de droit de la ville avant de réussir le concours des Hautes études commerciales (HEC). Elevé dans le patriotisme, admiratif de son père, le capitaine Vendroux, libéré en 1941 après deux ans de stalag et membre actif des réseaux de Résistance, comme de son oncle, le général de Gaulle, qui depuis l’appel du 18 juin incarne l’espoir de la France libre à Londres, Jacques-Philippe Vendroux s’engage pendant la guerre dans la 2ème DB. Il participe à la campagne de France en 1944, et il est décoré de la Croix de Guerre 1945.
Après la guerre, Jacques-Philippe Vendroux suit les engagements politiques de son père, particulièrement proche de Charles de Gaulle au-delà même des liens familiaux, et rejoint comme lui le Rassemblement du peuple français (RPF) lors de sa création en 1947. Gaulliste fervent, il participe à Calais aux campagnes électorales de son père, élu conseiller général en 1949, puis député du Rassemblement en 1951. Sur le plan professionnel, il travaille pour le compte de l’Université de Paris comme directeur de résidence. Le retour au pouvoir du général de Gaulle en juin 1958 le satisfait pleinement tout comme son père, élu député UNR de la 7ème circonscription du Pas-de-Calais. À partir de 1962, Jacques-Philippe Vendroux s’engage plus directement en politique. Il est suppléant du député de l’Union pour la nouvelle République (UNR) du Rhône Henri Guillermin, et fait partie de plusieurs cabinets ministériels. Chef de cabinet du ministre de l’Education nationale Christian Fouchet, il est mis le 6 décembre 1962 à la disposition du Haut commissaire à la Jeunesse et aux sports, Maurice Herzog. Lorsque ce dernier devient secrétaire d’Etat à la Jeunesse et aux Sports en juin 1963, il devient son chef de cabinet ; il lui rendra hommage à l’Assemblée le 30 octobre 1968 à l’occasion d’une intervention en séance publique consacrée au bilan sportif des Jeux olympiques de Mexico : « Le sport français doit beaucoup à Maurice Herzog, et, dans les quinze médailles obtenues en 1968 à Mexico, il doit trouver la récompense du travail gigantesque qu'il a accompli pendant huit ans […]. Il serait bien ingrat de ne pas le reconnaître. » À partir du 17 janvier 1966 et jusqu’au 13 février 1967, il est attaché parlementaire pour l’Assemblée nationale au cabinet du ministre de l’Economie et des finances Michel Debré. Il suit les travaux du Palais-Bourbon pour le compte du ministre tandis que Jacques Desroches est chargé de l’équivalent au Sénat.
Dès l’été 1966, lorsque se préparent les élections législatives du printemps 1967, le nom de celui qu’on surnomme « Jackie » dans les milieux gaullistes, circule parmi les possibles candidats UNR. Jacques Foccart, qui a la main sur les investitures en tant que proche conseiller politique du général de Gaulle et qui reste le spécialiste incontesté de l’outre-mer, suggère son parachutage à Saint-Pierre-et-Miquelon, circonscription qui peut paraître facile compte tenu du nom de l’intéressé et de son engagement dans la 2ème DB, l’archipel ayant été un bastion de la France libre. Le siège de député est alors occupé par Henri Le Besnerais, qui a remplacé l’influent commerçant local Albert Briand - dont il était suppléant - après la mort de celui-ci en 1966. De Gaulle se montre d’abord plutôt réticent de peur d’être accusé de népotisme. Il ne semble pas au demeurant concevoir une quelconque carrière parlementaire pour son neveu. À la demande pressante de Michel Debré et de Jacques Baumel, le secrétaire général adjoint de l’UNR, René Tomasini, propose comme solution de rechange la circonscription de Louviers. Compte tenu des mauvais résultats obtenus par de Gaulle dans cette circonscription lors de la présidentielle de 1965, le choix ne paraît pas très judicieux et le chef de l’Etat refuse cette suggestion. En dépit des réserves gaulliennes, Jacques Foccart reste attaché à l’hypothèse de Saint-Pierre-et-Miquelon et Jacques-Philippe Vendroux se rend sur place début décembre 1966 pour y prendre des contacts. Début février 1967, le fils de Jacques Vendroux sollicite du Général un salut du Président à la population de l’archipel, ou tout du moins une photo dédicacée, geste de nature à favoriser sa candidature. Le chef de l’Etat refuse de s’immiscer aussi personnellement dans la campagne de son neveu mais laisse ce dernier tenter sa chance outre-mer.
