Jean Le Lann

1914 - 1985

Informations générales
  • Né le 20 mars 1914 à Berrien (Finistère - France)
  • Décédé le 22 mai 1985 à Fougères (Ille-et-Vilaine - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 25 novembre 1962 au 2 avril 1967
Département
Ille-et-Vilaine
Groupe
Centre démocratique

Biographies

Biographie de la Ve République

LE LANN Jean François
Né le 20 mars 1914 à Berrien (Finistère)
22 mai 1985 Fougères (Ille-et-Vilaine)
Député d’Ille-et-Vilaine de 1962 à 1967

Fils de Pierre Le Lann et Marie-Louise Le Fur, cultivateurs-éleveurs dans le Finistère, à Berrien, l’un des bastions du communisme rural après la Seconde guerre mondiale, Jean Le Lann grandit dans une famille conservatrice et catholique. Il fait ses études à Notre-Dame-du-Kreisker, à Saint-Pol-de-Léon. Il poursuit ses études, après le baccalauréat, dans un premier temps à l’École nationale des vétérinaires, à Toulouse, puis à Alfortville. Après un service militaire de quatorze mois, il participe à la campagne en Tunisie du Sud en 1940.

Vétérinaire auxiliaire (septembre 1939-octobre 1940), Jean Le Lann s’installe ensuite comme docteur vétérinaire à Fougères, en Ille-et-Vilaine. Le 15 avril 1941, il épouse, à Scrignac (Finistère), Marie-Hélène Quéré.

Chevalier du mérite agricole, ce notable local s’affirme comme un pilier des Indépendants depuis le milieu des années 1950. Lors des législatives de novembre 1958, il se présente sous l’étiquette Union des Indépendants et des Paysans, avec comme suppléant Jean-Baptiste Denoual, dans la cinquième circonscription d’Ille-et-Vilaine (Fougères), très ancrée à droite. Avec 10 906 voix, il arrive en seconde position, derrière Pierre de Bénouville (Union pour la nouvelle République-UNR soutenu par le Centre national des indépendants et paysans-CNIP, 14 332 voix), ancien député entre 1951 et 1956. Mais il devance Pierre-Henri Teitgen, figure nationale du Mouvement républicain populaire-MRP, qui recueille 8 728 voix. À gauche, Joseph Fournier (Section française de l’internationale ouvrière-SFIO, 4 093 voix) et Jean Macé (Parti communiste français-PCF, 2 464 voix) obtiennent des scores bien moindres, tout comme le candidat poujadiste (Ernest Bouge, 648 voix). Au second tour, Pierre de Bénouville (18 393 voix) l’emporte dans une quadrangulaire, face à Jean Le Lann (17 458 voix), les candidats socialiste et communiste, Joseph Fournier (3 040 voix) et Jean Macé (1 965 voix), se maintenant. Face à une droite gaulliste conservatrice dominante, Jean Le Lann occupe l’ensemble de l’espace politique au centre et au centre-droit, signe du recul généralisé du MRP en Ille-et-Vilaine.

Les cantonales de juin 1961 confirment l’enracinement électoral de Jean Le Lann, qui est élu conseiller général de Fougères Sud, mandat qu’il conservera jusqu’en mars 1985, peu avant son décès en mai suivant.

En novembre 1962, Jean Le Lann est candidat aux législatives au titre du CNIP. Son suppléant est Abel Bourgeois, pharmacien (né le 28 juin 1919 à Fougères) et conseiller général de Châteauneuf-d’Ille-et-Vilaine (1945-1949, 1955-1967). Au premier tour, sur 36 432 suffrages exprimés, il arrive en tête avec 11 932 voix. À droite, il distance Ernest Garel (UNR, 10 529 voix) ainsi que Joseph Tronchot, conseiller général (1945-1979) et maire (1931-1975) de Saint-Brice-en-coglès (MRP, 8 699 voix), Georges Hamon (radical soutenu par la SFIO, 3 065 voix) et Jean Macé (PCF, 2 207 voix). Au second tour, sur 38 324 suffrages exprimés, il recueille 18 143 voix, devançant le gaulliste Ernest Garel (15 677 voix) et Georges Hamon (4 515 voix).

Au Palais-Bourbon, Jean Le Lann s’inscrit au groupe du Centre démocratique et siège à la commission de la production et des échanges. Il est en juillet 1963 rapporteur du projet de loi modifiant la loi du 2 novembre 1943 relative à l’organisation du contrôle des produits antiparasitaires à usage agricole, et défend un contrôle strict accompagné de sanctions.

