Pierre Lebon

1890 - 1967

Informations générales
  • Né le 17 juillet 1890 à Paris (Seine - France)
  • Décédé le 30 décembre 1967 à Bidart (Basses-Pyrénées - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 17 juin 1951 au 1er décembre 1955
Département
Deux-Sèvres
Groupe
Rassemblement du peuple français

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1940 à 1958 (La documentation française)



Né le 17 février 1890 à Paris
Décédé le 30 décembre 1967 à Bidart (Basses-Pyrénées)

Député des Deux-Sèvres de 1951 à 1955

Pierre Lebon est le fils d'André Lebon, député de Parthenay, qui avait été ministre du commerce et de l'industrie puis des colonies. Sa mère, Zinka Paléologue, était la sœur de Maurice Paléologue qui avait été le dernier ambassadeur de France auprès du Tsar. Pierre Lebon a donc évolué dès son plus jeune âge dans un milieu à la confluence du monde politique et celui des affaires. Il a épousé Jeanne Crozet-Fourneyron et eut six enfants.

Ancien combattant de la première guerre mondiale, Pierre Lebon participe à la seconde et entre dans la Résistance. Son fils aîné, Yves, qui avait rejoint les Forces Françaises Libres, fut tué à Bir-Hakeim en 1942. Son second fils, Roger, ses filles Marthe et Renée ainsi que son gendre furent déportés dans les camps de concentration. Son gendre y trouva la mort. Sa petite-fille, la fille de Renée, est née en février 1944 dans la prison de Fresnes et reçut le prénom de France qui témoignait de l'espérance patriotique de cette famille. Pierre Lebon fut nommé officier de la Légion d'honneur à titre militaire et reçut la médaille de la Résistance, la Medal of Freedom et la King's Medal. Il fut délégué au titre de la Résistance à l'Assemblée consultative de Paris en 1944.

Pierre Lebon est Président directeur général de l'Union de Banques à Paris et de plusieurs groupes industriels. Il est président de l'Union des fabricants d'huile de lin et vice-président du groupement interprofessionnel pour le développement des oléagineux dans les territoires d'outre-mer. Ainsi avait-il été chargé dans les années qui ont suivi la Libération de différentes missions en Amérique et en Afrique. Il fut aussi nommé administrateur de l'École nationale d'administration.

Pierre Lebon ne semble pas avoir été tenté par un mandat parlementaire à la Libération. Pour autant, il s'engage au RPF et conduit la liste gaulliste aux élections législatives du 17 juin 1951. Avec 22 176 voix sur 149 762 suffrages exprimés, elle arrive en première position et obtient un siège.

Pierre Lebon est nommé membre des Commissions des affaires économiques, des finances et des affaires étrangères. Au cours de la législature, il intervient volontiers dans les débats touchant aux questions économiques et financières ainsi qu'au dossier européen au sujet duquel il exprime une conviction nettement gaulliste. Le 6 mars 1952, il s'abstient lors du scrutin d'investiture d'Antoine Pinay. Quelques semaines plus tard, le 1er avril, à l'occasion de la discussion de la loi de finances, il ironise sur l'expression « expérience Pinay ». « Le terme d'expérience, dit-il, compte une certaine dose de scepticisme. » Il juge, en outre, que les dispositions présentées par Antoine Pinay ne sont pas à la hauteur de la confiance qu'il sollicite et ne croit pas qu'il puisse avoir la majorité de sa politique. Le 3 juin 1953, Pierre Lebon intervient dans le débat sur l'investiture de Pierre Mendès France. S'il salue les qualités personnelles du président du Conseil désigné, notamment son courage et son tempérament, il regrette que les perspectives d'avenir ne soient pas assez clairement définies notamment en ce qui concerne l'Indochine, garante du maintien du rang de la France dans le monde. Pour autant, il vote en faveur de l'investiture du député de l'Eure. Le 19 novembre, il interpelle le gouvernement sur la politique européenne. Pierre Lebon manifeste à nouveau clairement son hostilité au projet de Communauté européenne de défense. Celle-ci pourrait déboucher sur une unification d'une Allemagne aux frontières non garanties, ce qui serait un danger pour la Pologne. « Avant de mettre l'Allemagne à notre niveau, ajoute-t-il, avant de nous fondre avec elle, la plus élémentaire prudence exige une longue, très longue période expérimentale afin que soit acquise la certitude que l'Allemagne n'est plus l'Allemagne, du moins celle que nous avons connue. » « Les funérailles de la France nous n'en voulons pas ! »

Pierre Lebon vote, le 17 juin 1954, l'investiture de Pierre Mendès France et, le 23 juillet, l'ordre du jour qui approuve les négociations de Genève sur l'Indochine. Le 29 août 1954, Pierre Lebon remplace le général de Bénouville lors de la discussion générale sur la ratification du traité de CED. Après s'être excusé de ne pas avoir « le prestige des étoiles » de son collègue, il condamne à nouveau « la fusion entre la France et l'Allemagne. » Il ajoute que la ratification se traduirait par une tension accrue avec l'URSS qui se sentirait menacée. La CED « prétend assurer la paix. Elle conduit inexorablement à la guerre, (...) elle déchire notre armée, elle constitue, par l'intégration, une cohorte intemationale sans efficacité. Bref, conclut il, là où elle prétend renforcer la défense elle l'affaiblit. » Pierre Lebon, enfin, craint que la construction d'une Europe supranationale n'éloigne de la France les peuples de l'Union française : « Mère voici vos fils qui se sont tant battus, ne les abandonnez pas. » Aussi, est-ce sans surprise qu'il vote la question préalable du général Aumeran le 30 août. Quant aux Accords de Paris, s'ils représentent une amélioration par rapport à la CED, ils ne règlent pas tous les problèmes, observe Pierre Lebon le 21 décembre, notamment les questions des frontières, le statut de la Sarre et celui de Berlin, « foyer d'infection ». Le député des Deux-Sèvres demande un délai supplémentaire pour approfondir la négociation. Le 29 décembre, il vote contre les Accords de Paris. Sans doute leur ratification est-elle notamment à l'origine de son abstention lors du scrutin du 4 février 1955 qui renverse le gouvernement Mendès France. Le 28 juillet, Pierre Lebon conclut son intervention au cours du débat sur la prorogation de l'état d'urgence en Algérie en s'écriant : « Il est grand temps non seulement de crier »Halte ! Cela suffit « , mais encore de reprendre notre rôle d'influence partout où cela se peut. » Le 29 novembre 1955, il vote contre la confiance demandée par Edgar Faure.

Le scrutin du 2 janvier 1956 n'est guère favorable à la liste des Républicains sociaux conduite dans les Deux-Sèvres par Pierre Lebon. Avec 12 345 voix sur 160 177 suffrages exprimés, la liste gaulliste arrive en septième position. Pierre Lebon n'est pas réélu. Il ne l'est pas davantage, le 30 novembre 1958, sous l'étiquette UNR face au candidat du CNI, Jacques Fouchier.

Pierre Lebon a publié plusieurs ouvrages dont un De Gaulle au pouvoir, en 1951.

Il décède à Bidart le 30 décembre 1967, à l'âge de 77 ans.