Jean-Philippe Lecat
1935 - 2011
- Informations générales
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- Né le 29 juillet 1935 à Dijon (Côte-d'Or - France)
- Décédé le 26 mars 2011 à Clichy (Hauts-de-Seine - )
1935 - 2011
LECAT (Jean-Philippe)
Né le 29 juillet 1935 à Dijon (Côte d’Or)
Décédé le 26 mars 2011 à Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine)
Député de la Côte d’Or de 1968 à 1972, en 1973 et en 1978
Secrétaire d’Etat auprès du Premier ministre, porte-parole du gouvernement du 15 mai 1972 au 2 avril 1973
Secrétaire d’Etat auprès du Ministre de l’Economie et des finances du 5 avril 1973 au 23 octobre 1973
Ministre de l’Information du 23 octobre 1973 au 27 mai 1974
Ministre de la Culture et de la communication du 5 avril 1978 au 4 mars 1981
Jean-Philippe Lecat naît à Dijon le 29 juillet 1935. Son père est magistrat et sa mère assistante judiciaire. A l’âge de cinq ans, le jeune garçon perd son père, le 28 mai 1940, tombé pour la France lors de l’offensive allemande. Il suit des études secondaires au collège Saint-François de Sales puis au lycée Carnot de Dijon avant de rejoindre Paris pour des études de droit jusqu’à la licence. Il intègre par la suite l’Institut d’études politiques de Paris (IEP). Après avoir accompli son service militaire de décembre 1958 à avril 1961 (il est envoyé dès septembre 1959 dans une Algérie en guerre et sera décoré de la Croix de valeur militaire), il revient à Paris où il prépare l’Ecole nationale d’administration (ENA). Il réussit le concours d’entrée et s’illustre comme major de la promotion Saint-Just (1963). Il entre au Conseil d’Etat comme auditeur de 2ème classe. En janvier 1964, il est rapporteur auprès de la commission centrale d’aide sociale puis, en octobre, il est rapporteur auprès de la commission spéciale de cassation des pensions adjointe temporairement au Conseil d’Etat. A l’automne de l’année suivante, promu auditeur de 1ère classe, il est nommé commissaire adjoint du gouvernement auprès de la commission centrale d’aide sociale. Ce jeune haut fonctionnaire brillant, repéré par les proches de Georges Pompidou, est appelé en juillet 1966 au cabinet du Premier ministre comme chargé de mission. Il y reste deux ans.
En juin 1968, le général de Gaulle ayant dissout l’Assemblée nationale après les événements de mai, des législatives anticipées ont lieu. Dans la 3e circonscription de la Côte d’Or (composée des cantons d’Arnay-le-Duc, Beaune nord et sud, Bligny-sur-Ouche, Liernais, Nolay, Nuits-St-Georges, Pouilly-en-Auxois, Saint-Jean-de-Losne et Seurre), tenue depuis le printemps 1967 par le radical Pierre Charles, l’Union pour la défense de la République (UDR), le nouveau parti gaulliste créé pour l’occasion, investit Jean-Philippe Lecat (qui rejoint alors l’UDR). Ce dernier, assisté de son suppléant, Henri Moine, maire de Beaune, profite d’un contexte politique national très favorable à la majorité après les désordres des barricades, pour arriver en tête du premier tour avec 37,6 % des suffrages exprimés, tandis que le député sortant doit se contenter de 26 %. Fort de réserves de voix importantes (les 12,2 % d’un candidat du Centre démocrate et les 12 % d’un autre candidat Républicain indépendant), Jean-Philippe Lecat s’impose facilement au second tour avec 57,8 %.
Au Palais-Bourbon, il rejoint le groupe UDR et la commission de la production et des échanges, qu’il quitte en avril 1970 pour la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République, avant de s’inscrire en mai 1971 à la commission des affaires culturelles, familiales et sociales, puis de retrouver en octobre de la même année la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République. En novembre 1969, il intègre la commission d’étude des problèmes de la participation, de l’intéressement et de l’actionnariat ouvrier. Il est également membre du groupe d’étude parlementaire pour l’aménagement rural (GEPAR). Durant cette législature, Jean-Philippe Lecat est le rapporteur de plusieurs textes de loi : le projet de loi relatif à la Régie Renault (décembre 1969), le projet de loi aménageant la loi d’orientation de l’enseignement supérieur de novembre 1968 (juin 1971) et le projet de loi portant création et organisation des régions (avril 1972). Député d’une circonscription viticole, l’élu de la Côte d’Or, qui siège depuis octobre 1968 au comité national de propagande en faveur du vin, suit de près l’examen des projets de loi de finances quand il est question des dossiers agricoles. Il s’intéresse aussi aux questions d’éducation et au règlement de l’Assemblée nationale. Il vote en faveur du projet de loi portant création et organisation des Régions (la loi du 5 juillet 1972).
