André, Marie, Joseph Bettencourt

1919 - 2007

Informations générales
  • Né le 21 avril 1919 à Saint-maurice-d'etelan (Seine-Inférieure - France)
  • Décédé le 19 novembre 2007 à Neuilly-sur-seine (Hauts-de-Seine - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 17 juin 1951 au 1er décembre 1955
Département
Seine-Maritime
Groupe
Républicains indépendants
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 2 janvier 1956 au 8 décembre 1958
Département
Seine-Maritime
Groupe
Indépendants et paysans d'action sociale
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 30 novembre 1958 au 9 octobre 1962
Département
Seine-Maritime
Groupe
Indépendants et paysans d'action sociale
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 25 novembre 1962 au 8 février 1966
Département
Seine-Maritime
Groupe
Républicains indépendants
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 5 mars 1967 au 7 mai 1967
Département
Seine-Maritime
Groupe
Républicains indépendants
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IVe législature
Mandat
Du 23 juin 1968 au 12 août 1968
Département
Seine-Maritime
Groupe
Républicains indépendants
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ve législature
Mandat
Du 2 avril 1973 au 24 septembre 1977
Département
Seine-Maritime
Groupe
Républicains indépendants

Mandats au Sénat ou à la Chambre des pairs

Sénateur
du 1er janvier 1977 au 1er janvier 1995

Biographies



Né le 21 avril 1919 à Saint-Maurice-d'Etelan (Seine-Inférieure)

Député de la Seine-inférieure de 1951 à 1958

Secrétaire d'Etat à la Présidence du Conseil du 19 juin 1954 au 23 février 1955

Fils de Victor Bettencourt, avocat à la Cour d'appel de Paris et conseiller général de la Seine-inférieure et de Jeanne, Marie de Chalendar, André Bettencourt, après des études à l'institut Saint-Joseph du Havre, embrasse la carrière du journalisme. Dès 1942, à 23 ans, il s'engage dans la Résistance. Arrêté par la Gestapo à Nancy, en 1943, après plusieurs semaines au secret et une série d'interrogatoires, il est retiré des rangs au moment même où le convoi pour l'Allemagne se forme, enfermé et condamné à mort. Grâce à Melle François, à la conduite héroïque, il parvient à s'évader, et devient alors l'agent de liaison du Conseil National de la Résistance en Suisse, puis appartient à la délégation du gouvernement d'Alger à Berne. A la Libération, il est membre du Comité directeur du Mouvement national des prisonniers de guerre et déportés et de celui de l'Association nationale des déportés et internés politiques. Sa conduite pendant la guerre lui a valu la Croix de guerre 1939-1945, la rosette de la Résistance et la Croix de chevalier de la Légion d'honneur.

André Bettencourt fonde, en 1945, le Journal agricole dont il est directeur général et qui deviendra le Journal de la France agricole. Il est également directeur du Courrier cauchois. Après son mariage, le 9 juin 1950, avec Liliane Schueller, il est associé à la direction de la firme l'Oréal fondée par son beau-père, Eugène Schueller.

Parallèlement, il entame une carrière politique. Aux élections législatives du 10 novembre 1946, il figure en troisième position sur la liste du M.R.P., dirigée par Louis Siefridt. Seul ce dernier est élu. Le décès de son père Victor Bettencourt permet à André Bettencourt de prendre sa revanche. Il succède en effet à celui-ci au siège de conseiller général du canton de Lillebonne en 1947 et sera constamment réélu par la suite. A partir de cette époque, il est également conseiller municipal de sa commune natale, Saint-Maurice-d'Etelan.

Aux élections législatives du 17 juin 1951, André Bettencourt figure, en troisième position, sur la liste de l'Union des Indépendants paysans et des républicains nationaux. Celle-ci recueille 45 541 voix (25 %), et, grâce au système des apparentements, compte quatre élus dont André Bettencourt.

