Olivier Lefèvre d'Ormesson

1918 - 2012

Informations générales
  • Né le 5 août 1918 à Biarritz (Basses-Pyrénées - France)
  • Décédé le 24 octobre 2012 à Ouzouer-sur-trézée (Loiret - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 9 décembre 1958 au 9 octobre 1962
Département
Seine-et-Oise
Groupe
Indépendants et paysans d'action sociale
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
VIIIe législature
Mandat
Du 2 avril 1986 au 2 avril 1986
Département
Val-de-Marne
Groupe
Front national -2

Biographies

Biographie de la Ve République

LEFÈVRE D’ORMESSON (Olivier)
Né le 5 août 1918 à Biarritz (Basses-Pyrénées)
Décédé le 24 octobre 2012 à Ouzouer-sur-Trézée (Loiret)

Député de Seine-et-Oise de 1958 à 1962
Député du Val-de-Marne en 1986

Olivier Lefèvre d’Ormesson naît, le 5 août 1918, dans une vieille famille de serviteurs de l’État, qui compte entre autres, depuis le XVIe siècle, un Chancelier de France, deux contrôleurs des Finances, un premier président du Parlement de Paris, un membre du Conseil de Régence sous Louis XV, onze conseillers d’Etats et quatre ambassadeurs, dont son grand-père Olivier d’Ormesson et son père, Wladimir d’Ormesson. Ce dernier, marié à la comtesse Conchita de Malo y Zayas-Bazán, était également membre de l’Académie française. Olivier Lefèvre d’Ormesson est aussi le cousin germain de l’écrivain Jean d’Ormesson.

Après des études au collège Stanislas de Paris, Olivier Lefèvre d’Ormesson intègre l’École supérieure des sciences économiques et commerciales, l’ESSEC, dans la promotion 1938. Mobilisé en 1939, il prend part aux opérations de 1940, avec le grade de brigadier-chef, comme chef de char au sein du 4e régiment de cuirassiers et plus précisément de l’escadron Segonzac dont il relatera ensuite les hauts faits d’arme. Titulaire de la croix de guerre et de la croix du combattant, il l’est également de la médaille de Dunkerque. Il devient en 1941 exploitant viticole dans son château de Lézignan-la-Cèbe, petite commune du Languedoc-Roussillon. En 1942, il épouse Claude de Surian. Sa bonne connaissance de la paysannerie et sa formation à l’ESSEC l’orientent, après la guerre, vers un poste de conseiller technique puis de secrétaire général du Figaro agricole (1950-74), devenu L’Agricole en 1974. Il en sera le directeur général.

En 1945, Olivier Lefèvre d’Ormesson débute son parcours politique. Il est élu conseiller municipal de la commune d’Ormesson dans le Val-de-Marne où sa famille possède un château. Il en devient le premier magistrat deux ans plus tard, sans discontinuer jusqu’en 1998. Il adhère au Centre national des indépendants (CNI). En 1955, il est élu au conseil général du canton de Boissy-Saint-Léger.

Aux élections législatives de 1958, Olivier Lefèvre d’Ormesson brigue son premier mandat national dans la seizième circonscription de Seine-et-Oise, celle de Villeneuve-Saint-Georges, sous l’étiquette des Indépendants et paysans d’action sociale (IPAS). Au premier tour, il recueille 16 214 voix et 31,8 % des suffrages exprimés, ce qui le classe en tête devant le communiste Charles Benoist (13 847 voix), le gaulliste Gilbert Cartier (8 323 voix) et le socialiste André Rouy (5 835 voix). Au second tour, bénéficiant de la division de la gauche, puisque Charles Benoist et André Rouy se maintiennent, il est largement élu avec 27 597 voix et 55,88% des suffrages exprimés.

