Jean Lecanuet
1920 - 1993
LECANUET (Jean, Adrien, François)
Né le 4 mars 1920 à Rouen (Seine-Inférieure)
Décédé le 22 février 1993 à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine)
Député de Seine-Inférieure de 1951 à 1955
Député de Seine-Maritime de 1973 à 1974 et en 1986
Sénateur de 1959 à 1973 et de 1977 à 1993
Secrétaire d'Etat à la présidence du Conseil du 22 octobre 1955 au 2 janvier 1956
Garde des Sceaux, ministre de la justice du 28 mai 1974 au 26 août 1976
Jean Lecanuet est né le 4 mars 1920 à Rouen. Il y fait ses études secondaires aux collèges privés Bellefonds et Jean-Baptiste de la Salle puis au lycée Corneille. Il est admis au lycée Henri IV à Paris pour préparer le concours de l'École normale supérieure mais le déclenchement de la seconde guerre mondiale l'oblige à abandonner ce projet. Il participe à la campagne de France comme simple soldat de 2ème classe.
Après avoir été démobilisé, Jean Lecanuet reprend ses études et obtient, en 1942, l'agrégation de philosophie. Il est major de sa promotion. L'année suivante, il épouse Denise Paillard dont il aura trois enfants. D'abord professeur à Douai, il est ensuite nommé à Lille, où il enseigne dans la classe de khâgne qui vient d'être créée au lycée Faidherbe. Il y fait la connaissance de l'abbé Vancourt, professeur à la Faculté catholique, qui appartient au réseau franco-anglais du capitaine Michel. Tout en assurant son service d'enseignement, Jean Lecanuet participe aux activités de renseignement et de sabotage. En juin 1944, après avoir saboté un poste d'aiguillage dans le but de ralentir l'acheminement des renforts allemands en Normandie, il est arrêté mais parvient à s'évader. Il reste alors dans la clandestinité jusqu'à la Libération.
Les relations que Jean Lecanuet avait nouées avant et pendant la guerre avec les milieux catholiques lui assurent d'être distingué par les dirigeants du Mouvement républicain populaire (MRP) auquel il adhère dès sa fondation. Il est, en outre, nommé en 1945 inspecteur général de l'information. De 1946 à 1951, Jean Lecanuet comme directeur-adjoint, chef de cabinet ou chargé de mission, appartient au cabinet des ministres MRP Bichet, Dupraz, Abelin, Colin, Buron et Letourneau.
Le 17 juin 1951, Jean Lecanuet conduit la liste MRP dans la première circonscription de la Seine-Inférieure. Avec 18 568 voix sur 192 439 suffrages exprimés, la liste MRP arrive en sixième position derrière les listes communiste, gaulliste, indépendante, radicale et socialiste. Mais un apparentement ayant été conclu entre les listes qui se réclamaient de la Troisième force, et celui-ci ayant atteint la majorité des suffrages exprimés, Jean Lecanuet est élu député. En 1953, il consolide sa position en se faisant élire conseiller municipal de sa ville natale.
Jean Lecanuet est d'emblée un parlementaire actif et écouté. Il est nommé membre de la Commission de la presse - et en devient vice-président en 1954-1955 - ainsi que de la Commission des affaires étrangères. Cette dernière le désigne en 1954 pour siéger à la Commission d'examen des problèmes intéressant les Etats associés. Durant la législature, Jean Lecanuet intervient en faveur de son département, l'un des plus sinistrés de France. En qualité de membre de la Commission de la presse, il est l'un des maîtres d'œuvre du projet de loi relatif au fonds de développement de l'industrie cinématographique en 1953. Il est favorable à des aides directes ou indirectes avec en contrepartie l'exercice d'un contrôle. Le 20 mars 1953, il avait déposé une proposition de résolution visant à créer une Communauté européenne du cinéma.