Lors des législatives de mars 1967, Jacques-Philippe Vendroux est finalement candidat sous l’étiquette « Vème République » dans la circonscription de Saint-Pierre-et-Miquelon. Son suppléant est le fonctionnaire local Georges Farvacque. Le candidat gaulliste obtient 1 170 voix au premier tour, d’une part, face à Albert Pen, 741 voix, et, d’autre part, à Henri Le Besnerais, député sortant en remplacement d’Albert Briand, qui n’a obtenu que 951 voix. Seul candidat au deuxième tour, le 12 mars, il est élu après avoir obtenu 1 328 voix sur les 2 108 suffrages exprimés. Il s’inscrit au groupe d’Union des Démocrates pour la Ve République et rejoint la commission de la production et des échanges. Il participe au lancement d’une association des parlementaires des Dom-Tom et en devient le premier président. Au sein d’une Assemblée où les gaullistes disposent d’une majorité extrêmement réduite, Jacques-Philippe Vendroux se montre d’une fidélité politique totale. Même s’il se montre plutôt réservé à l’égard de Georges Pompidou dont il juge la politique immobiliste, il dénonce ceux qui, parmi les élus gaullistes, sont parfois tentés par un vote critique et exprime le 20 mai 1967 sa confiance au gouvernement lors du débat sur la motion de censure. La quasi-totalité de ses interventions à l’Assemblée concerne les problèmes spécifiques à Saint-Pierre-et-Miquelon. La discussion sur le projet de loi de finances pour 1968 le voit ainsi solliciter le gouvernement pour améliorer sur place les infrastructures scolaires, introduire la télévision, créer un office franco-québécois de la jeunesse et moderniser le secteur de la pêche, via des investissements publics destinés aux usines de transformation du poisson et à l’équipement de la flotte locale. Il intervient également en novembre 1967 pour défendre aux flottilles étrangères l’entrée des eaux territoriales françaises. C’est lui qui accueille le général de Gaulle, embrassé par celui-ci sous l'objectif des photographes et des caméras de télévision, lors de la visite présidentielle à Saint-Pierre-et-Miquelon, le 20 juillet 1967, au cours d'une escale du croiseur Colbert, et avant le voyage triomphal au Québec.
Lors des législatives anticipées de juin 1968, consécutives aux événements de Mai, seul candidat, il est élu dès le premier tour, le 23 juin, dans la même circonscription, avec 1 701 voix sur 2 205 votants. Il adhère au groupe d’Union des Démocrates pour la République et choisit de siéger à la commission de la production et des échanges avant de la quitter en septembre 1968 pour celle de la défense nationale et des forces armées, puis à partir d’octobre 1969 pour celle des affaires culturelles, familiales et sociales. Membre suppléant du Comité directeur du Fonds d’investissement pour le développement économique et social des TOM (FIDESTOM), Jacques-Philippe Vendroux continue de s’intéresser tout particulièrement à la France d’outre-mer, à Saint-Pierre-et-Miquelon prioritairement, mais aussi à la Nouvelle-Calédonie, en tant que président de la commission spéciale chargée d’examiner en novembre 1968 le projet de loi (n° 402) tendant à favoriser le développement économique et social du territoire. De 1968 à 1972, les discussions annuelles sur les projets de loi de finances sont l’occasion pour lui d’exiger de la part de l’État un effort supplémentaire en matière de développement du tourisme, de modernisation des infrastructures de pêche, d’aide à l’enseignement privé à Saint-Pierre-et-Miquelon, dans le cadre de la loi Debré. Craignant « l’invasion du territoire par des fonctionnaires métropolitains » (25 octobre 1971), il préconise l’étatisation de la fonction publique sur le territoire dont il ne souhaite pas la départementalisation. Il déplore enfin (4 mai 1972) le coût croissant de la vie à Saint-Pierre-et-Miquelon. Il vote pour la loi du 5 juillet 1972 portant création et organisation des régions.