À son arrivée au Palais-Bourbon, le député de Seine-et-Oise siège à la commission des affaires culturelles, familiales et sociales. Il prend également part à la commission spéciale chargée d’examiner la proposition de loi portant séparation du culte musulman et de l’État constituée en octobre 1959.
Au cours de la législature, il présente deux propositions de loi visant l’une à faciliter l’achat de terrain et la construction de maisons individuelles (11 octobre 1960), l’autre à encourager les personnes retraitées à libérer leurs logements et à s’installer à la campagne (25 avril 1961).

Sa position à l’égard de l’exécutif évolue au fur et à mesure du dénouement de la question algérienne. Il souhaite le maintien de l’Algérie française, et voit dans le Front de libération nationale (FLN) un instrument de la stratégie d’influence de l’URSS, thème qu’il évoque notamment le 7 décembre 1960.
Dans un premier temps, le député soutient le gouvernement : il approuve ainsi la déclaration de politique générale du Premier ministre Michel Debré, le 16 janvier 1959, comme le nouveau règlement de l’Assemblée nationale qui limite les possibilités d’expression des parlementaires, le 3 juin 1959, et la réforme du financement de l’enseignement privé, le 23 décembre 1959 (la loi « Debré »), mais l’évocation par le général de Gaulle du droit à l’autodétermination, en septembre 1959, marque une première cassure.

Certes, Olivier Lefèvre d’Ormesson vote la déclaration de politique générale sur l’Algérie, les 14 et 15 octobre 1959, mais son intervention mentionne la nécessité d’appliquer « une solution française » en Algérie. De la même manière si, « partisan convaincu de l’intégration ou de la francisation de l’Algérie », il vote le 2 février 1960 les pouvoirs spéciaux au gouvernement pour ramener l’ordre en Algérie après la semaine des barricades, il émet ses premières interrogations sur la politique menée : « Les pouvoirs spéciaux […] permettront-ils enfin de tout mettre en œuvre pour en terminer avec le terrorisme ? ». Cependant, il ajoute aussitôt ne pas douter de Michel Debré, de son « patriotisme » et de sa « volonté de conserver l’Algérie ». En parallèle, le 31 mai, il adhère au groupe des Indépendants et paysans d’action sociale (IPAS) auquel il n’était jusque-là qu’apparenté.

Le 20 juin 1960, il va un peu plus loin, estimant que le retrait de la demande de levée de l’immunité parlementaire de Marc Lauriol, serait souhaitable. L’évolution du gouvernement vers la négociation ne laisse pas de l’inquiéter. Finalement, les accords d’Evian marquent la rupture. Le 20 mars 1962, lors de la communication du gouvernement, le député ne cache pas avoir « le cœur serré » : « Qu’avez-vous fait de notre confiance ? » demande-t-il à Michel Debré, ajoutant : « Dans cet instant, nos chemins se séparent. Vous allez continuer le vôtre, espérant y trouver la paix et tout un peuple dressé autour. Mes amis et moi continuerons le nôtre, étreignant de cœur et d’esprit les mains de ceux qui vivent là-bas leur calvaire et pleurent la patrie perdue ». En avril, Pierre de Bénouville et lui déposent une proposition de loi visant à élargir les amnisties prévues par le décret du 22 mars 1962 (limitées aux soutiens de l’insurrection) à toutes les infractions commises en Algérie, en métropole ou à l’étranger en rapport avec les événements d’Algérie. Dans l’exposé des motifs, les deux députés expliquent que les partisans de l’Algérie française doivent aussi bénéficier de l’amnistie : « Comment justifier aussi que ceux qui ont répondu aux coups qui leur étaient portés et dont il n’est pas inutile de rappeler que l’initiative revient à la rébellion ne bénéficient pas d’une amnistie accordée libéralement à leurs agresseurs ? ». Le 30 mai, Olivier Lefèvre d’Ormesson dénonce le « caractère vain des accords d’Evian », et conteste la non inscription de sa proposition de loi précitée à l’ordre du jour. Le 24 juillet enfin, en troisième lecture du projet de loi de finances rectificative pour 1962, il s’inquiète de la place de l’Algérie dans le dispositif de défense de la France, des enlèvements d’Européens et de Musulmans en Algérie et de l’implantation du FLN en France.

