Auguste Le Coënt
1910 - 1996
Né le 24 décembre 1910 à Saint-Nicolas-du-Pelem (Côtes-du-Nord),
Décédé le 27 mai 1996 à Rostrenen (Côtes d'Armor)
Conseiller de la République des Côtes-du-Nord de 1946 à 1948
Issu d'une famille de 12 enfants, Auguste Le Coënt est né en 1910 au village du Ruellou, dans le canton de Saint-Nicolas-du-Pelem, où, après l'instruction primaire, il s'installe comme agriculteur.
Très tôt, il s'intéresse à la vie publique puisque, dès 1936, il se prononce ouvertement en faveur du programme proposé par le Front Populaire.
Mobilisé dès les premiers jours de juin 1940, il est envoyé dans la Marne. Il est fait prisonnier, mais, huit jours après, il échafaude un plan d'évasion, s'échappe en compagnie d'un autre prisonnier et rentre chez lui à Saint-Nicolas-du-Pelem. Les Allemands sont déjà là.
A son retour, il fait le choix du combat émancipateur, du côté de la gauche. Il participe alors activement aux actions de la Résistance pour la libération de la France. Ainsi, en 1943, il adhère au Parti Communiste clandestin et crée le premier groupe de Francs Tireurs et Partisans avec les jeunes du pays. En 1944, il assure quotidiennement la liaison avec la Résistance extérieure. Le Ruellou est le centre d'information et le point de départ des principales actions dans la région.
En juillet 1944, Auguste Le Coënt est membre du Comité départemental de la Libération présidé par Henri Avril, devenu préfet des Côtes du Nord.
Cette période difficile est à la base de son engagement politique et au service de la population.
Après le départ de l'occupant, il est nommé président de la délégation spéciale remplaçant le Conseil municipal et, en 1945, il est élu maire de Saint-Nicolas-du-Pelem et Conseiller général du canton. Il occupera l'une et l'autre fonction, pendant respectivement 38 et 40 ans, multipliant les initiatives pour améliorer la qualité de vie de ses concitoyens.
Militant du syndicalisme agricole, il intervient tout naturellement au niveau de la profession pour promouvoir le monde agricole, en développant de toute urgence l'électrification et la voirie. Avec la participation des prisonniers allemands, toutes les fermes sont peu à peu desservies. L'électrification des campagnes conduit à la modernisation des exploitations et à une amélioration des conditions de travail.
Auguste Le Coënt est aussi l'initiateur du développement coopératif agricole : il fonde la coopérative La Pélémoise qu'il gère pendant de nombreuses années, et sera, à ce titre, administrateur du groupe UNICOPA pendant 14 ans. Dans le même domaine, il crée la Caisse de Crédit Agricole de Saint-Nicolas-du-Pelem. Toutes ces réalisations, avec la mise en place du remembrement, contribuent à la relance, dans sa région, du secteur agricole.
Dans d'autres domaines, Auguste Le Coënt apporte beaucoup en direction des jeunes de sa commune : la piscine municipale, le terrain de sports puis la salle omnisports sont ses premières réalisations. Bien d'autres suivront, comme le terrain de camping, le court de tennis, ou la salle des fêtes, bientôt aménagée en salle de cinéma.
En novembre 1946, il est élu député à l'Assemblée nationale, mais démissionne, un mois plus tard, à la suite de son élection comme Conseiller de la République des Côtes-du-Nord.
A son arrivée au Palais du Luxembourg, Auguste Le Coënt rejoint le groupe communiste. Il est nommé membre de la commission des affaires économiques, des douanes et des conventions commerciales, et de la commission de l'agriculture.
C'est là, durant deux années, que se manifeste le dynamisme de ce maire agriculteur, « fils du peuple », parfaitement intégré au milieu. C'est un réalisateur, qui n'hésite pas à se lancer dans la mêlée des débats pour défendre une idée qu'il juge bonne : accorder d'urgence des permissions agricoles exceptionnelles en 1947, adopter des mesures tendant à remédier au déficit en céréales pour 1947-1948, octroyer des prêts du crédit agricole à certains prisonniers, rapatriés ou ancien déportés, relever les salaires servant de base au calcul des prestations familiales.
En outre, Auguste Le Coënt prend l'initiative de déposer une proposition de résolution en 1947, tendant à inviter le gouvernement à prendre des mesures d'urgence pour fournir aux cultivateurs les semences nécessaires aux emblavements de l'automne 1947 et du printemps 1948. En 1948, il dépose une proposition de loi sur l'enseignement de la langue bretonne.
Non réélu aux élections du 7 novembre 1948, et à nouveau battu lors des élections du 19 juin 1955 et du 26 avril 1959, Auguste Le Coënt poursuit son action au niveau local : il se bat pendant des années pour obtenir la construction du collège Jean Jaurès qui ouvre ses portes en 1964, il fait construire une école primaire et une école maternelle à Saint-Nicolas-du-Pelem, il participe à la création du Foyer Logement, avec dans le même temps, la mise en chantier des lotissements de Saint Alain et de Croas Dom Héry.
C'est principalement grâce à son action que Saint-Nicolas-du-Pelem reçoit le label de station verte de vacances, avec l'achat du bois de Beaucours, un des joyaux du patrimoine français.
Homme cultivé, sensible, ouvert, toujours soucieux de s'informer, Auguste Le Coënt s'est également intéressé aux événements mondiaux, comme le montre son engagement dans le Mouvement de la Paix, aux côtés de Frédéric Joliot Curie, président du Comité mondial de la paix.
Il meurt le 27 mai 1996 à Rostrenen à l'âge de 85 ans.