Joseph Lecacheux
1880 - 1952
* : Un décret de juillet 1939 a prorogé jusqu'au 31 mai 1942 le mandat des députés élus en mai 1936
Né le 15 mars 1880 à Montebourg (Manche). Député de la Manche de 1928 à 1942.
Fils d'un industriel du textile de Montebourg, Joseph Lecacheux fait ses études secondaires à Caen, puis s'inscrit aux Facultés des sciences et de médecine de Paris où il acquiert les grades de licencié ès sciences en 1906 et de docteur en médecine en 1910. Il exerce sa profession de médecin dans sa commune natale, dont il devient maire après avoir été élu conseiller municipal en 1912, magistrature qu'il abandonnera quand il entrera au parlement. En 1913, il est élu conseiller général de la Manche. Mobilisé en 1914 dans le service de santé, Joseph Lecacheux fait toute la guerre dans une unité d'infanterie. Il est promu au grade de capitaine. Titulaire de quatre citations, il est décoré de la Croix de guerre et, nommé chevalier de l'ordre de la Légion d'honneur, il sera promu officier en 1937.
C'est en 1928 qu'il se présente pour la première fois aux élections législatives, dans la circonscription de Valognes. Il est élu par 7.038 voix, dès le premier tour de scrutin, sur 13.276 suffrages exprimés et contre 3.190 à son concurrent le plus proche. Dans sa profession de foi électorale, il se réclamait de la politique de Poincaré qui fait l'union des républicains, se déclare partisan de l'union nationale, ennemi de tout sectarisme et affirme que la paix sociale, que chacun désire ardemment, n'est possible qu'avec de bonnes finances.
A la Chambre, il s'inscrit au groupe de l'alliance démocratique et fait partie de la commission de l'hygiène, de la commission de la marine militaire, de celle du commerce et de l'industrie.
Il est réélu le 1er mai 1932, dès le premier tour, par 7.066 voix sur 12.795 votants.
Durant la campagne électorale de 1936, Joseph Lecacheux combat le Front populaire, comme il avait précédemment combattu le cartel des gauches, affirmant que les socialistes ont failli à leurs promesses et avoué leur impuissance. Il leur reproche de mettre en péril la situation de la France et l'ordre républicain. Le nombre de ses électeurs s'accroît au scrutin du 26 avril 1936, où il est réélu par 7.502 voix sur 13.311 votants.
Il dépose en 1938 une proposition de loi tendant à fixer la situation des étrangers en France en cas de mobilisation générale ainsi que celle des mobilisés de l'arrière. Notons également son rapport, fait au nom de la commission de la santé publique sur la proposition de loi tendant à renforcer la répression de l'exercice illégal de la médecine en 1939. Joseph Lecacheux fut l'un des quatre-vingts députés qui, le 10 juillet 1940, votèrent contre les pouvoirs constituants au maréchal Pétain.
Né le 15 mars 1880 à Montebourg (Manche)
Décédé le 4 novembre 1952 à Paris (15ème)
Député de la Manche de 1928 à 1942
Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale constituante (Manche)
Député de la Manche de 1946 à 1948 Sénateur de la Manche de 1948 à 1952
(Voir première partie de la biographie dans le Dictionnaire des parlementaires français 1889-1940, Tome VI, p. 2187)
En 1940, Joseph Lecacheux est l'un des quatre-vingts parlementaires qui refusent l'attribution des pouvoirs constituants au maréchal Pétain.
Il entre alors dans une résistance active à l'ennemi en prenant contact avec Londres et Alger. Arrêté deux fois, il est contraint d'entrer dans la clandestinité pour fournir à l'état-major américain des renseignements destinés au projet de débarquement à Saint-Lô. Il assiste à ce formidable effort de libération, jusque dans sa propre ville de Montebourg, détruite par le feu au terme de douze jours de combat. Il restera marqué par le spectacle de son pays dévasté et s'attachera dès lors à sa reconstruction.
Son action courageuse auprès des forces de libération du pays vaut à Joseph Lecacheux l'estime du général de Gaulle qui le nomme membre de l'Assemblée consultative provisoire en 1944.
Il siège aux deux Assemblées nationales constituantes puis est élu à l'Assemblée nationale nouvellement créée en 1946. Mais il renonce à son mandat de député lorsqu'il est élu le 7 novembre 1948 au Conseil de la République, sur une liste du RPF.
L'activité parlementaire de Joseph Lecacheux consiste en grande partie à défendre les intérêts des victimes de la guerre, et notamment de celles de sa région touchée au premier chef par le dénouement de la guerre. Ainsi, il intervient en faveur de la création d'un poste de haut-commissaire au ravitaillement et dépose une proposition de résolution en 1949 pour que le Gouvernement accorde à la ville de Cherbourg et aux communes voisines, toutes sinistrées, un secours d'urgence pour venir en aide aux victimes d'une inondation.
Une question en particulier retient l'attention de Joseph Lecacheux : celle de l'échelle mobile des salaires. Cette proposition de loi acceptée par l'Assemblée nationale lui semble un leurre. Aussi fait-il une longue allocution devant ses collègues en 1951 pour dénoncer l'illusion d'un projet qui vise à compenser le déséquilibre entre les salaires et la hausse des prix par l'augmentation des salaires en fonction des dépenses. Ceci apparaît aux yeux de Joseph Lecacheux comme une course sans autre fin que le naufrage de l'économie nationale. Il préconise au contraire, en prenant modèle sur la politique de Poincaré en 1926, de retrouver une monnaie forte qui entraînerait la stabilité des prix et des salaires.
Cette intervention fut la dernière de Joseph Lecacheux qui succombe à son domicile parisien, le 4 novembre 1952, à une longue maladie.
Le président du Conseil de la République, Gaston Monnerville, prononça un hommage funèbre en l'honneur de ce « patriote » hanté par la reconstruction de « sa province martyre », que l'on compta parmi ceux qui « ne désespérèrent ni de la France ni de son régime » en 1940, et qui fut « l'un des mainteneurs de la République et de l'idéal humain » de la France.