Les autres interventions d’Olivier Lefèvre d’Ormesson en séance publique portent principalement sur l’agriculture. En effet, le député de Seine-et-Oise se fait dès la discussion du projet de loi de programme relative à l’enseignement agricole, le 24 juin 1959, le porte-parole des ruraux s’inquiétant de la désertion des campagnes, de l’endettement des paysans ou encore des faibles subventions accordées à l’agriculture en regard de celles accordées à l’industrie. Il pose une question orale en ce sens, le 23 novembre 1959, et intervient sur le projet de loi d’orientation agricole, le 17 mai 1960, le projet de loi de programme relatif aux investissements agricoles et le projet de loi relatif à l’enseignement agricole, le 31 mai suivant, ainsi que sur le projet complémentaire à la loi d’orientation agricole, le 19 juillet 1962.

Olivier Lefèvre d’Ormesson défend aussi sa conception territoriale de la France et de ses équilibres géographiques, privilégiant la maison individuelle contre les grands ensembles alors construits en masse pour répondre à la crise du logement, dans le cadre d’une question orale avec débat, le 17 novembre 1961. Enfin, il s’intéresse à l’éducation nationale lors de la discussion des projets de loi de finances pour 1960 et pour 1961.

La cassure entre le député IPAS et le gouvernement se traduit dans les scrutins d’importance nationale de la fin de la législature. Celui-ci s’abstient volontairement lors de la présentation du programme du gouvernement de Georges Pompidou à l’Assemblée nationale, le 27 avril 1962, vote contre la levée de l’immunité parlementaire de l’ancien président du Conseil Georges Bidault, le 5 juillet 1962, et s’associe à la motion de censure qui renverse le gouvernement, le 4 octobre 1962.

Aux élections anticipées de novembre 1962 qui suivent la dissolution de l’Assemblée nationale par le général de Gaulle, Olivier Lefèvre d’Ormesson est candidat à sa réélection sous l’étiquette des Indépendants. Il n’obtient que 13 759 voix soit 28,04 % des voix au premier tour, en troisième position derrière le gaulliste Jean-Marie Poirier (14 173 voix) et le communiste Charles Benoist (15 137 voix), mais devant le socialiste Michel Catonne (5 996 voix). Il décide de se retirer pour permettre à Jean-Marie Poirier l’emporter sur Charles Benoist. En 1967, la situation se reproduit : au soir du premier tour, Olivier Lefèvre d’Ormesson ne recueille que 11 109 voix et 17,42 % des suffrages exprimés, contre 22 101 à Jean-Marie Poirier, face au socialiste Marius Faisse (9 973 voix) et au communiste Maxime Kalinsky (20 271 voix). Il se retire de nouveau en faveur de Jean-Marie Poirier, élu de justesse avec 400 voix d’avance sur le candidat du parti communiste. Après ce nouvel échec, Olivier Lefèvre d’Ormesson ne se présente pas aux élections législatives de juin 1968.

En 1973, l’ancien député se présente une quatrième fois devant les électeurs, pour les législatives. De nouveau en troisième position à l’issue du premier tour, avec 18,1 % des voix, derrière le député sortant gaulliste Jean-Marie Poirier et le communiste Maxime Kalinsky, il se retire mais cela ne suffit pas à assurer la réélection de Jean-Marie Poirier, battu au second tour.