Dans la nouvelle Assemblée, André Bettencourt est nommé membre de la Commission de la presse, de celle des territoires d'outre-mer (à partir de juin 1953) et de celle de la marine marchande, la même année ; il fait partie aussi de la Commission chargée d'enquêter sur le trafic des piastres indochinoises à partir du 16 juillet 1953.

Pendant la législature, André Bettencourt dépose deux rapports : l'un sur la résolution adoptée par le Conseil de la République demandant à l'Assemblée nationale une prolongation du délai constitutionnel imparti au Conseil de la République pour formuler son avis sur le projet de loi, adopté par l'Assemblée et instituant un code du travail dans les territoires d'outre-mer (24 décembre 1951) ; l'autre sur le projet de loi portant suppression de la cour de justice de l'Indochine (21 novembre 1952). Il est l'auteur de deux propositions de loi concernant l'allocation vieillesse et d'une proposition de résolution tendant à inviter le gouvernement à déposer et faire voter d'urgence le budget annexe des prestations familiales agricoles.

Le 8 novembre 1951, André Bettencourt intervient dans la discussion du projet de loi modifiant la loi sur la liberté de la presse. Directeur de journal et parlementaire, il se sent particulièrement concerné par l'une de ses dispositions qui prévoit la désignation d'un directeur responsable au cas où un journal est dirigé par un parlementaire qui pourrait enfreindre la loi, sous couvert de son immunité. Il en approuve totalement le principe car les autres solutions possibles - interdire la direction d'un journal à un parlementaire ou rendre intouchables les journaux dans ce cas - lui paraissent contraires à la démocratie et à la justice. Il conclut par cette phrase : « il ne peut y avoir une féodalité parlementaire. Il ne peut y avoir une féodalité de la presse aux mains des parlementaires ».

Ses autres interventions portent sur les problèmes d'outre-mer du fait de ses fonctions à la commission chargée de ces questions. La plus importante a lieu le 19 décembre 1952. Après avoir rendu hommage aux combattants de l'Union française en Indochine, il s'inquiète du manque de participation du Parlement à un examen d'ensemble de la politique française en Indochine. En effet, en dépit des efforts financiers et humains de la France qui compromettent la modernisation en métropole, il constate que non seulement la politique française n'est comprise ni à l'étranger ni au Vietnam, mais qu'elle ne remporte guère de succès, faute d'une mobilisation morale suffisante et déclare « les buts que proposait le Vietminh en 1946 sont atteints et même dépassés. Si Ho Chi Minh continue la guerre, c'est uniquement parce que derrière lui, il y a la Chine, il y a la Russie ». S'inspirant de l'exemple des Etats-Unis qui envisagent de négocier avec la Chine en Corée, il suggère donc que la France fasse de même pour trouver une issue au conflit indochinois. Le 27 octobre 1953, lors des interpellations sur la politique du gouvernement en Indochine, il dépose un ordre du jour avec trois autres députés qui reprennent ces idées. Il demande notamment de chercher une solution pacifique en mettant sur pied une conférence à cinq en accord avec les Etats-Unis. Ses positions de précurseur dans ce domaine expliquent que Pierre Mendès-France l'appelle dans son cabinet comme secrétaire d'Etat à la Présidence du Conseil chargé de la coordination des services de l'information (juin 1954-février 1955).

Pendant la législature, il a soutenu les principaux gouvernements et voté les lois importantes comme les lois Marie et Barangé, l'adhésion au Pool Charbon-acier ou la ratification des accords de Paris qui font entrer l'Allemagne dans l'O.T.A.N après l'échec de la C.E.D.

Aux élections du 2 janvier 1956, André Bettencourt figure de nouveau sur la liste des indépendants paysans mais cette fois en deuxième position. Ayant recueilli 46 690 voix, il est réélu avec Pierre Courant, tête de liste. Dans la nouvelle Assemblée, il appartient à la Commission de la marine marchande. Il dépose deux propositions de loi, l'une tendant à modifier les articles 55 et 56 de la loi sur la presse de 1881, l'autre complétant la loi du 5 janvier 1955 relative au régime de l'allocation vieillesse agricole. Enfin, le 21 janvier 1958, il est l'auteur d'un rapport sur un projet de loi autorisant le Président de la République à ratifier le protocole modifiant la Convention internationale pour les pêches de l'Atlantique Nord-Ouest signée à Washington le 25 juin 1956.

