René Lecocq
1897 - 1978
LECOCQ (René, Gabriel)
Né le 27 juin 1897 à Wallers (Nord)
Décédé le 14 juillet 1978
Député du Nord de 1958 à 1967
Né à Wallers, près de Valenciennes, le 27 juin 1897, René Lecocq est l’aîné des cinq enfants d’Edmond Lecocq et d’Anna Recouvreur. Après l’obtention de son brevet supérieur et de son baccalauréat, il réussit une licence d’anglais, puis, la même année, acquiert un certificat d’études supérieures de la faculté des Lettres de Lille. De son mariage, le 6 septembre 1920, avec France Blanchart, naîtront deux enfants : Eliane, en 1924, et Marc, en 1930. Durant la guerre, René Lecocq est un des acteurs principaux de la Résistance dans le Nord. Il appartient au mouvement « Voix du Nord » et aux réseaux « Bordeaux-loupiac » et « Zéro-France ». Il est d’ailleurs décoré des médailles de la Résistance française, de la Reconnaissance française et de la Résistance belge. A l’issue du second conflit mondial, le couple Lecocq recueillera et élèvera également deux filles, Geneviève, née en 1949, et Bernadette, née en 1952. Professeur d’anglais et de lettres à partir de 1925, René Lecocq accomplit son activité professionnelle à l’Institut Colbert, puis au lycée de Tourcoing jusqu’à sa retraite, en 1958.
Le retour au pouvoir du général de Gaulle coïncide avec les débuts de sa carrière politique. Candidat malheureux aux élections cantonales du mois d’avril 1958, il se présente devant les électeurs, avec l’étiquette gaulliste, à l’occasion du scrutin des 23 et 30 novembre 1958, premières élections législatives de la Cinquième République. Dans la neuvième circonscription du Nord, composée des cantons de Tourcoing-Nord-est et de Tourcoing-Sud, René Lecocq et son suppléant Georges Courcol, expert technique et maire de Mouvaux depuis 1946, doivent affronter le député sortant démocrate-chrétien, Jules Duquesne, adjoint au maire de Roubaix, et cinq autres candidats, dont le socialiste René Debesson, et le communiste Louis Lallemand. Le premier tour, le 23 novembre, qualifie René Lecocq et ses deux adversaires socialiste et communiste pour le second tour de l’élection législative. Arrivé en tête avec 2 000 voix d’avance, René Debesson s’incline au second, à l’instar de son collègue Lallemand. Ils sont nettement devancés par le gaulliste Lecocq, qui obtient 35 292 suffrages, soit deux fois plus de voix que son adversaire socialiste, et cinq fois plus que son opposant communiste. Le député nouvellement élu devra répondre de son engagement devant les électeurs, dans plusieurs domaines clairement identifiés. Il souhaite un blocage réel des prix et une véritable politique de l’habitat qui donnerait la possibilité à chaque Français de se loger et d’accéder à la propriété. Professeur, il encourage la mise en place d’une politique scolaire qui favoriserait un enseignement adapté à une population qui s’accroît sans cesse. Il milite par ailleurs pour une répartition intégrale des revenus des caisses d’allocations familiales. La simplification de la fiscalité figure aussi aux premiers rangs de ses objectifs ; il en est de même pour la protection de l’artisanat et du commerce. Plus avant, il s’engage à soutenir l’allègement des charges sociales grevant l’industrie, ce qui lui permettrait, selon les propos de René Lecocq, de « s’organiser avec efficacité en vue de l’ouverture du marché commun ». Enfin, cet adepte d’un « puissant Centre gaulliste (qui) permettra à la France d’être gouvernée » présente le bien-être des « vieux travailleurs » comme une question qui aura toute sa sollicitude.
René Lecocq s’inscrit au groupe gaulliste, à son entrée au Palais-Bourbon. Il est nommé membre de la commission des affaires culturelles, familiales et sociales, et y demeure pour la durée de la législature. Au cours de son premier mandat, il dépose, le 8 juin 1960, une proposition de loi tendant à abolir la peine de mort en France. Le 22 juin 1961, il rédige un rapport sur la proposition de loi du député Roullaud et de plusieurs de ses collègues, dont l’objectif est de créer un grade de directeur d’école. En cinq ans, il prend part à la discussion de six questions différentes. La majorité de ses prises de parole en séance publique a trait aux questions économiques et budgétaires. C’est le cas, le 9 décembre 1959, lorsque par le dépôt d’un amendement, il souhaite améliorer le projet de loi portant réforme du contentieux fiscal et divers aménagements fiscaux. Il en est de même, le 10 novembre 1960, lors de la discussion du projet de loi de finances pour 1961, et ses observations sur le budget des travaux publics et des transports : il souhaite alors prendre toutes les mesures pour protéger efficacement les artisans du taxi, en en limitant le nombre dans chaque localité. Il intervient à nouveau, au plan budgétaire, lors de la discussion du projet de loi de finances pour 1962, au titre de l’aviation civile et commerciale. Il s’intéresse aussi à tout autre sujet : celui de l’éducation des sourds-muets, qui le conduit à poser une question orale au ministre de l’éducation nationale, le 30 octobre 1959 ; celui de la protection des animaux, le 12 juillet 1961, et notamment l’interdiction de leur combat et de leur exhibitions ; celui, enfin, de l’abaissement de l’âge de la retraite des travailleurs, résumé dans une question orale, posée le 24 novembre 1961 au ministre du Travail. Il soutient, par ailleurs, les gouvernements Debré et Pompidou, et vote en faveur de la loi sur l’enseignement privé, le 23 décembre 1959.