L’essentiel de ses interventions porte sur les questions de l’agriculture et de l’élevage. Il intervient notamment sur les prix des producteurs de viande à l’occasion de l’examen des crédits de l’agriculture prévus par le projet de loi de finances pour 1965, en novembre 1964, ainsi que sur le projet de loi sur l’élevage en novembre 1966.

Politiquement soutenu dans la circonscription de Fougères par les réseaux de l’école libre, il pose une question orale au gouvernement sur l'application de la loi en faveur de l'enseignement privé (26 juillet 1963).

Il prend part, le 4 mai 1965, à la discussion du projet de loi relatif au marché de la viande et à l'inspection sanitaire des denrées animales ou d'origine animale. Il se prononce pour l’amélioration des structures de commercialisation par la création d'un réseau moderne d'abattoirs contrôlée par un service sanitaire unique et indépendant, citant en exemple le service de contrôle vétérinaire du département de la Seine. Il souhaite aussi une grande liberté de gestion aux communes ayant fait de gros sacrifices financiers pour se doter d'abattoirs modernes.

Lors du projet de loi de finances pour 1966, il intervient sur les difficultés des carriers granitiers de France, une activité économique historique dans la région de Fougères. Mentionnant l’importation de granit portugais, il prend appui sur l’adjudication du 11 février 1965 par la ville de Nantes pour réclamer des accords commerciaux avec le Portugal, avec des opérations de dédouanement et un « déplafonnement » des cotisations de la Sécurité sociale (27 octobre 1965).

À l’occasion des débats sur la loi de finances pour 1967, il s’interroge sur l’avenir de la société Potez-Aviation et la situation des usines de Toulouse-Blagnac et d'Aire-sur-l'Adour (9 novembre 1966), réclamant notamment la titularisation des agents contractuels, dans un contexte difficile pour les bases aériennes.
Il s’inquiète enfin des conséquences des inondations dans le département d'Ille-et-Vilaine, proposant « d'accorder aux habitants de cette région la faculté de déduire de leurs revenus de l'année 1966 les sommes nécessaires à la réparation des dégâts », le 10 novembre 1966, à l’occasion de l’examen des crédits de l’Equipement prévus par le projet de loi de finances pour 1967.

Affilié au CNIP puis centriste d’opposition, Jean Le Lann se rallie au Centre démocrate en février 1966.

Aux législatives de mars 1967, il est battu par Michel Cointat, figure nationale du gaullisme, ingénieur des eaux et forêts, dont l’implantation à Fougères est naissante. Au premier tour, sur 40 906 suffrages exprimés, le député sortant (13 473 voix) talonne le candidat gaulliste (13 795 voix). Les autres candidats sont Pierre de Bénouville (6 327 voix), Paul Collinot (SFIO, 4 436 voix) et Jean-Claude Guillerm (PCF, 2 875 voix). Au second tour, le duel des droites se déroule dans un contexte particulier (seulement 27 298 suffrages exprimés), qui aboutit à la très courte défaite de Jean Le Lann (18 332 voix) face à Michel Cointat (18 966 voix).

En revanche, Jean Le Lann conserve dès le premier tour, son siège de conseiller général de Fougères Sud, sous l’étiquette Centre démocrate, ce même mois.

En juin 1968, Jean Le Lann se présente à nouveau, sous l’étiquette Progrès et démocratie moderne-PDM, aux législatives. Il réunit 12 835 voix, avec pour suppléant Gilles Le Pays du Tilleul, maire de Romagné. Mais, sur 40 281 suffrages exprimés, Michel Cointat l’emporte dès le premier tour avec 21 304 voix.

Aux élections cantonales d’octobre 1973, Jean Le Lann est à nouveau réélu dès le premier tour comme candidat du Centre démocrate. A partir de 1974, et jusqu’en 1978, il siège au conseil régional de Bretagne. Figure de l’Union pour la démocratie française (UDF), membre du Centre des démocrates sociaux (CDS), il réélu conseiller général, au premier tour, en 1979.

Conseiller général (1961-1985), figure du centrisme dans le département, Jean Le Lann se désengage de la vie politique, apportant son soutien à Philippe Nogrix, qui lui succède au Conseil général en mars 1985, quelques semaines avant son décès en mai, à 71 ans.