Outre deux questions orales, l'une sur le régime fiscal des maisons familiales de vacances, l'autre sur l'économat de la S.N.C.F., dont il critique la gestion sous forme de coopérative et le déficit, ses interventions dans les débats ont trait, comme lors de la législature précédente, aux questions d'outre-mer ou internationales. Ainsi, le 26 mars 1957, au retour d'un voyage en Algérie, il s'inquiète de la faible efficacité de la politique gouvernementale en dépit de l'envoi du contingent et du soutien d'une large majorité au Parlement. Selon lui, l'action militaire ne sera efficace qu'avec des réformes sociales importantes et visibles. En rappelant la situation démographique préoccupante de l'Algérie, il conclut par cette invitation : « Pour que nous puissions avec une large majorité, celle qui vous serait nécessaire pour aller de l'avant, vous apporter nos votes, il faut que, précisant votre plan d'action, vous nous donniez les assurances les plus formelles ».

La discussion du projet de loi portant ratification des traités instituant la Communauté Economique Européenne et l'Euratom, lui fournit l'occasion de développer ses raisons d'approuver ceux-ci, mais aussi d'exposer les craintes qu'ils peuvent nourrir selon la manière dont ils seront appliqués. Il qualifie le changement apporté de beaucoup plus important que le passage de la monarchie à la République, puisqu'il conditionne l'existence ultérieure de tous les producteurs et consommateurs. Il s'inquiète aussi de la concurrence de l'Allemagne, du changement de centre de gravité de l'économie européenne qui risque d'être encore plus éloigné des régions françaises défavorisées, de la difficulté de concilier l'Europe et l'Union française : « Je crois à une Europe qui, comprenant mieux sa place dans le monde et retrouvant son idéal, irait de l'avant, ne s'aiderait elle-même que pour mieux aider les autres, aiderait l'Afrique, aiderait les pays sous-développés, apporterait son concours à la vraie libération des peuples et des hommes ».

En dépit des réserves que l'on vient de rappeler, André Bettencourt soutient pendant la législature la politique des derniers gouvernements de la IVe République ; il vote notamment, le 12 mars 1956, les pouvoirs spéciaux en Algérie, approuve la déclaration de politique générale faite au lendemain des événements de Suez, le 25 octobre suivant, et accorde sa confiance au gouvernement Pflimlin, le 13 mai 1958, puis au général de Gaulle le 1" juin. Le 2 juin il vote pour les pleins pouvoirs et pour la révision constitutionnelle. Le changement de régime lui permettra de donner pleinement sa mesure comme homme d'Etat sous la Ve République.


BETTENCOURT (André)
Né le 21 avril 1919 à Sainte-Maurice d’Etelan (Seine-Maritime)
Décédé le 19 novembre 2007 à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine)

Député de la Seine-Maritime de 1958 à 1966, puis en 1967, 1968, et de 1973 à 1977
Sénateur de la Seine-Maritime de 1977 à 1995

Secrétaire d’Etat aux Transports du 8 janvier 1966 au 7 avril 1967
Secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères du 6 avril 1967 au 31 mai 1968
Ministre des Postes et télécommunications du 31 mai au 10 juillet 1968
Ministre de l’Industrie du 12 juillet 1968 au 20 juin 1969
Ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé de l’Aménagement du territoire, du 22 juin 1969 au 5 juillet 1972
Ministre délégué auprès du ministre des Affaires étrangères, du 6 juillet 1972 au 28 mars 1973

(suite de la notice biographique portant sur la IVe République)

