Françoise de Veyrinas
1943 - 2008
VEYRINAS (Françoise de)
Née le 4 septembre 1943 à Alzonne (Aude)
Décédée le 16 août 2008 à Montréal (Aude)
Députée de la Haute-Garonne de 1993 à 1995
Françoise Gardey de Soos naît le 4 septembre 1943 à Alzonne dans une ancienne famille originaire de Gascogne. Fille de Paul de Gardey de Soos, croix de guerre 1939-1945, et de Geneviève Satgé-Mandeville, elle est l’aînée de la famille. Imprégnée d’un catholicisme militant, elle suit des études au sein de l’Institut d’études sociales à Paris et se tourne vers l’enseignement au sein d’un lycée professionnel. Activité à laquelle elle renonce peu après son mariage en 1963 avec François Hébrard de Veyrinas, ingénieur dans l’aérospatiale, et la naissance l’année suivante de leur première fille. La venue de trois autres enfants conduit la mère de famille à s’investir par le biais du militantisme catholique dans les associations familiales ou chez les parents d’élèves. Elle y tisse de solides réseaux qui la font remarquer en 1979 par le préfet de région à la recherche d’une déléguée régionale à la condition féminine. Fonction qu’elle occupe trois années durant, avant d’être licenciée (licenciement finalement déclaré abusif par le Conseil d’Etat en 1983).
Petite-fille de Georges Satgé (conseiller général du canton d'Alzonne de 1949 à 1961), Françoise de Veyrinas débute sa carrière politique aux côtés de Dominique Baudis, grand reporter puis présentateur du journal télévisé de TF1 et FR3, candidat à la succession de son père, Pierre Baudis, à la mairie de Toulouse aux municipales de 1983. Le candidat CDS (Centre des démocrates sociaux, composante de l’Union pour la démocratie française-UDF) lui propose alors une place sur sa liste. Elle est élue, de même que Dominique Baudis qui prend la mairie de Toulouse. Adjointe au maire chargée des affaires sociales et du développement social urbain, elle se consacre principalement à la lutte contre la délinquance et à l’insertion sociale. Des qualités de haute fonctionnaire lui sont vite reconnues, comme administratrice du CCAS (depuis 1977) et du Centre hospitalier régional (1983) de Toulouse, d’une part, comme présidente déléguée du Conseil de prévention de la délinquance de Toulouse (1984) et de la mission locale pour l’insertion des jeunes de Toulouse (1984), d’autre part.
Elue conseillère régionale de Midi-Pyrénées en mars 1986, elle demeure proche de son mentor Dominique Baudis, qui accède pour sa part à la présidence du conseil régional, ainsi qu’à l’Assemblée nationale comme député UDF de la 7e circonscription de Toulouse (avant de démissionner au profit de son père). Françoise de Veyrinas poursuit son action locale comme membre du Conseil national des villes (1986), déléguée régionale à la condition féminine (fonction qu’elle retrouve entre 1986 et 1989) et présidente de l’Office d’HLM de Toulouse (depuis 1988). Reconnue, « au-delà de sa réputation de conservatisme », comme une spécialiste de l'insertion et de l'assistance aux populations en difficulté, elle instruit « avec poigne » des dossiers prioritaires pour l'agglomération : le métro, qui relie les banlieues au centre-ville, la prévention de la délinquance et l'emploi des jeunes (Les Échos, 4 février 2004). Ses ambitions sont toutefois nationales, également.
Elle se présente lors des législatives de 1988 dans la 3e circonscription de la Haute-Garonne (Toulouse-Castanet), sous l’étiquette CDS /UDF, face à la socialiste Claude Ducert, conseillère générale et maire de Labège. Mettant en avant son expérience acquise au côté du maire de Toulouse et misant, selon ses mots, sur les « inquiétudes » conjoncturelles liées à l’emploi, l’habitat social et la sécurité (se gardant bien toutefois d’attaquer le bilan d’un gouvernement de cohabitation mené par Jacques Chirac), Françoise de Veyrinas se présente comme la candidate de « l’équilibre » et de « la clarté », « ni partisane ni courtisane », étrangère « aux cuisines électorales » (document électoral du 1er tour, 5 juin 1988). Candidate unique de la droite, elle n’en est pas moins distancée, au soir du premier tour, de plus de 6 points par sa rivale socialiste (38,07% contre 44,57%) et fragilisée par un FN qui recueille 7,85% des voix. Ses mises en garde répétées contre le « sectarisme » et « l’arrogance » d’un Etat socialiste (document électoral du second tour, 12 juin 1988) échouent à inverser la tendance. Elle s’incline finalement avec 45,43% des suffrages exprimés face à Claude Ducert qui bénéficie d’un excellent report des votes communistes et d’extrême gauche. Un échec individuel à mettre toutefois en lien avec l’échec collectif des forces de droite dans le département (hormis dans la 1ère circonscription remportée par Dominique Baudis).
