Pierre Volumard
1919 - 1989
VOLUMARD (Pierre, Louis, Charles)
Né le 20 septembre 1919 à Neuilly-sur-Seine (Seine)
Décédé le 1er avril 1989 à Paris
Député de l’Isère de 1968 à 1973
Né le 20 septembre 1919 dans une famille d’ingénieurs originaire des Pyrénées (Luchon) et du Massif central (Issoire), Pierre Volumard fait ses études primaires et secondaires en région parisienne : il est élève à l’école communale de Saint-Leu-la-Forêt, dans le département de Seine-et-Oise ; il en ressort avec le certificat d’études primaires. Puis il étudie au lycée Voltaire, dans le 11ème arrondissement de Paris, où il passe son baccalauréat « Maths Elem » en 1937. C’est à Grenoble qu’il accomplit ses études supérieures, à la Faculté de droit d’abord, aux Arts-et-Métiers ensuite. Il appartient à la promotion 1937-1940 de cette grande école ; il en sort deuxième. Quelque temps après son service militaire (mars 1940-novembre 1941) – il est lieutenant de Réserve dégagé des cadres (artillerie) -, il est admis à l’Institut national polytechnique de Grenoble, en 1942 et 1943, et en ressort avec deux autres diplômes d’ingénieur : électrotechnicien (IEG, 1942, 1ère place) et hydraulicien (EIH, 1943, 4ème place).
Il débute sa carrière professionnelle le 15 juillet 1943, dans l’entreprise Force et Lumière, spécialisée dans l’énergie industrielle. Pendant 15 mois, il effectue des stages d’un à trois mois dans tous les services de la société : production, transport, dispatching, distribution administrative, gaz. Du 15 octobre 1944 au 1er janvier 1946, il est adjoint au directeur de la Société d’éclairage d’Aix-les-Bains. Du 1er janvier 1946 au 1er janvier 1947, il est chef du service « Postes » du réseau de moyens de transport de l’entreprise Force et Lumière.
Il occupe son premier poste à responsabilités importantes à compter du 1er janvier 1947, à la direction de l’Equipement d’Electricité de France (EDF) où il demeure jusqu’en décembre 1975. Il va alors se spécialiser, au fil de ses vingt-huit ans de carrière, dans la direction de travaux de barrages. Il est d’abord chef d’Aménagement de l’Arly, à Albertville (Savoie) et, à ce titre, est l’adjoint du chef d’arrondissement du Beaufortain qui regroupe les barrages de Girotte, de Roselend, de Champigny et de Bourg-sur-Moûtiers. A partir du 1er août 1951, il est chef d’aménagement de Saint-Pierre-sur-Gognet, sur le Drac, dans la commune de La Mûre (Isère). Il travaille sur les chantiers de Grand-Maison-sur-Froges et, à partir du 1er janvier 1959, est chef d’aménagement de Saint-Georges-de-Commiers sur le Drac et de la Moyenne-Isère, à Saint-Egrève. Avec l’autorisation de la direction générale d’EDF à laquelle il appartient, il est gérant à temps partiel de la SARL Jay et Peyrot, constructeur de fermetures métalliques à Grenoble, du 1er janvier 1959 au 1er mai 1961. Dès le 1er septembre 1965, il devient chef du service « Travaux » de la REH Alpes-Nord à Chambéry. Il préside, par ailleurs, le Groupement dauphinois de la houille blanche, de 1965 à 1969, date à laquelle il devient le président national de la Houille blanche trois ans durant. Il est aussi administrateur de l’Institut national polytechnique de Grenoble, et publie plusieurs ouvrages, articles et études sur la technique des barrages. En 1968, ingénieur en chef d’EDF, il préside le Rotary-Club, ainsi que la société grenobloise de gestion du foyer d’étudiants de l’Institut de Grenoble. Il est également membre du comité départemental HLM de Grenoble.