Délégué national de l’UDR -devenue Union des démocrates pour la République- chargé des problèmes de l’Education nationale, le pompidolien Jean-Philippe Lecat s’impose vite dans les instances du parti gaulliste. Il entre en décembre 1971 au comité central de l’UDR et se voit nommé en juillet de l’année suivante secrétaire général adjoint, chargé des affaires culturelles (éducation, information). Parallèlement, l’élu national a amélioré son ancrage politique local en se faisant élire conseiller général du canton de Nolay en 1970 sous la même étiquette UDR. L’échec du référendum d’avril 1969 provoque la démission du général de Gaulle et l’élection de Georges Pompidou. En mai 1972, sa proximité avec le nouveau président vaut au député gaulliste de la Côte d’Or d’entrer au gouvernement de Jacques Chaban-Delmas comme secrétaire d’Etat auprès du Premier ministre (en remplacement du gaulliste de gauche Léo Hamon) et porte-parole du gouvernement. Benjamin du gouvernement, le député de la Côte d’Or se voit remplacé au Palais-Bourbon par son suppléant Henri Moine. Efficace et dynamique, Jean-Philippe Lecat, qui fait partie de cette génération de jeunes loups pompidoliens (Jacques Chirac, Jean Charbonnel, Bernard Pons, Pierre Mazeaud…) ayant émergé politiquement au milieu des années 1960, est reconduit dans ses fonctions après le départ de Jacques Chaban-Delmas et l’arrivée à Matignon de Pierre Messmer à l’été 1972.
Lors des législatives de mars 1973, Jean-Philippe Lecat se représente dans la même 3e circonscription de Côte d’Or sous l’étiquette gaulliste. Toujours aidé de son suppléant Henri Moine, il obtient au premier tour 46,2 % des suffrages exprimés. Le retrait du candidat communiste Marcel Harbelot (13,6 %), en application de l’accord électoral résultant du Programme commun de la gauche, ne permet pas au radical Pierre Charles de prendre sa revanche de juin 1968. Le député sortant s’impose avec 54,7 % des suffrages exprimés au second tour, le 11 mars 1973. Il rejoint le groupe UDR et la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République. Mais Jean-Philippe Lecat ne siège pas au Palais-Bourbon. Le 5 avril 1973, il est maintenu dans le 2ème gouvernement Messmer en tant que secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Economie et des finances, Valéry Giscard d’Estaing. Comme en 1972, Henri Moine le remplace à l’Assemblée. Travaillant aux côtés du ministre de l’Economie, l’ancien député de Côte d’Or est fasciné par le brio du grand argentier libéral et son sens politique.
Le 23 octobre 1973, Jean-Philippe Lecat devient ministre de l’Information au sein du gouvernement Messmer. Le poste, déjà politiquement sensible en temps normal, l’est encore plus depuis la crise suscitée par la démission fracassante du directeur de l’ORTF, Arthur Conte. Jean-Philippe Lecat remplace Philippe Malaud, considéré comme ayant provoqué des tensions par son conservatisme autoritaire et intransigeant. Il lui revient de préparer la décentralisation de l’Office décidé en conseil des ministres le 27 février 1974. La mort prématurée du président Pompidou début avril 1974 rebat les cartes au sein de la majorité. Le ministre de l’Information fait partie des 43 responsables et élus UDR qui signent, à l’initiative de Jacques Chirac, un appel favorable à la candidature de Valéry Giscard d’Estaing à l’Elysée. Il apparait alors comme le plus giscardien de la « génération Pompidou ». Lors de la campagne, il tente toutefois de concilier chabanistes et giscardo-chiraquiens en suscitant dans sa circonscription un comité de soutien à Giscard d’Estaing et un autre favorable à Jacques Chaban-Delmas avant de créer un « comité de liaison de la majorité nouvelle ». Une fois Valéry Giscard d’Estaing élu à l’Elysée, Jacques Chirac, qui entend garder le contrôle exclusif de l’UDR et de la tendance gaulliste acquise au nouveau chef de l’Etat, se méfie de la concurrence représentée dans ce domaine par Jean-Philippe Lecat. Il s’emploie donc à l’écarter du gouvernement qu’il dirige.