Solidement implanté en Seine-Maritime comme conseiller général de Lillebonne depuis 1947 et député indépendant du département depuis 1951, le directeur de journaux André Bettencourt, appuyé sur une fortune personnelle considérable liée à son mariage en 1950 avec Liliane Schueller (dont le père, Eugène Schueller, avait fondé avant 1914 le groupe de cosmétique L’Oréal), ne souffre pas de l’effondrement de la IVe République au printemps 1958. En novembre, il se présente aux législatives dans la 5e circonscription de la Seine-Maritime (Fécamp) sous l’étiquette « Indépendant » et est élu au second tour avec 46,1 % des voix (20 414) à la faveur d’une quadrangulaire l’ayant opposé à un radical-socialiste, le docteur Richard Pranzo, à un communiste, le docker Albert Duquenoy et à un autre modéré, étiqueté Paysan, Robert Palmieri. C’est le prolongement de sa carrière parlementaire qui verra l’intéressé régulièrement reconduit au Palais-Bourbon jusqu’en 1977, ses fréquentes nominations gouvernementales interrompant ses mandats de député en 1966, 1967 et 1968. André Bettencourt s’inscrit au groupe des Indépendants et paysans d’action sociale (IPAS) et rejoint la commission des affaires étrangères. De juillet 1959 à mars 1961, André Bettencourt est également sénateur de la Communauté. Durant cette première législature, il dépose trois propositions de loi portant réforme de la fiscalité par la taxation des produits énergétiques (octobre 1959), portant création d’un Fonds national d’amélioration et d’assainissement de l’eau (octobre 1961) et concernant les actions en réclamation d’Etat (octobre 1961). Il prend part aux discussions portant sur les assurances vieillesse volontaires des salariés français de Tunisie et du Maroc (juillet 1959), les réformes fiscales (octobre 1959), le soutien aux exportations agricoles (mai 1960) et les équipements militaires (novembre 1960). Il soutient la motion de censure du 4 octobre 1962, qui entraîne le renversement du gouvernement de Georges Pompidou, et est suivie de la dissolution de l’Assemblée nationale par le général de Gaulle.

Le député est réélu en juin 1961 conseiller général de Lillebonne et siège en continu dans l’assemblée départementale jusqu’en 1979. En mars 1965, succédant à son père, il devient par ailleurs maire de sa commune natale, Saint-Maurice d’Etelan, et en reste le premier édile jusqu’en 1989. Aux élections législatives de l’automne 1962, André Bettencourt se représente dans la même circonscription (Bolbec, Fécamp) et sous la même étiquette. Au premier tour, il affronte le candidat de l’Union pour la nouvelle République (UNR) Paul Bellec (9 531 voix), le radical Richard Pranzo (4 747 voix), le candidat du Parti socialiste unifié (PSU), Pierre Roussel (2 742 voix) et le communiste Albert Duquenoy (7 098 voix). Avec l’aide de son suppléant, Georges Chedru, maire et conseiller général du canton de Criquetot-L’Esneval, il est élu au second tour avec 68,1 % des voix (26 409 voix) face au candidat communiste (12 457). Il s’inscrit au groupe des Républicains indépendants dont il est vice-président et reste fidèle à la commission des affaires étrangères dont il est vice-président jusqu’en 1965. Durant cette deuxième législature, André Bettencourt dépose au nom de sa commission plusieurs avis sur le budget de la Coopération lors de l’examen des lois de finances (1963, 1964 et 1965) ainsi que des rapports d’information à la suite de missions dans des Etats d’Afrique francophone (octobre 1965) et en Irak, Iran et Afghanistan (décembre 1963). Il prend part aux discussions sur la politique étrangère de la France (avril 1964), le statut de l’ORTF (mai 1964) et la politique de Coopération (juin 1964). Toujours très intéressé par les questions liées à la gestion de l’eau, le député qui, à partir d’avril 1964, siège dans la commission de l’eau pour le Ve Plan, intervient activement en octobre 1963 lors des débats sur le projet de loi relatif au régime et à la répartition des eaux et à leur protection contre la pollution. Il insiste sur le rôle de l’Etat dans ce domaine et déplore l’absence d’un Fonds national de l’eau.