Sur un plan plus politique, Jacques-Philippe Vendroux, gaulliste de fidélité, comme son père, vit très mal le départ du général de Gaulle après l’échec de la campagne référendaire du printemps 1969, dans laquelle il s’est engagé personnellement. Il fait partie au Palais-Bourbon de ces députés gaullistes « orthodoxes » qui manifestent rapidement leur défiance à l’égard du nouveau président de la République, Georges Pompidou, soupçonné de ne pas respecter l’intégrité de l’héritage gaullien. Il participe avec son père à la fondation de l’association parlementaire « Présence et action du gaullisme » qui rassemble le carré des fidèles sous la direction de Michel Debré et Pierre Messmer. Jacques-Philippe Vendroux se rapproche alors du député Charles Pasqua, qui se réclame de cette même sensibilité gaulliste et qui vient à l’automne 1969 de quitter le Service d’action civique (SAC) à la suite d’un désaccord avec Jacques Foccart, celui-ci ayant accepté de rester au même poste au service de Georges Pompidou. Les liens entre Jacques-Philippe Vendroux et Jacques Foccart, autrefois excellents, se dégradent, surtout lorsque le député de Saint-Pierre-et-Miquelon soutient en décembre 1969 les dissidents du SAC emmenés par Charles Pasqua. Lorsqu’il est battu aux cantonales de septembre 1970, Jacques-Philippe Vendroux y voit l’œuvre des réseaux de Jacques Foccart, sans doute à tort même si ce dernier est en liaison étroite avec le gouverneur Henri Beaux. Le député subit surtout la montée en puissance de son rival politique local, le dynamique Albert Pen, sénateur de Saint-Pierre-et-Miquelon depuis 1968 et maire de Saint-Pierre à partir de 1971. Ce dernier, qui souhaite faire battre Jacques-Philippe Vendroux aux législatives de 1973, menace de se présenter si son rival obtient l’investiture de l’Union des républicains du progrès (U.R.P.), coalition de la majorité présidentielle constituée au début de l’année sur la base du programme de Provins. Il prépare surtout la candidature de Georges Poulet, administrateur de la France d’outre-mer, alors en poste en Nouvelle-Calédonie mais qui avait été autrefois en fonction à Saint-Pierre-et-Miquelon. À l’automne 1972, Jacques Foccart apporte discrètement son soutien à Georges Poulet qui promet en cas d’élection de s’inscrire au groupe gaulliste. En dépit de l’appui du Premier ministre Pierre Messmer, Jacques-Philippe Vendroux comprend qu’il n’obtiendra pas l’investiture de la majorité présidentielle. En décembre 1972, il accepte de ne pas briguer le renouvellement de son mandat en échange de sa nomination à la direction de l’Office de coopération et d’accueil universitaire (OCAU) que lui propose Pierre Messmer, ministre d’État chargé des départements et territoires d’outre-mer, devenu Premier ministre. Le décret de nomination est signé en janvier 1973 et Jacques-Philippe Vendroux s’installe à la tête de l’OCAU. C’est finalement un ancien préfet ayant dirigé les Invalides de la Marine, Frédéric Gabriel-Sabatier, candidat divers majorité, qui s’impose dès le premier tour des législatives de mars 1973 face au Républicain indépendant Georges Poulet. Le siège de Saint-Pierre-et-Miquelon est perdu pour les gaullistes.
Jacques-Philippe Vendroux dirige l’OCAU jusqu’en 1978. Il meurt à l’âge de 77 ans, le 20 décembre 2002 à Paris. Il était décoré de la Croix de Guerre 1939-1945.