Emile, Jules, Olivier Vincent
1871 - 1947
Né le 27 juin 1870 à Pierrefontaine-les-Varans (Doubs). Décédé le 20 octobre 1947 à Boymont/Senec (Aisne).
Député de la Côte D’Or de 1910 à 1936.
Sénateur de la Côte D’Or de 1936 à 1941.
Fils d'un brigadier de gendarmerie, Emile Vincent fait de bonne heure connaissance avec la réussite. Poursuivant sans défaillance de solides études essentiellement axées sur les disciplines scientifiques, il devient bientôt professeur à l'école de médecine et de pharmacie de Dijon.
Ses concitoyens devinent vite en lui un homme de qualité ; aussi l'appellent-ils à les représenter. C'est ainsi qu'il devient successivement maire de Voulaines en 1904, conseiller général du canton de Recey-sur-Ource en 1907 et, le 8 mai 1910, député de l'arrondissement de Châtillon-sur-Seine.
Ayant obtenu 4.362 voix au premier tour contre 4.337 à Tenting, député sortant, pratiquement son seul concurrent, sur 9.382 votants, il recueille, au second tour, 5.700 suffrages contre 4.087 à son adversaire, sur 9.895 votants. Son mandat lui sera renouvelé le 10 mai 1914, au deuxième tour, par 5.055 voix contre 4.480 à Montenod, progressiste, sur 9.640 votants, alors qu'il avait recueilli 4.317 suffrages au premier tour; le 16 novembre 1919, alors qu'il arrive en deuxième position sur la liste d'action républicaine et sociale, recueillant 51.664 voix sur 73.705 votants ; le 11 mai 1924 où, se classant au troisième rang des candidats de la liste d'union républicaine et sociale, il est élu au bénéficie de la plus forte moyenne, obtenant 37.133 voix sur 78.879 votants ; le 22 avril 1928, au premier tour, par 6.498 voix sur 12.411 votants ; enfin, le 1er mai 1932, toujours au premier tour, par 6.641 voix sur 11.713 votants.
A la Chambre des députés, sa formation scientifique développée dans le professorat de la pharmacie et de la médecine, trouve vite son emploi dans les questions d'hygiène et d'assistance. Cette même préparation lui permet d'aborder, avec une égale compétence, les problèmes relevant de la chimie agricole. D'autre part, un souci scrupuleux des besoins du Châtillonnais lui confère une autorité spéciale dans les débats relatifs à la protection forestière. Les intérêts généraux de l'agriculture et de la viticulture bourguignonnes ont d'ailleurs en lui un défenseur attentif, documenté.
Ainsi a-t-il l'occasion, lors de la discussion des divers budgets de l'Hygiène et de la Santé publique, de faire une grande impression à la Chambre.
Emile Vincent n'oublie pas sa formation de chimiste. Aussi ne manque-t-il pas d'intervenir dans la discussion des textes concernant la fabrication de l'ammoniaque synthétique ou la production des superphosphates nécessaires à l'agriculture, s'efforçant d'orienter l'industrie vers la fabrication des nitrates afin que la France devienne moins tributaire de l'Amérique du Sud. Il s'emploie encore à la sauvegarde de nos forêts, richesse nationale, s'élevant contre les coupes abusives et les entraves apportées à l'usage des routes et chemins forestiers. Il milite en faveur du tannage à l'écorce de chêne, méthode susceptible d'augmenter la valeur de nos taillis.
Sur le plan de la politique générale, il soutient avec le groupe des indépendants le gouvernement d'union nationale de Poincaré, puis ceux qu'il considère comme ayant la charge de continuer son œuvre, à savoir les gouvernements de Briand, de Laval et de Tardieu.
Le 16 février 1936, étant alors député radical indépendant, il devient sénateur, élu au premier tour par 609 voix contre 234 à Kuhn, radical-socialiste, et 167 à Guénin, socialiste S.F.I.O. sur 1.010 suffrages exprimés. Il succède ainsi à Montenot, qui avait démissionné le 28 novembre précédent. En compagnie des deux autres sénateurs sortants : Jossot et Chauveau, il sera réélu le 23 octobre 1938, toujours dès le premier tour et en tête de liste, obtenant 719 voix sur 992 suffrages exprimés.
Au Sénat, où il fait partie des commissions de l'enseignement ainsi que de l'hygiène et de la prévoyance sociale, puis, en 1940, de la commission des douanes, il poursuit son inlassable activité dans les domaines qui lui sont familiers. Entre-temps, le 20 octobre 1937, il est devenu vice-président du Conseil général de la Côte D’Or.
Le 10 juillet 1940, Emile Vincent vote le projet de loi constitutionnelle accordant les pleins pouvoirs au gouvernement du maréchal Pétain.