C'est à l'occasion du débat sur l'investiture de Pierre Mendès France, en 1954, que Jean Lecanuet prononce son premier grand discours de politique générale. L'inscription de son intervention à l'ordre du jour témoigne de la volonté du MRP de mettre en avant un parlementaire jeune non dénué de talent d'orateur. Aussi, le 17 juin 1954, le député de la Seine-Inférieure s'efforce-t-il de défendre, non sans habileté la politique indochinoise de Georges Bidault tout en critiquant l'attitude de Pierre Mendès France qui est l'artisan de la chute du gouvernement Laniel au milieu d'une négociation internationale. Quant au pari indochinois que le Président désigné propose, Jean Lecanuet n'y voit qu'un « transfert de responsabilités » sur l'Assemblée nationale. Il interpelle aussi le député de l'Eure sur la signification qu'il faut donner à l'information selon laquelle le groupe communiste voterait l'investiture. Jean Lecanuet ne cache pas l’inquiétude que suscite, chez lui, l'attitude de Pierre Mendès France à l'égard de la Communauté européenne de défense (CED) : « Dès l'instant que la France s'écartera de la politique qu'elle-même a proposée au monde libre, dès l'instant qu'elle laisserait par ses tergiversations, le monde libre incertain, elle se priverait, sur tous les terrains, de ses moyens diplomatiques les plus essentiels. Ce serait l'isolement pour la France, toutes les tentations pour l'Allemagne, la désunion du monde libre. » Et Jean Lecanuet conclut au nom du groupe MRP : « Nous ne voterons pas votre investiture, Monsieur le président du Conseil désigné, pour indiquer clairement que la crise que nous n'avons pas ouverte ne peut trouver d'issue que dans la continuité de la politique extérieure française, dans la volonté d'en assumer toutes les obligations, dans la force retrouvée d'une majorité résolue sur les exigences et les échéances maintenant inéluctables du progrès et de la paix. » Deux des thèmes récurrents des discours de Jean Lecanuet apparaissent dans cette intervention : anticommunisme et défense de la construction européenne.
Jean Lecanuet, le 29 juillet 1954, s'abstient lors du vote d'approbation des conclusions des négociations de Genève sur l'Indochine. Il vote contre la question préalable déposée par le général Aumeran qui vise à rejeter le projet de Communauté européenne de défense et s'oppose, le 29 décembre, à la ratification des Accords de Paris.
Le 20 octobre 1955, à l'occasion d'un remaniement de son gouvernement, Edgar Faure confie à Jean Lecanuet un secrétariat d'État rattaché à la présidence du Conseil. Mais la dissolution de l'Assemblée ayant été prononcée le 2 décembre, il reste peu de temps aux affaires.
Le 2 janvier 1956, Jean Lecanuet n'est pas réélu député. Il est alors nommé au tour extérieur maître des requêtes au Conseil d'État. Il est chargé de mission de Pierre Pflimlin, ministre des finances en 1957-1958 puis président du Conseil en 1958. Il est directeur de son cabinet quand Pierre Pflimlin est ministre d'État dans le gouvernement de Gaulle. Jean Lecanuet est élu le 27 avril 1958 conseiller général du 2ème canton de Rouen et, malgré sa défaite aux élections législatives de 1956, il entend reconquérir son siège de député de Seine-Maritime, gagné en 1951. Il se présente aux élections législatives de 1958 sous l'étiquette MRP, dans la première circonscription du département devenu Seine-Maritime. Au second tour, il se classe seulement quatrième n'ayant réuni que 22,3 % des suffrages exprimés. C'est le gaulliste Roger Dusseaulx qui est élu avec 30,5 % des voix.
L'année suivante, la liste d'Action sociale et rurale présentée par le MRP et conduite par Jean Lecanuet au Sénat recueille 272 voix sur 2 190. Jean Lecanuet est élu sénateur. En 1960, il devient président du groupe MRP du Palais du Luxembourg puis, en 1963, président national du Mouvement républicain populaire. Il s'impose comme un opposant de plus en plus affirmé au gaullisme, notamment au sein de la Commission des affaires étrangères dont il est membre. Jean Lecanuet appelle à voter ainsi contre la révision constitutionnelle de 1962. Il vote cependant les pouvoirs spéciaux au gouvernement pour ramener l'ordre en Algérie après la semaine des barricades en février 1960, il vote aussi la réforme des régimes matrimoniaux en 1965 ou la proposition de loi Neuwirth en 1967.