L’ancien ministre de l’Information réintègre le Conseil d’Etat. Fin septembre 1974, Henri Moine démissionne de son mandat de député pour permettre à Jean-Philippe Lecat de retrouver son siège au Palais-Bourbon. Mais l’opération de retour politique ne se passe pas comme prévu. Si le candidat UDR arrive en tête au premier tour avec 44,3 % des suffrages exprimés, il se heurte à la bonne résistance du radical Pierre Charles qui en rassemble 40,4 %. Fort du soutien du communiste Marcel Harbelot (9,9 %) en application du Programme commun, le candidat du Mouvement des radicaux de gauche (MRG) s’impose au second tour avec 53,3 %. Jean-Philippe Lecat reste donc deux ans au Conseil d’Etat où il préside un groupe de travail sur la situation et les perspectives de l’imprimerie française, tout en participant à la définition de la doctrine de l’UDR sur l’éducation. En août 1975, il est aussi investi de diverses missions administratives auprès du ministre de l’Industrie et de la recherche, Michel d’Ornano, un proche du président. Il travaille ainsi sur les économies de matières premières. En décembre de la même année, il est nommé rapporteur général de la commission du développement des responsabilités locales, présidée par Olivier Guichard. Celui que Le Monde considère comme « le plus giscardien des gaullistes » profite du départ de Jacques Chirac à Matignon fin août 1976 pour se rapprocher de Valéry Giscard d’Estaing. Ce dernier, qui apprécie ses talents de communication et ses entrées dans les médias, le choisit comme porte-parole de la présidence de la République. Chef de service de l’Information à l’Elysée, il se voit confier par le président la mission d’assurer une meilleure communication entre les pouvoirs publics et les citoyens. Devenu rapidement un proche du chef de l’Etat, il côtoie deux autres fidèles, Jean Sérisé et Victor Chapot. Lors des municipales du printemps 1977, Jean-Philippe Lecat diffuse dans les médias les éléments de langage de l’Elysée, déplorant le déclenchement de la « bataille de Paris ». La surveillance bienveillante qu’il exerce sur l’audiovisuel public, contrairement à ses prédécesseurs, lui vaut une certaine estime de la part des journalistes.
Lors des législatives de mars 1978, Jean-Philippe Lecat, qui a rejoint le Rassemblement pour la République (RPR) après sa création fin 1976, se représente dans sa circonscription de Côte d’Or sous cette étiquette. En choisissant la Bourgogne en janvier 1978 pour son dernier voyage en province avant le scrutin, le président de la République envoie un signal politique fort à son porte-parole. Avec l’aide de son nouveau suppléant, le viticulteur et maire d’Echevronne, Lucien Jacob, Jean-Philippe Lecat obtient 47,4 % des voix au premier tour face au député sortant, le MRG Pierre Charles (32,6 %) et profite d’un sursaut de participation au second tour pour prendre sa revanche sur celui-ci avec 53,1 % des suffrages exprimés. Mais le député, qui ne s’est inscrit à aucun groupe, ne reste pas au Palais-Bourbon. Le chef de l’Etat, qui a besoin dans son gouvernement d’éléments néo-gaullistes giscardo-compatibles le nomme le 5 avril 1978 ministre de la Culture et l’information. Jean-Philippe Lecat, remplacé au Palais-Bourbon par son suppléant, reste au gouvernement jusqu’en mars 1981.
Alors que ce ministère avait vu plusieurs titulaires se succéder depuis le printemps 1974 (Michel Guy, Françoise Giroud, Michel d’Ornano), Jean-Philippe Lecat, en restant trois ans à son poste, incarne une certaine stabilité à même de favoriser le suivi de grands chantiers. Si le ministère perd l’architecture, il gagne l’information, la radio-diffusion et l’audiovisuel. C’est une association destinée à se pérenniser. Jean-Philippe Lecat simplifie l’organisation administrative du ministère en supprimant plusieurs directions, mais crée en 1979 un service aux affaires internationales et une délégation à la création, aux métiers artistiques et aux manufactures nationales. La Direction du théâtre et des maisons de la culture (DTMC) est remplacée par la Direction du théâtre et des spectacles. Il met également en place une mission de développement culturel (MDC), future Direction du développement culturel (DDC). Il renforce les DRAC en province. L’effort principal porte sur la sauvegarde du patrimoine (programme d'action prioritaire « Défendre le patrimoine architectural » du VIIe Plan). Il lance en 1980 l’opération « année du patrimoine » qui devient vite un succès. Le ministre, qui a l’appui du président, estime que l’Etat ne doit pas être le seul acteur de la protection patrimoniale en devenant propriétaire de l’ensemble des monuments historiques. Transformer la France en musée coûte trop cher dans une époque marquée par la crise. Mieux vaut aider les propriétaires privés à conserver leurs biens d’exception et les inciter à les ouvrir au public. Cette tendance ne signifie pas que le ministère néglige les musées. Jean-Philippe Lecat engage en leur faveur un programme pluriannuel qui permet notamment à de nouveaux musées de voir le jour (Orsay, Cité de la science de La Villette). Son action se tourne même vers des domaines culturels jusque-là négligés comme le cirque qui bénéficie d’un plan de sauvetage annonçant les années Jack Lang. Il désengage l’Etat des Maisons de la Culture et maintient le monopole public par l’interdiction des radios libres, ce qui suscite des tensions face à la demande croissante d’une libéralisation du secteur.