Le 8 janvier 1966, André Bettencourt entre au gouvernement comme secrétaire d’Etat aux Transports et exerce la fonction près d’un an, jusqu’aux législatives d’avril 1967. Un mois après sa nomination, son suppléant, Georges Chedru, le remplace au Palais-Bourbon. Le secrétaire d’Etat suit les principaux dossiers engagés par ses prédécesseurs : aménagement des routes nationales, modernisation du réseau SNCF, développement de la marine marchande et de l’aviation civile. Sur le plan militant, André Bettencourt renforce ses positions au sein de la droite libérale en prenant, à partir de juin 1966, la vice-présidence de la Fédération nationale des Républicains indépendants (FNRI), parti où s’affirme de plus en plus l’autorité de Valéry Giscard d’Estaing.

Lors des législatives de mars 1967, André Bettencourt, s’étant représenté sous l’étiquette RI dans la même 5e circonscription (Bolbec, Fécamp), est réélu dès le premier tour avec 50,1 % des suffrages exprimés face à Albert Duquenoy, le maire communiste d’Harfleur (12 079), Léon Deslandes, candidat du Centre démocrate et maire de Lillebonne (8 736 voix) et à Pierre Roussel, enseignant, qui représente à nouveau le PSU (4 687 voix). André Bettencourt s’inscrit au groupe des RI et reste au sein de la commission des affaires étrangères. Comme lors de la législature précédente, il démissionne de son siège de député, le 7 mai 1967, pour retrouver le gouvernement, cette fois-ci comme secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères. Le 28 septembre 1967, il part comme membre de la délégation française assister à New York à la XXIIe session de l’Assemblée générale des Nations Unies.

André Bettencourt reste secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères jusqu’à la crise de mai 1968 et l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale. Du 31 mai au 10 juillet 1968, dans ce gouvernement de transition qui gère les affaires courantes le temps de la campagne des législatives, il exerce brièvement les fonctions de ministre des Postes et télécommunications, ce qui lui permet néanmoins de monter dans la hiérarchie gouvernementale. Le 23 juin 1968, il a été réélu député de la même circonscription (Bolbec, Fécamp) dès le premier tour avec 64,1 % des voix, l’emportant largement sur ses adversaires, le communiste Albert Duquenoy (12 172 voix) et le candidat PSU Pierre Roussel 6 219 voix). André Bettencourt renonce à son mandat pour entrer dans le nouveau gouvernement Couve de Murville installé le 12 juillet 1968. Il y occupe le ministère de l’Industrie. Il y reste moins d’un an, jusqu’à la présidentielle d’avril 1969 marquée par l’arrivée de Georges Pompidou à l’Elysée et la formation le 22 juin du nouveau gouvernement Chaban-Delmas. Il est nommé alors ministre délégué auprès du Premier ministre chargé du Plan et de l’Aménagement du territoire. Le 19 octobre 1970, il assure l’intérim du ministère des Affaires culturelles entre la mort du titulaire, Edmond Michelet, et son remplacement par Jacques Duhamel le 7 janvier 1971.

Le Plan et l’aménagement constituent le poste ministériel le plus longtemps occupé par André Bettencourt puisqu’il exerce la fonction jusqu’au départ de Jacques Chaban-Delmas début juillet 1972 et son remplacement à Matignon par Pierre Messmer. André Bettencourt siège toujours dans le nouveau gouvernement comme ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé des Affaires étrangères. Le 16 mars 1973, il assure l’intérim du ministère des Affaires étrangères après le départ du titulaire, Maurice Schumann. Lors des législatives, André Bettencourt se présente toujours dans la 5e circonscription de la Seine-Maritime sous l’étiquette Union des Républicains de progrès-Républicain indépendant. Avec l’aide de son suppléant, l’agriculteur et maire de Turretot, Charles Revet, il est réélu au second tour, en obtenant 60,5 % des voix face au communiste Claude Malandain. Il continue de siéger dans le groupe des Républicains indépendants et la commission des affaires étrangères.

