Léon Betoulle
1871 - 1956
Né le 25 octobre 1871 à Limoges (Haute-Vienne), mort le 30 novembre 1956 à Limoges (Haute-Vienne).
Député de la Haute-Vienne de 1906 à 1924. Sénateur de la Haute-Vienne de 1924 à 1944.
Fils d'une humble couturière, Léon Betoulle suivit l'enseignement de l'école communale, entra comme « petit clerc» dans une étude d'officier ministériel, puis comme employé de bureau dans une fabrique de porcelaine. Grand lecteur des auteurs socialistes (Karl Marx, Engels), des philosophes du XVIIIe siècle et des grands révolutionnaires français, il adhéra au Centre démocratique des travailleurs, puis au parti socialiste français, animé par Jean Jaurès. En 1900 il entra au conseil municipal de Limoges, puis en 1901 au conseil d'arrondissement. En 1904 il devint adjoint au maire de Limoges. Au moment des grandes grèves de 1905 il fonda le « Populaire du Centre ».
Après une campagne électorale agitée il fut élu député au premier tour de scrutin des élections générales du 6 mai 1910, par 11.844 voix sur 23.161 votants. Inscrit au groupe socialiste dont il devint secrétaire, Léon Betoulle appartint à diverses commissions, dont celle de l'enseignement. Dans sa première intervention publique il combattit violemment le projet d'augmentation de l'indemnité parlementaire, mais son amendement fut repoussé par 290 voix contre 218. Il déposa un certain nombre de propositions de loi, concernant notamment l'aide aux familles des grévistes (1907) ; les congés de maternité pour les institutrices (1907); le chômage (1908). Il fut également rapporteur de plusieurs projets ou propositions de loi portant principalement sur les problèmes de l'enseignement : traitements du personnel de l'enseignement primaire public (1908) ; organisation de l'enseignement primaire (1909). Il intervint à maintes reprises en séance publique, traitant des sujets les plus divers : politique du Gouvernement dans les événements du Midi (1907) ; service militaire (1908) ; rémunération du personnel des écoles maternelles (1908) ; chômage (1909) ; tarif général des douanes (1909) ; incorporation des condamnés dans l'armée (1910).
Réélu lors des élections générales du 24 avril 1910, toujours au premier tour de scrutin, et avec un nombre de voix accru, 15.414 sur 24.896 votants, Léon Betoulle devint membre de diverses commissions, en particulier de celle du travail et de celle de l'enseignement et des Beaux-arts. Il déposa une proposition de loi tendant à abolir la contrainte par corps pour l'exécution de toutes les condamnations autres que l'amende, prononcées par les tribunaux criminels, correctionnels ou de police (1913), et de nombreux textes d'intérêt local. Il fut rapporteur d'une proposition de loi tendant à établir l'égalité de traitement entre les membres de l'enseignement public de même classe. Excellent orateur, il traita, notamment, de l'assistance aux vieillards, aux infirmes et aux incurables (1911); des œuvres d'hygiène sociale (1911); du traitement des institutrices en couches (1911-1912); de la loi sur les retraites ouvrières et paysannes (1911-1912) ; des pharmacies mutualistes (1912); du prix du pain (1912); du recrutement de l'armée (1912); de la défense de l'école laïque (1913); du service militaire (1913); du repos des femmes en couches (1914).
En mai 1912 Betoulle avait conquis la mairie de Limoges, qu'il devait conserver sans interruption jusqu'en 1940. Il mit en œuvre un important programme de grands travaux municipaux.
Le 24 avril 1914, 16.274 électeurs le choisirent encore comme député au premier tour de scrutin, sur 21.350 votants, ses quatre adversaires ne réunissant que 1.332 voix.