En 1964, le sénateur cherche à nouer une alliance avec les socialistes, mais les pourparlers achoppent sur les questions de l'enseignement libre et des rapports avec les communistes. L'année suivante, il se présente à la première élection présidentielle organisée au suffrage universel. Déclarant être un « candidat démocrate, social et européen », Jean Lecanuet mène une campagne dynamique qui s'inspire de celle menée par l’ancien président démocrate américain John Kennedy. En effet, Jean Lecanuet et son équipe, dirigée par Pierre Fauchon, mettent à profit les nouveaux moyens de communication politique: le candidat centriste organise de nombreux meetings voyageant à travers la France; il s'exprime à la radio et surtout à la télévision; et il a recours à la publicité, distribuant des photographies, des tracts mais aussi des gadgets comme des foulards ou des porte-clés à son image. Peu connu du grand public, entré dans la compétition tardivement, Jean Lecanuet parvient pourtant à s'imposer sur la scène politique comme un homme neuf. Sa jeunesse et ses prestations télévisées, l'utilisation des sondages et des méthodes de marketing politique sur les conseils du publicitaire Michel Bongrand, lui permettent de recueillir 15,6 % des suffrages exprimés et d'obtenir la troisième position, derrière François Mitterrand et le général de Gaulle, qui n'utilise pas son temps de parole à la radio et à la télévision et qui est mis en ballottage. Ce résultat offre au candidat centriste la possibilité de réaliser son projet de créer un grand mouvement démocratique allant, comme il le dit, « des libéraux de progrès aux socialistes réformateurs ». Jean Lecanuet l'a nettement exprimé lors d'un meeting à Lille deux mois avant le scrutin: « Si je ne suis pas élu à la présidence mais si, par contre, j'obtiens assez de suffrages, j'aurai la force politique de créer ce mouvement politique nouveau ». Dans la dynamique du scrutin présidentiel, Jean Lecanuet fonde en 1966 le Centre démocrate qu'il dirige jusqu'en 1976, date de sa transformation en Centre des démocrates sociaux (CDS). C'est l'aboutissement d'un engagement politique visant à faire du centre un espace autonome, pouvant peser sur les destinées de la France et de l'Europe et non plus un simple trait d'union entre la droite et la gauche.
Attaché à sa Normandie natale, Jean Lecanuet consolide par ailleurs son implantation locale. Conseiller municipal de Rouen depuis 1953, premier adjoint au maire en 1965, il prend la tête de la mairie rouennaise en avril 1968. Le centriste devient aussi président du syndicat d'études de l'agglomération Rouen-Elbeuf et vice-président de l'établissement public de la Basse-Seine. En juin, Jean Lecanuet sollicite un mandat de député dans la première circonscription de Seine-Maritime. Classé deuxième à l'issue du premier tour avec 26,2 % des suffrages exprimés, loin derrière le député sortant gaulliste Roger Dusseaulx (41,3 % des voix) mais devant le communiste Victor Blot (23,8 %), le maire de Rouen se retire. Roger Dusseaulx est largement réélu au second tour. En revanche, Jean Lecanuet est réélu en septembre au Sénat, la liste centriste qu'il emmène ayant recueilli 751 voix sur 2 329. Il retrouve la Commission des affaires étrangères qu'il préside de 1971 à 1973. En 1969, le centriste se prononce vivement contre le référendum du 27 avril relatif à la régionalisation et à la transformation du Sénat. Le non l'emporte à 52,41 % des suffrages exprimés. Prenant acte du résultat, le général de Gaulle démissionne. A l'élection présidentielle, Jean Lecanuet soutient la candidature du centriste Alain Poher qui assure, en tant que président du Sénat, l'intérim à l'Elysée. Georges Pompidou l'emporte au second tour face à Alain Poher avec 58,21% des suffrages exprimés. Le président du Centre démocrate ne s'y rallie pas alors que trois centristes entrent dans le gouvernement d'ouverture formé par Jacques Chaban-Delmas (René Pleven à la Justice, Joseph Fontanet au Travail et Jacques Duhamel à l'Agriculture). Jacques Duhamel crée le Centre Démocratie et Progrès (CDP) en 1969 pour regrouper les ralliés au nouveau président de la République. La victoire de François Mitterrand au congrès du parti socialiste d'Epinay accentue par ailleurs la bipolarisation de la vie politique car ce dernier appelle à une union de toute la gauche et refuse une entente avec le centre.