Reconduite dans ses fonctions municipales en 1989, Françoise de Veyrinas est nommée par le gouvernement Rocard au bureau de la délégation interministérielle à la ville et participe à la Commission nationale pour l'insertion des jeunes (1990). Élue conseillère générale (UDF-CDS) de la Haute-Garonne pour le canton de Toulouse XII (29 mars 1992), elle se présente l’année suivante aux élections législatives (21-28 mars 1993). Candidate cette fois dans la 6e circonscription (Muret), elle tente un pari audacieux en affrontant dans son propre fief la députée-maire socialiste Hélène Mignon, autre femme de terrain et ardente militante « aux convictions laïques et sociales », faisant preuve d’une « foi républicaine un tantinet révolutionnaire » (Le Monde, 9 mars 1993). Se résumant au slogan « Pas de promesses, des actes » (document électoral du 1er tour, 21 mars 1993), la candidate centriste bénéficie de la vague de rejet des socialistes. Appelant à « sanctionner l’échec désastreux du gouvernement socialiste » (idem), elle porte, non sans une certaine habilité, le débat sur les enjeux nationaux et européens (du financement des retraites à la renégociation des accords du GATT) et profite ainsi pleinement des difficultés auxquelles doit faire face le gouvernement Bérégovoy : un chômage sans précédent, une montée de l'exclusion sociale, une conjoncture très morose, une usure du pouvoir, sans oublier le discrédit moral qui pèse sur le pouvoir avec l'accumulation des affaires (Urba, Habache) et, enfin, depuis quelques mois, les interrogations sur la responsabilité du gouvernement dans le drame du sang contaminé. Arrivée en tête au soir du premier tour, avec près de dix-sept points d’avance sur la députée sortante (39,16% contre 22,53% des suffrages exprimés), elle s’impose sans surprise une semaine plus tard en recueillant 55,33%. Françoise de Veyrinas fait son entrée, à l’âge de 49 ans, à l’Assemblée nationale.
Inscrite au sein du groupe UDF, elle rejoint la commission des affaires culturelles, familiales et sociales (8 avril 1993). Particulièrement attentive à la déclaration (27 avril 1993) sur la ville et les banlieues du nouveau Premier ministre (Edouard Balladur), la nouvelle députée ne manque pas de rappeler les récents incidents et l’exaspération de la population lilloise face au trafic de drogue (26 mai 1993), ainsi que le rôle fondamental des missions locales dans l’insertion professionnelle et sociale des jeunes dans les quartiers défavorisés (5 novembre 1993). Elle se voit chargée d’une mission sur l’emploi des jeunes auprès de Simone Veil, ministre des Affaires sociales, de la santé et de la ville (1er septembre 1994). Vice-présidente du Conseil national des missions locales pour l’insertion des jeunes (depuis 1993) et membre du Haut conseil à l’intégration (depuis 1994), l’élue propose à ce titre un rapport appelant les entreprises à fournir des activités aux jeunes des banlieues et prône la valorisation des initiatives locales. Appelée peu après par Alain Juppé, nouveau résident à Matignon au lendemain de l’élection de Jacques Chirac à la présidence de la République le 5 mai 1995, la députée fait ses premières armes au gouvernement comme secrétaire d’Etat aux Quartiers en difficulté, auprès du ministre chargé de l’Intégration et la lutte contre l’exclusion, Éric Raoult (19 mai 1995). Elle devient ainsi le symbole d’une féminisation du gouvernement qui regroupe alors douze femmes, dont huit secrétaires d’Etat. Ayant quitté son mandat parlementaire, Françoise de Veyrinas est néanmoins vite rattrapée par les soubresauts sociaux et politiques engendrés par « plan Juppé » sur les retraites et la Sécurité sociale. La démission du gouvernement, le 7 novembre 1995, met fin à cette brève expérience gouvernementale et l’associe, malgré elle, à celles que l’on surnomme les « jupettes », écartées du nouveau gouvernement Juppé. Dans une situation politique difficile, son suppléant ne démissionne pas pour provoquer une élection partielle. Françoise de Veyrinas ne retrouve donc pas le Palais-Bourbon.