Redevenu membre des mêmes commissions, il prit part à plusieurs débats, concernant principalement les mobilisés : militaires réformés (1915-1916) ; permissions aux hommes du Front (1916) ; législation des pensions des armées de terre et de mer (1917) ; garantie de la reprise du contrat de travail des mobilisés (1918) ; rapatriement des prisonniers de guerre (1918) ; allocations aux familles des démobilisés (1919) ; militaires démobilisables condamnés par les conseils de guerre (1919) ; événements de Russie et de mer Noire (1919) ; pensions militaires (1919). Durant la guerre il se consacra presque entièrement à la gestion des intérêts municipaux. La population de Limoges ayant presque doublé en raison de l'afflux des réfugiés - belges notamment - il eut à résoudre de difficiles problèmes. Il créa des offices municipaux du charbon, du sucre et de la viande. Sa réputation de grand administrateur grandit et on lui proposa à trois reprises de devenir ministre, mais il ne voulut pas abandonner la ville qui lui était chère.
Le 16 novembre 1919 les cinq membres de la liste socialiste unifiée emporta les cinq sièges de la Haute-Vienne. Léon Betoulle, tête de liste, avait obtenu 43.043 voix sur 80.968 votants.
Il devint membre de la Commission des travaux publics et des moyens de communication, et de la Commission de l'administration générale, départementale et communale. En 1921 il interpella le Gouvernement au sujet de la crise de chômage. Il prit part à diverses discussions concernant notamment : les familles nombreuses (1921) ; les emplois des anciens militaires pensionnés (1921); les loyers (1921, 1922, 1923) ; l'enseignement primaire (1923) ; la création d'une caisse des pensions de guerre (1924). En 1920 il était devenu conseiller général : il devait le rester jusqu'à la fin de la 3e République.
Le 11 mai 1924, la liste du parti S.F.I.O., avec Léon Betoulle à sa tête - il obtint 51.813 voix sur 86.530 votants - enleva encore tous les sièges. Membre de la Commission de l'administration générale départementale et communale, et de la Commission des pensions, Betoulle prit part à quelques discussions, mais, après quelques mois, un des trois sièges des sénateurs de la Haute-Vienne étant devenu vacant - à la mort de Pierre Codet - il se présenta à la Haute Assemblée et fut élu le 14 décembre 1924. Réélu sénateur lors des renouvellements du 9 janvier 1927 puis du 14 janvier 1936, Léon Betoulle consacra le principal de ses forces à son activité d'administrateur local. Il fit cependant au Sénat plusieurs interventions remarquées, notamment, en 1935, sur « la dissolution des ligues factieuses ». Il avait en effet déposé une demande d'interpellation à ce sujet à la suite d'incidents tragiques au cours desquels, malgré ses efforts, s'étaient opposés violemment les membres de l'organisation des Croix de Feu et ceux du Comité antifasciste. Elu président du conseil général de la Haute-Vienne en 1930, régulièrement réélu maire de Limoges lors de chaque élection municipale, Léon Betoulle eut une activité considérable à la tête de la ville et du département.
Il vota, le 10 juillet 1940, à Vichy le projet de loi constitutionnelle. Révoqué de ses fonctions de maire le 16 novembre 1940 par le Gouvernement de l'Etat français, Betoulle prit une part active à la Résistance et, en octobre 1947 reprit son fauteuil de maire. Réélu en 1953 il mourut dans sa ville le 30 novembre 1956. Il était Chevalier de la Légion d'honneur.
Né le 25 octobre 1871 à Limoges (Haute-Vienne)
Décédé le 30 novembre 1956 à Limoges (Haute-Vienne)
Député de la Haute-Vienne de 1906 à 1924
Sénateur de la Haute-Vienne de 1924 à 1944
(voir première partie de la biographie dans le dictionnaire des parlementaires français 1889-1940, tome II, pp. 592 et 593)
Après son vote en faveur de la réforme constitutionnelle du 10 juillet 1940, Léon Bétoulle s'oppose au nouveau régime.
Il est révoqué de ses fonctions de maire de Limoges le 16 novembre 1940, et prend une part active à la Résistance.
Après la guerre, il est réélu maire de Limoges en 1947 et 1953. Il y meurt en 1956.