Jean Lecanuet tente encore de faire vivre un centrisme d'opposition. Lors des élections législatives de 1973, Jean Lecanuet se présente à nouveau dans la première circonscription de Seine-Maritime sous la bannière du Mouvement réformateur qu'il a co-fondé en 1971 avec Jean-Jacques Servan-Schreiber. Sa notoriété et son ancrage local, qu'il met en avant dans sa première circulaire, lui permettent d'arriver en tête du premier tour avec 36,3 % des suffrages, devançant notamment le député sortant gaulliste Roger Dusseaulx (24,2 %), le communiste Victor Blot (19,3 %) et le socialiste Jean Barre (10,9 %). Bénéficiant du désistement de Roger Dusseaulx en sa faveur, Jean Lecanuet retrouve après 22 ans le chemin du Palais-Bourbon avec un score très confortable puisqu'il a recueilli 62,2 % des voix.
Inscrit au groupe des réformateurs démocrates sociaux, le député de Rouen accède à la Commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale. Le 20 décembre 1973, il dépose une proposition de loi tendant à modifier le code électoral des élections cantonales. A l'occasion de la déclaration du ministre des affaires étrangères sur la politique étrangère de la France en juin 1973, le député centriste évoque les progrès de !a détente qui lui font craindre « l'accord tacite entre les Etats-Unis et l'URSS pour maintenir une sorte de division en Europe ». Ardent promoteur de la construction européenne, il s'élève contre l'idée que l'Europe n'aurait que des intérêts régionaux, exprime la crainte d'un certain isolement de la France et regrette le manque d'enthousiasme de son pays pour une Europe unie. Le 6 novembre 1973, dans une longue intervention lors de l'examen du projet de loi de finances pour 1974, Jean Lecanuet s'inquiète de la dépendance énergétique de la France et suggère notamment de développer la filière nucléaire dans le cadre d'un programme européen. Il vote contre la déclaration de politique générale du gouvernement de Pierre Messmer, le 12 avril 1973, et contre le projet de loi constitutionnelle visant à la réduction du mandat présidentiel à 5 ans, le 16 octobre 1973.
Critique à l'égard de la politique menée par Pierre Messmer, Jean Lecanuet prend contact avec Valéry Giscard d'Estaing en mars 1974 en vue d'opérer un rapprochement pour l'échéance de l'élection présidentielle de 1976. Le décès de Georges Pompidou le 2 avril 1974 accélère les discussions. L'ancien candidat centriste de 1965 estime que ses chances d'être qualifié au second tour sont faibles mais il a la conviction que Valéry Giscard d'Estaing est en mesure d'y parvenir. Or ce dernier, qui entend gouverner la France « au centre », est favorable à l'élection au suffrage universel d'un Parlement européen ainsi qu'à l'introduction d'une dose de représentation proportionnelle aux élections législatives. Dans ces conditions, Jean Lecanuet lui apporte un soutien actif qui lui vaut d'être nommé Garde des Sceaux dans le gouvernement Chirac de mai 1974 à août 1976 puis ministre d'Etat chargé du plan et de l'aménagement du territoire dans le premier gouvernement Barre d'août 1976 à mars 1977, A l'Assemblée, il est remplacé par son suppléant, Pierre Damamme, maire de Darnétal. Ministre de la justice, il fait notamment voter au Parlement, à la demande de Valéry Giscard d'Estaing, l'abaissement de la majorité à 18 ans et l'extension du droit de saisine du Conseil constitutionnel à 60 députés ou sénateurs en 1974. En 1975, il fait adopter la réforme du divorce par consentement mutuel.
