Lazare Weiller
1858 - 1928
Né le 20 juillet 1858, à Sélestat (Bas-Rhin), mort le 12 août 1928, à Val-Mont-sur-Territet par Planches-Montreux (Suisse).
Député de la Charente de 1914 à 1919.
Sénateur du Bas-Rhin de 1920 à 1928.
Issu d'une famille fort aisée, Lazare Weiller connut des débuts faciles dans la vie. Il fit ses études successivement au lycée Saint-Louis à Paris puis à l'Université d'Oxford.
Il fut un passionné des sciences physiques qui faisaient alors des progrès rapides, notamment dans ses applications industrielles. Et, parmi ces sciences, sa prédilection alla en premier lieu à l'électricité. Puis il participa à l'introduction, à la diffusion et à la fabrication en France du téléphone, en collaboration avec Lair, de l'Institut, et au développement de l'aviation naissante. Il n'hésita pas à consacrer 500.000 francs de l'époque, une vraie fortune, aux expériences des frères Wright, notamment à celles de Wilbur Wright dont il était l'ami. Il acquit leurs brevets qui furent exploités ultérieurement par la Compagnie de navigation aérienne.
En 1890, il fut le premier à découvrir et à répandre la notion de la transmission de la vision à distance et il se fit remarquer par une communication qu'il fit sur ce sujet à l'Académie des sciences. Il conçut le fil électrique connu sous le nom de bronze silicieux pour la transmission du son. Après l'avoir mis au point, il exploita sa découverte dans ses usines « Les Tréfileries du Havre ». Il fut aussi le créateur des " taximètres ", ces compteurs kilométriques toujours utilisés de nos jours mais employés alors par les cochers de fiacre. Faut-il ajouter qu'il fonda encore la première compagnie de fiacres automobiles à Paris ?
Il fit en 1901 un voyage aux Etats-Unis qui l'impressionna beaucoup. Il fut enthousiasmé par l'essor économique et par la puissance des industries métallurgiques, électriques et mécaniques de ce pays. Il tira de ce voyage la matière d'un livre qui connut un grand succès Les grandes idées d'un grand peuple.
Autre voyage important dans la carrière de Lazare Weiller, la mission dont il fut chargé par le gouvernement français en Suisse en 1914 et qu'il fit en tant que grand industriel. De ce voyage également, il rapporta les éléments d'un rapport du plus haut intérêt sur La propagande allemande à l'étranger et la pénurie des matières premières en Allemagne.
Ces deux ouvrages venaient s'ajouter à ses études scientifiques antérieures Etudes électriques et mécaniques sur les corps solides, Traité général des lignes et transmissions électriques, et à ses nombreux articles qu'il avait donnés à La Revue des Deux Mondes et au Temps. On peut juger de l'intensité de son action quand on énumère ses titres : président de la société des tréfileries du Havre, président de la compagnie universelle de télégraphie sans fil, administrateur de la compagnie des automobiles de place et de diverses sociétés de mines ou d'électricité, membre du Conseil supérieur des colonies, membre de la Société de Physique, membre de la société internationale des électriciens, membre de la société des ingénieurs civils, sans parler des nombreux groupements scientifiques aux travaux desquels il donnait sa participation.
Et pourtant, cette activité professionnelle et scientifique ne lui suffisait pas. La politique le passionnait également. Il fit une première tentative pour entrer à la Chambre des députés en 1888, en pleine crise du boulangisme. Candidat à Angoulême, comme républicain, il recueillit au premier tour 23.993 voix sur 76.770 votants, alors que Gellibert des Séguins en obtenait 31.439 et Déroulède 20.674. Au second tour, c'était Gellibert des Séguins qui était élu avec 37.717 voix, Lazare Weiller n'en recueillant que 27.250 et Déroulède 11.696.
Il tenta de nouveau sa chance, cette fois-ci avec succès, en 1914. Le 26 avril, au premier tour, avec 7.279 voix sur 15.414 votants, il devançait le député sortant qui obtenait 6.321 voix. Au deuxième tour, le 10 mai, Weiller enlevait le siège avec 8.313 voix sur 16.185 votants, contre 7.481 à Mairat.
Weiller se fit à la Chambre l'écho des populations alsaciennes opprimées sous le joug allemand.
On l'entendit aussi dans la discussion du projet de loi relatif à la participation de la France à l'exposition universelle et internationale de San Francisco, de la loi de finances de 1914, de la proposition de loi concernant la répartition de l'utilisation des hommes mobilisés et mobilisables, du projet de loi concernant une convention sur les bénéfices de guerre, des interpellations sur la crise des transports.
Siégeant à gauche, il fut membre de la commission de législation fiscale et de la commission des postes et télégraphes. Aux élections du 16 novembre 1919, au scrutin de liste, bien qu'étant deuxième de la liste d'union républicaine et clemenciste et recueillant 20.570 voix sur 71.033 suffrages exprimés, il perdit son siège, sa liste ne remportant qu'un siège qui échut à Poitou-Duplessy qui recueillit 20.805 voix. Weiller laissait son siège à un membre de la liste républicaine d'action et de réforme, Jean Hennessy, qui n'obtenait pourtant que 16.222 voix. Tels sont les aléas de l'arithmétique électorale.
Ayant regagné son Alsace familiale libérée, Lazare Weiller ne manqua pas de se présenter aux élections sénatoriales du 11 janvier 1920 dans le Bas-Rhin. Il fut élu au premier tour avec 900 voix sur 1.202 votants, ainsi que le général Taufflieb 931 voix, Escard 924 voix Diebold-Weber 922 et l'abbé Delsor 863 voix. Au scrutin du 9 janvier 1927, il sera réélu au premier tour, en première position, avec 770 voix sur 1.214 votants, devant Eugène Muller 729 voix, Escard 725 voix, Jean de Leusse 675 voix et Diébold-Weber qui sera réélu au deuxième tour.
Au Sénat, Weiller s'inscrit au groupe de la gauche démocratique. Il est membre de la commission des affaires étrangères qui lui confie d'importants rapports. Il dépose, en 1925, une proposition de loi tendant à la capitalisation du revenu des monopoles des tabacs. Il s'intéresse à tous les grands problèmes, aux grandes questions internationales, financières, aux projets concernant les départements alsaciens et lorrains, aux questions de réparations, de dettes.
Il décède le 12 août 1928, à l'âge de 70 ans.
Il était commandeur de la Légion d'honneur.