Au Palais-Bourbon, André Bettencourt prend la présidence du groupe parlementaire d’amitié France-République populaire de Chine. Il vote en faveur du projet de loi Royer d’orientation du commerce et de l’artisanat (la loi du 27 décembre 1973). En novembre 1973, il profite des débats portant sur la politique étrangère française dans le cadre de l’examen de la loi de finances pour 1974 pour réaffirmer l’importance de la construction européenne et de l’amitié américaine, avant d’alerter l’Assemblée sur la nécessité de diminuer la dépendance énergétique de l’Europe vis-à-vis du Moyen-Orient. Lors de la campagne présidentielle du printemps 1974 ouverte par la mort de Georges Pompidou, André Bettencourt soutient la candidature du représentant de sa famille politique, Valéry Giscard d’Estaing mais sans passion, car il estime peu l’ancien ministre des Finances alors qu’il apprécie François Mitterrand, son ami des années d’Occupation retrouvé au gouvernement de Pierre Mendès France en 1954. Il soutient toutefois les réformes socio-économiques et sociétales de la « Société libérale avancée » giscardienne, à l’image de la loi du 17 janvier 1975 sur l’interruption volontaire de grossesse (IVG) et de celle du 11 juillet 1975 portant réforme du divorce. Au nom de la commission des affaires étrangères, il est rapporteur pour avis du budget de la Coopération à l’occasion de l’examen des lois de finances (1975, 1976 et 1977).

Ayant quitté ses fonctions ministérielles qui l’avaient occupé en continu depuis 1966, André Bettencourt peut se consacrer à ses responsabilités d’administrateur de sociétés (siégeant à la direction de L’Oréal depuis 1950, il travaille au sein du groupe Nestlé jusqu’en 1995), de journaliste et de patron de presse (membre du conseil d’administration à Paris du Journal de la France agricole, il dirige le Courrier cauchois à Yvetot et siège au comité de rédaction du mensuel La Révolution fiscale) mais aussi à son mandat parlementaire. Correspondant depuis septembre 1973 du comité de liaison des élus pour la région Haute-Normandie et vice-président des Républicains indépendants pour la même région, il prend la présidence du Conseil régional de Haute-Normandie en 1974. A la tête de la région, il mène de grands chantiers : lancement du parc naturel de Brotonne, prolongement de l’autoroute de Normandie, développement du port du Havre… Spécialiste des questions d’aménagement liées au réseau fluvial, il entre au Comité du bassin Seine-Normandie. En septembre 1975, il participe au comité puis à l’Association des amis du Centre national d’art et de culture Georges Pompidou. Membre depuis novembre 1975 du directoire du Mouvement pour l’indépendance de l’Europe, il préside à partir du mois suivant le groupe de travail sur les Français de l’étranger auprès du Premier ministre, Jacques Chirac.

Début 1977, pressentant que la montée en puissance électorale de la gauche en Seine-Maritime lui fera perdre son siège de député, André Bettencourt renonce à se représenter aux prochaines législatives. Ayant contacté les Renseignements généraux pour savoir qui serait le mieux placé pour lui succéder, il opte finalement pour l’agriculteur Charles Revet qui remporte l’élection au printemps 1978 avec 51,2 % des voix (il sera battu en 1981). André Bettencourt se tourne alors vers le Palais du Luxembourg et se porte candidat aux sénatoriales de l’automne 1977. Figurant en deuxième position sur la liste d’Union des républicains et des démocrates menée par Jean Lecanuet, il est élu le 25 septembre 1977. Débute pour lui une longue carrière de sénateur puisqu’il est reconduit au Sénat, le 28 septembre 1986, et termine son deuxième mandat le 1er octobre 1995. Il siège dans la commission des affaires étrangères.

