Adrien Zeller
1940 - 2009
ZELLER (Adrien)
Né le 2 avril 1940 à Saverne (Bas-Rhin)
Décédé le 22 août 2009 à Haguenau (Bas-Rhin)
Député du Bas-Rhin de 1973 à 1986 puis de 1988 à 1998
Membre du parlement européen de 1973 à 1976 puis de 1989 à 1992
Secrétaire d’État chargé de la sécurité sociale de 1986 à 1988
Né en Alsace dans la tourmente de la Seconde Guerre mondiale, Adrien Zeller est le fils d’un entrepreneur en maçonnerie, Henri Zeller, maire de son village d’Otterswiller. Licencié en sciences économiques puis titulaire d’un diplôme d’agronome en 1962, il poursuit sa formation au Centre international des hautes études agronomiques méditerranéennes et au Collège d’Europe de Bruges. Après avoir effectué différentes missions d’expertise, il devient de 1967 à 1973 administrateur auprès de la Commission européenne à Bruxelles chargée des questions de modernisation et de planification. En 1973, tout en poursuivant son activité de consultant pour l’organisation onusienne de la FAO (Food and Agriculture Organization), il décide de s’engager en politique. À trente-deux ans, il se porte candidat aux élections législatives dans la 7e circonscription du Bas-Rhin. Dans ce bastion du gaullisme, il parvient, sur un programme démocrate chrétien, à obtenir au second tour près de 4 000 voix de plus que son concurrent, le député gaulliste sortant Alfred Westphal. Désireux également de s’impliquer dans la vie politique locale, il est élu quelques mois plus tard conseiller général du canton de Saverne. En 1977, il devient également le maire de cette ville de sous-préfecture du Bas-Rhin, qui compte alors près de 10 000 habitants. Les compétences d’Adrien Zeller ainsi que la relation de confiance qu’il noue avec les électeurs alsaciens lui assurent de confortables victoires aux élections législatives de 1978 et 1981 dans la 6e circonscription du Bas Rhin, à celles de 1986, à la tête de la liste électorale d’Union pour l’Alsace présentée par l’Union pour la démocratie française (UDF) dans le Bas Rhin, puis dans la 7e circonscription jusqu’en 1997. En juin 1981, c’est par exemple avec plus de 70 % des voix qu’il obtient sa réélection dès le 1er tour.
Au Palais-Bourbon, le député Zeller s’inscrit au groupe des Réformateurs démocrates sociaux, avant de rejoindre en 1978 celui de l’UDF. Durant ses nombreuses années à l’Assemblée nationale, il a siégé dans diverses commissions permanentes, principalement celle des affaires culturelles, familiales et sociales et celle chargée des finances, de l’économie générale et du Plan. Parlementaire très respecté sur tout l’échiquier politique, Adrien Zeller a rapporté de nombreux projets ou propositions de loi. De 1983 à 1986, il est rapporteur spécial du projet de loi de finances pour les affaires européennes puis, de 1993 à 1997, du budget des affaires sociales. Il se montre également grand défenseur de la décentralisation et des intérêts de sa région. C’est le cas tout particulièrement avec le projet de construction du TGV-Est ou encore du domaine de la protection des langues régionales, sa première question au gouvernement concerne l’implantation d’une usine allemande dans son département. En 1980, il dépose une proposition de loi tendant à introduire l’enseignement de la langue régionale dans les établissements scolaires des départements du Rhin et de la Moselle.
Membre du Centre des démocrates sociaux (CDS), dont il devient le vice-président en 1991, il occupe également des fonctions au sein de la direction de l’UDF en présidant notamment la commission de « décentralisation ». Homme politique de conviction et d’une grande indépendance d’esprit, régionaliste et centriste atypique, Adrien Zeller considérait que la justice sociale devait aller de pair avec l’efficacité économique. Il a toujours su conserver sa liberté d’action et de parole. Ainsi, avant 1981, il n’hésite pas à joindre sa voix à celle des socialistes. Il n’a pas voté, par exemple, en février 1981, le projet de loi renforçant la sécurité et protégeant la liberté des personnes dit « sécurité et liberté », présenté par Alain Peyrefitte. À partir de l’été 1984, il défend l’idée d’un « revenu minimum d’existence » afin de lutter contre la grande pauvreté. Ce dispositif testé dans sa commune de Saverne pose les premiers jalons du futur RMI (revenu minimum d’insertion).
En mars 1986, il est nommé secrétaire d'État chargé de la Sécurité sociale dans le deuxième gouvernement de cohabitation de Jacques Chirac (1986-1988). Très actif, il s’efforce en vain pendant cette période de faire adopter le « revenu minimum d’existence ».
En 1988, il soutient le projet de loi relatif au RMI présenté par le gouvernement de Michel Rocard. « Il est évident que notre pays se doit d’assurer à chaque concitoyen, dès lors qu’il accepte les obligations que la société est en droit de fixer et d’attendre de lui la sécurité et les moyens de subvenir aux besoins élémentaires de son existence », déclare-t-il lors des débats. « Il doit d’ailleurs à chacun, non seulement l’accès à un revenu, mais aussi l’accès à une utilité et à un rôle social […] Le revenu minimum ne doit pas devenir un substitut aux insuffisances de notre protection sociale, par exemple, en matière d’assurance veuvage ».
Européen convaincu et membre de l’Assemblée parlementaire des Communautés européennes de 1973 à 1976, Adrien Zeller figure en troisième position sur la liste conduite par Simone Veil lors des élections européennes de 1989. À Strasbourg, où il siège jusqu’en 1992, il assure la présidence du groupe des députés français au sein du PPE (Parti populaire européen) et la vice-présidence de la commission de règlement, de la vérification des pouvoirs et des immunités. D’octobre 1994 à avril 1995, il est chargé d’une mission d’études sur la croissance des entreprises auprès du ministre de l’Économie. En novembre 1995, il est élu vice-président de la mission d’information commune sur la sécurité sociale.
En avril 1998, Adrien Zeller fait le choix de démissionner de son mandat de député pour se consacrer à sa région. Conseiller régional d’Alsace de 1986 à 1988, puis à partir de 1992, il est élu président du Conseil régional en 1996, après le décès de Marcel Rudloff. À partir de 1999, il copréside l’Institut de la décentralisation. À la tête de la région, il est à l’origine de la création du pôle de compétitivité d’Illkirch-Graffenstaden. Quittant la mairie de Saverne en 2001, il devient, en 2003, président du Conseil national des économies régionales (CNER) et de la commission permanente du Conseil national de l’aménagement et du développement durable du territoire (CNADT). Membre de l’UMP (Union pour un mouvement populaire) à partir de 2002, il parvient en 2004, dans un contexte particulièrement difficile pour la majorité de droite, à remporter les élections régionales. Il décède en août 2009, et c’est André Reichardt qui lui succède à la tête de l’exécutif alsacien.
Adrien Zeller est l’auteur de plusieurs ouvrages :
- L’imbroglio agricole du marché commun (1970),
- La politique autrement (1978),
- Pour ma région (1998)
- et La France enfin forte de ses régions (2002).
Il était chevalier de la Légion d'honneur, titulaire de la médaille du Mérite du Bade-Wurtemberg et officier de l’ordre national du Mérite.