Candidat aux élections législatives de 1962, consécutives à la dissolution de l’Assemblée nationale, René Lecocq est à nouveau opposé à René Debesson, secrétaire administratif de la fédération socialiste du Nord. Avec une avance de 20 000 voix au premier tour, le député sortant bat son adversaire socialiste par 37 496 voix contre 19 575 au second tour, le 25 novembre 1962. Georges Courcol est réélu député suppléant. Dans sa profession de foi, René Lecocq, maire de Tourcoing depuis 1959, se veut « avant tout social, (…) par nature, de cœur et d’esprit ». Le 11 décembre 1962, il se réinscrit au groupe gaulliste de l’Assemblée nationale, qui prend l’appellation d’ « Union pour la nouvelle République, Union démocratique du Travail (UNR-UDT) ». Le lendemain, il retrouve la commission des affaires culturelles, familiales et sociales, pour la durée de la législature. Le 2 décembre 1966, il est, par ailleurs, nommé membre titulaire de la commission mixte paritaire chargée de proposer un texte sur les dispositions restant en discussion du projet de loi relatif aux communautés urbaines. Le 15 avril 1964, il est élu juré titulaire à la Haute Cour de Justice.
Au cours de son deuxième mandat, tout en soutenant les différents cabinets dirigés par Georges Pompidou, il dépose six propositions de loi. Comme sous la législature précédente, deux de celles-ci, déposées en 1963 et en 1966, ont pour but d’abolir la peine de mort en France. Il est aussi l’auteur de deux rapports sur des propositions de loi, dont le thème commun concerne l’école. Le 19 décembre 1963, il renouvelle en effet sa volonté de la création d’un grade de directeur d’école ; le 12 juin 1964, il souhaite que les enfants aveugles, infirmes ou sourds-muets, puissent avoir les mêmes droits scolaires que les autres enfants. Quelques jours plus tard, René Lecocq est l’auteur d’un rappel au règlement.
Le député de la neuvième circonscription du Nord prend alors la parole en séance publique, à neuf reprises. Il défend trois amendements, deux sous-amendements et pose une question orale avec débat. Au cours de ce second mandat, ces interventions se rapportent, dans leur majorité, aux questions urbaines. Le 14 juin 1965, dans la discussion du budget des affaires culturelles pour 1966, René Lecocq souligne le rôle des municipalités dans la construction de théâtres et, à travers l’attitude de l’Etat à l’égard des théâtres provinciaux, pose le problème de la décentralisation. Le 21 juin 1966, il s’intéresse à l’organisation de la police d’Etat, et intervient plus précisément au sujet des officiers de police judiciaire. Ses prises de parole sont surtout remarquées dans la discussion du projet de loi relatif aux communautés urbaines. Il souhaite, pour sa part, voir l’adaptation des structures administratives aux exigences des temps modernes. Le 7 octobre et le 17 novembre 1966, il défend à cet égard la création de la métropole Lille-Roubaix-Tourcoing-Armentières. Il consacre sa dernière intervention, le 9 novembre 1966, à soutenir les organismes de propagande et d’action contre les taudis. A ce propos, il met en valeur l’action du fonds national de l’amélioration de l’habitat.
René Lecocq n’est pas candidat à un troisième mandat, en 1967. Conseiller général de Tourcoing-Sud, de 1964 à 1976, il reste maire de Tourcoing jusqu’en 1977. A cette date, âgé de 80 ans, il laisse le soin à l’un de ses adjoints, M. Blary, de conduire la liste de l’équipe sortante. Au lendemain du second tour, le fauteuil de maire revient cependant à la tête de liste de l’Union de la gauche, Guy Chatillez. Au plan régional, René Lecocq est administrateur de l’Agence financière du bassin Artois-Picardie, depuis son origine. Dès la création de la communauté urbaine de Lille, l’une des vice-présidences de cet organisme lui avait été confiée.
René Lecocq s’éteint quelques mois après son départ choisi de la mairie de Tourcoing, le 14 juillet 1978. Il avait quatre-vingt-un ans. Il était officier des Palmes académiques et, depuis le 14 mars 1966, membre du Conseil supérieur de l’électricité et du gaz.