Lié à Grenoble par sa belle-famille d’une part, par sa profession d’autre part, Pierre Volumard débute une carrière politique dans la préfecture de l’Isère, capitale des Alpes. A l’occasion des élections législatives du mois de juin 1968, consécutives à la dissolution de l’Assemblée nationale par le général de Gaulle, il accepte d’être le suppléant de Jean-Marcel Jeanneney, ancien doyen de la faculté de droit de Grenoble, et professeur de droit et de sciences économiques à l’Université de Paris. Ministre des affaires sociales de Georges Pompidou depuis 1966, Jean-Marcel Jeanneney vient, à ce titre et quelques semaines plus tôt, de négocier les accords de Grenelle. Membres de l’Union des démocrates pour la République (UDR), les deux hommes sont candidats dans la deuxième circonscription de l’Isère, partie du territoire départemental qui regroupe les cantons de Grenoble-Nord, moins les communes rurales, et le canton de Grenoble-Sud. Cette circonscription fait alors l’objet de l’attention de tous les commentateurs politiques de France ; elle oppose, en effet, ce ministre important du général de Gaulle à la figure intellectuelle de l’opposition de gauche, le député sortant Pierre Mendès France, candidat avec Guy Névache, chef de cabinet du maire de Grenoble, au renouvellement de son mandat. Jean-Marcel Jeanneney et Pierre Volumard arrivent en tête des cinq candidats en lice au premier tour de scrutin, en rassemblant 22 707 des 61 619 suffrages exprimés, devançant ainsi l’ancien Président du Conseil de plus de 3 000 voix. La semaine suivante, après un bon report des voix de part et d’autre, Jean-Marcel Jeanneney est élu député de l’Isère. La campagne électorale a été polarisée par le débat Jeanneney - Mendès France. Jean-Marcel Jeanneney apparaît clairement comme le candidat du pouvoir qui veut sauvegarder « l’acquis de la Vème République », c’est-à-dire, pour lui, « le sens du réel », et « l’originalité des solutions françaises ». Il a souhaité, en priorité, s’intéresser à l’Université, aux entreprises, à la déconcentration de l’administration et à l’information politique et économique des Français. Il tente, au cours de cette campagne, de marginaliser Pierre Mendès France et le Parti socialiste unifié (PSU), en soulignant que face au Parti communiste, l’ancien président du Conseil et sa politique ne pèseraient guère.
Appelé, dès le mois de juillet 1968, dans le gouvernement formé par Maurice Couve de Murville, le nouveau député gaulliste de Grenoble cède son siège à Pierre Volumard qui, à sa suite, rejoint le Palais-Bourbon. Celui-ci s’inscrit tout naturellement au groupe de l’Union des démocrates pour la République (UDR), le 24 septembre 1968. Il est nommé membre de la commission de la production et des échanges, et y siège pour la durée de la législature. S’il ne dépose aucun texte de loi, au cours de son mandat, il intervient à 23 reprises en séance publique. L’éducation est son thème de prédilection. Aussi, le 3 octobre 1968, intervient-il dans la discussion du projet de loi d’orientation de l’enseignement supérieur, défendu par le ministre de tutelle, Edgar Faure. Il s’intéresse alors à la participation des jeunes à l’Université. Le 12 novembre 1969, il monte à la tribune, dans les débats relatifs au projet de loi de finances pour 1970 relatifs au budget du ministère de l’éducation nationale. Fort de son expérience professionnelle, il suggère de mettre en lien l’éducation nationale, l’industrie et l’économie, au vu de l’inadaptation professionnelle de la jeunesse. A cet égard, il défend bec et ongles l’importance de l’enseignement technique et de l’enseignement professionnel. Le 15 avril suivant, c’est au cours d’un débat sur la déclaration du gouvernement sur les problèmes d’enseignement que Pierre Volumard intervient à nouveau. Il renouvelle son souhait de ne pas maintenir des crédits affectés à des enseignements sans débouchés. L’année suivante, le 23 juin 1971, il prend part à la discussion, en deuxième lecture, du projet de loi portant organisation de l’éducation professionnelle permanente. Il attire l’attention de ses collègues de la représentation nationale sur le rôle des chambres de métiers. Peu de temps après, le 24 juin 1971, il parle dans la discussion du projet de loi d’orientation sur l’enseignement technologique, sur lequel l’Assemblée nationale délibère en deuxième lecture : il y rappelle le caractère spécifique de ce type de formation.