En 1977, Jean Lecanuet quitte le gouvernement. Il est réélu sénateur, sa liste d'Union des républicains et des démocrates ayant obtenu 1315 voix sur 2595. Au Palais du Luxembourg, l'ancien ministre s'inscrit au groupe de l'Union centriste des démocrates de progrès et retrouve la présidence de la Commission des affaires étrangères qu'il conserve jusqu'à son décès. En séance publique, le sénateur intervient surtout sur les questions européennes ou de politique étrangère, plaidant avec conviction en faveur d'une construction européenne plus avancée et de l’amitié, avec les Etats-Unis. Il vote pour la loi Peyrefitte dite sécurité et liberté de décembre 1980. En 1981, après l'élection à la présidence de la République de François Mitterrand, il vote pour l’abolition de la peine de mort et pour le projet de loi de décentralisation présenté en 1982 par Gaston Defferre.
Par ailleurs, Jean Lecanuet est à l'origine de la création de l'Union pour la démocratie française (UDF) en 1978, mouvement qui réunit les différents partis centristes et dont il prend la tête pendant dix ans (1978-1988). L'année suivante, cet européen convaincu figure sur la liste emmenée par Simone Veil au Parlement européen à l'occasion des premières élections du Parlement européen au suffrage universel direct. Il est élu député européen, puis réélu en 1984, date à laquelle il doit quitter l'Assemblée nationale en raison de la loi sur le cumul des mandats. Il siège au Parti populaire européen.
En 1986, Jean Lecanuet retrouve son siège de député de Seine-Maritime, sa liste d'Union UDF-RPR ayant remporté 39,4 % des suffrages exprimés, soit 5 sièges sur les 12 que compte son département. Les socialistes emmenés par Laurent Fabius obtiennent, avec 35,5% des voix, le même nombre de sièges tandis que le Front national conduit par Dominique Caboche et le parti communiste par Roland Leroy gagnent chacun un élu. Sur le plan national, l'entente regroupant le RPR et l'UDF a gagné l'élection. Cependant, les gaullistes ayant obtenu davantage de députés que les centristes, c'est Jacques Chirac qui est nommé Premier ministre par François Mitterrand. A la tête de l'UDF, Jean Lecanuet a pris une large part au succès de la droite. Il aurait pu s'attendre à être ministre (il aurait été intéressé par les affaires étrangères) mais François Mitterrand s'y serait opposé.
L'ancien ministre centriste retrouve les bancs du Palais-Bourbon à l'ouverture d'une période de cohabitation. Inscrit au groupe de l'UDF et membre de la Commission des affaires étrangères qu'il préside, c'est à lui que revient de formuler l'hommage de l'Assemblée à la mémoire de Robert Schuman le 25 juin 1986. Cependant, le député de Rouen se démet de son mandat de député en septembre 1986 car il vient d'être réélu au Sénat, la liste UDF-RPR qu'il conduisait ayant recueilli 1 694 voix sur 2913. Le sénateur centriste vote en 1988 pour le projet de loi relatif au revenu minimum d'insertion et en 1992 pour le projet de loi constitutionnelle visant à permettre la ratification du traité sur l'Union européenne signé à Maastricht.
A l'élection présidentielle de 1988, Jean Lecanuet et l'UDF soutiennent Raymond Barre. Ce dernier, avec près de 16,5% des voix le 24 avril, n'est pas qualifié pour le second tour. Comme il l'avait indiqué pendant la campagne, le sénateur centriste se prononce en faveur de Jacques Chirac, qu'il invite à Rouen pendant la campagne de l’entre-deux-tours, mais qui n'obtiendra, au terme d'une cohabitation de combat, que 45,98% des suffrages exprimés face à François Mitterrand.
Malade, il continue à exercer ses mandats de sénateur, de maire de Rouen, de conseiller général du deuxième canton rouennais et de président du Conseil général de la Seine-Maritime. Il décède le 22 février 1993.
Celui qui aimait à répéter que « faire l'Europe ce n'est pas défaire la France, c'est la parfaire » est salué à son décès comme l'incarnation de la démocratie chrétienne, du centrisme français et de la construction européenne.
Jean Lecanuet était officier de la Légion d'honneur, officier de la couronne de Belgique et commandeur de Saint-Grégoire-Le-Grand. Une des rues principales de Rouen porte son nom.