En mars 1981, au cœur de la campagne présidentielle, Jean-Philippe Lecat démissionne de ses fonctions ministérielles pour mieux s’engager derrière le candidat Giscard d’Estaing dont il devient le porte-parole. Après la défaite du président sortant, l’ancien ministre de l’Information et de la Culture est candidat aux élections législatives anticipées qui suivent la dissolution de l’Assemblée nationale par François Mitterrand, juste après son élection à la présidence de la République.
Il est en ballottage à l’issue du premier tour avec 46,77 % des suffrages exprimés, et devance nettement le candidat socialiste François Patriat, qui en recueille 24,48 %. Cependant, celui-ci passe au second tour avec 51,21 % des suffrages exprimés, bénéficiant d’un bon report des voix de l’ancien député MRG Pierre Charles (22,04 % au premier tour) et du candidat du Parti communiste français (PCF) Guy Veillet (6,71 %).
Jean-Philippe Lecat retrouve donc le Conseil d’Etat où il avait été nommé maître des requêtes en 1975. Il se désengage progressivement de la politique, même s’il reste conseiller général du canton de Nolay (sous l’étiquette RPR puis Union pour la démocratie française -UDF) jusqu’en 1988, pour mieux se consacrer à sa passion pour l’histoire et la culture. Dans les années 1980, il publie plusieurs ouvrages consacrés à l’histoire de la Bourgogne à l’époque de Charles le Téméraire : Quand flamboyait la Toison d’or (Fayard, 1982, prix de l’Académie française) et Le Siècle de la Toison d’or (1986). Ses deux livres inspireront une série télévisée coproduite par la France, la Belgique et les Pays-Bas. En 1989, il se penche sur une autre période de l’histoire de la Bourgogne dans un nouvel ouvrage : L'Ardeur et le tourment : images de la Révolution en Bourgogne. Il publie enfin Beaune (Editions Ouest-France) et La Bourgogne (Editions Bibliothèque des Arts). Il assure parallèlement la vice-présidence de la Fondation du Crédit agricole-Pays de France et préside à partir de 1984 l’Association d’aide aux personnes âgées.
Au printemps 1986, le retour de la droite au pouvoir dans le cadre de la cohabitation permet à Jean-Philippe Lecat de réinvestir quelques temps le champ politique du culturel. En septembre 1986, son nom est avancé dans les médias et dans certains cercles politiques à propos de la présidence de la septième chaine de télévision. En novembre, on apprend qu’il s’agit en réalité d’une simple mission de réflexion sur l’avenir de FR3 et de la Sept confiée par le ministre de la Culture et de la communication, François Léotard. En mai 1987, Jean-Philippe Lecat est élu président du Comité national pour les commémorations musicales, en remplacement de Guy Mollat du Jourdin, décédé en février. Cette institution est chargée, avec l’aide de la direction de la musique du ministère de la Culture et de la communication et de la Ville de Paris, de coordonner et d’organiser les manifestations commémoratives des personnalités marquantes de la vie musicale française. En septembre 1987, François Léotard le charge d’étudier les solutions à apporter pour que le château de Vincennes, propriété du ministère de la Défense, « puisse avoir une mission plus culturelle ». En septembre 1990, Jean-Philippe Lecat préside l’association Saint-Bernard pour la commémoration du IXe centenaire. En mars 1991, il est nommé conseiller du président de Thomson Multimedia, Alain Gomez. A ce poste, il suit divers dossiers internationaux dont celui de la télévision haute définition. Il dirige également la société Ex Camera. Jean-Philippe Lecat préside par ailleurs le conseil d’administration de l'École nationale du patrimoine depuis sa création en décembre 1990. A partir de mars 1996, il préside également le conseil d'administration de l’Académie de France à Rome (Villa Médicis).
Jean-Philippe Lecat s’éteint le 26 mars 2011 à l’âge de 75 ans. Il était officier de la Légion d’honneur (juillet 1999). En novembre 2011, un hommage est rendu à l’ancien ministre de l’Information et de la Culture lors d’une table-ronde organisée par le comité d’histoire de la Culture et de la Communication.