Dominique, Antoine Laurelli
1900 - 1991
Né le 2 décembre 1900 à Isolaccio (Corse)
Décédé le 15 janvier 1991 à Paris
Député de Saint-Pierre-et-Miquelon de 1947 à 1951
Né le 2 décembre 1900 en Corse, Dominique-Antoine Laurelli, après son baccalauréat et sa licence en droit, obtient son doctorat et devient avocat à la cour d'appel de Paris. Il est mobilisé en 1939 ; puis il va vivre à Saint-Pierre-et-Miquelon.
Sous l'étiquette MRP, il se présente sans succès aux suffrages de ses concitoyens de l'archipel pour les deux assemblées nationales constituantes : son adversaire, Henri Debidour, proche de l'UDSR, est élu. Mais la deuxième fois, en juin 1946, Dominique-Antoine Laurelli a recueilli 1 059 suffrages contre seulement 1 064 au député sortant qui est réélu.
Encouragé par ce résultat, Dominique Laurelli se présente à nouveau le 10 novembre 1946, à l'occasion des premières élections législatives. Il remporte la victoire avec 1 159 voix contre 1 116 à Henri Debidour, sur 2 275 suffrages exprimés. Toutefois, le député sortant accuse Laurelli d'avoir offert de l'argent aux électeurs et d'avoir exercé des pressions sur eux. Le rapport sur les opérations électorales, présenté le 23 mai 1947 par Henri Noguères, établit qu'il n'y a pas eu réellement de fraude, et Henri Debidour en convient. Ce qu'il continue cependant à dénoncer, c'est un délit commis par le candidat MRP peu avant la consultation électorale : Dominique-Antoine Laurelli aurait diffusé à la radio une fausse nouvelle concernant le ravitaillement des îles en beurre et en lait, puis aurait lu un télégramme adressé par l'administrateur Marchand à son ministre, ce qui contrevenait aux dispositions de la loi du 15 juillet 1938 sur les transmissions par voie radioélectrique. Henri Noguères, prenant ce prétexte, demande l'invalidation ; Madame Poinso-Chapuis, qui défend Dominique-Antoine Laurelli, souligne qu'aucune procédure judiciaire n'a été ouverte, et que cette information était en tout état de cause connue de tous. Malgré cette défense, le scrutin public demandé par Eugène Claudius-Petit au nom du groupe UDSR aboutit à l'invalidation des élections par 227 voix contre 175, le 22 juillet 1947. En revanche, les députés se prononcent contre le renvoi du dossier devant le ministre de la justice.
De nouvelles élections ont donc lieu le 28 septembre 1947 ; à nombre de suffrages exprimés constant (2 276), la marge de Dominique-Antoine Laurelli se réduit : néanmoins il l'emporte par 1 149 voix contre 1 127 à Henri Debidour qui s'incline définitivement, renonçant à la vie politique. L'élection de Dominique-Antoine Laurelli est validée le 13 novembre 1947.
L'activité législative du député de Saint-Pierre-et-Miquelon ne commence donc véritablement qu'au début de 1948 ; il va consacrer tout son temps, comme son prédécesseur et adversaire l'avait fait, à défendre les intérêts de son territoire, en reprenant souvent les mêmes combats et les mêmes thèmes. Il devient membre des commissions qui lui permettent de peser sur la législation s'y rapportant : celle de la marine marchande et des pêches, celle des territoires d'outre-mer, mais aussi la commission supérieure du crédit maritime mutuel. Il est enfin nommé juré à la Haute cour de Justice.
Il reprend par exemple le combat d'Henri Debidour sur les conséquences de la dévaluation du franc aux colonies, s'attachant à représenter concrètement aux députés de métropole les conditions de vie sur l'archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon : « Le pays est très froid, il y a en moyenne six mois d'hiver. Chaque ménage consommait, avant la dévaluation, du charbon pour 20 000 francs CFA. Après la dévaluation, ils en consommeront pour 36 000 francs, soit pour environ 61 000 francs métropolitains. » (12 février 1948). Dominique-Antoine Laurelli conclut en présentant les trois voies qui s'offrent au gouvernement : le statu quo, l'assimilation de Saint-Pierre-et-Miquelon à la zone du franc CFP (colonies françaises du Pacifique), ce qui aurait dû être le cas d'après le député MRP - dès le 25 décembre 1945, enfin les aménagements que lui-même propose à l'Assemblée nationale, sous forme de proposition de résolution (déposée le 3 février 1948), pour atténuer les conséquences de cette décision. Il se bat aussi pour la liberté du commerce dans l'archipel et pour la défense de sa population et de ses pêcheurs, qu'il s'agisse du « Fonds de compensation » (juin 1948), des subventions, ou de la réglementation relative à l'entrepôt des morues vertes d'origine étrangère dans cet archipel.
Dominique-Antoine Laurelli dépose plusieurs avis et plusieurs rapports au nom de la commission des territoires d'outre-mer, dont certains portent sur l'Afrique et d'autres sur l'ensemble des possessions d'outre-mer, notamment en matière douanière, et pour l'application des codes pénal, civil et d'instruction criminelle dans ces territoires et colonies. A la tribune, le 23 février 1950, il défend son amendement à une proposition de loi relative à la situation des fonctionnaires civils et militaires des territoires d'outre-mer : il souhaite que ceux-ci n'empiètent pas sur les prérogatives des assemblées représentatives.
Les votes de Dominique-Antoine Laurelli sont en conformité avec les orientations du MRP auquel il appartient : il accorde sa confiance à Paul Ramadier le 4 mai 1947, le jour où le Président du Conseil se sépare de ses ministres communistes, il vote en faveur du plan Marshall (juillet 1948), et de la constitution du Conseil de l'Europe le 9 juillet 1949. Il ratifie le pacte Atlantique quelques jours plus tard, et vote enfin pour le système des apparentements qui, le 7 mai 1951, modifie la loi électorale en faveur des partis de la Troisième force.
Aux élections de 1951 et 1956, Dominique-Antoine Laurelli se présente à nouveau aux suffrages de ses concitoyens, mais sans succès : il est battu à deux reprises par Alain Savary, de neuf voix seulement en 1956.
Sous la cinquième République, Dominique Laurelli sera à nouveau élu député de Saint-Pierre-et-Miquelon le 10 mai 1959.