Réélu le 11 février 1980 président du conseil régional de Haute-Normandie, André Bettencourt démissionne de cette fonction en juillet 1981 à la suite du dépôt d’une motion des élus de gauche demandant le renouvellement complet du bureau, actant des nouveaux équilibres politiques après la présidentielle et les législatives de juin 1981. L’alternance socialiste n’a pourtant pas ébranlé le sénateur. "En 1981, je n'ai pas fait partie des affolés, je connaissais l'homme", rapportera-t-il plus tard, précisant avoir financé certaines campagnes électorales de Pierre Bérégovoy. En octobre 1983, André Bettencourt est nommé PDG de Gesparal en remplacement d’Henri Febvre, ancien directeur général de L’Oréal. Créé en 1969, Gesparal est une holding familiale par l’intermédiaire de laquelle, en 1974, le groupe suisse Nestlé Alimentana est entré dans L’Oréal. André Bettencourt est cité en 1986, à l’occasion des discussions autour de la formation du gouvernement de cohabitation. Compte tenu des liens d’amitié personnelle l’unissant à François Mitterrand depuis l’Occupation, il fait en effet partie des rares figures de droite politiquement compatibles avec le Président. En mars 1988, il est élu à l’Académie des Beaux-Arts de l’Institut de France (VIe section, membres libres) sur le fauteuil de l’historien d’art Michel Faré.

A partir des années 1980, André Bettencourt s’éloigne progressivement de la vie politique, quittant le conseil général de la Seine-Maritime dès 1979, la mairie de Saint-Maurice d’Etelan en 1989, le conseil régional de Haute-Normandie en 1992 et enfin le Sénat en 1995. Au milieu des années 1990, les révélations se multiplient sur les zones d’ombre de son passé : fréquentation des milieux cagoulards à la fin des années 1930 en lien avec Eugène Schueller, participation entre 1940 et 1942 au journal pétainiste et antisémite La Terre française, entrée en Résistance plus tardive que présentée par l’intéressé… En décembre 1994, Jean Frydman, évincé d’une filiale de L’Oréal, révèle les engagements de certains anciens responsables de la société durant l’Occupation. L’émotion est telle qu’André Bettencourt quitte la vice-présidence du groupe en décembre 1994. La même année, son ami François Mitterrand connait le même type de déconvenues avec la publication de l’ouvrage de Pierre Péan, Une jeunesse française. Déstabilisé par ces affaires, soucieux de lever auprès de ses petits-enfants le soupçon d’antisémitisme, André Bettencourt s’efforce de rétablir sa vérité. Pendant un an, de 1998 à 1999, il dicte ses "souvenirs" à Diane de Clairval, l'ancienne directrice de la Fondation Bettencourt Schueller (par ailleurs spécialiste de la communication institutionnelle) qui recueille 369 pages de confidences. Au lendemain de sa mort, une dizaine d'exemplaires reliés en bleu sombre seront, selon sa volonté, distribués à ses proches. C'est dans ces souvenirs que le journaliste Ian Hamel puise pour publier en 2013 Les Bettencourt, derniers secrets aux éditions l'Archipel.
 
André Bettencourt s’éteint le 19 novembre 2007. Il a mené une des plus longues carrières politiques de la France contemporaine, combinant sous la IVe puis la Ve République un riche parcours ministériel (Information, Transports, Postes et télécommunications, Industrie, Plan et aménagement du territoire, Affaires étrangères, entre le gouvernement de Pierre Mendès France en 1954 et celui de Pierre Messmer en 1973), à un cursus parlementaire très complet (député pendant plus de 18 ans de 1951 à 1977 avec quelques interruptions, puis sénateur pendant 18 ans de 1977 à 1995) et plusieurs responsabilités d’élu local (président du conseil régional de Haute-Normandie pendant 7 ans, conseiller général du canton de Lillebonne pendant près de 30 ans et maire de Saint-Maurice d’Etelan pendant 24 ans). Chevalier de la Légion d’Honneur et titulaire de la Croix de Guerre 1939-1945, il portait la Rosette de la Résistance ainsi que diverses décorations étrangères. Il était le père de Françoise Bettencourt, née en juillet 1953.