Le maire d’Ormesson-sur-Marne poursuit cependant sa carrière politique. Tel est d’abord le cas sur le plan local. En 1976, il est élu conseiller régional d’Ile-de-France. En 1978, il accède à l’assemblée départementale du Val-de-Marne, au sein de laquelle il siège jusqu’en 1999. Au niveau européen, ensuite, à l’occasion de la première élection du Parlement européen au suffrage universel, en 1979, il figure en vingt-huitième position sur la liste de l’Union pour la démocratie française (UDF) conduite par Simone Veil, et devient député européen. En raison de ses positions en faveur d’une alliance électorale avec le Front national, il n’est cependant pas retenu pour figurer à nouveau sur la liste UDF aux élections européennes de 1984. Il se tourne alors vers le parti de Jean-Marie Le Pen, s’y inscrit et se fait ainsi réélire député européen en 1984 sur sa liste. Il devient alors vice-président du groupe des Droites européennes au Parlement européen.

Les élections législatives de 1986 sont l’occasion pour Olivier Lefèvre d’Ormesson de briguer à nouveau un mandat parlementaire au niveau national, comme tête de liste pour le Front national dans le Val-de-Marne. Dans ce département, les socialistes remportent 4 des 12 sièges à pourvoir, la liste RPR 3 et la liste UDF 2, tout comme celle du communiste Georges Marchais. Le Front national, avec 11,6 % des voix, obtient un élu. Cependant, Olivier Lefèvre d’Ormesson démissionne aussitôt pour rester au Parlement européen. Jean-Pierre Schénardi, second sur la liste, est ainsi proclamé député du Val-de-Marne.

L’année suivante, en octobre 1987, Olivier Lefèvre d’Ormesson rompt avec le Front national. Outré par les déclarations du président du FN sur les chambres à gaz et inquiet de la « radicalisation d’une politique qui comporte un risque pour le destin de notre pays », il somme Jean-Marie Le Pen de s’excuser – en vain. Il en démissionne alors, ainsi que de l’Eurodroite, mais continue de siéger au Parlement de Strasbourg. Cependant, lors de l’élection présidentielle de 1988, le maire d’Ormesson-sur-Marne lui accorde sa signature, estimant que « Jean-Marie Le Pen doit être présent à cette élection ».
En 1989, Olivier Lefèvre d’Ormesson retourne au CNI avec d’autres élus choqués par les propos à connotation antisémite de Jean-Marie Le Pen, en particulier l’injure publique « Monsieur Durafour-crématoire » qui entraîne d’ailleurs sa condamnation pénale. Aux élections législatives de 1993, il se présente dans la quatrième circonscription du Val-de-Marne, issue du redécoupage électoral de 1988, mais ne recueille que 13 % des voix, en cinquième position.

Il prend alors la tête du CNI de 1996 à 1998 et à l’occasion des élections législatives anticipées de 1997, et signe un accord entre celui-ci et le Mouvement pour la France de Philippe de Villiers, créant La droite indépendante. Seuls deux candidats, Philippe de Villiers et Dominique Caillaud, sont élus sous cette étiquette. Lui-même n’arrive à l’issue du premier tour qu’en quatrième position, avec 9,3 %, dans cette quatrième circonscription du Val-de-Marne, où il se présente pour la sixième fois.

Après cet échec, Olivier Lefèvre d’Ormesson adhère au mouvement royaliste Restauration nationale, qui se situe dans la tradition de l’Action française. Il se retire de la vie politique et démissionne de ses mandats : de celui de maire en 1998, de celui de conseiller général en 1999.

Olivier Lefèvre d’Ormesson s’éteint le 24 octobre 2012 à Ouzouer-sur-Trézée dans le Loiret, à l’âge de 94 ans. Il était officier de la Légion d’honneur, officier de l’ordre national du Mérite, chevalier des Palmes académiques, officier du Mérite agricole, ainsi que chevalier de l’ordre de la Toison d’or. En plus de son ouvrage sur l’Escadron Segonzac, récit de guerre publié en 2002, il a écrit deux ouvrages, le premier sur François Valentin, en 1964, le second sur le chef anti-communiste angolais Jonas Savimbi, intitulé Savimbi-Demain la liberté, en 1988.