Promue première adjointe au maire de Toulouse (1995), vice-présidente de l’agglomération du Grand Toulouse et conseillère générale du canton XII (jusqu’en 1998), l’ancienne députée maintient ses engagements sur le terrain comme secrétaire générale des Offices publics d'aménagement et de construction (Opac) (1996-2003), vice-présidente de la Fédération nationale des OPHLM et Opac (depuis 1996) et présidente de la mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (1996-1998). La dissolution de l’Assemblée, le 21 avril 1997, et les élections législatives qui s’ensuivent lui offrent une nouvelle occasion pour tenter de revenir sur la scène parlementaire. En ballottage défavorable (26,9 % des suffrages exprimés) lors du premier tour, elle n’est nullement épargnée par le raz-de-marée national de la gauche plurielle. La députée sortante est nettement devancée par sa rivale socialiste, Hélène Mignon, qui recueille 34,96% des suffrages. Elle se voit de plus talonnée par le candidat du Front national Jean-Pierre Atoch (15,19%). Le second tour, le 1er juin 1997, se solde par l’écrasante victoire de la candidate socialiste qui recueille 58,47% des suffrages exprimés.
Quittant la présidence de la mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie, l’élue toulousaine est nommée à l’inspection générale des affaires sociales (juin 1998). Démissionnaire de ses mandats de maire de Toulouse et de député de Haute-Garonne en janvier 2001 (en raison de sa nomination à la présidence du Conseil supérieur de l’audiovisuel), son mentor Dominique Baudis décide de laisser sa succession ouverte. Françoise de Veyrinas se range néanmoins aux côtés de Philippe Douste-Blazy lors de l’élection municipale partielle du 1er avril 2001. Ce dernier, plusieurs fois ministre et président du groupe UDF à l’Assemblée nationale, remporte l’élection. Restée première adjointe à Toulouse, elle devient députée au Parlement européen (2002-2004) au sein du groupe parlementaire PPE (Parti populaire européen), au lendemain de la démission de François Bayrou. Entre deux voyages à Bruxelles ou Strasbourg, elle s’engage notamment pour la réhabilitation du quartier du Mirail.
Les élections législatives de 2002, qui suivent le séisme politique du 21 avril, lui offrent une nouvelle occasion de revenir sur la scène nationale, dorénavant sous l’étiquette Union pour la majorité présidentielle (UMP). Toutefois, malgré le nombre élevé de candidats (quinze au total), ainsi que le morcellement de l’ancienne gauche plurielle, son duel avec la députée sortante socialiste tourne court. Au coude-à-coude lors du premier tour (37,2% des voix pour Hélène Mignon contre 34,58% pour elle-même), la députée socialiste l’emporte finalement avec 53,57% des suffrages exprimés.
Après le départ de Philippe Douste-Blazy au ministère de la Santé, Françoise de Veyrinas assure brièvement l’intérim comme maire de Toulouse (30 avril-5 mai 2004), en attendant l'élection par le conseil municipal de Jean-Luc Moudenc.
Un troisième et dernier duel a lieu lors des législatives de juin 2007, dorénavant face à la socialiste Monique Iborra, conseillère municipale de Muret et première vice-présidente du Conseil régional de Midi-Pyrénées chargée de l’emploi, de l’insertion et de la politique de la ville. Affrontant cette fois pas moins de dix-huit candidats, dont la centriste Elisabeth Husson (UDF-MoDem), la candidate UMP (devenue Union pour un mouvement populaire), bien qu’arrivée en tête du premier tour (avec 36,55% des suffrages exprimés contre 33,28% pour son opposante socialiste), ne recueille que 44,9% des suffrages lors du second tour.
Françoise de Veyrinas décède brutalement l’année suivante, le 16 août 2008, à l’âge de 64 ans, des suites d’un cancer. Elle était officière de la Légion d’honneur et de l’ordre du Mérite.