Pierre Volumard intervient dans d’autres débats, mais de manière plus ponctuelle. C’est le cas notamment de la réforme de l’assurance maladie et maternité des travailleurs non salariés des professions non agricoles, sur la réforme fiscale relative aux contributions directes locales, sur la réforme de la filiation. Il est intéressé aussi, même s’il n’intervient que sur un article, au texte d’initiative gouvernementale relatif à al création et à l’organisation des régions, le 27 avril 1972. Le 17 mai suivant, il manifeste un intérêt poussé à l’examen de la réforme de l’assurance vieillesse des travailleurs non salariés des professions artisanales, industrielles et commerciales. Enfin, l’ingénieur d’EDF ne peut ignorer l’initiative gouvernementale visant à la création d’entreprises exerçant, sur le sol national, une activité d’intérêt européen en matière d’électricité. Rappelant la stratégie française dans le domaine énergétique, il répond à Michel Rocard, Paul Cermolacce et André Boulloche sur le rôle des sociétés d’électricité multinationales, le 13 décembre 1972.
Au cours de son mandat, le député gaulliste de l’Isère soutient par ses votes la politique du gouvernement. Le 10 octobre 1968, il vote en faveur du projet de loi d’orientation de l’enseignement supérieur, comme la représentation nationale à sa presque unanimité. Il en fait de même, le 4 décembre 1968, sur le texte d’initiative gouvernementale, relatif à l’exercice du droit syndical dans les entreprises. Il approuve le projet de loi tendant à renforcer la garantie des droits individuels des citoyens, le 28 mai 1970. Le 4 juin suivant, il soutient le gouvernement Chaban-Delmas dans sa volonté de réprimer certaines formes nouvelles de délinquance. Comme la grande majorité de ses collègues députés, il soutient de son vote la réforme du Service national, le 10 juin 1970. Il apporte sa voix au Premier ministre qui, le 15 octobre 1970, présente la déclaration de politique générale de son gouvernement. Il en fait de même, le mercredi 24 mai 1972. Entre-temps, le 27 avril 1972, il est de ceux qui approuvent l’ensemble du projet de loi portant création et organisation des régions.
Pierre Volumard est candidat au renouvellement de son mandat, à l’occasion des élections législatives de 1973. Jean-Marcel Jeanneney ne souhaitant pas récupérer son siège, le député sortant, investi par l’UDR, se présente en son nom propre, dans la même deuxième circonscription de l’Isère. Il choisit pour suppléant un jeune journaliste proche des milieux gaullistes de l’Union des jeunes pour le progrès (UJP), Alain Carignon. Les deux hommes sont devancés par le candidat de la gauche, dès le premier tour. Le maire de Grenoble, Hubert Dubedout, accompagné de son chef de cabinet naguère suppléant de Pierre Mendès France, réalise le meilleur score, avec 20 904 des 69 143 suffrages exprimés ; il devance le député sortant de près de 3 500 voix. Au deuxième tour, Pierre Volumard s’incline face à Hubert Dubedout, avec 29 387 voix. Le député élu obtient 40 953 suffrages. L’ancien suppléant du ministre Jeanneney ne sera pas candidat aux élections législatives de 1978.
Pierre Volumard quitte alors la vie politique, et rejoint, pour quelques années encore, le monde professionnel qu’il a choisi de servir trente ans plus tôt. Il est rattaché à la direction d’EDF le 1er avril 1973 et, le 1er septembre suivant, il est détaché à la SORETEL, une des filiales d’EDF, comme délégué régional pour l’Auvergne, la Bourgogne et Rhône-Alpes. Administrateur, en 1966, de la SOGGEFET, société organisant le logement des élèves ingénieurs de l’Institut national polytechnique de Grenoble (INPG) – Résidence Houille Blanche, il en devient le président en 1973. Administrateur du PACT de Grenoble, association chargée de lutter pour l’amélioration du logement, il en assume également la vice-présidence de 1969 à 1973. Par ailleurs, il est vice-président du Rotary Club de Grenoble (1974). A compter de 1976, il est le coordinateur du grand chantier de la centrale nucléaire de Cruas, en Ardèche.
Pierre Volumard disparaît le 1er avril 1989, à l’âge de 69 ans.