François Lefebvre
1871 - 1956
Né le 5 mars 1871 à Villers-en-Cauchies (Nord).
Député du Nord de 1914 à 1932.
Fils d'humbles tisserands, François Lefebvre naquit à Villers-en-Cauchies, près de Cambrai, où son père, devant l'officier d'état-civil, déclara ne pas savoir signer. C'est par son travail et ses remarquables qualités d'organisateur qu'il devint rapidement gérant de coopérative et président du syndicat des mineurs d'Anzin. Le combat qu'il menait déjà sur le plan syndical en faveur des travailleurs les plus déshérités ne suffisait pas cependant à étancher sa soif de justice et de progrès social. Accédant à la vie publique, il fut bientôt élu conseiller municipal, puis maire de Denain, fonction qu'il allait occuper longtemps. Mais le rayonnement dont il bénéficiait dans tout le bassin minier d'Anzin devait tout naturellement l'orienter vers la vie parlementaire.
Aussi, le 26 avril 1914, se présentait-il aux élections législatives comme candidat socialiste, dans la 3e circonscription de Valenciennes. Au premier tour de scrutin, il fut mis en ballottage, obtenant 11.582 voix contre 11.076 à son concurrent Macarez, de tendance modérée. Il l'emporta au second tour, à la majorité absolue, par 12.512 voix sur 24.410 votants. La représentation parlementaire du département du Nord comptait alors, entre autres élus de marque, Jules Guesde, Delory, Grousseau et l'abbé Lemire.
Inscrit au groupe du parti socialiste qui, sous l'égide de Jaurès, venait de remporter 30 sièges supplémentaires et dont l'effectif atteignait 102 membres, François Lefebvre siégea à la commission des mines et de la force motrice.
L'ouverture des hostilités qui suivirent de peu la réunion de la nouvelle Chambre et la constitution du cabinet Viviani, devaient orienter dans un sens très précis l'activité parlementaire du nouvel élu. Après avoir déposé en 1916 une proposition de loi tendant à étendre aux familles des réfugiés la gratuité des colis postaux envoyés aux militaires, il prend part la même année à la discussion d'une autre proposition organisant la production de guerre. En 1917, il intervient à propos du ravitaillement qui fait l'objet de diverses interpellations ; il interpelle lui-même le gouvernement sur la situation et le logement des rapatriés des pays envahis et, dans une question adressée au ministre des Travaux publics, il se préoccupe du sort réservé aux familles des mineurs rapatriés. Après l'armistice, s'inquiétant des lenteurs de la réorganisation dans les pays reconquis, il interpelle à nouveau le gouvernement. Mais, avec le retour de la paix, l'un de ses principaux soucis, outre les bourses accordées aux enfants et la réparation des dommages de guerre, sera la situation des ouvriers mineurs, comme l'atteste la proposition de loi qu'il dépose en 1919 sur la durée du travail dans les mines.
Aux élections législatives de 1919, la discipline du bloc national fut néfaste aux partis de gauche et, pour sa part, le groupe parlementaire socialiste ne compta plus que 72 membres. François Lefebvre fut cependant réélu le 16 novembre au quotient électoral, sur la liste fédérative du Nord du parti socialiste, ces élections se faisant au scrutin de liste, par 151.706 suffrages sur 374.022 votants.
Dans cette Chambre où, retrouvant Guesde, Inghels et Bracke, il côtoyait de nouveaux élus tels Léon Blum, Pierre Dormoy et Paul Vaillant-Couturier, François Lefebvre siégea à deux commissions, celle des mines et de la force motrice et celle des régions libérées. S'il déposa des propositions de loi à caractère social, mais de portée générale, relatives l'une à l'aide aux vieillards, aux infirmes et aux incurables, l'autre à l'assistance médicale gratuite, ce fut surtout en faveur des ouvriers mineurs qu'il intervint, tant à l'occasion d'interpellations diverses discutées en 1920 (accident survenu à un puits d'Anzin, crise du charbon) qu'au cours des discussions budgétaires annuelles, notamment en 1921, où il réclamait la création d'installations sanitaires à la surface de toutes les mines. Ce qui ne l'empêchait pas d'intervenir de surcroît sur des questions aussi diverses que les économies à réaliser dans le service de l'artillerie, ou l'amnistie applicable aux condamnations encourues pendant la guerre.
Le caractère artificiel de la « majorité » du bloc national était apparu lors de ce vote politique sur l'amnistie. Les difficultés économiques et financières de 1923 allaient accentuer ses divisions et préparer l'avènement d'une majorité nouvelle. Cette majorité, issue de l'entente réalisée par le cartel des gauches, l'emporta aux élections de 1924 où François Lefebvre, toujours candidat sur la liste socialiste du Nord, fut réélu au premier tour, le 11 mai, par 160.795 suffrages sur 451.028 votants. Membre des mêmes commissions que sous la précédente législature, il axa plus encore son activité parlementaire sur les problèmes miniers. C'est ainsi qu'il déposa de nombreuses propositions de loi qui concernaient notamment les pensions de retraite et les caisses de secours des ouvriers mineurs. Dans le même temps, il interpellait le gouvernement sur les mesures qu'il comptait prendre pour empêcher les compagnies d'imposer aux ouvriers une baisse de salaire que rien ne semblait justifier, sur la sécurité des ouvriers gravement compromise par les méthodes de rationalisation, sur la fermeture des mines de houille de l'Aveyron. Une telle activité devait lui valoir de siéger au comité consultatif des mines.
En juillet 1927, la Chambre, après de longues discussions, avait changé le mode d'élection des députés et rétabli le scrutin uninominal. C'est dans ces conditions que François Lefebvre fut une fois de plus le candidat du parti socialiste dans le Nord, mais cette fois dans la 3e conscription de Valenciennes, où il fut réélu le 29 avril 1928, au second tour, par 11.288 suffrages sur 26.979 votants. Bien qu'elle fût plus restreinte depuis 1928, l'activité parlementaire de François Lefebvre ne laissait pas de s'exercer en faveur des plus humbles, les ouvriers mineurs. Durant quatre législatures consécutives, François Lefebvre les avait constamment défendus au parlement, En 1932, âgé de plus de 60 ans, il ne se représenta pas et vit Sulpice Dewez lui succéder dans la 3e circonscription de Valenciennes.
Il cessa dès lors toute activité politique.
Date de mise à jour: mars 2014
Né le 5 mars 1871 à Villers-en-Cauchies (Nord)
Décédé le 14 mars 1956 à Denain (Nord)
Député du Nord de 1914 à 1932
(Voir première partie de la biographie dans le Dictionnaire des parlementaires français, 1889-1940, tome VI, p. 2204, 2205)
S'étant définitivement retiré de la vie politique, François Lefebvre meurt à Denain le 14 mars 1956, à l'âge de 85 ans.